id 75970 Url https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/75970 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Article Titre Intégrisme musulman : grandeur ou décadence de l'Islam? Créateur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/45929 Casimir Ki https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/45931 Apolline Ouédraogo Sujet https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/59 Intégrisme https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76040 Rouhollah Khomeini https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76044 Hassan al-Banna https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/15254 Gamal Abdel Nasser https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/2180 Anouar el-Sadate https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/45929 Casimir Ki https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/6 Djihad https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8 Charia https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/33 Terrorisme https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/107 Polygamie Editeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item-set/2200 Carrefour africain Contributeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/858 Frédérick Madore Date 1987-11-13 Type https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/67396 Article de presse Identifiant iwac-article-0011650 Source https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/416 Institut de Recherche pour le Développement Langue https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8355 Français Droits In Copyright - Educational Use Permitted Couverture spatiale https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/330 Irak https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/331 Iran https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/543 Syrie https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/353 Liban https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/308 Égypte https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/414 Soudan https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/13448 Le Caire https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/63437 Tunis https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/413 Tunisie https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/546 Burkina Faso https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/408 Israël https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/312 France Contenu INTEGRISME MUSULMAN Grandeur ou décadence de l'Islam ? Des intégristes musulmans manifestant en Irak L'intégrisme musulman ! Un mot plutôt un comportement qui bouleverse bien de données socio-politiques dans la plupart des pays musulmans où à forte proportion musulmane. Considéré dans certains de ces pays, surtout ceux à “régime modéré”, comme une véritable menace pour les institutions publiques, il constitue pour les pays occidentaux y ayant des intérêts stratégiques, politiques et matériels, un cauchemar ! Une équation qui reste à résoudre ! Malgré la guerre latente, ou la guerre ouverte (chasse aux sorcières) comme en Tunisie, l'intégrisme musulman n'en finit pas de faire des adeptes. Les manifestations de ce courant politique de pensée, vieille de quinze siècles, se sont affirmées dans cette période récente, surtout depuis la prise du pouvoir en Iran par l'Ayatollah Khomeyni. Moudjahidines, Djihad islamique, en Iran, en Syrie, au Liban, en Egypte, au Soudan, etc... ces adeptes n'ont pas arrêté de donner la preuve de leur conviction religieuse et politique à ce courant de pensée et cela même jusqu'au sacrifice suprême. Ramené à sa simple expression, pour beaucoup de gens, l'intégrisme musulman s'identifie à l'Iran. On en retient surtout la violence de ses actions et le caractère notoirement rétrograde de ses préceptes. Mais qui sont-ils, ces intégristes ? Pourquoi ce comportement ? --- Page 2 --- Le point de départ de l'intégrisme au XXᵉ siècle a été la Confrérie des Frères musulmans, fondée vers 1930 à Ismaïla (Egypte) par Hassan El-Banna, un instituteur. Il finit au Caire le 12 février 1949 sous les balles de la police du roi Farouk. Nasser pendit quelques uns de ses partisans mais la semence était déjà jetée. La "congrégation" s'est beaucoup diversifiée aujourd'hui en courants et obédiences multiples avant d'étendre son aire de diffusion au monde arabe et non arabe. Outre l'assassinat du