id 76416 Url https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76416 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Article Titre Séminaire de Bouaké : la spécificité de la communauté musulmane est une richesse pour tous Créateur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76413 Watson K. Sujet https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46178 Front populaire ivoirien https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46194 Laurent Gbagbo https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46238 Bouaké https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/43069 Félix Houphouët-Boigny https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/653 Conseil National Islamique https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/23601 Conseil Supérieur Islamique https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46274 Parti Démocratique de Côte d'Ivoire https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76268 Politique https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/13610 Colonialisme https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/13908 Éducation https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/83 Démocratie https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/12912 Commerce https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76042 Conflit Editeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item-set/61320 Le Nouvel Horizon Contributeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/858 Frédérick Madore Date 1994-09-30 Type https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/67396 Article de presse Identifiant iwac-article-0011706 Source https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/821 Centre de Recherche et d'Action pour la Paix Langue https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8355 Français Droits In Copyright - Educational Use Permitted Couverture spatiale https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46238 Bouaké https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/298 Côte d'Ivoire https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/489 La Mecque Contenu SEMINAIRE DE BOUAKE La spécificité de la communauté musulmane est une richesse pour tous Les 24 et 25 septembre derniers, sur invitation du SENAFOP (Secrétariat national à la formation politique du FPI), les cadres du FPI se sont réunis au cinéma "Liberté" de Bouaké pour réfléchir sur le thème "Le monde musulman et la politique : le cas de la Côte d'Ivoire". Avant de proposer quelques solution pour aider à mobiliser dans ce milieu, les conférenciers ont exposé les raisons qui justifient l'attitude actuelle des musulmans face à la politique, et qui fait de leur communauté une entité bien à part. Présidé par le Secrétaire général du parti lui-même, M. Laurent Gbagbo, le séminaire du FPI sur "le monde musulman et la politique" n'aura duré que deux jours. Après la cérémonie d'ouverture le samedi 24 septembre qui s'est transformée en un véritable meeting populaire, dans la salle archi-comble du cinéma Liberté du quartier Sokoura, les travaux ont véritablement démarré avec les conférences données par d'éminentes personnalités politiques et universitaires, dont des spécialistes des questions religieuses, et plus singulièrement de l'Islam. Les conférenciers, au nombre de trois, ont présenté l'Islam en Côte d'Ivoire, son organisation socio-culturelle, et décrit l'attitude des musulmans vis-à-vis de la politique depuis les indépendances. Avant de revenir sur ce dernier aspect des exposés, parcourons ensemble dans les grandes lignes les spécificités du monde musulman et les quelques propositions retenues dans un premier temps pour aller à sa conquête. Au crépuscule du XIIe siècle, l'Islam avait déjà pénétré tout le Nord de la Côte d'Ivoire par le biais du commerce de la cola, l'or et les esclaves. Jusqu'au XIXe siècle, toute la Côte d'Ivoire devait être cemée. Mais du fait de la première pénétration par les populations du Nord, qui se sont elles aussi adonnées largement au commerce, les thèmes "musulman", "dioula" ou encore "homme du Nord" ont-ils été à la longue prononcés à tort et à travers pour désigner la même personne. Les conférenciers ont enseigné aux séminaristes que l'Islam qui touche environ 37% de la population ivoirienne est organisé en une aristocratie et une bourgeoisie d'une part (notables, chefs religieux, hommes d'affaires) et la couche populaire (les petits vendeurs et acheteurs), d'autre part. L'Islam étant une force revendicatrice, ses adeptes ont à travers l'histoire lutté contre toute hégémonie, et en particulier contre l'implantation coloniale. La tradition montre que le guide spirituel a toujours été leader d'opinion et leader politique dans la société musulmane. Par ailleurs, la nation islamique, diront les conférenciers, a toujours fait fi des frontières. Pour le musulman, on est chez soi là où on vit. Concernant son organisation, le monde musulman en Côte