id 11434 Url https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/11434 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Issue Titre An-Nasr trimestriel #31 Créateur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/569 Sujet https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/229 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/146 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/600 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/909 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/951 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/569 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/571 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/572 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/81 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/85 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/87 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/89 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/90 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/480 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/43 Salafisme Editeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item-set/2196 Contributeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/858 Date 2007-07/2007-09 Identifiant iwac-issue-0000219 Source https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/569 Langue https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8355 Droits In Copyright - Educational Use Permitted Résumé Bulletin d'information et de formation de l'AEEMB Couverture spatiale https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/284 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/349 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/374 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/376 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/408 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/407 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/544 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/443 Détenteur des droits Association des Élèves et Étudiants Musulmans au Burkina Contenu Nous avions dit et écrit, plus jamais de fraude dans les examens. Mais hélas, des fraudes massives ont émaillé l’organisation du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) édition 2007, mettant le monde éducatif dans une consternation incommensurable. Comme c'était le cas il y a seulement trois (03) ans, en 2004, le pétrole a coulé à flot. Pour la seule ville de Ouagadougou, le Syndicat National des Travailleurs de l'Éducation et de la Recherche (SYNTHER) a dressé l’état suivant : - Au lycée Bogodogo, huit (08) élèves ont été interpellés pour des cas de fraudes en mathématiques, en sciences physiques, en histoire-géographie. - Au lycée Martin N'Gouabi, sept (07) élèves ont été interpellés pour des cas de fraudes en mathématiques et en sciences physiques. - Au lycée Nelson Mandela, cinq (05) élèves ont été interpellés pour des cas de fraudes en mathématiques et en sciences de la vie et de la terre. - Les lycées Vénégré, Mixte de Gounghin, Philippe Zinda Kaboré, départemental de Saaba, Gabriel Taborin, Yiguia, Girovy, et... Le collège Protestant, etc. ont été également touchés par la fraude. La ville de Bobo et d'autres localités n'ont pas été épargnées non plus. Un fraudeur avoue avoir été pris en flagrant délit avec les épreuves types corrigées de l’épreuve d’histoire-géographie. Il a expliqué avoir hasardeusement rencontré un monsieur qui lui a proposé toutes les épreuves à seulement 60.000 F CFA. "Je ne disposais que de 5.000 F CFA et c'est l'épreuve d'histoire-géographie que j'ai pu finalement acheter", a-t-il indiqué. Si cet état est juste, et il l'est très certainement au vu des nombreux témoignages qui ont été relayés par la presse, le constat selon lequel la fraude a atteint une ampleur plus qu'inquiétante crève désormais les yeux. À l’origine de ce forfait honteux, se trouverait un fonctionnaire de l'État, un instituteur, membre de la commission de tirage des épreuves du Brevet d'études de premier cycle (BEPC). Considéré comme le cerveau de l’affaire, ce Fonctionnaire indélicat de l'État, répondant au nom de GOUDA Félix, EDITORIAL n'avait plus que quelques mois à passer à la fonction publique pour être admis à la retraite. 72 heures avant le début des épreuves, cet homme, d'un âge avancé, aurait frauduleusement subtilisé des épreuves de l'examen. Le développement des nouvelles technologies aidant, les sujets subtilisés ont été rapidement multipliés, proposés aux élèves, aux parents d'élèves et ont été vendus à Ouagadougou et un peu partout dans le pays. Ce qui irrite dans cette histoire de fraude, c'est sa récurrence. Tout se passe comme si ce n'était pas un phénomène grave. Interrogé sur le sujet, le ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique, Joseph PARE affirme : « Tant qu’il y aura des gens qui veulent prendre la courte échelle, la fraude subsistera. La fraude existe dans tous les domaines de la vie active ». Ces propos se passent de commentaires. Quelle que soit la forme d'organisation proposée, il y aura toujours des Cas de fraude. C'est une fatalité. Les hommes se sont, de tout temps, montrés suffisamment ingénieux pour déjouer toutes les contraintes que leur impose un ordre fût-il divin. Dans ce domaine, le Coran et l'histoire nous donnent plein d’exemples. Tout compte fait, cette déliquescence de notre système éducatif, cesse de convaincre sur la déchéance morale qui règne dans le pays autrefois "des hommes intègres". Les sanctions sont indispensables au maintien de l’ordre, car c’est la peur de la sanction qui amène les candidats aux forfaits à faire marche