président égyptien Sadate, les Frères musulmans peuvent se "targuer" d'avoir déclenché la Révolution islamique en Iran par l'intermédiaire des Fedayins islamiques, leur section persane. Pour l'intégriste, il s'agit avant tout d'être fidèle à l'enseignement orthodoxe de la loi musulmane (la Charia) qui est le cadre "idéal" pour tout musulman. Il s'agira aussi d'avoir une coupe de cheveux très rase (type para) et une barbe inculte. L'Islam à la lettre Réformer la Charia sous la pression des impératifs modernes est "impiété", "sacrilège". C'est dans cette optique qu'il faut situer la démission des juges du tribunal de Tunis lors de la promulgation par le président Bourguiba du nouveau Code de statut personnel bannissant la polygamie, supprimant toute forme de répudiation et instaurant le régime de l'adoption. L'intégrisme classe toujours les actes humains sous l'angle de la légalité coranique : commandé, recommandé, indifférent, déconseillé, interdit. Le monde moderne ne lui fait découvrir aucune valeur nouvelle : l'intégrisme ne lui empruntera que son apport technique dont il fera d'ailleurs cohabiter l'emploi avec son propre comportement traditionaliste. Aucun fait historique ou technique ne doit contredire la parole divine consignée dans le Coran, sinon il est balayé d'un coup de pied. La Charia est donc l'expression de l'orthodoxie musulmane sur le plan de la praxis. Mais l'intégrisme ignore absolument que c'est dans un milieu très hostile de clans et de tribus qu'ont été décidées des mesures comme la lapidation des femmes adultères, l'amputation de la main des voleurs et l'arithmétique du Talion. Les Iraniens ont, paraît-il, mis au point une machine à couper les mains. C'est un droit élémentaire pour le mari musulman de battre sa femme. Il a le droit de faire appel à la force publique pour ramener au domicile conjugal l'épouse battue qui se réfugierait chez des parents ou des amis. Le mari peut répudier unilatéralement et en quelques minutes, sans perdre son temps à fournir des explications, et obtenir la garde des enfants ayant atteint l'âge de la raison (si la mère n'est pas musulmane, la garde des enfants est accordée automatiquement au père). Jihane El-Sadate, l'épouse du président Sadate avait dû se battre contre son mari et contre les hommes, en 1979, pour obtenir que les Egyptiennes soient obligatoirement informées de leur répudiation ou du remariage de leurs maris. Elle obtint que la répudiée musulmane ayant des enfants, puisse, si elle en est digne, les garder désormais, jusqu'au mariage pour la fille (et non plus jusqu'à l'âge de 10 ans) et jusqu'à 15 ans pour le garçon (contre 7 ans auparavant). Les hommes ont autorité sur les femmes, en vertu de la préférence que Dieu leur a accordée sur elles, à cause des dépenses qu'ils font pour assurer leur entretien. [...] admonestez celles dont vous craignez l'infidélité reléguez-les dans des chambres à part et frappez-les. (Sourates coranique des Femmes) La forme sanglante du djihad : attentat pro-iranien du 17 septembre 1986 à Paris --- Page 3 --- Tous les juges des tribunaux charia connaissent le lamentable spectacle de ces malheureuses qui sentent le sol se dérober sous leurs pieds, lorsqu'on leur annonce après le décès du mari qu'elle n'ont aucun droit à l'héritage puisqu'elles ont été répudiées depuis plusieurs années à leur insu, ou qu'elles doivent partager la succession avec une ou plusieurs coépouses. Mme Sadate a été vouée aux gémonies par ses compatriotes mâles pour avoir initié l'humanisation du statut de ses sœurs. Les étudiants de l'université El-Azhar, poussés par leurs "professeurs", manifestèrent contre cette "nouvelle Marie-Antoinette". Les prédicateurs intégristes la traînèrent dans la boue. Des voix s'élevèrent pour exiger l'abrogation de cette réforme féministe "attentatoire aux préceptes divins". En Tunisie, le président Bourguiba eut le front d'interdire la polygamie et la répudiation unilatérale. Peut-être à cause de son grand-âge, ne fut-il traité que de "suppôt de l'Occident, coupable d'avoir dépravé la Tunisie et fait sortir son peuple des rangs de la communauté islamique". Il subsiste malgré tout des absurdités auxquelles personne -même l'intrépide Bourguiba n'ose s'attaquer. Par exemple, en matière successorale, la part des filles est la moitié de celle des garçons ; en justice, seules deux dépositions féminines peuvent faire pièce à celle d'un seul homme ; le mariage entre une musulmane et un non musulman est interdit, à