id 10269 Url https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/10269 Modèle de ressource Newspaper article Classe de ressource bibo:Issue Titre La Preuve #14-15 Sujet https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/1005 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/153 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/36 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/1051 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/60 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/1142 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/28 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/125 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/124 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/81 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/83 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/85 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/87 Editeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item-set/2205 Contributeur https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/859 Date 2008-12 Identifiant iwac-issue-0000026 Source https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/859 Langue https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/8355 Droits In Copyright - Educational Use Permitted Couverture spatiale https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/376 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/408 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/319 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/541 https://islam.zmo.de/s/afrique_ouest/item/443 Contenu Achoura, fête ou deuil ? FESTIVAL DES BARS ET MAQUIS RENCONTRES INTERRELIGIEUSES At-taqwa ou la crainte révérencielle d’Allah Un festival pas comme les autres À qui la faute ? MASSACRES DE GAZA Qui est le véritable terroriste ? Gaza la meurtrie ! Gaza la martyre ! Gaza, le symbole de l'hypocrisie de la communauté internationale ! Gaza, la honte du monde arabe et de la Umma islamique ! Il faudra plusieurs pages et d'incommensurables mots pour décrire la monstruosité qui se passe actuellement dans cette enclave palestinienne de Gaza. Après un blocus sauvage et inhumain, ayant fait de cette ville une prison à ciel ouvert, et privé sa population du minimum vital, elle est maintenant sous les feux de Tsahal, l'armée israélienne. La raison : faire cesser des tirs de roquettes qui effraieraient les paisibles citoyens israéliens. Et pour cela, le gouvernement de l'État juif a décidé de faire une guerre totale au Hamas et à la population de Gaza. Et cette boucherie qui ne... fait pas de différence entre les combattants et les civils, a fait en dix jours, plus de 600 morts. C'est à se demander à quelle époque sommes-nous ? Devant ce décompte macabre, le gouvernement israélien laisse éclater sa joie pour le travail bien fait ; l'armée jubile pour la revanche dont elle a tant rêvé après sa cinglante défaite face au Hezbollah en août 2006 ; le peuple juif exulte face à la puissance de son armée et à la fermeté de ses dirigeants. Quelle leçon d'humanisme pour un peuple qui a connu les pogroms et les camps de concentration ! Pourquoi tant de haine et d'injustice ; tant de barbarie et de méchanceté après les avoir soi-même subies ? Malgré tout, c'est le Hamas qui est taxé de terroriste, ce vocable creux qu'on utilise à volonté pour marginaliser et diaboliser son adversaire, depuis un certain 11 septembre 2001. Entre Israël qui massacre et le Hamas qui effraie, qui est le véritable terroriste ? De quelle légitimité jouit Israël pour perpétrer cette tuerie ? Même pour se défendre, a-t-elle Besoin d'utiliser une force aussi disproportionnée ? Mais en vérité, Israël est aidée, encouragée et même soutenue dans cette œuvre dévastatrice par la communauté internationale. En effet, il est ouvertement soutenu par les États-Unis qui n'ont aucun sens du discernement quand il s'agit d'Israël ; encouragé par les Européens et par leur hypocrisie ; aidé par les gouvernements arabes, par leur trahison et leur immobilisme. Toutes autant qu'elles sont, ces composantes majeures de la communauté internationale ont permis à Israël d'exterminer la population de Gaza. Pourtant l'une des sources de l'instabilité actuelle du monde réside dans cette injustice flagrante et ce crime ignoble perpétré contre les Palestiniens. Cette énième agression sonne un recul des valeurs de paix et de justice dont la communauté internationale se fait le chantre. Il n'y a pas de demi-mesure en matière de justice. La justice du deux poids, deux mesures ne peut qu'engendrer des frustrations et par conséquent la violence. En attendant, implorons l’assistance de Dieu pour le peuple palestinien qui a subi tant de souffrance depuis maintenant plus de 60 ans. La rédaction La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 La plume du mois FESTIVAL DES BARS ET MAQUIS Un festival pas comme les autres Aris — Au Faso, les activités culturelles et autres manifestations se suivent mais ne se ressemblent pas. Du 27 novembre au 7 décembre 2008, le site du SIAO a accueilli le Festival des bars et des maquis. Une première sur le site du SIAO, du moins pour son appellation, puisque ce n'est qu'une progéniture de la fête de la bière. Un autre format de cette fête d'un genre nouveau qui a fait couler beaucoup d'encre et de salive. L'on se rappelle des débats par presse interposée et finalement l'intervention de La Preuve. Récépissé de déclaration N°1862//CA-GI/OUA/PF du 27 juillet 2007 ISSN 0796-8426 Tel. 50 37 94 30 Cell. 70 75 54 85 Email : preuve2007@yahoo.fr Directeur de Publication Mikaïlou Kéré Secrétaire de rédaction Siaka GNESSI Responsable commercial Moussa HOUGMA Mise en page et impression Altesse Burkina 50 39 93 10 Nombre de tirage 1000 exemplaires Ministère en charge de la sécurité qui avait fini par mettre fin à une fête qui meurtrissait plus qu'elle ne réjouissait les cœurs. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le festival a paru plus discret que l'organisation de la fête de la bière. Nous nous intéressons ici au principe même du retour de cette fête qui ressemble fort bien à une récidive. Pourquoi tenir coûte que coûte à faire la promotion des débits de boisson? Nous avons toujours indiqué dans nos opinions que les priorités des populations sont loin d'être un entraînement à la consommation de l'alcool. L'idéal commanderait que tout ce qui n'apporte pas une plus-value dans la qualité de la vie des hommes ne vaille pas la peine d'être promu. Il est vrai que tous les bons repères de la société sont la chose la moins partagée, mais il convient au nom de l'éthique de la culture de notre pays, d'assainir les manifestations dites Culturelles qui encouragent des conduites anti-culturelles. À ce rythme, l'on assistera un jour à ces manifestations de négation totale de l'espèce humaine comme cela se passe dans certaines contrées. Les réactions sur la fête de la bière, ancienne formule, avaient suscité des opinions qui ont vite fait de crier au fanatisme de ceux qui y étaient opposés. Nous voulons situer le débat sur le terrain du bon sens tout simplement. Loin de nous, l'intention de faire de la morale à qui que ce soit. Mais, il est nécessaire de s'accorder sur le devoir de toutes les communautés à prendre une bonne direction et à se conformer aux règles de conduite de Dieu. Des communautés qui nous ont précédés avec des mauvais agissements ont subi le sort de la désobéissance. Dans tous les cas, c'est nous qui avons besoin de Dieu et comme indiqué dans le Coran, si nous nous entêtons à la mécréance absolue, Dieu enverra d'autres communautés d’hommes qui feront mieux que nous. La recherche de l’argent est devenue la seule règle qui vaille. réellement dans la logique de la vie de notre temps. Plus personne ne se préoccupe des conséquences de ses actes. Le dicton "la fin justifie les moyens" n'a jamais été aussi bien compris. Le pire est que les enfants qui naissent acquièrent cet état d'esprit de la négation de l'autre au profit de son propre intérêt, le plus souvent matériel. Nous voulons attirer simplement l'attention des uns et des autres que certaines manifestations donnent à réfléchir sur l'opportunité de revoir la réglementation relative à l'organisation des activités peu orthodoxes dites culturelles. La commission nationale d'éthique gagnerait à ouvrir l'œil, et le bon sur ces "fêtes". La Preuve n° 14 - 15 Décembre 2008/ Janvier 2009 Religion de vérité Achoura, fête ou deuil ? Achoura est l'un des événements les plus controversés du calendrier musulman. Cette controverse porte aussi bien sur le sens qu'on lui donne mais sur la manière de sa commémoration. Entre tradition prophétique et culture, le jour d'Achoura revêt différentes Significations à travers les milieux socioculturels. Ainsi, de l'Islam sunnite à l'Islam chiite en passant par le