arrière. En l’absence d'une force capable de sanctionner à la hauteur de leurs craintes et de récompenser à la hauteur de leurs espoirs, les hommes n'éprouvent aucun besoin de se conformer aux lois et règles. C’est pourquoi Allah rassure les soumis par une grande récompense et effraie les infidèles par un châtiment aussi douloureux qu'avilissant. Cet aspect a quelque peu manqué dans la gestion des forfaits antérieurs. Enfin, le système d'organisation des examens et Concours semble en lui-même porter beaucoup de failles malgré la rigueur apparente qui l’entoure. Du ministère à la direction de l’office central des examens et concours, trop d'yeux passent sur les sujets. Somme toute, le salut de notre éducation repose dans la perspective d’un assainissement du système d'organisation des examens et des concours de la fonction publique. Autrement, le quotidien des fils et filles de ce pays rimerait avec le gain facile, le choix de la courte échelle. Ainsi, nos diplômes, notre formation seront discrédités aux yeux du monde. Le ministre PARE en a conscience quand il affirme ceci : « Le problème, c’est que l’éducation est un domaine sensible et que nous travaillons à crédibiliser nos formations et nos diplômes. Voilà pourquoi la question de la fraude est très importante. » En sa séance du 20 juin, le conseil des ministres, le tout premier du gouvernement TERTUS, a révoqué le présumé cerveau de la fraude avec poursuite judiciaire. Peut-on dire pour autant que c’est la fin du Phénomène ? Attendons de voir. Les sages disent que ce n’est pas en coupant la branche d'un arbre qu’on l'empêchera de pousser. Tous les acteurs de l'éducation (les autorités politiques, le corps enseignant, les parents d'élèves, les élèves...) doivent créer une synergie d'action contre ce mal qui ne fait pas du tout honneur à notre pays et à son système éducatif. Si rien n’est fait d’ici-là, c’est une élite de tricheurs que le pays est en train de former. Avec une élite de tricheurs, c’est la porte ouverte à tout ce que l'on peut craindre dans la gestion de l'État. Pour les musulmans et l'islam, la condamnation de la fraude sous toutes ses formes est ferme, rigoureuse et sans équivoque. Même si toute la terre en faisait une règle, un musulman ne saurait par cela justifier un acte frauduleux. Encore une fois, plus jamais ça !!! La rédaction REFORMISTES ET REFORMISME CONTEMPORAIN | AN-NASR g 031 JUILLET - SEPTEMBRE 2007 P.1 associations islamiques au Burkina (FAIB). En outre, après de vaines tentatives en 2006 Après le CIMEF de tirer l'OJEMAO de son sommeil, l'AEEMB et le CERFI accueilleront les autres pays membres du 11 au 14 août 2007 pour le 5ème congrès de l'organisation. Au niveau de l'AEEMB, le département qui en a la charge est la vice-présidence. Nous lui avons donc tendu le micro pour nous parler de façon particulière de ces structures mais d’une manière générale des relations extérieures. AN : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? VP : Je suis Moctar Ben Moussa CONGO. Je suis étudiant en 3ème année des sciences de santé, plus précisément en médecine, vice-président du comité exécutif de l'AEEMB. AN : Pouvez-vous nous présenter la vice-présidence du Comité Exécutif (C.E) ? VP : Conformément au règlement intérieur de l’AEEMB, la vice-présidence assure la gestion des relations extérieures de la structure, l'intérim du président en cas d’absence. AN : Quels sont pour le présent mandat les grands chantiers du département ? Les grands chantiers de mon département pour ce mandat, c'est... d’abord la recherche de partenaires pour le financement de nos projets (Mosquée et Complexe Scolaire). AN : Comment appréciez-vous l'action de vos prédécesseurs à ce niveau de responsabilité et les acquis majeurs de l'AEEMB dans sa dimension extérieure ? YP : Le fonctionnement de l’AEEMB s'inscrit dans une dynamique évolutive empreinte de merveilleuses innovations au fil des années. Notre département n'a pas été en marge de cette réalité. Au nombre de celles-ci, nous pouvons énumérer l’action positive et finalisante de l'AEEMB dans la genèse et le dynamisme de la FAIB et de l'OJEMAO. Les acquis majeurs de l'AEEMB dans ces relations extérieures sont entre autres : - la confiance que nous établissons auprès de nos partenaires ; - la fidélisation de certains partenaires depuis les premiers pas de la structure. L'AEEMB est un maillon incontournable dans le travail islamique au Burkina. Parmi les associations de jeunesse de nos pays, toute modestie gardée, nous sommes une structure dont l’action, la présence, L’influence dans les chantiers du travail islamique sont déterminantes. AN : Comment se portent les relations avec les différents partenaires de l’AEEMB ? VP : Les relations avec les différents partenaires de l'AEEMB sont excellentes et je profite de vos colonnes pour les remercier une fois de plus pour leurs apports inestimables. Puisse Allah leur accorder sa miséricorde. AN : Quelles pistes explorez-vous pour dynamiser les actions au niveau de la vice-présidence? VP : Les chantiers déjà mis en marche sont efficaces et les faire avancer au mieux constituera un grand succès. Il s'agira de plus en plus pour nous, d’inciter les militants à faire preuve d’une présence active dans les associations de la société civile à travers une stratégie que le département mettra en place. AN : Pouvez-vous nous parler du déroulement du 5ème congrès ordinaire de l'OJEMAO ? VP : Le congrès de l’OJEMAO dans son ensemble s’est bien déroulé. C'est un succès au plan organisationnel qui est le couronnement de 05 mois d'efforts multiples et multiformes. Des 08 pays attendus, 05 ont répondu à l’appel. Il s'agit du Niger, du Mali, du Togo, du Sénégal