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À l'écoute du gouvernement : la tolérance religieuse, base de dialogue entre les religions
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- Titre
- À l'écoute du gouvernement : la tolérance religieuse, base de dialogue entre les religions
- Editeur
- La Nation
- Date
- 27 janvier 1995
- Résumé
- Quelles que soient leurs différences apparentes, toutes les religions admettent une même définition : «Institution sociale caractérisée par l’existence d’une communauté d’individus, unis par la mise en rapport de la personne avec une puissance spirituelle supérieure à l’homme, puissance considérée comme diffuse, soit comme multiple, soit enfin comme unique, Dieu».
- Page(s)
- 12
- Sujet
- Catholiques
- Démocratie
- Dialogue interreligieux
- Intégrisme
- Laïcité
- Paix
- Pluralisme religieux
- Protestants
- Religions endogènes
- Violence
- Couverture spatiale
- Bénin
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Identifiant
- iwac-article-0004092
- contenu
-
(Commentaire du ministère chargé des Relations avec le Parlement, Porte-parole du Gouvernement)
Quelles que soient leurs différences apparentes, toutes les religions admettent une même définition : «Institution sociale caractérisée par l’existence d’une communauté d’individus, unis par la mise en rapport de la personne avec une puissance spirituelle supérieure à l’homme, puissance considérée comme diffuse, soit comme multiple, soit enfin comme unique, Dieu».
Les données recueillies sur le terrain au dernier recensement général de la Population et de l’Habitation en 1992 font ressortir la configuration suivante en matière de pratiques religieuses : 35 % de notre population sont des Vodounsi, viennent ensuite les catholiques avec 25,9%, les musulmans 20,6 %, les chrétiens protestants 3,5 % et les autres religions 1,9%, tandis que 6,4 % de nos compatriotes sont sans religion. Quelle que soit leur culture, la grande majorité de nos compatriotes éprouvent donc le besoin de croire à quelque chose qui dépasse les évidences de leur vécu. Face à la montée vertigineuse de tous les excès à travers le monde et qui ne manquent pas de faire des émules dans notre voisinage géographique immédiat, on peut affirmer sans risque de se tromper que le Bénin est une terre de tolérance où chrétiens, Musulmans, divers vodounsi et tous les sans-religion cohabitent toujours en parfaite harmonie depuis très longtemps.
Il existe aussi chez nous, une nette démarcation entre le temporel et le spirituel pour lequel l’Etat ne prend aucune position, dans la mesure où la Constitution, en son article 23, dispose bien : «Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion et d’expression dans le respect de l’ordre public établi par la Loi et les règlements. L’exercice du culte et l’expression des croyances s’effectuent dans le respect de la laïcité de l’Etat».
La Loi fondamentale de notre pays fait ainsi obligation à chaque citoyen de se démarquer de l’idée qu’une religion est supérieure aux autres, et en faire une idéologie de combat. De ce point de vue, la montée de l’intégrisme, d’où qu’il vienne, constitue une négation de la laïcité de l’Etat. Le Bénin n’offrira pas le spectacle lamentable de certains pays où la religion sert de prétexte aux nouvelles formes de luttes politiques au cours desquelles, des hommes, des femmes voire d’innocents enfants sont froidement abattus au nom de Dieu. Pour éviter cet état de choses, il s’avère nécessaire de rectifier des erreurs et des concepts que de nouveaux «croisés» et autres «fous de Dieu» véhiculent au sein de nos populations. Chaque citoyen doit comprendre qu’il y a des comportements permis par la Loi et ceux qui sont illicites et proscrits. Le Gouvernement du Renouveau démocratique s’opposera à toute tentative de présenter une image déformée d’une religion et de ses adeptes et il ne tolérera pas que les membres d’une même confession soient l’objet d’une quelconque brimade ou persécution. Pour autant, la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas synonyme d’opposition. Il s’agit simplement de libérer notre Etat de l’emprise des confessions et de renforcer par la même occasion la démocratie qui s’est nourrie des prodiges de la science dans des domaines que l’on croyait jadis relevant du sacré. Les difficultés économiques et matérielles du moment ne serviront pas d’arguments faciles pour entraîner nos concitoyens dans les spirales de la violence dont on sait quand elle commence mais jamais quand elle finira. Les problèmes qui doivent nous préoccuper tous et qui requièrent l’adhésion des uns et des autres sont ceux de la démocratie. Il ne s’agit pas de chercher les incompatibilités entre la religion et la politique, mais de s’assurer qu’aucune confession ne régentera la politique.
La démocratie ne peut s’identifier par un dogme. Elle est pour nous un moyen devant permettre à notre société de fonctionner et de nous éviter tous les excès. Pour cela, la tolérance à tous les niveaux doit être un credo national. Les difficultés que nous vivons aujourd’hui et qui ont pour cause les inégalités, l’exclusion, la marginalité, la corruption ne doivent pas servir de prétextes aux divers dérapages et affrontements. La démocratie et la liberté ne sauraient s’accomoder d’un défi à la tolérance.
Pour ce faire, les responsables des diverses confessions religieuses du Bénin doivent, compte tenu de leur autorité morale, s’atteler à expliquer à leurs coreligionnaires qu’ils doivent être aussi préoccupés par le développement du pays, ce qui requiert la paix pour le travail acharné de tous. Face aux défis à relever pour développer notre pays, le Gouvernement du Renouveau démocratique exhorte chaque Béninois et chaque Béninoise à faire preuve de tolérance, à respecter les croyances des uns et des autres, afin que des comportements archaïques ne remettent pas en cause la grande harmonie et la paix qui fait aujourd’hui la fierté de notre pays.