id 5746 Url https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/5746 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Article Titre Pèlerinage 2000 à la Mecque : El Hadj Kouanda Omar réplique à Yéro Boly Créateur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/1111 Sujet https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/29 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/915 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/579 Editeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item-set/2214 Contributeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/858 Date 2000-01-07 Identifiant iwac-article-0002597 Source https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/416 Langue https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8355 Droits In Copyright - Educational Use Permitted Résumé A la suite de l'audit effectué sur le Hadj 98 par l'inspection d'Etat, une mésentente est née entre le président de la Commission nationale d'organisation du pèlerinage à la Mecque (CNOPM), le ministre de l'Administration territoriale et de la Sécurité, Yéro Boly et son 2e vice-président El hadj Kouanda Omar, représentant les associations islamiques au sein de cette structure. C'est ainsi que le ministre chargé du culte a annoncé qu'il mettait fin aux fonctions de celui-ci. Dans l'interview qu'il nous a accordée El hadj Omar Kouanda, donne sa version des faits, rappelle le rôle de la CNOPM et parle des préparatifs du Hadj 2000. Couverture spatiale https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/376 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/269 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/443 Contenu A la suite de l'audit effectué sur le Hadj 98 par l'inspection d'Etat, une mésentente est née entre le président de la Commission nationale d'organisation du pèlerinage à la Mecque (CNOPM), le ministre de l'Administration territoriale et de la Sécurité, Yéro Boly et son 2e vice-président El hadj Kouanda Omar, représentant les associations islamiques au sein de cette structure. C'est ainsi que le ministre chargé du culte a annoncé qu'il mettait fin aux fonctions de celui-ci. Dans l'interview qu'il nous a accordée El hadj Omar Kouanda, donne sa version des faits, rappelle le rôle de la CNOPM et parle des préparatifs du Hadj 2000. L'histoire des pèlerinages à la Mecque dans notre pays a parfois été émaillée d'épisodes plus ou moins fâcheux, l'un des derniers en date étant l'annonce de votre radiation par le président de la CNOPM. Que s'est-il exactement passé ? Je voudrais tout d'abord vous remercier pour l'occasion que vous m'offrez de m'expliquer. Il faut dire que les difficultés auxquelles vous faites allusion, résultent d'une incompréhension née d'une collaboration difficile entre les délégués représentant l'Etat d'une part, et d'autre part, entre ces derniers et les musulmans. Vous vous souvenez sans doute du conflit de compétence qui a opposé le président actuel de la CNOPM à son collègue du ministère des Affaires étrangères d'alors (NDR : c'était Ablassé Ouédraogo, actuellement directeur général adjoint de l'OMC) qui en était le 1er vice-président. Après le départ de ce dernier c'est à moi le 2e vice-président qu'il s'en prend. Quant à la décision prise par le président de la CNOPM, soi-disant de m'écarter de cette commission, je pense tout simplement que c'est un faux pas qu'il vient de faire en ce sens que la procédure qui me plaçait à ce poste de 2e vice-président n'est pas un fait du hasard. En effet, ma nomination à ce poste a été rendue possible et voulue par les associations islamiques du Burkina Faso, conformément au décret présidentiel n°98-027/PRES/PM/MATS/MAET du 2 février 1998 portant organisation, fonctionnement et attributions de la CNOPM. La raison avancée par le président de la CNOPM pour la prise de sa décision est pour moi fallacieuse et bancale car elle ne tient pas du tout : le ministre de l'Administration territoriale avance le fait que l'audit effectué par l'inspection d'Etat sur le Hadj 98 me mette en cause ; pourtant dans ce travail que je salue à sa juste valeur, je ne suis nullement impliqué dans aucune malversation. Voici les faits : Avant notre départ à la Mecque pour le Hadj 98, constatant que le secrétaire permanent que nous avions élu à l'époque a été récupéré par le président de la CNOPM et son 1er vice-président, écartant ainsi tous les autres et sachant les difficultés auxquelles nous serions confrontés malgré la pléthore des encadreurs inexpérimentés que l'Etat nous avait adjoints, en ma qualité de 2e vice-président, j'ai autorisé la prise en charge de 5 à 6 personnes. En fait, nous avions fait le serment de réussir parfaitement ce Hadj et ces personnes, auxquelles j'ai fait bénéficier de ce hadj devaient nous aider plus