et du Burkina Faso. Conférence, ateliers, communications, tables rondes, tout ça autour du thème "La jeunesse musulmane et la problématique du travail islamique" ont constitué les temps forts de la rencontre de Ouagadougou. Ce qui est intéressant à souligner, c’est que l'OJEMAO a vu le jour au Burkina à Orodara en 1993. Quatorze ans après, c’est le retour aux sources qui a consacré le choix de l’AEEMB pour mener les rênes de cette organisation à travers l’élection de Aboubacar TOE, commissaire aux comptes du C.E. 2000-2002 et vice-président de l'AEEMB 2002-2004, comme Secrétaire Exécutif pour un mandat de trois ans. Nous rendons suite page 5. Échec, tel est le vocable que les gens utilisent couramment pour qualifier un ratage, un projet dont l'objectif n'a pas été atteint, une opération ou une action qui n'a pas produit les résultats. escomptés. L’échec est l'une des épreuves auxquelles Dieu soumet toute âme pour mieux l'élever, la purifier. Il alterne épreuves douces et épreuves douloureuses à l'endroit de qui Il veut. L'endurance et la patience patinent la vie de couleurs vibrantes et l'on se rend compte quand Dieu s'exprime en ces termes dans la S2VI56 : « Annonce une heureuse issue aux patients, à ceux qui, frappés d'un malheur, disent : Nous appartenons à Dieu et c’est vers Lui que nous ferons retour. Ceux-là, auront pour lot miséricorde et bénédiction de Lui. Ils auront suivi le droit chemin ». Et le prophète Mohamed d'ajouter : « La patience est une lumière et quand Dieu veut du bien de quelqu’un, Il l’éprouve ». En cette période d'examen et de concours qui se profilent, élèves, étudiants et parents (proches) auront leur lot d'épreuves, les unes douces, les autres douloureuses, après tous les efforts intenses que chacun aura fournis dans l'espoir de réussir. Puisque Dieu n’a pas donné à tous le même destin, les facilités, l'on doit s’attendre, donc à ce que certains échouent et que d’autres réussissent aux examens et concours. Ce qui est déterminant dans tous les cas, c’est la gestion de l'épreuve, l’échec. Comment faire face à la déception, surtout la douleur quand on sait que bon nombre d'individus supportent mal l'échec? La géographie et l’histoire, deux facteurs d’apaisement Les épreuves, les calamités ou les situations dites « désespérantes » ne sont pas l’apanage d'un groupe d’individus donné ou d'une localité donnée. Partout dans le monde, il y a des épreuves, plus douloureuses les unes que les autres. Quelques écœurantes que soient la situation individuelle, la situation d’un groupe, l'on doit constamment avoir à l’idée qu'ailleurs il y a pire que ce que l’on vit. Et cela devrait faire réfléchir, amener l'éprouvé à comprendre que ce qu’il vit n'est pas une fatalité et n'est pas non plus désespérant. Ce qu’il faut comprendre, l’échec est un projet, un examen et n’est pas véritablement un échec, mais une étape de la réussite que Dieu a prévu pour un terme fixé. Nul ne peut anticiper sur l'avenir et nul ne peut anticiper le succès, la réussite. Il faut avoir la foi suffisante pour accepter le décret divin et se résigner pieusement. Lorsque le musulman traverse une épreuve, le souvenir de Dieu et celui de la récompense qui lui sera accordée grâce à sa piété lui redonnent du courage et du réconfort. La valeur de la récompense est proportionnelle à l'épreuve à condition que l’on fasse preuve d’endurance et de patience. « Ceux qui sont constants seront dignement rémunérés au-delà de toute mesure » S39V10. Dans notre environnement immédiat ou lointain, la diversité des cas d'épreuves doit retenir notre attention. Le seul bonheur souhaité pour certains reste le recouvrement de la santé. Ceux-ci vivent l'épreuve de la maladie physique ou mentale. D'autres connaissent l’épreuve de la prison (à vie dans certains cas) et appellent sans relâche la miséricorde divine. Plus loin de chez nous, en Palestine (enfants, adultes...) chaque jour se lève avec... son épreuve de la mort, et cela pour une durée que Dieu seul sait! Manger à sa faim, aller à l'école pour les enfants, se soigner, etc. Voici autant de souhaits des familles irakiennes, somaliennes et soudanaises du Darfour pour ne citer que ces cas-là! Ces populations vivent la main dans leur âme tel un sort qui leur aurait été réservé! A-t-on souvent pensé à ces peuples éprouvés? L'histoire est riche de leçons pour ceux qui réfléchissent. La vie est pleine d'épreuves et autant de leçons pour les croyants. Persécutés pour la plupart, ils ont laissé en héritage toute une pédagogie des épreuves par leur gestion personnelle des situations difficiles à travers patience et endurance. L’endurance et la patience à l’assaut des épreuves. Ayoub fut ce prophète-là que Dieu a éprouvé par la pauvreté et la maladie. Il perdit dans un premier temps toutes ses richesses et fut ensuite éprouvé par la maladie. À travers ces épreuves, Dieu a voulu élever Ayoub à la « perfection », l'honorer. Le Tout-puissant lui rendit après les épreuves le double de toutes ses richesses, lui accorda la santé et le bénit. Le cas de Younous n'est pas moins pathétique. Après que ses compagnons l'aient jeté de la pirogue en pleine mer, Dieu envoya la baleine qui l'avala. Younous demeura dans le ventre de l'animal le temps que Dieu voulut, dans la dévotion la plus totale, invoquant et évoquant Dieu : « Il n’y a de Dieu que Toi ! Gloire et pureté à Toi... » Avant d'être sauvé en échange de sa foi en Dieu. L’épreuve de Moussa est poignante de par sa singularité. Les circonstances de sa naissance obligeaient sa mère à le mettre dans une boîte pour le jeter dans les eaux du Nil en vue de le sauver de Pharaon et de ses soldats à qui un mage fit savoir qu’un enfant viendra au monde