moins que l'amoureux ne se convertisse. Le fait de donner la primauté aux hommes sur les femmes est quasiment universel. Au Burkina, il est banal d'entendre des hommes dire "Moi, une femme ne me commande pas" ou de se croire maudit lorsque l'on a "que des filles dans sa famille". D'autres sociétés ont conservé un certain côté machiste : un proverbe vietnamien ne dit-il pas que "cent femmes ne valent pas un testicule" ! Frédéric II de Prusse disait, pour sa part, que "les femmes sont comme des côtelettes : plus on les bat plus elles sont tendres". Mais le plus dur dans l'islam est que l'infériorité de la femme est prétendûment inscrite dans la volonté divine exprimée par la charia qui doit rester inaltérée. Mais ce n'est pas seulement à l'aspect "confinement" sur les femmes qu'il faudrait s'arrêter. Les intégristes s'insurgent contre l'occupation de leur territoire et de certains hauts lieux de l'Islam. L'antisémitisme du fondamentalisme arabo-musulman est très certainement tributaire, à notre époque, du traumatisme provoqué par la création de l'Etat d'Israël, et par l'humiliation des défaites successives. Le noyau dur de l'intégrisme est constitué par des fanatiques : Cheikhs, Muftis et autres Ulémas, dans le sunnisme et les Mollahs, Hodjatolesmans et Ayatollahs dans le chiisme. Ce sont eux qui véhiculent ce courant de pensée qui devrait régir la vie des nations musulmanes et inspirer les comportements et décisions des autorités gouvernementales. Des hezbolahi (parti de dieu), vêtus de linceuls manifestent dans une banlieue de Beyrouth (Liban) Ils interviennent presque quotidiennement dans certains pays, pour donner des avis religieux sur tous les sujets. Ils tendent à être à l'islam ce que les prêtres ou pasteurs, sont au christianisme. Un cheikh de l'université islamqiue El-Azhar du Caire, Ali Gad el-Haqq, affirmait à des milliers de téléspectateurs que l'usage du lait en poudre est contaire aux préceptes de l'islam, que telle ou telle société implantée au Caire est "mauvaise" et que par conséquent les musulmans doivent s'interdire de traiter avec elle, etc... L'intégrisme comme voie de salut La démonstration par le marxisme de l'existence d'un lieu de concomitance entre l'Occident et l'impérialisme a amené une partie des intellectuels à rejeter la civilisation occidentale pour revenir aux valeurs islamiques. Des voix se sont élevées pour dire : "Pourquoi chercher nos solutions dans des modèles européens qui ont échoué ? C'est l'islam qui doit nous permettre de résoudre tous nos problèmes". L'intellectuel qui veut se mettre au service de la vérité découvre un pan inconnu du pouvoir : les intellectuels agacent le pouvoir qui dispose de mille et un moyens pour le réduire au silence. Combien d'entre eux sont morts suite aux tortures ou tout simplement exécutés ? Pour l'intellectuel qui n'aspire pas aux palmes de martyre se présente alors l'alternative de l'exil pur et simple ou de l'adhésion à un mouvement intégriste. De nombreux jeunes gens venus du monde rural et frappés de plein fouet par les vicissitudes de la vie citadine, se replient sur l'intégrisme qui "combat" de laisser-aller, cette injustice. Petit à petit ils deviendront adeptes, puis défenseurs acharnés de l'intégrisme. La jeunesse, en tant que l'une des plus grandes victimes de la lutte des classes, est une proie assez facile pour les mouvements islamistes. Elle est parfois amenée à observer un mépris souverain vis-à-vis de la caste politico-financière dont les membres se recrutent par cooptation, se nomment aux postes-clefs de l'Etat ou aux postes les plus juteux, s'entendent pour porter tel ou tel membre au pouvoir ou le destituer. La jeunesse n'a de place que parmi ceux qui sont prêts à tout pour s'accrocher au pre- --- Page 4 --- mier échelon de la distinction sociale (l'emploi), tandis que ceux qui sont "arrivés" se serrent les coudes, se solidarisent. Elle prend aussi conscience de la dimension du pouvoir connue de tous : le pouvoir c'est l'assiette au beurre. La "vocation" de servir ses compatriotes est très souvent assimilée au besoin de faire fortune et d'atteindre la gloire. Les mouvements extrémistes ont donc compris qu'une jeunesse dont la vocation est de chômer (et donc d'être humiliée) constitue une excellente armée de réserve, un créneau du meilleur aloi pour faire acte de prosélytisme. Tous les mouvements intégristes ont ceci de commun qu'ils sont tous adeptes de la même religion, qu'ils affirment absolument les mêmes