efficacement dans l'encadrement spirituel de nos pèlerins à la Mecque et à Médine. A ces autorisations de prise en charge, on peut ajouter les frais de parents d'un démarcheur de la Tidjania à qui le secrétaire permanent avait fait la promesse de le dispenser des frais fixes. Le montant total de ces sommes telles qu'établies par le procès-verbal de l'audit s'élevait à 3.220.000 F CFA. Le président de la CNOPM m'intima l'ordre de payer cette somme car le premier ministre le talonnait sérieusement pour le recouvrement. A chacune de nos rencontres, le ministre de l'Administration territoriale ne manquait pas de me le rappeler. Par le canal d'un huissier de justice j'ai proposé au MATS que de la somme de 3.220.000 F qui m'a été réclamée, il soit soustrait 1.020.000 F CFA représentant les charges des parents du démarcheur qu'il connaît bien. Cela me permettrait de payer le reliquat. C'est ce que j'ai fait en versant une première tranche le 28 octobre 1999, puis une seconde le 5 novembre 1999 dans le compte de la CNOPM à ECOBANK. C'est ainsi que le 11 de ce même mois, j'ai adressé              une correspondance au président de la CNOPM pour lui signifier, pièces à l'appui, que j'ai procédé au paiement de la somme qu'il me réclamait. Une ampliation a été faite à son directeur des Affaires administratives et financières (DAAF), à l'Inspection d'Etat et aux associations islamiques pour information. A mon avis, le MATS devrait trouver d'autres raisons pour justifier sa décision arbitraire, parce qu'à la date de la signature de l'acte de ma radiation, je ne reconnaissais pas devoir un seul franc à la CNOPM. C'est un truisme de dire que l'organisation du Hadj 98 n'a pas été parfaite. Qu'en dites-vous ? En effet l'organisation du Hadj 98 n'a pas été des plus parfaites et cette imperfection se situe tant au niveau de la gestion financière que du côté de la perturbation des vols due à des problèmes internes à Air Afrique. Et comme à cette époque la gestion des finances incombait au président et au secrétaire permanent de la CNOPM, il me serait hasardeux de dire un mot là-dessus. Mais, il faut avouer qu'excepté ce volet, le Hadj 98 en tant que tel a connu une réussite totale, en témoignent les félicitations que nous avons reçues de toutes parts. En quelques mots rappelez-nous le rôle de la CNOPM. De concert avec les associations islamiques, la CNOPM a pour mission l'organisation des préparatifs administratifs du pèlerinage à la Mecque alors que les associations islamiques se chargent de son déroulement effectif sur le terrain. Dans le décret portant création de la CNOPM est t-il prévu des cas où un membre peut être déchu et par qui ? Le Hadj, comme je l'ai dit tantôt, fait partie intégrante de la vie musulmane. C'est le 5e pilier de l'islam et il a tant de valeur que tout musulman qui en a les moyens doit une fois au moins dans sa vie effectuer un pèlerinage en Lieux-Saints. Si c'est vrai que la création de la CNOPM répond au souci des premiers responsables de notre pays de venir en aide aux musulmans dans la pratique de leur religion, il ne peut y être mentionné des actes "anti-religieux". Il n'est donc prévu nulle part dans le décret portant création de la CNOPM une disposition relative aux cas de sanctions à l'encontre d'un membre de la commission. A votre connaissance à quel niveau se situent actuellement les préparatifs du Hadj 2000 ? En ce qui concerne les préparatifs du Hadj 2000 je puis vous dire que toutes les associations islamiques sont dans la consternation la plus totale. Depuis deux mois déjà nous attirons l'attention du MATS sur le fait qu'il est temps que nous procédions au lancement du Hadj 2000. Mais celui-ci évoque la situation nationale qui l'en empêcherait. Ce n'est que le 29 novembre 1999 qu'il a convoqué la première assemblée générale C'est à cette occasion d'ailleurs que les associations islamiques ont entendu dire que des séances de travail et des tractations avaient déjà été menées entre le MATS, son DAAF et les partenaires de la CNOPM, telles que Air Afrique, ECOBANK et les autorités saoudiennes. Tout cela s'était effectue à l'insu des associations islamiques. Cependant habituellement, c'est de concert que nous, associations islamiques et le délégué du MATS, approchions nos partenaires et nous lui rendions compte. Contre toute attente c'est après cette annonce que le président de la CNOPM me demanda de me faire accompagner par une délégation afin de discuter avec Air-Afrique pour qu'elle revienne sur sa décision de majorer le prix des billets d'avion de 5 %. Cette délégation était également chargée de discuter avec ECOBANK qui procède à nos opérations de change. Le mercredi 1er décembre, nous sommes allés à Air-Afrique pour discuter des différents points ayant trait à l'organisation du Hadj 2000. Quelle ne fut