mettre un terme au pouvoir pharaonique. Et cet enfant était Moïse (Moussa). Furieux et apeuré, le roi Pharaon intima l’ordre à ses valets d'égorger tout nouveau-né parmi les fils d'Israël en Égypte. Sous inspiration divine, Moïse fut donc jeté dans le Nil... et par miséricorde, Accueilli par la femme même de Pharaon après trois jours passés sur l'eau, Moïse grandit tel un prince dans la cour royale et fut envoyé plus tard par Dieu à Pharaon l'insoumis, roi d'Égypte, qui fit longtemps souffrir les fils d'Israël. Moïse leur recommandait patience et endurance. Il appela Pharaon à Dieu, mais en vain, jusqu'au dernier jour où celui-ci fut noyé par l’eau dans la poursuite de Moïse et des fils d'Israël croyants lors de leur traversée de la mer Rouge pour quitter l’Égypte. Le sceau des prophètes, Mohammed, perdit son père trois mois avant sa naissance, et sa mère à 6 ans. Persécuté pour sa croyance, ses idées, il quitta la Mecque pour Médine, laissant derrière lui sa famille et ses biens. Mais cela ne l'a pas empêché de transmettre le message de Dieu. Dans la persévérance et la patience, il voulut trouver refuge à Taïf, ville dans laquelle il fut lapidé. Rassoul prit part à certaines batailles comme Badr en l'an deux de l’hégire et Uhud un an plus tard. Les musulmans perdirent la bataille et... Le prophète en sortit avec une dent cassée. À l'épreuve de la désobéissance des fidèles vis-à-vis du prophète à Uhud, s’ajoute l’épreuve de la bataille perdue pour la cause de Dieu. Armé de patience, d'endurance et fort du soutien assuré de Dieu qu'il (le Prophète) n'a eu cesse d'évoquer et d'invoquer, Mohammad (saw) eut du réconfort et la bénédiction divine après tant d'épreuves. Les exemples d'épreuves abondent au sujet des prophètes de Dieu... ainsi que des califes. Mais en aucun moment, ceux-ci n'ont désarmé et ont après tout été comblés. C'est dire que Dieu récompense les efforts consentis dans la patience, l'endurance et la conviction ferme en son assistance, sa miséricorde. La patience et l'endurance ont du prix. Les vertus de l’endurance et la patience. Dans tout ce que l'homme fait, les efforts lui incombent et les résultats appartiennent à Allah. Dans l’environnement un niveau de complexité trop poussé, la mutation des temporalités tend de plus en plus à se recentrer sur l'immédiat et l’urgent. Pas de temps à perdre! C'est la course effrénée pour le gain, le succès rapide, pour des réalisations immédiates. Dans le contexte des examens et concours, il est bénéfique que les élèves, étudiants, parents cultivent en eux la patience, l'endurance. Cela préserve contre les dépressions en cas de non-réussite. Comprendre et accepter à l'avance que Dieu peut éprouver par la douceur (succès) ou la douleur (l'échec) et admettre que ce qu'Il a choisi pour nous est sans doute le meilleur, en nous résignant pieusement à son arrêt. « Quand Dieu veut du bien à quelqu’un Il l’éprouve » disait le prophète Mohamed. En cas d'échec à l'examen ou au concours, le candidat devra s’ouvrir en retour à sa compagnie et partager ses déceptions avec elle en vue de recevoir en retour des conseils et du réconfort. Cette démarche a le mérite de contribuer à la stabilité intérieure de l’éprouvé qui sent autour de lui un bouclier de soutien. Sa spiritualité prend forme dans une atmosphère favorable à la méditation transcendantale qui permet à l'esprit de voguer vers Dieu. Ainsi donc, le souvenir constant de la présence divine nourrit son stoïcisme et empêche l'éprouvé de se répandre en lamentations. « Celui qui est patient et sait pardonner témoigne d'une heureuse maîtrise de lui-même » S42V43. Patience et endurance sont en fait deux remèdes indispensables pour mieux gérer les épreuves, éviter l'isolement, le stress, et nous aident à rester en communion constante avec Dieu à travers l'adoration, c'est-à-dire l'évocation, l'invocation et le souvenir permanent de la rétribution divine. Avec la patience et l'endurance, l'éprouvé se fait un for intérieur calme, éduque son sens et se construit une personnalité responsable pour des succès inédits. Dieu n'a-t-Il pas averti les Hommes en ces termes? : « Pensez-vous entrer au paradis alors que vous n’avez pas encore subi d’épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous »? Misère et maladie les avaient touchés; et ils furent secoués jusqu'à ce que le Messager et avec lui, ceux qui avaient cru, se fussent écriés ! « Quand viendra le secours d’Allah » ? S2V214 Et c'est à Allah que tout retourne. Si seulement l'Homme pouvait garder constamment cela à l'idée. Lonsani SANOGO JUILLET - SEPTEMBRE 2007 Au cœur de nos sociétés modernes, les exigences de la vie contraignent les existants à suivre un rythme endiablé. Tout change, tout va vite et ce faisant, on n'a plus de temps pour penser à soi-même, à Dieu. La recherche de la matière prend le pas sur celle de l'esprit. Pourtant, notre religion est celle de la raison, de la réflexion, de la méditation bref, de l'interprétation des signes qui nous entourent. Tout signifie, tout a un sens. En choisissant de porter notre réflexion sur l'index, c'est non moins pour poursuivre cette dynamique de la réflexion que de vous relater des faits islamiques déjà connus. C'est donc un essai, un regard singulier, scientifique sur un élément. Il incombe à vous de le rendre pluriel ou non. Nous voudrions pouvoir dire que l'homme est un réseau signalétique. Le Coran nous rappelle à la sourate 51 verset 20-21 : « Il est ainsi des signes sur la terre pour ceux qui croient avec certitude. Et il en est aussi en vous-même. N'en êtes-vous donc pas conscients ? ». C'est dire qu'il manifeste un certain nombre de signes qui ne sont malheureusement pas accessibles au