id 72087 Url https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/72087 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Article Titre El Hadj Bema Fofana, président de l'Association des musulmans de Côte d'Ivoire (Firdaouss) : "Tant que l'État ne jouera pas son rôle de facilitateur, il y aura toujours des problèmes autour du Hadj" Créateur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/71459 Abou Traoré Sujet https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/29 Hadj https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46223 Bema Fofana https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76452 Sanogo Mamadou https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46167 Bamba Cheick Daniel https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/653 Conseil National Islamique https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/46185 Conférence Islamique pour l'Organisation des Pèlerinages https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76280 Gouvernement https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/76042 Conflit Editeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item-set/57944 Le Jour Plus Contributeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/858 Frédérick Madore Date 2005-09-27 Type https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/67396 Article de presse Identifiant iwac-article-0010485 Source https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/821 Centre de Recherche et d'Action pour la Paix Langue https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8355 Français Droits In Copyright - Educational Use Permitted Couverture spatiale https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/277 Arabie saoudite https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/489 La Mecque https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/298 Côte d'Ivoire https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/359 Maroc https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/395 Sénégal https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/442 Djeddah https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/269 Abidjan Contenu El Hadj Bema Fofana, président de l’Association des musulmans de Côte d’Ivoire (Firdaouss) “Tant que l’Etat ne jouera pas son rôle de facilitateur, il y aura toujours des problèmes autour du Hadj” Dans cet entretien, le président de l’association des musulmans de Côte d’Ivoire (Firdaouss), El Hadj Bema Fofana, dresse un sévère diagnostic des maux qui minent l’organisation du Hadj. Non sans revenir sur le rejet de l’agrément à son association qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Mercredi dernier, lors de son point de presse, le commissaire du Hadj a justifié le refus de l’agrément à votre association du fait qu’elle n’est pas légalement constituée. Qu’en est-il exactement ? J’ai été surpris d’apprendre cela parce que le cahier de charges qui nous a été communiqué dit en son article 3 que pour obtenir l’agrément, il faut fournir comme pièces, une demande manuscrite pour l’organisation du hadj, adressée à Monsieur le ministre des Cultes indiquant le nom du commissaire de l’association, les références du siège et le nombre de pèlerins envisagés. Nulle part il n’a été dit qu’il fallait joindre à ces documents le récépissé de dépôt. Dans tous les cas, je leur ai fait une réponse dans laquelle j’ai ajouté également la photocopie du récépissé. Pour moi, l’association est donc légalement constituée. Et nous répondons à toutes les demandes dans le cahier de charges. Nous répondons à tous ces critères et donc jusqu’à aujourd’hui, je ne m’explique pas qu’on refuse l’agrément. Parce que le document de l’atelier auquel il fait référence a été calqué complètement sur le document saoudien que le consul général de Côte d’Ivoire a eu du mal à leur faire accepter. Et ce document dit bien que pour organiser le Hadj, il faut être une association, une Ong ou une agence de voyage. Il faut ainsi l’agrément de son pays, c’est pourquoi nous l’avons demandé. En plus, il faut