notre stupéfaction quand on nous exhiba une lettre du président de la CNOPM qui reconnaissait expressément que l'inflation au Burkina Faso étant de 2,5 %, la compagnie aérienne était autorisée à appliquer une majoration de 3 % sur les billets. Aussi j'ai fait remarquer à la compagnie que cela me semblait anormal, car depuis deux années nous avons subi des augmentations du prix des billets. On nous rétorqua que tout était déjà finalisé avec le président de la CNOPM et qu'on ne pouvait plus revenir sur cette augmentation, étant donné que le contrat était établi depuis l'accord de ce dernier. C'est donc dans un état de déception totale que nous, associations islamiques, avons quitté les bureaux d'Air-Afrique, pour nous concerter sur cette augmentation avant de rencontrer le MATS. Lors de nos rencontres et dans nos mosquées, nous, membres des associations islamiques nous sommes toujours demandé : A qui pouvait bien profiter l'augmentation de 3 % sur les billets pour que le président de la CNOPM prenne sur lui seul la responsabilité d'adresser une lettre autorisant cette majoration à la compagnie Air-Afrique? Pourquoi le président de la CNOPM a voulu nous ridiculiser auprès d'Air-Afrique alors qu'il avait tout ficelé avec cette compagnie? Néanmoins, et comme à l'accoutumée, nous avons approché nos amis de la sous-région pour savoir si cette augmentation était générale. A Abidjan, au siège d'Air Afrique, on nous apprit qu'on n'était pas au courant de cette majoration. On nous promit même d'entrer en contact avec les responsables de l'agence de Ouagadougou, pour en savoir davantage. C'est sans doute ce comportement qui a motivé la décision du président de me mettre hors de la CNOPM. Sinon comment comprendre qu'après avoir fixé la date de notre seconde rencontre au 7 décembre 1999, ce soit ce jour-là même, comme par coïncidence, que je reçois cette fameuse lettre de radiation ? Les véritables raisons qui ont conduit le président de la CNOPM à prendre cette décision se trouvent là et nulle part ailleurs, parce qu'il se dit qu'en m'écartant de la CNOPM, il aurait les coudées franches pour tout entreprendre. Il semble que des voix s'élèvent au sein des communautés musulmanes contre l'implication de l'Etat dans le Hadj. Etes-vous de celles-là ? Je voudrais profiter de vos colonnes pour tirer la sonnette d'alarme en ce sens que les musulmans sont très déçus du comportement conflictuel créé en leur sein. Voyez-vous, les musulmans ont toujours organisé le Hadj de concert avec leurs démarcheurs regroupés dans les associations islamiques, officiellement munis d'un récépissé de l'Etat et ce depuis plus de 30 ans. En effet, il n'y avait jamais eu de problèmes entre les associations islamiques et leurs démarcheurs. Ce n'est plus le cas de nos jours car pratiquement depuis 4 mois, il existe une tension entre ces collaborateurs d'antan à telle enseigne qu'ils ne parlent plus le même langage car le MATS a octroyé un récépissé d'association aux démarcheurs pour qu'ils soient autonomes de leurs associations islamiques. Pour preuve lors de notre première assemblée générale préparatoire du 29 novembre, un démarcheur a demandé la parole au nom de l'association des démarcheurs du Burkina Faso. Encore un mot ? Pour conclure, je voudrais encore une fois vous rappeler que le Hadj est et demeure le 5e pilier de l'Islam indissociable des 4 autres piliers. Aussi, et en tant que musulman et responsable de haut niveau dans la communauté musulmane, il ne m'est jamais venu à l'esprit de dénigrer qui que ce soit dans la presse comme c'est légion par ces temps qui courent. Reconnaissons que de 1996 à nos Jours, Il n'y a pas eu un seul pèlerinage où on n'a pas cherché à Incriminer les responsables islamiques. Et dans la gestion des Hadj, ces responsables islamiques n'ont même pas connaissance des bilans financiers. Le Hadj'99 est tout fait pour illustrer cela quand on sait que les associations islamiques n'ont jamais eu un vrai bilan. En effet, ce n'est que le 29 novembre 1999 soit 8 mois après le retour de notre Hadj, qu'il nous a été distribué en même temps que les démarcheurs, le rapport du secrétaire permanent en lieu et place de tout bilan. Au regard de ce qui précède, et pour éviter d'aller en profondeur sur les faits du président de la CNOPM quant à l'organisation du Hadj, j'avoue que les associations islamiques attendent toujours qu'il leur soit transmis les motifs de ma prétendue radiation de ladite commission. En ce qui me concerne, face à mon impuissance à défendre les intérêts de l'islam en général et plus particulièrement des musulmans au sein de cette structure, je me vois obligé de rendre ma démission pour permettre à coup sûr à monsieur le président de la CNOPM de pouvoir gérer sa structure comme bon lui semble. Propos recueillis par Mamadou Koné --