premier abord. Il faut donc un rapport interprétatif pour en comprendre et en expliquer le sens. Pour le cas de l'index, nous commençons par le mot lui-même. Indexer veut dire montrer, singulariser, donc responsabiliser. L'index nous rappelle que où que nous soyons, nous sommes responsables : responsables du dépôt divin qui est l'adoration, responsables de nos actes. Le Coran nous dit dans plusieurs versets que nous sommes responsables de nous-mêmes. Le jour de la résurrection, chacun répondra seul de ses actes devant Dieu, pas d'avocat, pas d'intermédiaires, sauf ceux pour qui Dieu l'aura autorisé. Étant témoin en nous de la responsabilité, l'index nous rappelle qu'il nous incombe d'agir, de transformer. notre situation. Pas de place pour la fatalité. L'index est aussi cet élément dont nous nous servons pour témoigner de l'unicité de Dieu dans nos activités cultuelles, donc la dimension du témoignage. Toute la vie du musulman est celle du témoignage : témoignage de notre foi au quotidien devant les créatures. Témoigner de notre foi, c'est cheminer avec des êtres humains pour les écouter, les aider, les secourir, leur communiquer la lumière de la foi, la joie de croire mais aussi de témoigner de la nécessité de résister, de lutter contre tout ce qui nuit à leur liberté et à leur dignité. L'index est un instrument dont nous nous servons pour désapprouver les actions répréhensibles en le remuant dans un sens et dans l’autre. Ce qui veut dire qu'en tout être humain, il y a l'idée de justice, du bien. Quand l'homme opte de faire du bien ou du mal, c'est en toute connaissance de cause puisqu'il a en lui une balance, la conscience. Tout péché serait alors de la rébellion car il est précédé de cette conscience de l'interdit. Il sied alors de travailler à discipliner son âme, à l'apprivoiser et à la conformer aux principes divins. L’index dessine un type de relation triangulaire de nous à nous-même dans la centralité (l'index part de nous), de nous à Dieu dans la verticalité (quand on lève l'index) et de nous à la communauté dans l’horizontalité (quand on pointe le doigt vers l'horizon). Relation de nous à nous-même. Parler de l'index, c'est déjà un choix parmi les autres doigts. C'est donc de facto nous poser la question : qui sommes-nous quand nous sommes seuls, loin des regards, des jugements et appréciations des autres? La relation de nous à nous-même doit être une relation de sincérité. Nous ne devons pas, dans notre relation avec Dieu, manifester du zèle quand nous sommes dans la communauté et être négligents quand nous sommes seuls. La philosophie islamique de la spiritualité privilégie les actions faites discrètement : les prières au tiers de la nuit, dans l'obscurité, donner de la main droite sans que la main gauche... ne sache sont autant de preuves que la foi c'est d'abord dans l'intériorité, sans hypocrisie. Voilà pourquoi le prophète a pris dix (10) ans pour installer, consolider la foi intérieure. La relation de nous à Dieu. L'adoration constitue le trait d'union entre le Créateur et les créatures. L'adoration, puisqu'elle a des règles et des principes, implique une connaissance lucide de ceux-ci. Comme le veut le Seigneur lui-même: « connaissez-moi avant de M’adorer. Si vous ne me connaissez pas, comment allez-vous m’adorer ». Il est donc clair que quiconque voudrait se rapprocher de son Seigneur doit prendre le chemin de la recherche du savoir. Au-delà de l’index, la relation de nous à Dieu doit être celle de l'humilité. C'est une relation d'êtres dépendants (les créatures) à l'être suprême (le Créateur qui n'a besoin de personne). L'adoration de Dieu ne saurait par conséquent être contractuelle. On n'adore pas Dieu en échange du bonheur, ni de quelque bien que ce soit. Ne pas adorer Dieu, c'est se méconnaître, c'est prendre le risque de tomber dans une vacuité existentielle puisque le but de la Création est clair et il est formalisé en ces termes à la S51 V56 : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent ». Cependant, c’est une nécessité qui n'exclut pas la miséricorde d'Allah. Il tend le bras pour aider quiconque fait des efforts à se rapprocher de Lui. La preuve est qu'Il a engagé des anges qui veillent inlassablement sur notre sécurité malgré nos manquements, et ce, sans salaire venant de nous. Être avec Dieu, c'est s'approcher de Lui dans la profondeur, dans l'intimité et avec effort et exigence pour enraciner solidement la foi dans notre cœur. Être avec Dieu, c’est appréhender tous ces éléments qui environnent Sa souveraineté. La relation de nous à la communauté. Comment, en portant la foi, être avec Dieu et vivre avec les hommes? Pour l'islam, quand on prend le chemin vers Dieu, il faut parallèlement prendre un autre vers les hommes. Le hadith traduit cette réalité sans équivoque. « Le meilleur d’entre vous est celui qui est le plus utile à sa communauté ». Frère, sœur, vivre sa foi dans la communauté, c'est se demander profondément et surtout quotidiennement : quel est mon projet de société pour poser les infrastructures de base pour l'édification d’une société où des êtres humains vivront en harmonie, heureux et avec joie, foi et dignité? C'est ce que la foi commande. Vivre sa foi au-delà des mots, du folklore, avec des actes. Porter la foi, c'est travailler nécessairement à alléger le poids des autres. La relation avec Dieu se mesure à celle avec les hommes. La communauté est l'unité de mesure du degré de notre relation avec Dieu. Le croyant doit être comme la mèche d'une lampe-tempête. Il doit brûler pour éclairer les autres. Enfin, l’index lui-même étant droit nous rappelle le siratoum moustaquim « la bonne guidée ». Il est la marque physique de la grâce