Maghreb, et les sociétés traditionnelles africaines, Achoura est vécue différemment. Jeûne, fête, deuil ou plaisanterie, chacun marque à sa façon ce jour. Pourquoi toute cette cacophonie au sujet de cet événement religieux? Quel sens revêt Achoura dans la tradition prophétique? Comment le musulman doit-il le célébrer? Telles sont les préoccupations sur lesquelles nous nous pencherons dans les lignes suivantes afin d’apporter un éclaircissement sur un sujet important pour le musulman dans sa pratique cultuelle. Historique et sens de l'Achoura Étymologiquement, Achoura vient du mot arabe "achara", qui signifie dix. C'est le nom donné au dixième jour du mois de Muharram, premier mois de l'année musulmane. Cette date occupe une place importante dans l'histoire de la religion musulmane. En effet, elle fut marquée par de très importants événements dont la délivrance du prophète Moussa (Moïse) et son peuple. du joug du Pharaon. Lorsque Moussa fut envoyé vers celui-ci avec pour mission de guider le peuple juif vers leur Créateur, il fut confronté à une opposition farouche de Pharaon. Moïse finit par quitter l'Égypte avec ses adeptes. Mais Pharaon et ses hommes les poursuivirent jusqu'à la mer. Quand les deux groupes furent à portée de regard les uns des autres, Moussa se dirigea vers la mer avec son peuple, alors que Pharaon et sa troupe s'approchaient d'eux. Les compagnons de Moussa s'écrièrent : ils nous ont rejoints ! Allah inspira alors à Moussa de frapper la mer de son bâton. Il la frappa et s'ouvrirent douze chemins au nombre des tribus d'Israël. Lorsque Moussa et sa suite empruntèrent les chemins et en sortirent, Pharaon et les siens les suivirent par les voies ouvertes dans la mer. Puis, quand ils furent tous au bon milieu, Allah donna ordre à la mer de se rabattre sur eux ; ils périrent noyés. À ce propos Allah dit dans le Coran : "Nous fîmes traverser la mer aux Enfants d'Israël. Pharaon et ses armées les poursuivirent avec acharnement et inimitié. Puis, quand la noyade l'eut atteint, il dit : "Je crois qu'il n’y a pas d'autre divinité que Celui en qui ont cru les Enfants d'Israël, et je suis parmi les soumis!" (Yûnus v. 90) On lui répondit : "Maintenant ? Alors qu'auparavant tu as désobéi et tu étais parmi les corrupteurs! Aujourd'hui, nous allons épargner ton corps, afin que tu sois un signe pour tes successeurs. Mais beaucoup de gens ne prêtent aucune attention à nos signes d'avertissement." (Yûnus v. 91-92) Ainsi est la fin de l'injustice et de la tyrannie, et la délivrance du peuple croyant de Moïse. Alors le jour d'Achoura est sacralisé depuis de longue date. Bien des prophètes avant Mohammed jeûnaient ce jour. Nouh (Noé), Moïse, les Gens du Livre (chrétiens) de même que les Quraychites jeûnaient ce jour. Avant l'Hégire, le prophète Mohammed jeûnait à la Mecque, sans ordonner aux gens de jeûner le jour d’Achoura. Dans les deux recueils authentiques de Muslim et Boukhari, d'après Aïcha : "Achoura était un jour de... jeûne pour les Quraychites à l'époque préislamique et le Prophète le jeûnait. Puis, quand il émigra à Médine, il le jeûna et ordonna de le jeûner. Ensuite, quand fut révélée l'obligation du mois de Ramadan, il ne jeûnait que le Ramadan et délaissa le jeûne de Achoura. Donc, celui qui veut, le jeûne et celui qui ne veut pas, mange. Comment Achoura fut consacré dans la sunna ? Pour connaître la place de Achoura en islam, il faut remonter à l'an 622, lorsque le prophète Mohammed et ses disciples, ayant quitté la Mecque à la faveur de l'hégire, arrivent à Médine. À son arrivée à Médine, le Prophète remarqua que les juifs jeûnaient le jour d'Achoura ; il les interrogea sur le pourquoi et ils lui répondirent que c’était pour eux un jour de fête, car il correspond au jour où Dieu a sauvé le prophète Moïse et son peuple, en lui ouvrant la mer et en noyant à sa suite, Pharaon et ses soldats. Moïse le jeûna alors pour remercier Dieu. Le Prophète (saw) ordonna alors de jeûner ce jour en rétorquant aux juifs : "Nous sommes Plus dignes de nous réclamer de Moïse que vous." Ainsi, il jeûna ce jour et ordonna de le jeûner. C'est ainsi que Achoura a été institué comme sacre en islam. Ce jeûne resta obligatoire jusqu'à ce que fût prescrit le jeûne dit ramadan. Mais dans certains pays des pratiques culturelles sont venues s'ajouter aux traditions religieuses de telle sorte que Achoura donne lieu à plusieurs interprétations et à des commémorations diverses et variées. Ces pratiques n'ont le plus souvent rien de l'islam. Malheureusement, elles n'en sont pas le moins populaires. Citons-en quelques exemples. En Tunisie, Achoura y est célébrée comme un jour où l'on se souvient des morts. Il est de coutume d'aller en ce jour rendre visite aux défunts et d'allumer des bougies autour de la tombe du saint patron du cimetière. Dans certains endroits, la veille au soir, les enfants font de grands feux (le feu, signe de purification) par-dessus desquels ils sautent en chantant. Dans la région de Gabès, ils font la visite des maisons avec un petit Roseau, appelé Achoura, que les adultes remplissent de bonbons et de monnaie. Au Maroc, Achoura est perçue, depuis des siècles, comme la fête de l'enfance. Habillés de neuf, les enfants reçoivent des cadeaux, des trompettes, des tambours, des pétards et d'autres jouets. Le lendemain de Achoura, c'est "Zem-Zem" (allusion au puits du même nom à La Mecque, dont son eau est dite bénite). Les enfants y disposent d’une totale liberté pour asperger voisins, amis et passants. Garçons et filles, dont l'âge n'excède pas 12 ans, trottent dans les rues à la recherche d'une proie ou d'un point d'eau pour s'approvisionner. C'est aussi un jour de partage et de charité. Elle rappelle l'obligation de faire l'aumône, de s’acquitter d'une contribution matérielle, la Zakat, destinée à assister les plus démunis. Dans le monde chiite, les Chiites lui accordent une extrême importance. C'est le jour de la commémoration de la mort d'Hussein, petit-fils du Prophète et... fils d'Ali Ibn Abi Talib. En effet, en 680, en l'an 61 de l'Hégire, Hussein leva une armée à la Mecque et marcha sur l'Irak, pour faire valoir ses droits à la succession califale ouverte après l'assassinat de son père Ali, gendre de Mohammed et quatrième calife de l'islam. Après un siège de dix jours de la ville de Koufa, Hussein et son armée sont défaits par les troupes du calife Yazid. La tradition rapporte qu'Hussein fut décapité et son corps mutilé à Karbala, où se trouve son tombeau. Cette ville est d'ailleurs devenue un lieu saint des Chi'ites. En Irak et en Iran, Achoura est donc le grand jour de deuil marqué par la représentation de la "Passion d'al-Hussein". Dans les rues, les hommes se flagellent et s'infligent des coups sur la poitrine et sur la tête jusqu'au sang pour exprimer leur douleur suite à la mort de l'imam Hussein. La période d'Achoura est consacrée au pèlerinage chiite à Karbala où de nombreux fidèles convergent. Ailleurs dans le monde, les communautés chiites comme ici chez nous, organisent de nombreuses cérémonies de deuil avec la suspension des activités, des veillées de prières, des conférences et prêches sur le deuil... Dans nos contrées en Afrique noire comme ici au Burkina. Achoura est célébrée comme une fête populaire. Appelée "Tamkharite" au Sénégal et "zembendé" au Burkina Faso, cette fête a une coloration le plus souvent culturelle qu'islamique. C’est une date importante et tout enfant qui naît ce jour est nommé zembendé. Elle se traduit par des brillantes manifestations comme des jeux de plaisanteries avec des jets d'eau sale, des œufs pourris sur des personnes ou dans le repas de par derrière les clôtures des concessions, des courses poursuites. Des plats spéciaux sont préparés tels que la sauce de "benga" (haricot) et des sacrifices d'animaux. Dans les milieux islamiques, en plus des pratiques coutumières, l’on considère qu’Achoura est la date marquant le début d'une nouvelle année. C'est ce jour que Dieu décréterait tous les évènements de la nouvelle année et il donne lieu à Des prières spéciales recommandées par des imams et cheiks. Par ailleurs, des cérémonies de bénédictions sont organisées dans des mosquées avec la distribution d'une eau bénite (nassigui) spécialement préparée par l'imam. Cette eau porte-bonheur doit être consommée par tous les membres de la famille, enfants comme grands. À l'issue de ce tour d’horizon de la célébration d'Achoura, il apparaît clairement une grande diversité d'interprétations due surtout à l'influence des facteurs socioculturels et historiques. D'autre part, le fait que cet événement était célébré par de nombreux peuples avant d'être consacré par l'islam explique la nature socio-religieuse de ces célébrations. Cependant, ces exemples de célébration de l'Achoura suscitent beaucoup d’inquiétudes pour le musulman soucieux de la pureté de sa foi. L'on