avoir un minimum de 50 pèlerins et nous répondons à cela. Quand le commissaire du Hadj nous dit que nous avons fait une mauvaise interprétation de l’arrêté 157 du 8 janvier, nous ne comprenons pas. Parce que là, il n’y a pas de confusion. L’organisation du pèlerinage à la Mecque est réservée aux associations légalement constituées dont nous faisons partie. L’article 3 dit que toute association devant organiser le pèlerinage à la Mecque doit être agréée par le ministère en charge. Le ministère en charge dit que pour avoir l’agrément, il faut remplir les conditions que je viens de citer. Nous n’avons pas pu envoyer ce document qui atteste de notre légalité parce que cela n’était pas indiqué dans le cahier de charges que je vous montre là. Donc pour moi. Il n’y a aucun problème. Mais ce que je ne comprends pas, c’est qu’en Conseil des ministres, le président de la République a dit et je vous le lis : “Dans le compte rendu du Conseil des ministres du 8 septembre 2005 publié intégralement par le quotidien Fraternité Matin n°12251 du 9 septembre 2005, on lit notamment à la page 13, 3e colonne, 3e alinéa, ce qui suit : le président de la République a insisté sur la nécessité de fixer des règles pérennes pour l’organisation du Hadj afin d’éviter les désagréments subis par certains pèlerins. Il a instruit le ministre des Cultes afin que les structures qui obtiennent l’agrément du gouvernement soient choisies sur la base de critères rigoureux définis. Quand les journalistes ont fait le compte rendu de la conférence du ministre, j’ai été surpris d’apprendre que le choix des associations est laissé au pouvoir discrétionnaire du ministre des Cultes. Peut-être que c’est Monsieur Sanogo qui ne sait pas interpréter les textes lui-même, sinon c’est assez clair. Nous estimons être dans les normes. Selon vous, y a-t-il des dessous au refus de l’octroi de l’agrément à votre association ? Honnêtement, je ne peux pas vous répondre. Je ne sais pas pourquoi ils nous refusent l’agrément. On dit qu’il faut avoir un minimum de 50 pèlerins. Dans leurs documents, on parle de 100 pèlerins. Mais le document saoudien qui a fait l’objet des travaux de l’atelier parle de 50 pèlerins. Même s’il faut 100 pèlerins, nous n’avons aucun problème pour les avoir. Ils le savent bien. Il me semble que le président de la république a réglé le problème. El Hadj Bema Fofana, président de l’Association des musulmans de Côte d’Ivoire (Firdaouss). Aujourd’hui que la liste est connue et que votre structure n’y figure pas, quelles actions comptez-vous entreprendre pour pouvoir entrer dans vos droits ? Le dernier recours qui nous reste, c’est d’abord de leur écrire pour bien prouver que nous sommes dans les normes. Cela a été déjà fait en leur donnant également la copie de mon récépissé de dépôt de l’association… et le 4e recours, c’est de se retourner vers le président de la République et de lui signifier que le ministère des Cultes même si c’est un ministère autonome n’est pas au-dessus du président de la République qui lui dit que le choix des associations doit être fait sur la base de critères rigoureux. Or là, il n’y a pas de critères quand on parle de pouvoir discrétionnaire. Concernant l’implication de ministère que vous avez dénoncé dans l’organisation du Hadj, M. Sanogo est revenu sur le fait que l’Etat n’a qu’un rôle de facilitateur. De quoi parle-t-il ? Qu’on demande à l’Etat, c’est qu’il soit commissaire du Hadj en 2004. Tout ce qu’ils ont dit, on l’a respecté sinon, on ne serait pas là. Les gens ont l’impression que je veux une faveur ou que je veux forcément le faire. Les textes sont clairs. Nous ne demandons aucune faveur. Nous souhaitons seulement que les choses se fassent sur une base plus rigoureuse. C’est tout. Nous nous connaissons dans ce milieu. Le commissaire a rendu publiques les dispositions pratiques du Hadj. 1 500 000 F pour les frais et le retour des dispositions des années passées. Quels commentaires en faites-vous ? Moi, je suis heureux qu’on soit revenu à 1 500 000 parce que le bruit avait couru qu’on serait à 1 800 000 F. C’est peut-être parce que j’en ai parlé. Donc moi je suis heureux. 