id 77380 Url https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/77380 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Article Titre L'imam Cissé Djiguiba : "La nouvelle Côte d'Ivoire doit bannir l'ivoirité" Editeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item-set/15845 Le Patriote Contributeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/858 Frédérick Madore Date 2000-11-13 Type https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/67396 Article de presse Identifiant iwac-article-0012195 Langue https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8355 Français Droits In Copyright - Educational Use Permitted Couverture spatiale https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/23532 Mosquée Salam du Plateau https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/298 Côte d'Ivoire Contenu Au cours de son oraison funèbre, l'Imam Cissé Djiguiba de la Mosquée du Plateau a rendu hommage aux «victimes innocentes de la folie, de la haine, de la jalousie», avant d'appeler la classe politique à bannir à jamais l'hideuse notion de l'ivoirité par qui la tragédie est arrivée. «Il faut mettre fin à l'injustice» «Ina lilahi wa ina ilehi raj houn» Dans le bonheur comme dans l'épreuve, nous rendons grâce à Allah le Tout-Puissant et Tout-compatissant. Certes, vous êtes à Allah et vous retournerez à Allah. Les 24, 25, 26 et 27 octobre derniers ont manqué de faire basculer notre pays dans l'irréparable. Ces jours de feu, de sang, de larmes, ont ravi la vie à des centaines de jeunes dans la fleur de l'âge. Leur seul crime, pour l'écrasante majorité d'entre eux, était de porter un nom à consonance nordique, d'être musulman ou simplement de porter un boubou. Ils sont là, ces victimes innocentes de la folie, de la haine, de la jalousie. Mais savent-ils seulement pourquoi ils sont morts, ces jeunes gens ? Le jeune Cissé Yacouba avec ses 13 hivernages, cheminant tranquillement vers le magasin de son père, avec le soleil et l'insouciance de son âge dans les yeux, imaginait-il un seul instant qu'il ne reverrait pas son père, pourtant à portée de vue, ainsi que sa mère, ses frères et sœurs, parce que dix balles assassines transpercèrent son frêle corps ce vendredi 27 octobre ? L'action de certains de ces jeunes était un désordre de courage face à des adversaires résolus, mais surtout préparés de longue date. Ils sont morts pour avoir assumé le «non» à l'injustice, pour avoir assumé leur ethnie, leur lieu d'origine, leur religion. Le Coran nous révèle : Sourate 3, verset 168-173 : «Tranquillement assis dans leurs demeures, ils disaient de leurs frères : «Ils n'auraient pas été tués, s'ils nous avaient obéi». Dis : «Echappez donc vous-mêmes à la mort, si vous êtes véridiques !» Ne crois surtout pas que ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu sont morts. Ils sont vivants ! Ils sont pourvus de biens auprès de leur Seigneur, ils seront heureux de la grâce que Dieu leur a accordée. Ils se réjouissent parce qu'ils savent que ceux qui viendront après eux et qui ne les ont pas encore rejoints n'éprouveront plus aucune crainte. Et qu'ils ne seront pas affligés. Ils se réjouissent d'un bienfait et d'une grâce de Dieu ; Dieu ne laisse pas perdre la récompense des croyants. Une récompense sans limite est réservée à ceux qui ont répondu à Dieu et au Prophète, malgré leurs blessures ; à ceux d'entre eux qui faisaient le bien et qui craignaient Dieu. . Ceux auxquels on disait : «Les gens ont sûrement réuni leurs forces contre vous, craignez-les», leur foi augmentait alors, et ils répondaient : «Dieu nous suffit ! Quel excellent protecteur !» (fin de citation). Nous le répétons : Ina lilahi wa ilehi raj houn. L'Islam nous enseigne que la mort d'un être humain n'est jamais une fin. L'heure et les circonstances en sont fixées par Allah Soub hana wa Taalah, Maître suprême de toute chose. La mort n'est qu'un élément de notre existence. Tout Etre y est soumis, nécessairement. Dieu s'adresse au prophète dans le Coran : «Tu mourras oh