se demande si après la consécration de l'Achoura, le prophète n'a pas dit comment faut-il la célébrer ? Achoura selon la sunna du prophète Mohammed. Muslim a rapporté dans un hadith authentique que Lorsque le Prophète émigra à Médine, il trouva les Juifs qui jeûnaient le jour d’Achoura. Il leur demanda : "Quel est ce jour que vous jeûnez ?" Ils répondirent : "C'est un grand jour durant lequel Allah sauva Moïse et son peuple, et noya Pharaon et son peuple. Moïse le jeûna alors pour remercier Allah, donc, nous le jeûnons également." Le Prophète dit : "Nous sommes plus dignes de nous réclamer de Moïse que vous." Ainsi, il jeûna ce jour et ordonna de le jeûner. Il ajouta également : "Si je suis toujours vivant l'année prochaine, je jeûnerai le neuvième jour de Muharram." Et dans une autre version rapportée par Ahmed, il dit : "Jeûnez un jour avant et un jour après, faites le contraire des Juifs." (Cet hadith est faible). Il ressort clairement de ces hadiths que le Prophète n'a enseigné que le jeûne comme la seule façon de commémorer Achoura. Il est donc souhaitable pour le musulman de jeûner les deux jours : le neuvième et le dixième Muharram. Ce jeûne était au début obligatoire mais après la prescription du jeûne du Ramadan, il devint recommandé. Mois de Ramadan, il est devenu surérogatoire. Cela n'enlève pas pour autant ses mérites. Selon Abû Qatâda, le Prophète a dit : "Ce jeûne efface les péchés de l'année précédente" (Muslim). Il a dit aussi : "Le meilleur jeûne après celui du Ramadan est le jeûne effectué pendant le mois d'Allah, Muharram" (rapporté par Muslim). Dans les deux recueils authentiques de Boukhari et de Muslim, Ibn Abbas fut questionné au sujet du jour d'Achoura. Il répondit : "Je n'ai pas vu le Prophète jeûner un jour en y recherchant plus son mérite si ce n'est ce jour-ci, c'est-à-dire 'Achoura". En accomplissant ce jeûne, outre ses récompenses, on obtiendra également la récompense de faire revivre la Sunna, en se conformant aux recommandations et à l'exemple du Prophète. En dehors de cela, toute autre façon de célébrer Achoura est une pure innovation et comme l'a dit le Prophète : "Toute innovation est un égarement." Tout musulman se réclamant du Prophète doit donc s’en tenir strictement à sa tradition et éviter de suivre la passion. des hommes. Faire le deuil d’un humain, en nuisant à son propre corps est un péché grave. Il est même interdit de trop se lamenter pour le décès d'une personne chère. Et que dire de celui qui se mutile jusqu'au sang pour cause de décès d'une personne? En outre, tout musulman doit marquer nettement sa distance avec les coutumes pour adorer Dieu avec une foi pure, exempte de tout associationnisme. Achoura n'est non plus une fête musulmane ; l’islam n'a que deux fêtes agréées, la tabaski et le ramadan. Alors, toutes les festivités relevées ça et là le jour d'Achoura ne sont pas de l'islam. En définitive, Achoura n'est ni une fête musulmane ni un jour de deuil, c'est plutôt un jour de jeûne. Ce jeûne est prévu cette année le 06 et le 07 janvier 2009. Bonne et heureuse année 2009 et 1429 à tous ! ■ La Preuve n° 14 -15 Décembre 2008/ Janvier 2009 Preuve évidente At-taqwa ou la crainte révérencielle d’Allah L'Imam ennemi ? On confie ses affaires à son ami intime. Voilà pourquoi les infidèles ne se confient pas à Dieu mais aux idoles. C’est pourquoi les païens, en égorgeant les poules ou tout autre animal, les destinent soit aux ancêtres, soit à la nature tout simplement. At-taqwa, en tant que protection, signifie que l'être humain recherche les voies et moyens de son bonheur sur la terre. Pour ce faire, il accumule les richesses, il met au monde beaucoup d’enfants, il constitue des armées pour assurer sa garde et sa protection. La taqwa ou crainte d’Allah nous dit qu’il ne faut jamais compter sur les êtres ou les choses. Si tu le faisais, Allah t'abandonnerait. Il faut placer ta confiance en Allah (tawakoul), il faut craindre pieusement Dieu (at-taqwa) et il se chargera de la résolution de tes problèmes de tout ordre : économique (perte d'emploi, chômage), social (absence d'enfant après le mariage, mésentente dans le couple, maladies incurables...), spirituel (baisse de la foi, paresse dans la prière et la lecture du coran). Allah nous dit ceci à ce propos : "et quiconque craint Allah, il lui donnera une issue favorable, et lui accordera ses dons par des moyens sûrs. At-taqwa est un degré de la foi musulmane. Il faut tout d’abord avoir la foi (la chahada) ou (al iman) avant d'accéder à la taqwa. La taqwa serait le summum de la foi. Les savants, en se référant à l'étymologie du mot, définissent la taqwa comme étant la crainte révérencielle en Allah, la piété... Il est tiré du verbe witaya qui signifie la protection, l'assurance, la confiance, mais aussi la prévention. Alors, la crainte d'Allah (attaqwa) nous protège contre tout danger à venir ou en cours. En effet, l'homme ne peut rien prévenir. Seul Allah peut le protéger contre toute agression extérieure ou tout danger, du simple fait de sa crainte. Le mot taqwa a une signification voisine du mot tawakoul qui signifie très exactement la confiance en Allah. Allah dit : "c'est à Allah que les croyants s'en remettent" Coran, 64/13. Et cet autre verset : "que votre espoir soit en Dieu, pour peu que vous croyez en Lui !" Coran, 5/23. Il convient de souligner que si on examine ces deux termes at-taqwa et at-tawakkoul, on s'aperçoit que at-tawakkoul est lié à la foi et est une conséquence de la taqwa. Il faut donc avoir d’abord la foi, puis une foi ferme et inébranlable en Allah avant de faire confiance en Dieu ! Qui oserait confier ses secrets à son en Allah. Allah lui suffit. Ce verset cité montre les avantages de at-taqwa mais aussi de tawakkoul. At-taqwa encore selon les penseurs musulmans a deux acceptions ; la première renvoie à la crainte de quelque chose, de son pouvoir de nuisance. Ainsi, on craint le lion parce que c'est un animal féroce. De la sorte, on craindrait Allah parce que quelque part il a créé l'enfer. La deuxième acception est une crainte de ne pas perdre les avantages. Par exemple, l’apprenti dans un atelier ou dans un garage craint son patron et le respecte pour que ce dernier ne le renvoie pas de l'atelier. Les employés courent à la rencontre de leur employeur par peur d'être licenciés. En fait, la crainte qui est demandée chez le croyant, C'est la crainte non pas d'être mis à l'enfer, mais surtout une crainte dans la reconnaissance de ses faveurs. Le musulman craint Dieu parce qu'il est avant tout le Créateur et l'Organisateur de l'univers. Souvenez-vous de l'histoire de cet homme qui était promis à l'enfer. Et l'ange de la mort qui, ayant vu son nom parmi les damnés, dans l'ardoise gardée, divulgue à ce dernier de ne pas se fatiguer à adorer Dieu. L'esclave et l'adorateur inconditionnel de Dieu dit qu'il ne comptait pas. Et quiconque place sa confiance, il ignorait l'existence du paradis ou de l'enfer, qu'il adorait Dieu par reconnaissance aux innombrables grâces dont il est l’objet. Il dit qu'il ne peut finir de rendre grâce à Dieu. Maintenant si son créateur décide qu'il le mettra dans son paradis ou dans son enfer, c'est lui le créateur. Dieu demanda à l'ange de vérifier sur la table gardée, et l'ange constata que le nom de ce dernier se trouve désormais inscrit parmi les habitants du paradis ! Allâhou akbarou. Cet épisode évoque la question du destin et montre qu'elle n'est pas figée en islam. Elle évoque aussi l'idée qu'il faut craindre et adorer Dieu sans calcul. C'est la meilleure façon d'adorer. Ceux-là qui se comporteront ainsi, Allah leur promettra toujours le paradis. N'est-ce pas les vrais amis qui sont à nos côtés sans calcul ? Pendant tes périodes de joies, ils sont là ; ils sont également là pendant les périodes difficiles soit physiquement (pour te prodiguer des conseils), soit financièrement ou par des invocations (douas). Tout comme l'homme ne veut pas du mal à ses amis, Dieu aussi ne châtie pas les mouminoun c'est-à-dire les pieux. Allah dit : "les pieux seront dans les jardins et parmi les ruisseaux, dans un séjour de vérité, auprès d'un souverain omnipotent" coran, 54/54-55. ■ La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 6 Zoom 12e CONGRES DE L'AEEMB Noufou Tiendrébéogo aux commandes pour deux ans Par GSH L'Association des élèves et étudiants musulmans au Burkina a tenu son 12e congrès ordinaire en fin décembre. Cette activité statutaire qui marque la fin du mandat en exercice et le renouvellement des instances dirigeantes de l’association a aussi été marquée par une distinction honorifique : chevalier de l'ordre du mérite, agrafe jeunesse et sports. C'est autour du thème "L'AEEMB dans l'univers associatif, réalités et perspectives" que la centaine de participants représentant la quarantaine de bureaux provinciaux ont nourri leurs réflexions. L'AEEMB