1 800 000 F c’est trop dans le contexte actuel. Si on applique les dispositions dont on parle, il n’y a pas de problèmes, mais c’est que dans un temps, ils vous disent ça et ils font le contraire. C’est là que se trouve tout le problème. Si le Hadj de 2004 n’a pu avoir lieu pour nos pèlerins, c’est justement eux qui sont à la base. Quand il parle de turpitude, je ne le comprends pas. C’est lui qui n’a pas respecté les règles du jeu. Au-delà du coût du Hadj, les dispositions restent les mêmes… Cela ne me gêne pas. Mais il y a une implication là-dedans qui me gêne. Ils ont dit qu’ils ont un rôle de facilitateur. Qu’ils restent donc dans ce rôle. C’est tout ce qu’on leur demande. Et puis, une chose me paraît curieuse. Vous avez vu, il y a deux organisations, l’organisation publique est garantie par l’Etat. Normalement, tout le monde devrait être là-bas ou du moins, l’organisation publique devrait avoir le maximum d’associations et de pèlerins, mais c’est le contraire. Mais vous constatez que sur les 9 associations, il y en a 3 seulement qui sont dans le public, il y a quelque chose qui ne va pas. En plus, moi je dirai qu’il y a seulement une association qui est avec eux, c’est-à-dire le Conseil national islamique parce que les autres ne sont que des appendices. On sait combien de pèlerins ces deux autres associations peuvent avoir. Et là, moi je me pose maintes questions. Vous venez de dire que les autres associations ne sont que des appendices ? Oui, parce qu’on se connaît dans ce milieu. Si ces deux autres associations ont plus de 100 pèlerins, c’est à cause des démarcheurs. Il ne reste donc qu’une seule association au niveau de l’Etat, le CNI. Mais là encore, je me pose des questions parce que le même CNI en 1993, c’était leur cheval de bataille, c’était d’arracher la gestion du Hadj au ministère, à l’Etat. Nous nous sommes tous battus pour cela et nous l’avons obtenu. Je m’étonne que des années après, c’est le même CNI qui retourne dans la gestion du Hadj avec l’Etat. Il y a quelque chose qui ne va pas. Moi, je ne comprends pas cela. Et je suis à l’aise pour dire qu’il y a six qui sont retenus dans le privé, cela veut dire qu’il y a un malaise. Donc que l’Etat se contente de jouer son rôle de facilitateur et il y aura moins de problèmes. Les dispositions qui sont prises aujourd’hui permettent-elles de garantir un meilleur Hadj ? De mon point de vue, tant qu’on n’aura pas respecté ce qui est prescrit dans l’arrêté 155 et tant que l’Etat ne va pas se contenter de jouer son rôle de facilitateur, on connaîtra encore les problèmes qu’on a connus par le passé. Donc, ce n’est pas une garantie pour moi. Je dis que pour un bon Hadj, il faut permettre à ceux qui font ce travail d’exercer leur fonction pour qu’on sorte de ce cafouillage. Tant qu’on ne le fait pas, on sera dans la même situation et c’est dommage. Regardez, c’est maintenant qu’ils prévoient envoyer une délégation en Arabie Saoudite pour s’occuper des choses. Il y a longtemps de cela que les autres pays y étaient déjà. C’est vraiment dommage, tout se fait dans la précipitation. Vous voyez tout ce temps qu’on perd à vouloir éliminer Firdaous du circuit. Firdaous a les hommes qu’il faut pour faire ce travail. En quoi cela les gêne-t-ils ? Qu’ils me mettent au défi, cela paraît tellement simple. Mais une fois encore je dis que Firdaous remplit les conditions qu’il faut. Nous attendons seulement que justice soit faite. Nous allons leur faire copie de notre récépissé de dépôt et nous attendons qu’ils nous donnent l’agrément. Depuis que le débat cours, vous mentionnez rarement le nom du ministre des Cultes ou d’une quelconque séance de travail avec lui. L’avez-vous une fois vu pour --- Page 2 --- essayer d'aplanir ces divergences-là ? Nous n'avons rien à nous dire. Nous nous sommes déjà rencontrés plusieurs fois. Chacun à sa position. Il dit qu'il s'est retiré du Hadj, mais tout prouve le contraire. Il m'a dit que ce sont les associations qui organisent le Hadj et il m'a ramené vers elles. J'ai créé