dogmes. Mais qu'ils les interprètent différemment. Prenons l'exemple de l'égalité des hommes prônée par le Coran. La majorité y voit un appel à mettre fin à l'inégalité matérielle et à l'exploitation sociale et nationale. Son interprétation du Coran est donc au service des changements progressistes. Son mouvement a donc un caractère particulier : il n'est pas dirigé contre l'Etat mais contre le système capitaliste. Pour les autres, l'égalité des hommes selon le Coran signifie égalité devant Allah. Les hommes sont "égaux comme les dents d'un peigne" après la mort. Mais de leur vivant, ils conservent les différences d'ordre social existant entre eux. Ils sont donc pleinement satisfaits de cette "égalité" des musulmans qui permet seulement à une grappe de gens de vivre dans l'opulence grâce à leurs activités de propriétaires terriens et immobiliers, de rentiers, d'actionnaires et d'obligataires. Ils ne pousseront pas jusqu'à favoriser une véritable égalité de tous les musulmans car cela reviendra à signer leur propre arrêt de mort. De ce fait, ils tirent et agissent sur les sentiments religieux et l'ignorance des travailleurs et leur font entrevoir la "menace du bolchevisme" ou du "péril jaune". Le communisme pour eux signifiera l'implantation de l'athéisme, la dévalorisation des valeurs morales, la mise en commun des femmes et la confiscation de leurs biens déjà "maigres". Ces réactionnaires sont aidés dans leur croisade par les milieux conservateurs étrangers. ## Le Djihad Le musulman modéré que fut Nasser écrivait dans "Philosophie de la révolution" : "il nous est impossible de nous dérober à la tâche d'étendre notre civilisation, même jusqu'au centre de la forêt vierge". Mais bien avant Nasser, le Syrien Ahmed Ibn Taïmiya (1263-1328), théoricien de l'intégrisme et référence suprême des islamistes modernes, avait défini le djihad comme "la meilleure des formes du service volontaire que l'homme consacre à Dieu". La fraction des Frères musulmans d'où est issu le lieutenant de 24 ans, Khaled Islambouly, qui, le 6 octobre 1981, a entraîné vers la tribune officielle les assassins de Sadate, avait choisi de s'appeler El-Djihad. Mais il serait faux, et dangereux, d'affirmer que tout l'islam approuve ces incitations. La forme sanglante du djihad est ce qu'on appelle le "terrorisme" qui serait prêché par les intégristes chiites. On peut citer certains groupes les Hezbollahi (partis de Dieu), le Jihad islamique (et syriens), l'Organisation des opprimés de la terre, le groupe chiite Al Dawa. Des groupes moins connus sur le plan international existent : les Frères musulmans, Apostasie en exil, les Rescapés de l'enfer, Loi du Talion, en Egypte, le Mouvement de la tendance islamique en Tunsie, etc. Le nombre de ces "Brigades vertes" ne sera jamais exhaustif. Mais à l'intérieur, les mouvements intégristes ont toujours pour réflexe de se mettre en travers des décisions gouvernementales, ce qui, à long terme, ne peut que porter atteinte à l'ordre et à la sécurité dans les pays concernés. Tant bien que mal, les gouvernements tentent de les contenir. Les pendaisons et les condamnations à de lourdes peines de prison donnent l'impression de contribuer à multiplier le nombre de groupes et à durcir leurs positions. Le terrain privilégié sur lequel doit être livré le combat contre les groupes intégristes est celui "des droits de l'homme". Il faut arracher l'islam à sa malsaine fascination pour les mutilations pénales, les flagellations, les lapidations et les décapitations publiques et par là-même, mettre fin à la carrière de ces Caligula et Néron des temps modernes. La fin de l'intégrisme proviendra d'une part de l'encouragement des musulmans modérés à éclairer leurs coréligionnaires abusés, d'autre part de la communauté internationale qui doit mener une lutte préventive et multiforme. Casimir KI et Apolline OUEDRAOGO Djihad pacifique : prière à l'usine Citroën d'Aulnay (France) Nombre de pages 4 Description courte L'intégrisme musulman est un courant socio-politique influent, perçu comme une menace pour les institutions et l'Occident. Il promeut une application rigide de la Charia, s'opposant aux réformes modernes, notamment sur les droits des femmes. Ses origines incluent les Frères musulmans et la Révolution iranienne. Il recrute en rejetant l'Occident et en promettant la justice, parfois via le Djihad violent. La lutte contre ce phénomène passe par la défense des droits humains et le soutien aux musulmans modérés. --