dont Dieu nous a fait part en faisant de nous des musulmans. L'index nous rappelle les vertus comme la droiture, l'injustice, l'exigence. « Toute Chose que vous allez faire, faites-la avec circonspection. Il ne suffit pas dans l'acte de croire, d’agir mais de bien agir. Tout musulman doit en faire un credo à chaque fois qu'il veut entreprendre une action, à l'accomplir dans la complétude, avec grand soin. La droiture et la justice. Le croyant doit s’efforcer d'intégrer dans ses paroles et gestes la justice. Il doit éduquer tout son être à la justice et à la droiture pour devenir agent et sujet de ces vertus. Dieu dit dans la S11V122 « agis avec rectitude, comme il a été prescrit. » Dieu promet une grande récompense aux justes conformément au hadith rapporté par Mouslim : « les justes seront auprès de Dieu sur des trônes de lumière. » Enfin, l'index est comme une arme blanche, symbole du djihad. La vie du croyant est celle des efforts et des résistances. Ce djihad commence par la chahada, l'acte d'entrer à l'islam. « J'atteste qu’il n'y a de Dieu, refus catégorique de toute forme de divinités, d'idolâtrie excepté Allah. » Vivre sa foi c’est résister en permanence contre ses penchants, ses passions. Le hadith rappelle que la résistance contre ses pulsions négatives conforte la foi « vous ne serez réellement croyant que lorsque vos passions suivront ma révélation ». Étant donné que l'âme humaine est inclinée au mal comme le rappelle le V53 de la S12, faire le bien devient obligatoire : le djihad est nécessaire. Somme toute, une telle approche n'est pas veuve de tout appui dans le Coran. Dieu nous dit dans la S3 V190 « en vérité, dans la création des cieux et de la terre, dans l'alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour des doués d'intelligence ». En nous révélant l'existence des signes autour de nous, Allah nous enjoint son interprétation. Connaître les signes, c'est mieux connaître les créatures et au bout du compte le créateur et manipulateur de ces signes qui est Allah. À un savant athée qui niait l'existence de Dieu et demandait des preuves à un savant musulman, celui-ci lui répondit que cette preuve, c'était lui-même car il ne saurait exister de créature sans créateur. Cette analyse se veut dynamogène. C'est-à-dire qu'elle contribue à avoir un autre regard sur nous-mêmes pour être mieux nous-mêmes. Cela nous permet de savoir que tout est de la dimension du sacré dans la physionomie de l'homme. Et l’index que nous utilisons autrement, est un signe de la présence de Dieu qui signifie : témoignage, sincérité, direction, justice, djihad, relation de nous à nous-mêmes, de nous à Dieu et de nous à la communauté, responsabilité. Même quand nous pensons être seuls, attention, l'index nous indexe. Arouna YAMEOGO [AN-NASR N° 031 JUILLET - SEPTEMBRE 2007] Les musulmans et le sida, l’éthique de la parole en islam. L'enfant musulman et l'écocitoyenneté » était le thème de la colonie sous régionale organisée du 14 au 29 juillet 2007, au centre socio-éducatif de l'Agence des musulmans d’Afrique par le CERFI et l’AEEMB. Première du genre, la colonie a rassemblé 164 enfants musulmans venus du Togo, du Niger et du Burkina. Deux semaines durant, ces Enfants ont appris les b.a.-ba de l'islam, effectué deux sorties sur certains sites touristiques du pays et animé une émission à la radio Al-Houda. La première édition de la colonie sous-régionale était parrainée par notre frère Adama FOFANA. Koudougou, chef-lieu de la province du Boulkiemdé, a été retenu cette année pour abriter le séminaire national de formation islamique (SENAFI), 11ème édition qui se tiendra du 17 au 24 août 2007 sous le parrainage de monsieur YERO BOLY, ministre de la défense. Placée sous le thème « L’intellectuel musulman et l'avenir de l’islam », ce séminaire réunira environ 600 jeunes musulmans venant des 13 régions du Burkina et des associations sœurs de la sous-région. Durant sept jours, les participants vont apprendre les préceptes de leur religion et développer des liens de fraternité. Parmi les thèmes qui seront développés à travers cours, conférences, causeries et projections, on peut citer entre autres, l’histoire des prophètes, l'histoire de l'islam au Burkina, le secourisme, 01 BP 1817 OUAGA 01 Tél.: 50 36 27 89 Email: comiteexecutif@aeemb.bf www.aeemb.bf Propos recueillis par Ibrahim SANA Rédacteur en chef Harouna YAMEOGO Équipe de rédaction Hamadé BAMBARA, Siaka GNESSI, Kadré SAWAOGO, Ibrahim SANA, Adama SAKO Mise en page et impression : SEDIMA 50 36 80 80 lAN-NASR N° 031 Suite de la page 2 Grâce à Allah et savons compter sur le dynamisme de l’AEEMB, les invocations des militants et de l’implication de l'ensemble des associations membres, de tous et de chacun pour garantir à l’OJEMAO un avenir radieux. AN : Comment appréciez-vous l’état de fonctionnement de la FAIB? YP : De façon générale la FAIB est confrontée à de nombreux problèmes ; ce qui rend son fonctionnement difficile mais nous restons optimistes quant à l'avenir de cette structure car ces difficultés sont inhérentes dans la vie d’un tel regroupement hétérogène. AN : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la conduite de votre programme au niveau du département? Les difficultés ne manquent pas certes. Mais quand on est dans un département comme la vice-présidence et que des partenaires vous soutiennent et vous encouragent, vous vous maintenez en permanence sur le chantier du travail et vous oubliez les diffi- AN-NASR Bulletin de formation et d'information de l’AEEMB ISSN N° 0796-8086 DIRECTEUR de PUBLICATION Président de l’AEEMB « La jeunesse musulmane et la problématique de la coordination du travail islamique en Afrique de l'Ouest » C’est