mon association, c'est donc dire que je rentre dans le moule. Je dois faire ce que les associations ont à faire. Je ne comprends pas pourquoi on me met à l'écart. Je n'ai pas à discuter avec lui. Il y a un cahier de charges qui définit ce qu'il y a à faire, une fois que vous rentrez dans ce moule automatiquement vous devez l'avoir, c'est ce qu'ils disent. Puisqu'ils disent qu'ils appliquent l'arrêté 155 et que c'est moi qui ne sais pas interpréter le texte. Je n'ai pas à discuter avec monsieur le ministre, car ce serait une affaire de personne maintenant. Non, je représente une structure Firdaous qui a une façon de voir les choses et qui veut apporter sa contribution, cela me paraît très simple. El Hadj Bema Fofana, président de l'Association des musulmans de Côte d'Ivoire (Firdaouss). Concernant le commissaire du Hadj en tant que tel vous avez indiqué que c'est le Conseil des ministres qui le désigne. Cela a-t-il été fait ? Pas à ma connaissance. Dans tous les cas, dans le courrier que j'adresse au ministre des Cultes, je le nomme comme M. Sanogo Mamadou et non le commissaire du Hadj et ma correspondance, je l'adresse toujours au ministre des Cultes. Pour moi, il n'y a pas encore de commissaire du Hadj nommé en conseil des ministres. Ça veut donc dire que les différentes décisions sont illégales ? Ça ce sont des arrangements avec le ministre des Cultes qui les engage là-bas. Ils font autre chose que ce que le président de la République même a décidé pour l'organisation du Hadj. Et si on vous demandait de faire des propositions concrètes tant pour le ministère que pour l'organisation pratique du Hadj ? J'ai toujours demandé la création d'une structure qui aura en charge la gestion du Hadj. Une structure qui va dépendre de la présidence ou de la primature. On a un ministère des Cultes. Elle peut dépendre de ce ministère, mais elle doit être autonome. Cette organisation mise en place doit être l'interlocuteur de tous les acteurs du Hadj. Elle doit avoir ses bureaux, son personnel. Elle doit être autonome. Elle va traiter avec le consulat pour régler les problèmes qui se posent là-bas. A partir de là, c'est ouvert, les associations qui remplissent les conditions du cahier de charges à savoir être légalement constitué, avoir un minimum de pèlerins et payer ses logements en Arabie Saoudite. Qu'on les laisse travailler. Cette structure aura la gestion et c'est sûr que cela se passera sans problème. Dans le passé lorsqu'il n'y avait pas de ministère, on avait jamais appris qu'il y a autant de problèmes qu'il y en a actuellement. C'est depuis la création du ministère qu'il y a eu tous ces problèmes qui se posaient avant le Hadj, les gens arrivaient à s'en sortir. Les pèlerins partaient, ils ne restaient pas ici. Avec Bamba Cheick Daniel, je me rappelle à la dernière minute, la situation a été décantée. Les gens sont partis et ils sont arrivés le jour de Arafat et ils ont fait le Hadj. Mais, nous ici nous sommes restés 10 jours à l'aéroport. Et ces jours-là, le ministre a fait couper l'eau, l'électricité, il a enlevé les bâches. Je trouve cela inadmissible pour des gens qui vont à la rencontre de leur Dieu. Les musulmans ont besoin d'eau pour faire leur ablution. L'année dernière par exemple, il fait partir un avion au 2/3 tiers vide en laissant 136 pèlerins de 2004 ici alors qu'il avait connaissance de cette situation parce qu'il nous avait reçu. J'estime que des gens comme ça ne doivent plus gérer le Hadj. C'est pourquoi, il faut tout enlever et mettre une nouvelle structure en place et faire appliquer ce que le président de la République a dit. C'est-à-dire choisir les associations à partir de critères rigoureux et définitifs. C'est ce qu'il faut faire pour qu'on puisse sortir de cette situation. Il ne faut pas choisir les gens par copinage. La majorité des démarcheurs est avec moi, dès qu'on nous donne l'agrément, on fait le plein. Je m'étonne de voir qu'on continue de prendre Air Universel. Restons ici, Air Ivoire est une compagnie nationale qui emploie des Ivoiriens, qui paie les impôts au pays, qui a toute