est une association islamique de la jeunesse scolarisée créée en 1985 dont les objectifs sont entre autres la promotion de l'islam en milieu scolaire et estudiantin, le regroupement de ses membres dans un étroit sentiment de fraternité, la participation au développement socioéconomique du pays, etc. À travers débats et ateliers, les congressistes ont examiné le rôle que joue leur association dans le développement du mouvement associatif islamique au Burkina Faso ainsi qu'aux problèmes communautaires auxquels elle s'est attaquée avec les autres associations. "L'AEEMB a contribué à donner du dynamisme aux autres associations islamiques et il faut continuer dans ce sens," a dit M. BARRA Ibrahim, premier président de l'AEEMB au cours du panel introductif du congrès. Les congressistes ont procédé au renouvellement des instances dirigeantes au plan national qui se compose du comité exécutif, du conseil consultatif et du commissariat aux comptes. Ainsi, Noufou TIENDREBEOGO, étudiant en 2e année d’économie, a été porté à la tête du bureau exécutif national en remplacement de Boukar GANSONRE, maîtrise d'Histoire et Archéologie, dont le mandat est achevé. Noufou Tiendrébéogo lors de sa prestation de serment. Le bureau du frère GANSONRE a dressé un bilan satisfaisant avec en toile de fond des projets en cours de réalisation qui feront certainement partie des défis du président TIENDREBEOGO et de son équipe. Ces projets sont principalement la construction du centre culturel islamique et la construction d'un complexe scolaire. En 25 ans d'existence, l'AEEMB, la seule Association islamique des élèves et étudiants musulmans de notre pays a positivement affirmé sa présence dans le milieu associatif. Mais elle fait face aujourd'hui à de nouveaux défis auxquels elle doit apporter des solutions. C'est notamment le défi de la communication. Si la communication interne est de plus en plus efficace, ce n'est pas le cas de la présence dans les médias quand il s'agit de questions nationales et internationales d'intérêt communautaire comme par exemple la vie chère, la crise économique... Dans le domaine de la formation également, l'AEEMB gagnerait à mettre l'accent sur les formations spécialisantes, c'est-à-dire la formation d'élites dans différents domaines de l'islam. Cela aura l'avantage de disposer de compétences intellectuelles variées capables de se prononcer sur des questions précises qui intéressent la vie de l'islam, de la société et des musulmans. La décoration de l'AEEMB (chevalier de l'ordre du mérite) à l'occasion du 48e anniversaire de l'indépendance du Burkina est la... reconnaissance par l'Etat burkinabè des efforts d'une génération, fournis par l'association au service de la nation. Cette distinction est non seulement un honneur mais aussi un mérite pour l’association. Mais elle impose de nouveaux défis aux dirigeants et à leurs membres qui doivent davantage faire preuve d'excellence dans leurs actions quotidiennes. En avril 2008, à l’occasion de la semaine nationale de l'Internet, l’AEEMB a obtenu le Gambré de Bronze pour son site web (www.aeemb.bf). Avec ces deux distinctions en une année, les AEEMBISTES doivent certainement être fiers de leurs dirigeants et de leurs aînés qui ont posé les bases de la création de leur chère association dans les années 1970. Ce 12e congrès de l'AEEMB a connu la participation des représentants des Étudiants Musulmans de France (EMF) et du Club des Jeunes Musulmans du Niger (CJMN). Sa tenue est la preuve d'une alternance, d'un sens de la responsabilité et d'une bonne gestion des affaires : ce qui est le plus souvent une épreuve dans bon nombre. d'associations islamiques et laïques. Le nouveau président a été investi dans ses fonctions pour un mandat de 2 ans. Les militants attendront certainement de lui et de son équipe qu'ils fassent mieux que leurs devanciers. La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Parole de femme La da'awa de la femme dans un contexte de modernité Tout musulman et musulmane a trois devoirs fondamentaux : la recherche du savoir, la pratique et la transmission du message islamique. Les meilleurs d’entre vous, nous dit le prophète de l'Islam, sont ceux qui luttent dans le chemin de Dieu avec leurs biens et leur personne. A ceux-là, Dieu a réservé une énorme récompense. Pour ainsi transmettre le message islamique, plusieurs stratégies sont déployées par les musulmans pour parvenir à leur fin. Mais, il reste à savoir si toutes les stratégies conviennent dans un contexte de modernité ? En effet, à l'heure actuelle où les progrès scientifiques et technologiques ont fait du monde un village planétaire, de quelles manières, la Femme musulmane, pilier de la famille, cellule de base de la société, peut-elle agir dans le chantier de la da’awa ? Nous sommes dans une société où le corps biologique ne fonde plus l'existence de l'homme en tant que social mais plutôt sa nature informationnelle. Ainsi, l'homme moderne est dominé par des idées et des messages venant de l'extérieur. Or, le philosophe Nietzsche nous dit : "Le faible est celui qui est dirigé de l'extérieur et le fort celui qui est dirigé de l’intérieur." Dans une situation pareille, la femme musulmane doit élaborer une stratégie de da’awa appropriée qui tienne compte du texte et du contexte. La da'awa par le comportement Par S.S. La femme musulmane doit participer à l'édification de cette société nouvelle par la foi et le respect des valeurs de justice et de loyauté. Par son bon sens, son exemplarité et son savoir-être, elle mènera une da'awa efficace. La femme musulmane doit s'éduquer à avoir de la retenue et de la rigueur dans son comportement. Elle doit essayer de Transformer et de réformer les coutumes ancestrales mauvaises par la décence morale. Dans ce contexte de modernité, la femme musulmane est une femme libre et cette liberté nécessite un retour aux sources et un ressourcement spirituel dans le Coran. Le rapport de la femme à Dieu est une relation libératrice puisqu'elle la libère de toutes les autres servitudes et dépendances. La femme musulmane peut trouver dans les sources de l'Islam, la meilleure manière de relever les défis actuels de la da'wa auxquels elle fait face. Son appel à l'islam doit être une approche religieuse basée sur la tolérance, le respect de l'autre, la force de l'argument et la sagesse. C'est ce que le Coran nous enseigne : "Appelle les gens au sentier de ton Seigneur par la sagesse et la bonne exhortation" (S16 V125). La manière dont Moïse et Aaron sont allés à Pharaon peut inspirer la femme dans son cheminement dans la voie de Dieu : "Allez trouver Pharaon dont l'impiété ne connaît plus de limites. Parlez-lui un langage conciliant ! Peut être sera-t-il amené à réfléchir ou à Me craindre " S20V43-44. Le prophète (saw) nous a enseigné la générosité en toute chose. Il a combattu l'orgueil et l'ostentation. Dans un hadith, il nous dit : " soyez modeste jusqu'à ce que nul ne se vante de sa supériorité sur son prochain et que nul n'agresse son prochain " (Muslim). Ce comportement est valable aussi dans le cadre de la da'awa. Il ne doit avoir ni agression ni contrainte " Point de contrainte en religion... " S2V256. La femme doit être méthodique dans le travail de la da'awa et éviter autant que possible le jugement d'autrui. L’exemple de la conversation du prophète Chuaïb avec son peuple est un exemple de stratégie de da’awa pour les musulmans modernes : "... soyez certains que, quand je vous interdis quelque chose, mon but n'est pas de vous contrarier, mais il est seulement de vous rendre meilleurs, dans la mesure de mes moyens " S11V88. Lors de la prise de la Mecque, pendant que les Mecquois s'attendaient à une vengeance consécutive aux souffrances qu'ils ont fait subir au prophète (saw), celui-ci leur dit : "allez-y, vous êtes libres". Le prophète n'a enseigné que la paix et l'amour du prochain et il avait un esprit conciliant envers les hommes. C'est pour cette raison qu'Allah nous le précise dans le verset 159 de la sourate 3 : "c'est par un effet de la grâce de Dieu que tu es si réconciliant envers les hommes, car si tu te montrais brutal ou inhumain avec eux, ils se seraient tous détachés de toi. Sois donc bienveillant à leur égard. Implore le pardon de Dieu en leur faveur..." La da'awa par la parole et l'action La femme musulmane doit prendre la parole, s'exprimer et donner son point de vue, son avis sur toutes les questions touchant sa religion et sa société. Sa prise de parole doit aussi viser l'émergence d'une pensée islamique où le débat religieux et politique peut prendre corps et s’établir. La femme doit faire la da'awa par l'action. Elle doit agir de façon libre, indépendante et responsable. Elle doit faire preuve d'initiative et prendre... conscience de ses responsabilités en relevant les défis de l'heure : les défis de la communication, de