Mohammed, et eux aussi ils mourront». Ceux et celles qui ont commandité l'insoutenable carnage, ainsi que ceux qui l'ont exécuté avec une cynique délectation toute animale, n'échapperont ni au jugement des hommes, ni encore moins celui de Dieu. Ce qui est arrivé les 24, 25, 26 et 27 octobre était prévisible ; en effet, depuis bientôt dix ans, nous dénonçons constamment la montée de la dérive ethno-religieuse. Du 23 décembre 1993, lors de la présentation des condoléances du COSIM au président Henri Konan Bédié pour le décès du président Félix Houphouët-Boigny, jusqu'au Conseil consultatif extraordinaire du COSIM le 18 octobre 2000, nous avons appelé, sans succès à notre sens, l'attention des responsables politiques, comme de simples citoyens, sur ce qui nous paraissait être une menace grave pour l'unité de notre nation. Ni les tenants du pouvoir, ni les leaders politiques, ni certains chefs religieux, ni la société civile, ni les intellectuels, n'ont semblé prendre en considération nos avertissements. L'humiliation récente des Imams par la junte militaire et la profanation des mosquées, n'ont pas davantage ému ceux qui prétendent lutter pour la justice, la tolérance, la cohabitation pacifique, le droit à la différence. Doit-on parler de lâcheté ou d'indifférence ? Comme on peut le constater et contrairement à ceux qui affirment, avec une surprenante légèreté, que la haine à l'encontre des musulmans et des gens du Nord en général, est une vue de l'esprit, les faits récents confirment nos prédictions et nos craintes de la manière la plus tragique. Que les tueurs interrogent donc leur conscience. Ceux qu'ils ont abattus sont des martyrs auprès de Dieu. Ceux qui restent verront leur foi renforcée et continueront la lutte pour la justice et le droit à la différence : nul ne choisit la couleur de sa peau, son ethnie, son lieu de naissance, ses parents : c'est une simple question de bon sens. Aux parents et amis des martyrs, nous apportons notre soutien total. Nous leur conseillons la patience, le courage et qu'ils s'accrochent à leur foi ; qu'ils se souviennent surtout que «vouloir ce que Dieu veut, est la seule science qui nous met en repos». Puisse Allah le Très-Miséricordieux faire miséricorde à nos enfants tombés au champ d'honneur. Aujourd'hui, une nouvelle page s'ouvre pour écrire une nouvelle histoire de la Côte d'Ivoire. Elle doit, à notre sens, commencer par la réconciliation sincère de tous les enfants de ce pays, quels que soient leur ethnie, leur lieu d'origine, leur religion. Elle doit bannir à jamais l'hideuse notion de l'«ivoirité» par qui la tragédie est arrivée parce qu'ayant charrié xénophobie, tribalisme, ultra-nationalisme, etc. Aujourd'hui nos cœurs sont meurtris ; la douleur est à son comble parce que ceux qui sont couchés à jamais, jusqu'à notre rencontre dans l'au-delà Inch Allah, représentent notre avenir. Mais Allah nous prévient : «Je vous éprouverai par la mort de vos enfants». Le débat est donc clos. Aujourd'hui enfin, chaque ivoirienne et chaque ivoirien doit comprendre que le malheur n'arrive pas qu'aux autres. Nous devons prendre l'engagement de «chercher à nous surpasser les uns les autres dans les actions bonnes» et d'oublier nos divergences circonstancielles. Ce sera notre acte de contrition et ce sera l'expression de notre demande de pardon à nos martyrs : c'est le meilleur hommage que nous puissions leur rendre. Ina Lillahi wa ina ileli raj houn. Puisse Allah entendre nos prières et les exaucer. Amine. Assalam Aliikoum. Nombre de pages 1 Pages 5 Description courte Lors d'une oraison funèbre, l'Imam Cissé Djiguiba a rendu hommage aux victimes innocentes des violences d'octobre, tuées en raison de leur origine ou religion. Il a fermement appelé la classe politique à bannir la notion d'«ivoirité», identifiée comme la cause principale de cette tragédie ethno-religieuse. L'Imam a insisté sur la nécessité d'une réconciliation nationale sincère et d'une lutte continue pour la justice et le droit à la différence, en mémoire des martyrs. --