la flotte nécessaire moi j'ai des négociations très avancées avec eux. J'attends d'avoir mon agrément. C'est tout. Toutes ces personnes sont disqualifiées de mon point de vue, elles ont géré le Hadj pendant ces deux années, on a vu le résultat et on veut reconduire la même chose. Je ne suis pas d'accord. Malgré vos professions de foi, beaucoup de personnes pensent que vous êtes au centre des manquements dans l'organisation du Hadj ces dernières années... C'est eux qui sont à la base de cette situation. En 2004 par exemple, le vol aurait eu lieu si le ministre et son équipe n'avaient pas mis des crocs en jambes à tous les niveaux. Ils ont écrit d'abord au consulat en Arabie Saoudite pour dire que j'allais prendre les pèlerins et aller les jeter à l'aéroport. Deuxièmement, ils ont écrit à l'aéroport d'Abidjan pour qu'on ne me donne pas mes papiers. Il a fallu que je coure à tous les niveaux pour qu'on puisse le faire. Ensuite la banque a mis 10 jours pour faire mon transfert ce qui m'a pénalisé. Et même, à la dernière minute lorsque le consul a trouvé un avion qui était prêt à chercher les pèlerins, c'est le même ministre des Cultes qui a demandé que l'avion ne vienne pas et ça je le comprends. Ils ont eu 1800 pèlerins. Ils ont un avion pour 1 500 pèlerins. Ils ont eu 1800 pèlerins. Si on s'arrête là déjà il y avait un excédent et en plus 360 personnes qui avaient déjà payé tout ce qu'il fallait en dehors du transport au ministère étaient à l'aéroport. Vous vous imaginez, il a des logements pour 1500 places et il se retrouve avec 1800 pèlerins en plus de 360 autres. Vous comprenez bien pourquoi on nous a empêchés de partir. Mais quand ils sont revenus et qu'ils ont fait leur bilan, ils se sont retrouvés déficitaires à hauteur de 250 millions de Fcfa. Les pèlerins ont payé, ils ne sont pas partis et on parle de déficit. Pour 2005 malgré tous les différends qu'il y avait entre lui et moi, je suis allé le voir pour savoir comment on allait traiter le problème des pèlerins de 2004 pour les faire partir en priorité parce qu'ils avaient déjà souffert. Vous savez bien que lorsqu'on dit que vous allez à la Mecque et que vous ne partez pas on vous taxe de tout. Il a refusé de m'aider puisqu'il a dit que je n'étais pas un homme crédible. Il fallait que j'aille voir avec les autres associations. Là encore, il nous a créé tous les problèmes. Et comme eux-mêmes l'ont dit, monsieur le ministre a loué un avion d'une capacité de 360 places et il l'a fait partir avec 124 personnes. Je n'arrive pas à comprendre que le ministre de tutelle ne sache pas qu'il y a des pèlerins de 2004 sur le territoire ivoirien qui ont tout payé avec lui sauf le transport qu'ils ont payé avec moi. Leur argent est bloqué en Arabie Saoudite. Il nous appelle la veille pour nous demander de cotiser 400 000 F pour qu'ils nous prennent le lendemain sur ce vol qu'il fait partir avec 124 pèlerins et qu'il laisse 136 autres ici. Aujourd'hui, on lui demande de payer 165 millions. C'est quelque chose que je ne comprends pas. C'est plutôt à ce niveau qu'il faut voir les turpitudes. Ce n'est pas à mon niveau. Demandez donc à Sanogo et à son équipe de voir avec le ministre. C'est ça la réalité du Hadj ici. INTERVIEW RÉALISÉE PAR ABOU TRAORÉ Islam Les plaies du Hadj Les deux précédentes éditions du Hadj 2004 et 2005 se sont déroulées de façon « catastrophique ». Au niveau du transport, de l'hébergement et de l'encadrement en terre sainte, si l'on s'en tient aux différents rapports, le retour des mêmes signes : improvisation, difficile consensus autour de l'octroi des agréments, affairisme rampant des organisateurs etc. Etat des lieux. Quel sort sera réservé cette année aux candidats au Hadj 2006 ? « L'édition en cours s'appuie sur des résolutions majeures préconisées par l'atelier sur la rationalisation de l'organisation du pèlerinage musulman tenu les 9, 10, 11 et 12 mai. Cet atelier a réuni les responsables des associations partenaires du Hadj, les partenaires musulmans, les parties prenantes, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire en Arabie