la participation sociale et de l'engagement citoyen. La responsabilité de la femme aujourd'hui envers sa communauté lui impose une participation au renforcement des actions de bienfaisance et de soutien de tout ordre (moral, intellectuel, matériel, financier) aux différents projets de société pour la bonne marche de celle-ci. Nous savons que le changement social passe aussi bien par l'homme que par la femme, celle-ci étant l'un des membres actifs et incontournables d'une société qui se veut prospère. Aujourd'hui, plus que jamais, la contribution effective et sans faille de la femme est attendue. La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Parole de femme dans les chantiers de développement Sa participation socio-économique et politique est exigée au même titre que celle de l'homme. C'est un devoir pour toute musulmane car il y a dans les principes de l'Islam, des orientations claires pour une Véritable émancipation aussi bien sociale que politique de la femme. En s’inspirant des directives coraniques et sunnatiques, la femme doit investir le champ social et politique tout en faisant fi des coutumes et traditions humiliantes qui font d'elle un sous-homme, un être inférieur. La da’awa par la science. La femme ne pourra réussir sa mission de da’awa que par un minimum de savoir islamique et non profane. Puisque dans la société de l'information, le savoir est un critère de respectabilité. Ce qui n'est pas nouveau pour l'Islam d'autant plus que le Messager d'Allah en a fait une obligation pour tout musulman depuis le 7ème siècle. Elle doit de ce fait s'instruire et s'éduquer car l'émancipation féminine véhiculée par l'Islam, en un quart de siècle, a fait qu'une personne sur huit de l'élite savante était une femme d'après le constat de Ibn al Athir, Asad al-Chàba, dans l’ouvrage de M. Amman. La femme doit participer aux débats d'idées et constructifs avec une conscience critique et une réflexion profonde. Son devoir de da’awa et de participation citoyenne lui impose une maîtrise parfaite des technologies de l'information et de la communication, notamment l'Internet qui constitue un outil incontournable dans la recherche et la transmission du message. Non seulement, il participe à la formation du da'i mais aussi et surtout il lui permet de partager avec ses frères et sœurs d'autres contrées, des écrits islamiques profitables et très bénéfiques. Le net étant un moyen de diffusion de l'Islam, la sœur doit créer et animer des sites pour participer à la formation des musulmans et des autres communautés. Seulement, elle doit avoir le sens du discernement et la clairvoyance en faisant des recherches sur Internet. La sagesse du mois Leçon de vie pour se fortifier dans toutes nos épreuves ! Un homme se leva pour aller accomplir la prière de l'aube à la mosquée. Il s'habilla, fit ses ablutions et emprunta le chemin de la mosquée. En cours de chemin, il tomba et ses habits se salirent. Doutant de la pureté de ses habits, Condition obligatoire pour accomplir la prière, il se leva, et retourna vers sa maison. Une fois à la maison, il se changea, fit à nouveau ses ablutions et s'en retourna à la mosquée. Sur le chemin, il tomba à nouveau et se salit encore. Il se releva, se nettoya et se redirigea vers sa maison. Une fois à la maison, il se changea une fois de plus, fit ses ablutions et s'en retourna à la mosquée. Sur son chemin, il rencontra un homme tenant une lampe qui l'attendait. Lorsqu'il lui demanda son identité, l'homme lui rétorqua : "J'ai vu que tu es tombé deux fois sur ton chemin vers la mosquée, c'est pourquoi j'ai apporté cette lampe pour t'éclairer le chemin." L'homme le remercia infiniment et tous deux se dirigèrent vers la mosquée. Une fois à la mosquée, le premier demanda à l'homme à la lampe de venir prier avec lui. Ce qu'il refusa. Il le lui demanda encore deux fois mais la réponse fut toujours la même. Lorsque l'homme lui demanda pourquoi il ne voulait pas venir prier, il lui répondit : "Je suis Satan." fut choqué par cette réponse. Satan lui expliqua ceci : “Sur ton chemin vers la mosquée, c'est moi qui te fis tomber. Quand tu retournas à la maison pour te purifier et revenir à la mosquée, ALLAH te pardonna tous tes péchés. Je te fis tomber une seconde fois mais cela ne te découragea pas de retourner remplir les conditions de pureté pour venir prier à la mosquée. Bien au contraire, tu repris le chemin de la mosquée avec la même intention. Du fait de ta détermination, ALLAH pardonna les péchés des habitants de ta maison. J'ai eu peur qu'en te faisant tomber une troisième fois, ALLAH ne pardonne à tous les habitants de la cité, convaincu qu'à coup sûr tu atteindrais la mosquée." La morale de cette histoire, c'est qu'il ne faut pas laisser Satan voler le bénéfice de nos actions. Il ne faut jamais abandonner une bonne action que l'on a l'intention d'accomplir, car l'on ne pourra jamais mesurer la récompense que l'on aurait, en franchissant les obstacles dressés face à l'accomplissement. de cette action. Vous avez dit indépendance ? De quelle indépendance s'agit-il ? De qui ou de quoi sommes-nous indépendants ? Les Burkinabè ont célébré en pompe et avec faste le 48e anniversaire de leur indépendance sans certainement se poser ces questions de fond. Si l'indépendance se résumait à des commémorations grandioses... L'indépendance que nous célébrons est celle que l'ancienne puissance coloniale a bien voulu nous accorder. Est-ce notre mérite que nous célébrons ou est-ce la clémence de la France ? Le plus urgent aujourd'hui, c'est de nous départir du néocolonialisme sous toutes ses formes : les institutions financières internationales, certains États économiquement et militairement puissants, les multinationales, certaines ONG internationales... Nous devons surtout nous libérer de nos propres tares. Nos États sont sous le joug de la mal-gouvernance, de la corruption, de l'incivisme... La vraie indépendance qu’il faut rechercher est celle qui consiste à sortir du sous-développement, à nous départir de nos propres turpitudes. Le discours qui consiste à jeter l'anathème sur l’autre est dépassé. Nous sommes les premiers responsables de nos échecs et de nos égarements. L'indépendance vraie est donc une quête permanente que l'on ne peut véritablement célébrer, d'autant plus que c'est un processus sans fin. ■ Par Enronk La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Flash back VIOLENCES INTERRELIGIEUSES AU NIGERIA A qui la faute ? Par Bachar SOW Les violences qui ont éclaté à Jos dans le centre du Nigeria les 26 et 27 novembre 2008 viennent s'ajouter à une liste déjà trop longue de crises et de violences interethniques, inter-communautaires ou interreligieuses que ce pays a connu depuis maintenant quatre (04) décennies. On se souvient que cette même ville de Jos a connu en 2001 et 2004 des affrontements de cette nature qui avaient fait près de 700 morts. En 2004, dans cette même région, la ville de Yelwa avait connu des affrontements qui se sont soldés par 49 morts parmi les Agriculteurs chrétiens. La revanche 3 mois plus tard fait 630 morts parmi les musulmans. En réaction, les chrétiens sont expulsés de Kano et tués à près de 500. Dans cette même ville déjà en 1980, des émeutes avaient abouti à la mort de 500 personnes majoritairement chrétiennes sans oublier les affrontements de Kaduna en février 2000. En 2002, la Cour suprême annule la condamnation à mort par la justice islamique du Nord d'une femme adultère, tandis que se déroulent à Lagos des violences entre musulmans et chrétiens qui font une centaine de morts, et d'autres émeutes, cette fois à propos de la tenue d'une élection de Miss Univers, font quatre-cents victimes. Bref ! la liste de ces scènes d'horreur est longue. La violence intercommunautaire au Nigeria est une question très complexe dont l'étude demande une certaine connaissance de l'histoire politique et socioéconomique du pays depuis l'époque coloniale. Il s'agit pour nous non d'avoir la prétention d'expliquer au mieux ce phénomène mais d'en décliner Quelques facteurs et de montrer que les musulmans et les chrétiens du Nigeria peuvent bel et bien vivre en bonne intelligence comme partout ailleurs. Mais il faudra d'abord que les manipulations cessent. Aux sources d’un long conflit interreligieux Le colon anglais a découpé le Nigeria en deux parties : le Nigeria méridional ou Bas-Nigeria, et le Nigeria septentrional ou Haut-Nigeria, séparées par le parallèle passant par Ida. Chacune d'elles avait à sa tête un haut commissaire nommé par la Couronne. Cette situation, déjà à l'époque, a entretenu le sentiment de différence entre les populations du Nord et celles du Sud. Le Nigeria a acquis son indépendance en 1960, sous la direction du premier ministre Aboubakar Tafawa Balewa. En 1963, une organisation fédérale est adoptée, et complète le système de gouvernement parlementaire