sous ce thème que s'est tenu du 11 au 14 août 2007 à Ouagadougou le 5ème Congrès de l'organisation de la jeunesse musulmane de l’Afrique de l'Ouest (OJEMAO). Déroulé au centre socio-éducatif de l'Agence des Musulmans d’Afrique (AMA), le congrès a regroupé 17 participants venus du Niger, du Togo, du Sénégal et a consacré, entre autres résolutions, la mise sur pied d'un nouveau secrétariat exécutif pour un mandat de 03 ans. S’il y a une activité qui a retenu l’attention des étudiants cette année sur le campus, c'est bel et bien... la journée islamique des sections que presque toutes les UFR ont organisée. Des juristes aux littéraires en passant par les scientifiques, les frères et sœurs ont à côté de la promotion de leurs filières, mis en relation leurs savoirs académiques et les enseignements du Coran et de la Sunnah. Ce type d’activité est dynamogène et dessine un avenir luisant pour l’association. Ibrahima OUEDRAOGO cultés qui vous assaillent. AN : Quelles sont les relations que vous avez avec les conseils généraux (C.G.) pour la coordination de leurs relations extérieures? YP : Pour mieux accompagner les C.G. dans l’organisation de leurs relations extérieures, nous avons entrepris d'établir un fichier de partenaires dans chaque C.G. Ce fichier va permettre aux conseils généraux d'identifier leurs partenaires, d'appréhender leur apport pour la structure et de maintenir ces relations par des visites de courtoisie, des lettres de remerciements, etc. AN : Votre mot de fin VP : Nous remercions Allah (swt) qui a fait de nous des acteurs du Travail islamique Chacun de nous est un partenaire potentiel de la structure pour demain et doit s'engager dès à présent à la soutenir dans l'avenir. Nous remercions An Nasr dont les publications aident à la visualisation de la structure. Aussi nous a-t-il permis de parler des actions de la vice-présidence qui, il faut le reconnaître, restent peu connues. Le réformisme islamique contemporain puise ses sources profondes dans la pensée taymiyya. Au 18ème siècle, Mohamed Ibn Abdou Wahhab (le fondateur du salafisme) trouve en lui une source d'inspiration pour fonder sa doctrine basée sur le retour à la pureté du Tawhid. Si sa pensée a été pour l'essentiel ancrée sur les aspects idéologiques de la religion, il ne fut pas moins celui qui a inauguré le grand mouvement de réformisme qu'a connu le monde arabo-musulman de l'Inde à l'Égypte et jusqu'à la première moitié du 20ème siècle. Le courant réformiste est né ainsi dans un contexte où la dernière représentation de l'autorité politique musulmane... Savoir l'empire Ottoman était en totale déliquescence sous l'influence des puissances occidentales. La présence étrangère achevait de diviser les musulmans dressant les aristocrates bourgeois (privilégiés favorables aux Occidentaux) contre les nationalistes réfractaires à toute idée d'installation du pouvoir étranger. Cette situation qui est une démonstration de faiblesse face à l'impérialisme va favoriser l'émergence de la pensée réformiste visant pour l'essentiel le retour à la foi pure qui a donné toute l'énergie aux premiers musulmans, au dynamisme de la pensée, la préservation de la culture musulmane, l'unité des musulmans au-delà des écoles. L'anticolonialisme, les réformes politiques sociales... Ce courant fut appelé NAHDA (renaissance). JAMAL AL-DIN AL-AFGHANI (1838-1898) est d'origine afghane et de tradition sunnite, pétri d'un savoir immense. AL-AFGHANI est un farouche défenseur d’une réforme des sociétés musulmanes. Il acquit une grande expérience dans le long périple qui l’a conduit d'Istanbul en... Inde en passant par Caire et de l'Inde en Russie avec un séjour à Paris où il fut entre-temps exilé par l'administration coloniale anglaise. La pensée d'Al Afghani se fonde sur l'anticolonialisme, l'unité des musulmans autour de l'essence de l'Islam au-delà des écoles de pensée et des nationalismes. Au plan politique, Al Afghani organise sa pensée autour de deux axes : les réformes sociales et politiques internes aux sociétés musulmanes et la résistance commune des dirigeants arabes contre la présence étrangère. Il déploie d'énormes efforts pour rapprocher les dirigeants autour de cette cause mais en vain. Au plan théologique, Al Afghani estime que comprendre l'islam c'est appréhender la totalité Révélation - philosophie - science ou foi - raison - intelligence. Il définit le fiqh comme une réponse donnée à un problème par un juriste à un moment donné de l'histoire. Sa pensée théologique qualifiée de théologie islamique de la libération est résumée par Tariq Ramadan en ces termes : « Il prêche une lecture critique. » et interprétation rationnelle et adaptée au nouveau contexte historique de certains textes coraniques comme ceux relatifs à l'esclavage, à la répudiation, à la polygamie. Al Afghani a concrètement illustré les virtualités révolutionnaires du réformisme musulman de la Nahda. Mohamad Abdou est né en 1849 en Basse-Égypte. Il apprit le coran en famille et est Hafiz à 13 ans. Il quitte alors la famille pour la quête du savoir, il ouvre sa pensée par les critiques qu'il commença à formuler sur les méthodes d'enseignement traditionnelles qu'il juge inadaptées au temps. Il partage les mêmes idéaux qu'Al Afghani qu'il a eu l'occasion de rencontrer où lui aussi fut exilé par l'administration coloniale anglaise en Égypte. Les deux hommes se sont donc côtoyés un moment et ont même créé un journal ensemble intitulé Urwatul Wuthqa (le lien indissoluble). Mohamad Abdou a donc défendu l'unité des musulmans, la référence essentielle à l'islam contre le Taqlid (sectarisme doctrinaire), l'anticolonialisme. Il fait de l'ignorance et de la paresse intellectuelles des