d'Ivoire est aujourd'hui dans la tourmente d'une lutte intestine qui oppose ses deux principales associations, à savoir le CNI (Conseil national islamique) et le CSI (Conseil supérieur islamique), dont le dernier est dit avoir été créé sur instigation de la présidence de la République dans les années 70 pour contrôler l'avancée de l'Islam. Ainsi, en retenant en substance que le monde musulman se présente comme une communauté attachée aux valeurs traditionnelles et religieuses, ainsi qu'aux valeurs démocratiques - le Coran commande aux hommes de se battre pour dire la justice là où il y a l'injustice -, en considérant le caractère pieux et pudique des comportements dans la communauté musulmane, en prenant en compte la grande solidarité dont font preuve les musulmans les uns envers les autres, mais aussi et surtout en se fondant sur l'attitude réservée et incrédule des musulmans vis-à-vis des hommes politiques et de la politique depuis les indépendances, attitude née de la marginalisation dont ils ont été l'objet par rapport au monde chrétien aujourd'hui, comme sous les colons, le séminaire a égrené les quelques propositions suivantes comme celles pouvant permettre au FPI de mobiliser et de battre campagne dans ce monde spécifique : - le militant FPI qui approche le milieu musulman doit bien le connaître au préalable dans ses habitudes (ne pas entrer chez un Iman en chaussures, ne pas aller vers les musulmans dans une tenue vestimentaire obscène, etc.) et connaître l'Islam ; - il faut être actif et correct dans les associations et mouvements islamiques ; - le "pêcheur" de militants, de sympathisants ou d'électeurs dans le monde musulman doit avoir une carrure rassurante ; - les meetings populaires n'étant pas efficaces dans ce milieu, il faut faire le corps à corps en rendant visite à domicile ; - il faut avant tout identifier les leaders d'opinion (les Congolo Ba) et les chefs de groupe dans le monde musulman ; - il faut aussi identifier les hommes qui sont en dehors de la communauté musulmane, mais l'influencent ; - la personne du candidat comptant pour beaucoup aux yeux des musulmans, il faut soigner son image, aussi bien dans son apparence que dans sa moralité ; - le message doit véritablement coller aux réalités économiques et sociales quotidiennes de la communauté en question, etc. WATSON K. Pourquoi les musulmans ne croient plus au PDCI Après avoir vaincu la résistance musulmane (Samory Touré, El Hadj Omar, etc.) qui s'était opposée à son implantation, le colon a pris des lois restrictives pour freiner l'expansion de l'Islam et l'épanouissement politique, économique et socio-culturel des musulmans en Côte d'Ivoire. Ceux-ci sont retournés à leur commerce pour faire fortune. Quand l'heure de la lutte pour la décolonisation a sonné, la communauté musulmane est sortie de son silence pour cette fois-ci s'engager farouchement aux côtés du PDCI, avec à sa tête Houphouët-Boigny qui lui a alors fait la promesse de la réhabiliter s'il prenait le pouvoir. Mais lorsqu'il est parvenu au pouvoir, Houphouët a bien au contraire maintenu les mêmes lois coloniales, et a même pris d'autres dispositions pour brimer les musulmans. Par exemple, les écoles coraniques sont sous la tutelle du ministère de l'Intérieur au lieu d'être sous celle du ministère de l'Education nationale comme les écoles chrétiennes lesquelles, d'ailleurs, reçoivent des subventions ; l'enfant qui fréquente l'école coranique n'est pas admis à l'école laïque, contrairement à l'enfant de l'école chrétienne. D'autres restrictions telles les difficultés du déplacement à la Mecque imposées aux musulmans depuis toujours ont fini par les persuader que les hommes politiques, quel que soit leur parole d'aujourd'hui, s'avèreront toujours demain des "fagnan fô mongo" (diseurs de mensonges). En conséquence, les musulmans se seraient dit ceci en définitive : nous ne faisons plus confiance aux hommes politiques, et s'ils viennent solliciter notre suffrage, plutôt que d'attendre la réalisation de leurs promesses (qui ne sont jamais tenues), sur champ, nous réclamons la contre-partie en espèces. Car, pensent-ils, c'est de leur communauté qu'on ne veut pas. Voici là expliquée la raison du comportement politique et électoral de la communauté musulmane, par les concernés eux-mêmes. Toutefois, ils pensent et osent croire qu'avec le FPI, "sini" (demain) ne pourra pas être "bi" (aujourd'hui) encore moins "kounou" (hier). W.K. Nombre de pages 1 Description courte Le séminaire du FPI à Bouaké a analysé l'attitude de la communauté musulmane ivoirienne face à la politique, marquée par une méfiance historique due à la marginalisation et aux promesses non tenues, notamment par le PDCI. Cette communauté, attachée à ses valeurs traditionnelles et religieuses, privilégie la solidarité et l'action concrète. Pour mobiliser ce milieu, le FPI doit adopter des stratégies respectueuses de ses coutumes, identifier ses leaders d'opinion et adapter son message aux réalités socio-économiques. --