à l'anglaise qui est celui du pays depuis trois ans. Mais les tensions entre les différents groupes de populations n'en sont pas moins effacées et toute l'histoire du Nigeria sera dominée jusqu'à aujourd'hui par les rivalités entre les trois principales forces en présence, les Big Three : les Nordistes (populations Haoussa, Peul et Kanouri) qui représentent 25% de la population, les Yoruba, au Sud-Ouest (22% de la population) et les Ibo ou Igbo, au Sud-Est (18% de la population). Des oppositions attisées par la volonté de contrôler la manne pétrolière, et qui seront la clé d'une violence chronique qui dure depuis plus de quarante ans. Les musulmans font un peu plus de 50% de la population et ont pour zone de prédilection le Nord. Les chrétiens estimés à 40% sont relégués dans le Sud-Est. Les deux confessions se retrouvent presque à égalité chez les Yoruba au Sud-Ouest de même qu'au Centre qui constitue une zone de contact autour de l'État du Plateau dont Jos est la capitale. Depuis l'émergence du christianisme au Nigeria, les chrétiens et les musulmans ont vécu en voisins et en amis. Après l'indépendance, les deux Religions sont entrées en compétition pour la direction du pays. C'est là un des facteurs fondamentaux des violences interconfessionnelles. John Olonifemi Onaiyekan, archevêque d'Abuja et président de la conférence épiscopale nigériane, affirme que "ce sont souvent les hommes politiques qui exploitent les sentiments religieux pour d'évidents intérêts politiques. Malheureusement, il est facile de manipuler les gens." Au centre des conflits se trouve la question du foncier qui se pose particulièrement dans la partie centrale du pays. En effet, les populations originaires du Nord qui s'y sont installées, il y a plus d'un siècle, ont pris possession des terres dont la propriété est revendiquée par les Yorubas autochtones. C'est dans cette même logique que le sous-développement, qui est un puissant facteur, attise les tensions sociales dans un pays qui, malgré son immense richesse potentielle, laisse une bonne partie de sa population hors du développement économique et social. Le Nigeria, dont 70 % des habitants... vivent en dessous du seuil de pauvreté, est pourtant le plus grand producteur africain de pétrole et détient des réserves très importantes grâce à ses gisements off shore du golfe de Guinée. Mais la manne pétrolière, mal employée par des politiciens corrompus, n'assure qu'une insuffisante croissance du PIB (3,3 % en 2003) et attise les convoitises des populations du Nord face à celles du Sud qui s'en estiment propriétaires. Il y a une pauvreté généralisée, ce qui donne lieu à une lutte pour les ressources limitées. La plupart de ces communautés ne sont pas meilleures que les habitants des taudis. Les fermetures d'industries sont récurrentes avec leurs conséquences de pertes d'emplois, la plupart des familles éprouvent des difficultés à se nourrir. Il n'y a pas d'eau potable, de bonnes routes, des installations médicales, des infrastructures sociales et de bonnes écoles. Un tel environnement génère la peur, la haine, la méfiance, les frustrations, la colère, etc. Dans de telles circonstances, il est facile de faire porter le chapeau à l'autre. Les affrontements causés souvent par des problèmes ethniques ou de répartition des ressources, prennent une coloration religieuse. Et puis, il y a le problème des fanatiques et des extrémistes. Ils ne sont pas nombreux, mais ils sont actifs. La question de la charia Toute cette série de causes est couronnée par la question du rapport de la religion à l'État. Le débat sur la charia n'est en réalité que le paravent de l'éternelle rivalité entre le Nord musulman et le Sud chrétien et animiste. Les chrétiens demandent la séparation de l'Église et de l'État alors que les musulmans sont favorables à l'application de la Loi islamique. Les rapports entre musulmans et chrétiens s'enveniment à partir du moment où 13 des 36 États de la fédération adoptent la charia en 1999. Si les musulmans qui peuplent le Nord à 95 % réclament l’application de la charia dans leurs territoires, les chrétiens voient en cela un danger qu'il faut empêcher à tout prix. L'épiscopat nigérian lutte contre L'introduction de la charia et son extension. Dans une déclaration, les prélats rappellent : "Nous, évêques du Nigeria, avons protesté (...) contre le gouvernement à cause de l'introduction de la charia. Permettre son entrée en vigueur signifie encourager un fanatisme et un extrémisme islamique auquel notre pays n’a rien à gagner." "L'introduction de la charia, poursuivent-ils, comme loi fondamentale est un problème réel ! Les chrétiens qui vivent dans ces États sont considérés comme des étrangers, ou des citoyens de deuxième catégorie ! Cela est inadmissible... il s'agit d'un enjeu politique qui n'a rien à voir avec la religion. Et, dans l'état actuel des choses, il n'est pas possible d'avoir une paix politique et religieuse stable au Nigeria si l'on ne règle pas cette question de l'instauration de la charia." Cette position s'oppose naturellement à celle des musulmans qui dénoncent le fait de zoomer le volet pénal de la charia et qui avancent l'argument selon lequel l'application de la Loi islamique ne... doit pas être conçue comme une violation de la constitution à partir du moment où c'est une aspiration de toute une partie de la population. Si la question effraie les minorités chrétiennes et embarrasse le gouvernement fédéral, les musulmans sont catégoriques : "Dans une fédération, plusieurs systèmes pénaux peuvent cohabiter", soutient le Pr. Yadudu, professeur de droit formé à Harvard et conseiller technique à l'instauration de la charia à Kano, avant d'affirmer : "Aux États-Unis, vous êtes différemment puni pour avoir volé au Texas ou en Californie. Pourquoi le Nigeria ne fonctionnerait-il pas ainsi? La charia ne mine ni la Constitution, ni le processus démocratique. Il faut simplement que le gouvernement à Abuja montre un peu de patience." Si cette position est soutenable, il n'est pas moins vrai que certains leaders instrumentalisent la charia : "La charia, affirme un jeune policier chrétien, a toujours existé ici, même les colonisateurs britanniques l'avaient laissée en place pour les divorces, les mariages et même les échanges commerciaux. Ce qui change, c'est que des gens déçus par le pouvoir fédéral aient décidé d'utiliser la charia comme une arme politique. La charia, c'est leur dernière cartouche. La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Leçon de vie A l’école de l’épreuve Par Idi Issa — Chers lecteurs, désormais et inch'Allah, vous me lirez sous ce grand titre "leçon de vie". Après avoir écrit des faits divers à plusieurs reprises, j'ai trouvé nécessaire de rappeler ce que nous tous pensons en lisant ces faits divers. Les raconter ou les lire, loin de divertir seulement, doit poursuivre le but d'instruire, d'en tirer une leçon. Pour vous y interpeller de façon évidente, vous en doutez, ce titre ne peut être que mieux indiqué. Un titre qui m'a été inspiré par la présente histoire que je vais vous raconter. Daouda Liguidi est une des personnalités du quartier qui doivent leur renom à la lourdeur de leurs poches. Mais avant d'y arriver, comme beaucoup de riches, Daouda a beaucoup souffert. Il a vécu la galère. Une galère qui a été rapidement oubliée, du jour au lendemain, avec l'augmentation des avoirs de Daouda. Après avoir ouvert plusieurs boutiques et magasins, construit sur plusieurs parcelles et acheté plusieurs motos et véhicules, Daouda décida de se rendre à la Mecque. Son retour tout comme son départ fut célébré avec faste tant et si bien que son pèlerinage faillit ressembler à celui de Kankan Moussa. Seulement voilà, avec ce pèlerinage, c'est comme si Daouda avait atteint son apogée. Il commença à décliner. De retour de la Mecque, sur la route du village pour fêter la réussite de sa visite pieuse, il apprit la mort de sa sœur. Les festivités prévues furent remplacées par des funérailles. Quelques mois après son "walima", sa mère tomba malade d'une maladie qui finit par lui frayer un passage dans l'autre monde. Une poignée de mois plus tard, le pied de son chauffeur se fendilla. Il fut soigné en vain. Des accidents se succédèrent autour de lui, touchant parents proches et lointains. Un jour, Une de ses femmes tomba malade. Les guérisseurs de tous ordres ne sont pas arrivés à la soigner. Un autre jour, ce fut le tour d'un de ses magasins : les marchandises venues de Dubaï furent consumées par un incendie. Comme une roue qui tourne, Ladji Daouda lui-même eut un malaise qui se transforma vite en maladie. Il consulta les spécialistes en maladies de l'homme qui n'ont pu qu'avouer leurs limites devant cette maladie ou plutôt ce mal. À force d'examens, ils sont arrivés à douter s'il s'agissait bien d’une maladie; aucun germe n'étant