musulmans un des axes essentiels de sa pensée. Il développe l'importance de la raison et estime que c'est la loi qui lui donne son caractère moral. C'est pourquoi cette raison seule ne saurait suffire à l'homme pour se conduire. Beaucoup d'autres sujets ont été développés par Mohamed Abduh en rapport avec sa réforme. Entre autres, il défend le droit des femmes à travers l'idée de leur droit à l'éducation et la proposition d'une législation sur le divorce qui leur est favorable (dans certaines circonstances); il va jusqu'à prôner l'interdiction de la polygamie sauf cas de stérilité de la femme car selon lui, le contexte ne permettait plus de remplir les conditions de la polygamie telles qu'édictées par l'Islam. De retour en Égypte après son exil parisien, Mohamed Abduh occupe une fonction législative et judiciaire, ce qui lui permet de contribuer énormément à la réforme de l'administration, de la méthode de l'enseignement. jusqu'à la célèbre université d'Al Azhar. La doctrine de Mohamed Abdou ébranle les bases du système traditionnel. Il fonda à travers sa pensée une théorie rationaliste et humaniste. Il met en avant la liberté humaine qui selon lui fonde la responsabilité humaine. Animé d'une grande audace, il dénonce la conception communément admise de la prédestination. Il développe parallèlement la liberté humaine et l’existence d'une loi naturelle. Il s’insurge contre le conservatisme, l'autorité des quatre écoles juridiques et réclame le retour de l'ijtihad basé sur le coran et la sunna. Rachid Rida (1865-1935) est égyptien, il fut inspiré par la doctrine de Mohamed Abdou. En plus des idées de son maître qu'il va défendre, Rachid Rida va beaucoup défendre l'idéal du retour du califat. Il alla même jusqu'à proposer la création d'une société littéraire musulmane pour les débats dans le monde musulman et avec l'Europe. Quant à Said Nursi, il est d'origine kurde. Il est admirateur des idées de Mohamed Abdou Said va s'ériger contre l'abolition du califat et la naissance de la Turquie moderne. À travers le mouvement Nurdji, il multiplie les publications scientifiques et exalte la science. À propos du rôle de la femme, il estime qu'il va au-delà de sa fonction de mère pour faire d'elle une actrice pleine de la société. La pensée d'Abdal Hamid Ibn Badis (1889-1940) est d'origine algérienne. Ce fut un fervent admirateur d'Al Afghani et Mohamed Abdou. Dans ses écrits, il préconisa le retour à l'islam des salafs, la purification de la tradition, de l'enfermement et des déviations. Il créa l'association Jam'iyat al-Ulama (association des savants) avec de multiples sections et une association qui s'occupe des collectes et de la redistribution de la zakat. Il mit en place des cercles où les femmes s'exercent à la recherche du savoir et à la production intellectuelle. Son œuvre est poursuivie par Cheikh Ibrahim. La pensée de Mohamed Iqbal est d'origine indienne, et contemporain d'Ibn Badis. La réforme de la... Pensée en islam fut le thème principal des grandes conférences qu’il anima en Inde. Il en fit le titre de son premier livre. Mohamed Iqbal est docteur en philosophie et fort de cette érudition, il affirme dans sa pensée idéologique la différence de statut et la complémentarité entre science et religion. Il conçoit la science comme une donnée limitée du réel et la religion comme une connaissance globale et profonde allant au-delà du réel. À propos de la réforme sociale et politique, Iqbal accuse les traditionalistes d'être responsables des maux du monde musulman. À propos de la présence étrangère, il mit en garde les musulmans contre le danger de l'occidentalisation. L'indépendance pour lui doit être liée à l’identité. Il est contre les nationalistes qui, selon lui, peuvent être une atteinte à l'idéal d'une oumma au-delà des frontières. Il préconise une sorte de fédération d'États indépendants qui respectent la diversité. L'idéal de Hassan Al Banna (1906-1949) Il est égyptien. En 1928, il créa avec six (06) de ses... Compagnons l'association des frères musulmans. On met beaucoup de réalisations à l’actif du mouvement. On a entre autres, l'institut islamique de Chirân, l'école des mères des croyants. Le mouvement se généralise et Al Banna multiplie les efforts dans les villes et les villages pour mobiliser les hommes et les femmes autour de l'idéal qu'il défendait. Pour résumer la pensée d'Al Banna, nous citons son petit-fils Tariq Ramadan dans son ouvrage intitulé Aux sources du renouveau musulman : « Les préoccupations essentielles d'Al Banna étaient l'application pratique des enseignements de la religion, la foi, l'approfondissement de la spiritualité dans l'intimité de la présence du créateur, la lecture effective et intellectuellement renouvelée des textes sacrés devant permettre dans la confiance au fait du caractère universel du message et dans la compréhension de la globalité, de réaliser un profit social cohérent, narrateur pour l'époque. » Le retour sur le mouvement réformiste musulman nous a permis de passer en revue... Les axes essentiels des préoccupations de ses acteurs. Ce sont des intellectuels qui ont tenté dans un contexte donné d'appeler les musulmans à travailler pour sortir la communauté de sa léthargie dans tous les domaines. Cela constitue une interpellation pour les intellectuels musulmans en tout temps et en tout lieu face à la responsabilité qui est la leur. Au-delà des tendances et des courants de pensée, les sociétés musulmanes ont besoin de profondes réformes pour répondre à un double souci : le respect de l'esprit des textes fondamentaux et répondre de façon appropriée aux exigences des temps. AN-NASR N° 031 JUILLET - SEPTEMBRE 2007 Numéro 31 Nombre de pages 6 --