Saoudite, le consul général de Côte d'Ivoire à Djeddah et des personnalités spécialement invitées pour partager leur expérience (le chargé d'affaires du Royaume du Maroc, le commissaire du Hadj du Sénégal et l'ancien directeur général de l'administration territoriale) », a rassuré le 14 septembre dernier à Abidjan le commissaire du Hadj 2006, Sanogo Mamadou. Il ressort de ces résolutions que trois associations (CNI, SI2AP), deux regroupements (CIOP, Oumat), une agence de voyage et trois associations agréées pour l'organisation du Hadj 2006. Le coût du billet s'élève à 1 500 000 Fcfa. La date de clôture de l'inscription est fixée au 15 novembre, soit un mois avant les premiers départs. Cette année, les associations ont le choix entre deux options, « l'option Etat facilitateur » et l'option « privée » où les opérateurs concluent eux-mêmes leurs contrats de transport aérien avec les compagnies aériennes de leur choix, il en est de même pour leur-contrat de logement avec les critères fixés par le cahier des charges. Improvisation, difficile consensus autour de l'octroi des agréments, affairisme rampant des organisateurs rendent approximative l'organisation du Hadj. Autant de dispositions qui à l'évidence, ne sont que du réchauffé des éditions précédentes. Le doute des pèlerins Si du côté de l'Etat, on assure avoir pris toutes les dispositions utiles pour un meilleur Hadj, chez certains pèlerins et associations, on reste sceptique. Le président de l'association des musulmans (Firdaouss) El Hadj Fofana Bema, prédit les mésaventures des éditions précédentes : conditions catastrophiques au niveau du transport, de l'hébergement et de l'encadrement en terre sainte. « Tant qu'on reconduira la même équipe qui a rendu le Hadj catastrophique, il y aura toujours des problèmes. Tant qu'on n'aura pas respecté ce qui est prescrit dans l'arrêté 155 et tant que l'Etat ne va pas se contenter de jouer son rôle de facilitateur, on connaîtra encore les problèmes qu'on a connu par le passé », a plaidé pour une structure autonome chargée de la gestion du Hadj. A côté de ces problèmes institutionnels, les acteurs du Hadj malgré les différents séminaires peinent à accorder leur violons autour des critères objectifs d'organisation, notamment en ce qui concerne l'octroi des agréments. Sur le chapitre, l'association Firdaous vient d'adresser un courrier au président de la République, dans lequel il dénonce « l'exclusion, la discrimination et la lecture décalée » des proches du ministre des Cultes en ce qui concerne l'octroi d'agrément. On se souvient que son dossier Hadj lors du conseil des ministres du 8 septembre dernier le président de la République a insisté sur « la nécessité de fixer des règles pérennes pour l'organisation du Hadj, afin d'éviter les désagréments subis par certains pèlerins. Il a instruit le ministre des Cultes afin que les structures qui obtiennent l'agrément du gouvernement soient choisies sur la base de critères rigoureux et définitifs ». Malgré cette injonction la polémique bat son plein sur l'objectivité des critères de choix des associations. Surtout depuis que le commissaire au Hadj, lors de son point de presse le 14 septembre a lâché que « le choix des associations agréées dépend du ministre qui use de son pouvoir discrétionnaire ». Une querelle de préséance qui présage d'une organisation approximative du Hadj 2006 où désormais l'improvisation et la précipitation à tous les niveaux sont les choses les mieux partagées. ABOU TRAORÉ Nombre de pages 2 Pages 6 7 Description courte El Hadj Bema Fofana, président de l'Association des musulmans de Côte d'Ivoire (Firdaouss), dénonce la mauvaise organisation du Hadj, qu'il attribue à l'ingérence de l'État au lieu de son rôle de facilitateur. Son association s'est vu refuser l'agrément pour le Hadj 2006 malgré le respect des critères, une décision qu'il juge arbitraire et contraire aux directives présidentielles. Il propose la création d'une structure autonome pour gérer le pèlerinage, afin d'éviter les problèmes passés et d'assurer un Hadj transparent et bien organisé. --