découvert. Mais Daouda souffrait et c’était visible. Les médecins et guérisseurs étrangers furent appelés à la rescousse. De multiples médicaments et produits furent prescrits. Il y en a eu de toutes sortes à boire, à croquer, à siroter, à badigeonner. Mais la maladie gagnait davantage du terrain. Pire, elle refusait de se révéler à la science des praticiens tout en rongeant la peau et l’âme de Daouda. Désormais, en plus, des questions métaphysiques taraudaient son esprit. se demandait ce qu'il avait fait à Dieu pour mériter une telle sanction. Quel péché gravissime avait-il commis pour démériter la miséricorde du Seigneur ? Pourtant, il priait bien, jeûnait assidûment, donnait généreusement la zakat, fit son pèlerinage avec bonne intention. Cette foi n'était-elle pas censée résoudre ses soucis mondains ? Après moult questionnements et face à cette maladie grave et sournoise, Daouda conclut à l’incapacité de sa foi à résoudre ses problèmes vitaux. Il retourna au village pour tout consulter : les vieux, le sable, les cauris, les pierres, les buissons, les grottes. Il égorgea toutes sortes d’animaux aux couleurs variées. Plusieurs personnes furent tour à tour accusées de sa maladie. Des sacrifices pour contrer leurs maléfices ou pour les leur retourner furent faits. Des mois passèrent, des années s’écoulèrent. Daouda demeurait malade. Il quitta le village pour la ville où il intégra son ancienne foi après une reconversion. Il vécut un morceau de temps sans que son état de santé ne s'améliore. Il entreprit alors de faire une nouvelle émigration vers une autre foi qui lui faisait miroiter guérison, miracles et réussite et ce, malgré les avis contraires de ses confrères. À suivre... équipe de rédaction traite année 1429 et 2009 La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Extrait La place de la mosquée Al-Aqsâ dans le cœur des musulmans Extrait de la Maison de l'Islam : La Mosquée al-Aqsâ (littéralement : "le Lieu de prière éloigné") qui se trouve à Jérusalem occupe une place importante dans les cœurs des musulmans. Dieu, dans le Coran, parle de cette mosquée et du pays où elle se trouve en ces termes : "Pureté à Celui [Dieu] qui a fait voyager Son serviteur [Muhammad] de la Mosquée Sacrée jusqu'à la Mosquée al-Aqsâ - celle dont Nous [Dieu] avons béni les alentours - afin de lui montrer Nos Signes. Il [Dieu] est, Lui, Celui qui entend, Celui qui voit" (Coran 17/1). Dans les paroles (hadiths) du Prophète Muhammad (sur lui la paix) également, la mention de la Mosquée al-Aqsâ revient souvent : 1) Lors de son voyage nocturne (al-isrâ wal-mi'râj), le Prophète a été conduit d'abord de la Mosquée sacrée de La Mecque jusqu'à la Mosquée Al-Aqsâ de Jérusalem (voir verset du Coran plus haut, ainsi que les Hadiths bien connus rapportés par al-Bukhârî et Muslim). 2) Après leur émigration à Médine, le Prophète et ses Compagnons ont accompli, pendant 16 ou 17 mois, leurs cinq prières quotidiennes le visage tourné dans la direction de la mosquée Al-Aqsâ (rapporté par al-Bukhârî et Muslim). 3) Le Prophète (sur lui la paix) a dit : "On ne doit voyager que vers trois mosquées : la Mosquée Sacrée, ma Mosquée que voici, et la Mosquée Al-Aqsâ" (rapporté par al-Bukhârî et Muslim). Ce Hadîth souligne qu'à part ces trois mosquées, il n'est pas utile de voyager spécialement pour se rendre dans une mosquée (c'est l'interprétation de certains ulémas) ou qu'il n'est pas permis d'entreprendre un voyage à but purement cultuel que vers ces trois mosquées (c'est l'interprétation d'autres). 4) Le Prophète (sur lui la paix) a dit : "La prière (salât) accomplie dans la Mosquée sacrée [de La Mecque] est égale [sur le plan des récompenses] à cent mille prières faites ailleurs. La prière accomplie dans ma Mosquée [à Médine] est égale [sur le plan des récompenses] à mille prières faites ailleurs. Et la prière accomplie dans la Mosquée al-Aqsâ [de Jérusalem] est égale [sur le plan des récompenses] à cinq cents prières faites ailleurs" (rapporté par al-Bazzâr, cité par Ibn Hajar qui dit de ce Hadîth qu'il est hassan). 5) Le Prophète (sur lui la paix), questionné au sujet de la première maison (consacrée à Dieu) bâtie sur terre, a dit : "C'est la Mosquée Sacrée [la Kaaba]." "Ensuite ?" lui demanda-t-on. "C'est la Mosquée al-Aqsâ", répondit-il. "Combien de temps entre les deux ?" demanda-t-on. "40 ans", répondit-il (rapporté par al-Bukhârî). Commentant ce Hadîth, certains ulémas sont d'avis que c'est Adam qui, le premier, a construit ces deux mosquées, à 40 ans d'intervalle, et que Abraham n'a... fait que reconstruire la Kaaba à l'endroit où elle avait été constituée par Adam, et que Jacob (Ya'qûb) n'a fait lui aussi que reconstruire al-Aqsâ là où Adam l'avait construite. Mais je préfère l'avis d'autres ulémas (Ibn Kathîr notamment), ceux qui, pour leur part, sont d'avis que c'est Abraham qui, le premier, a construit la Kaaba en compagnie de son fils Ismaël, et que al-Aqsâ a été fondée 40 ans après cela (Ibn Kathîr a écrit dans son Tafsîr que le Hadîth relatant que c'est Adam qui a construit le premier la Kaaba est faible). Par qui al-Aqsâ a été fondée 40 ans après la construction de la Kaaba par Abraham, le prophète Muhammad (sur lui la paix) ne l'a pas dit. Ibn Kathîr est d'avis qu'il s'agit du prophète Jacob (Ya'qûb), et qu'il s'agit juste d'une mise en place très sommaire qui s'est déroulée quarante ans après la construction de la Kaaba par le prophète Abraham (Qassas ul-anbiyâ', Ibn Kathîr, p. 156 et p. 202). Quant au prophète David (Dâoûd), il n'a fait que réinstaller l'arche là où son ancêtre avait posé les fondations du Sanctuaire. Son fils, le prophète Salomon (Sulaymân), n'a fait quant à lui que reconstruire et l'embellir. Le prophète Muhammad (sur lui la paix) a ainsi relaté comment Salomon, qui est son frère dans la foi, a invoqué Dieu et Lui a demandé trois choses après avoir terminé la (re-)construction du Sanctuaire (rapporté par an-Nassaï et Ibn Mâja, authentifié par al-Albânî). Tout ceci fait qu'hier comme aujourd'hui, les musulmans demeurent attachés à la Mosquée Al-Aqsâ et à ce qu'on appelle aujourd'hui l'Esplanade des Mosquées. Hier, c'était notamment le vendredi 2 octobre 1187, quand Saladin (Salâh ud-dîn al-Ayyûbî - 1138-1193) avait fait son entrée dans Jérusalem qu'il avait reprise aux Croisés. Quatre ans plus tard, en septembre 1191, le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion lui demande par écrit de leur restituer Jérusalem, car, affirme-t-il, "c'est notre lieu de culte". Saladin lui répond : "La Ville sainte est (...) plus important pour nous, car c'est vers elle que notre Prophète a accompli son miraculeux voyage nocturne, et c'est là que notre communauté sera réunie le jour du jugement dernier. Il est donc exclu que nous l'abandonnions. Jamais les musulmans ne l'admettraient (...)" (Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf, pp. 242-243). Mais que Saladin refuse d'abandonner Jérusalem ne signifie pas qu'il en interdise l'accès à ceux qui ne sont pas musulmans et qui voudraient y pratiquer leur culte, fussent-ils ceux qui, eux, ont été injustes envers les musulmans lors de leur occupation. Au contraire, dès son entrée à Jérusalem le vendredi 2 octobre 1187, Saladin avait montré à ce sujet la grandeur d'âme des musulmans. Amin Maalouf relate : "Ses émirs et ses soldats ont des ordres stricts : aucun chrétien, qu'il soit franc ou oriental, ne doit être inquiété. De fait, il n'y aura ni massacre ni pillage. Quelques fanatiques ont réclamé la destruction de l'église du Saint-Sépulcre en guise de représailles contre les exactions commises par les Franj (les Croisés), mais Saladin les remet à leur place. Bien plus, il renforce la garde sur les lieux du culte et annonce que les Franj eux-mêmes pourront venir en pèlerinage quand ils le voudront. Bien entendu, la croix franque, installée sur le dôme du Rocher, est ramenée. Et la mosquée Al-Aqsa, qui avait été transformée en église, redevient un lieu de culte musulman (...). D'autres biens seront vendus plus tard aux familles juives, que Saladin installera dans la Ville sainte. (...) Si Saladin a conquis Jérusalem, ce n'est pas pour amasser de l'or, encore moins pour se venger. (...) Sa victoire, c'est d'avoir libéré la Ville sainte du joug des envahisseurs, et cela sans bain de sang, sans destruction, sans haine" (Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf, pp. 230-232). Cette magnanimité de Saladin est en tous points conforme à ce qu'a enseigné le Prophète (sur lui la paix) en la matière (par exemple lors de la conquête de La Mecque où vivaient ses ennemis). Attitude chevaleresque de Saladin fut d'autant plus méritoire que les Croisés, eux, n'avaient pas fait preuve d'un comportement noble lors de leur conquête puis de leur occupation de Jérusalem à partir de juillet 1099 ! À retourner à la Preuve 01 BP 5733 Ouagadougou 01 Je m’abonne à la Preuve pour recevoir : • 6 numéros au prix de 2500F CFA • 12 numéros au prix de 4000F CFA • Abonnement de soutien (À votre discrétion)......................................... Nom ou raison sociale : ............................................................. Prénom :............................................................................. Adresse : ........................................................................... Code Postal : ........................................... Ville : ........................................... Téléphone : ......................................................................... e-mail : ............................................................................ Date : ........................................... Signature 14 La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Brèves Par GSH Gaza : y a-t-il quelqu’un pour arrêter la folie meurtrière d’Israël ? Israël a déclaré la guerre à la population palestinienne dans la bande de Gaza. Depuis le 27 décembre, ce petit territoire où s'entassent un million et demi de Palestiniens -dont deux tiers de réfugiés issus de l'expulsion de 1947-1949- s'est transformé en cortège funèbre quasi-permanent. Le bilan des bombardements israéliens ne cesse de s'alourdir. Il se chiffre en centaines de morts, parmi lesquels de nombreux enfants -dont cinq fillettes d'une même famille-, en milliers de blessés, en destructions massives. Les hôpitaux sont littéralement surchargés, débordés, et ne peuvent répondre à l’urgence, -ce d'autant plus que des mois et des mois de blocus imposé par Israël avec un appui international dévastateur les ont privés de tout, médicaments et matériels. Pour la seule journée de Samedi, 64 avions ont tiré plus de cent tonnes de bombes en plusieurs vols. Israël a déclaré le nord de la bande de Gaza "zone militaire fermée". L'offensive terrestre a commencé le dimanche 4 janvier. La population palestinienne "est victime de crimes de guerre israéliens à grande échelle sous le regard coupable de la communauté internationale. L'affirmer n'est pas un slogan, c'est un fait au regard de la quatrième convention de Genève et les dirigeants israéliens devront pour cela être jugés. Présidentielle au Ghana : une belle leçon de démocratie. Les Ghanéens ont voté à la fin décembre leur nouveau président devant succéder à John Kufuor, un chef d'État parmi les plus respectés d'Afrique qui a tiré sa révérence au terme de deux mandats de quatre ans, comme le prévoit la constitution. C'est le candidat de l'opposition John Atta-Mills du Congrès national démocratique (NDC) qui est sorti victorieux face au candidat du parti au pouvoir, Nana Akufo-Addo. D’après les résultats officiels portant sur les... Suffrages les 230 circonscriptions du pays, M. Atta-Mills a obtenu 50,23% des voix contre 49,87% pour son adversaire. Malgré quelques difficultés constatées, le Ghana a fait preuve de maturité démocratique sur le continent comparativement à d'autres pays qui ne cessent de faire honte à l'Afrique en modifiant sans cesse leurs constitutions pour demeurer au pouvoir. Il s'agit de la cinquième élection présidentielle depuis le retour au multipartisme et à la démocratie en 1992. "Je veux que tout le monde sache que je suis le président de tous les Ghanéens" a déclaré le Professeur John Atta dès la proclamation des résultats. Le nouveau président prendra fonction le 7 janvier 2009. Guinée : coup d’État à un cadavre pleurer : la mort de Lansana Conté venait d'être officiellement annoncée depuis seulement six petites heures, un deuil national de 40 jours venait d'être décrété et les drapeaux mis en berne quand, aux premières lueurs du jour, un capitaine de l'armée guinéenne, du nom de Moussa... Dadis Camara, annonça dans une déclaration télévisée la dissolution du gouvernement, de l'Assemblée nationale et des autres institutions républicaines, la suspension de la Constitution, etc. Un Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) venait de voir le jour et un conseil consultatif, qui regrouperait des militaires et des civils, a été formé. Théoriquement, tout était, on le sait, réglé : en cas de vacance du pouvoir, le président de l'Assemblée nationale assurerait l'intérim et organiserait une présidentielle dans un délai n'excédant pas 60 jours. Mais dans nos démocraties bananières, où les premiers magistrats sont souvent les premiers à violer la constitution, peut-on s'étonner de ce qu'elle ne soit pas sacrée et que les autres aussi puissent la fouler aux pieds impunément ? Une nouvelle ère s'annonce-t-elle en Guinée ? Pour sa première grande sortie publique, le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte guinéenne, s'est présenté en véritable messie, décidé à "balayer" la maison guinéenne Les jeunes militaires qui renforcent leur pouvoir, n'entendent pas pour autant s'installer durablement aux commandes du pays, suivant en cela l'exemple bien connu du Président Amadou Toumani Touré (ATT) du Mali. Attendons de voir la suite. La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Jeu international Ce qu’on attend de Barack OBAMA Le 20 janvier prochain, Barack Obama sera officiellement installé dans ses fonctions de président des Etats-Unis d'Amérique. L'heure n'est plus aux sentiments et à l'affection qui ont entouré son élection, du fait de sa jeunesse mais surtout de sa race. Maintenant, place au travail : et Dieu sait qu'on attend beaucoup de lui. Car, s'il a été élu, c'est aussi parce qu'il incarnait le changement : un changement que même ceux qui ne sont pas citoyens américains attendent. C'est d'ailleurs pourquoi nous essayons de lister ce qui paraît être les attentes pressantes des citoyens du monde et dont l'Amérique a certainement la clé. La résolution de la crise financière et économique. Son pays, sous l'ère Bush, en a été le principal responsable. Donc, il lui appartient de contribuer plus vigoureusement à sa résolution. Il a déjà montré une réelle préoccupation face à la question, à travers son ambitieux programme de relance de l'économie américaine. Cette crise n'épargne personne, et les pays en voie de développement, qui la subissent de plein fouet, sont très attentifs à tout ce qui se fera dans ce sens par le nouveau président. Encore faut-il qu'il ait tous les moyens de sortir le monde de ce gouffre. La crise au Proche-Orient. Les dernières attaques d'Israël contre la bande de Gaza viennent rappeler l'urgence de la résolution de ce conflit qui a trop duré. Cette région résume à elle seule l'ensemble des injustices que notre monde connaît. Elle est aussi la sève nourricière de nombreux conflits dans le monde. Barack Obama devra dépasser l'attitude négatrice de l'Amérique, consistant à apporter un soutien inconditionnel à Israël. Palestiniens ne demandent qu'à vivre paisiblement sur la terre de leurs pères. C'est peut-être là-bas que se trouve le nœud de la question du terrorisme. La lutte contre le terrorisme. On se demande bien ce qu'aurait fait Bush s'il n'y avait pas eu le 11 septembre 2001. Il l'a d'ailleurs accueilli comme un cadeau de Dieu. Et depuis, il a plongé le monde dans une incertitude sans précédent. De nombreuses personnes dans le monde sont injustement privées de leur droit à la vie et à la dignité, au nom de la lutte contre le terrorisme. Les musulmans à travers le monde sont de plus en plus stigmatisés, pourchassés et sauvagement tués sous prétexte de terrorisme. Il faut rétablir la dignité de toutes ces personnes brimées, notamment en fermant sans condition le camp de concentration de Guantanamo qui est une honte pour le monde civilisé. Dans la même logique, il faut que l’Amérique se retire d'Irak et d'Afghanistan. Rien ne justifie aujourd'hui qu'une puissance, aussi grande soit-elle, puisse annexer un autre État. Indépendant. L'attitude expansionniste des États-Unis de George Bush doit être bannie sous l'ère Obama, sinon il aura trahi. C'est cet espoir que nourrissent les citoyens du monde qui rejettent l'unilatéralisme et la vendetta. Les citoyens du monde attendent plutôt que l'Amérique, riche et puissante, soit sincèrement bienveillante à l'égard des pauvres de ce monde. Si les Africains ont particulièrement suivi avec intérêt son élection, ce n'est pas parce qu'il a seulement une peau noire, mais ils espèrent qu'au nom de ses origines africaines, Obama puisse être plus enclin à leur apporter l'aide dont ils ont besoin. On peut continuer à faire la liste de ce que l'on peut attendre de Barack Obama, mais il faut être réaliste et garder les pieds sur terre. En Amérique, aucune rupture véritable n'est possible. Donc, sa marge de manœuvre est minime car sur certaines questions, il n'a pas le choix que de faire comme ses prédécesseurs. Mais, quand même, attendons de voir. La Preuve n° 14-15 Décembre 2008/Janvier 2009 Numéro 14 15 Nombre de pages 16 --