Article
Femme et islam : une mère, une éducatrice
- Titre
- Femme et islam : une mère, une éducatrice
- Créateur
- Sarah Tanou
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 12 janvier 1998
- Résumé
- Depuis le 31 décembre les musulmans du Burkina, à l'instar d'autres musulmans à travers le monde, observent le jeûne, le quatrième pilier de l'islam. Dans les familles musulmanes burkinabè, on s'active à accomplir cet acte avec assiduité et abnégation; hommes comme femmes, chacun à sa manière essaie de l'observer sans faille, en même temps tâche de mieux accomplir son devoir conjugal. Ainsi donc les femmes musulmanes, pilier de la société, de la famille, sont les premières responsables à s'occuper des aspects nutritionnels. Ce qui fait que dans les familles, on assiste à la préparation des mets spéciaux, qui souvent, ne font pas partie des traditionnels plats quotidiens. Une obligation? une spécificité du carême? ou un plaisir? Nous avons rencontré Mme Assita Dèra, présidente de l'Association des femmes islamiques qui nous situe sur ce que les femmes pensent du carême, des préparatifs et autres.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0003904
- contenu
-
Depuis le 31 décembre les musulmans du Burkina, à l'instar d'autres musulmans à travers le monde, observent le jeûne, le quatrième pilier de l'islam. Dans les familles musulmanes burkinabè, on s'active à accomplir cet acte avec assiduité et abnégation; hommes comme femmes, chacun à sa manière essaie de l'observer sans faille, en même temps tâche de mieux accomplir son devoir conjugal. Ainsi donc les femmes musulmanes, pilier de la société, de la famille, sont les premières responsables à s'occuper des aspects nutritionnels. Ce qui fait que dans les familles, on assiste à la préparation des mets spéciaux, qui souvent, ne font pas partie des traditionnels plats quotidiens. Une obligation? une spécificité du carême? ou un plaisir? Nous avons rencontré Mme Assita Dèra, présidente de l'Association des femmes islamiques qui nous situe sur ce que les femmes pensent du carême, des préparatifs et autres.
Le jeûne du mois de Ramadan, l'un des piliers de l'islam, commence à la nouvelle lune et se termine à la vue de la nouvelle, soit une durée d'un mois lunaire (trente ou vingt-neuf jours).
Les musulmans, en âge adulte, s'abstiennent de manger, boire ou fumer du lever jusqu'au coucher du soleil. Le repas avant le lever du soleil s'appelle “le shor" et celui du coucher du soleil "iftar”.
Le carême, se rapprocher de Dieu
Pour Mme Dèra, le mois de carême est un mois sacré. Pour tout musulman, ainsi que les femmes et les hommes, le carême est important. Ainsi donc pour Mme Dèra, c'est quelque chose qui est venu des prophètes, il nous est légué et nous devons l'accomplir comme tel. La femme musulmane joue un rôle important dans l'accomplissement de ce devoir religieux. Elle doit avoir un comportement exemplaire, se soustraire à certains faits et gestes. Elle doit suivre les gestes et conseils de son mari pour avoir sa bénédiction (une obligation à observer même avant le carême).
Etant un élément primordial de la religion islamique, le carême a ses principes, ses obligations que tout musulman doit observer avec rigueur. Il s'agit entre autres d'abstinence de manger du lever au coucher du soleil; de prononcer des mots désobligeants, impurs; ne pas critiquer; de se priver des relations sexuelles.
Outre l'observation de ces principes que tout musulman doit accomplir, pour Mme Dèra, la femme musulmane, pilier de la famille, ne se soustrait pas de ses devoirs de ménagère. Elle prépare pour la famille, et surtout pour ceux qui ne jeûnent pas (les petits enfants, les malades, etc. ). S'agissant de la particularité des repas pendant le mois de carême, Mme Dèra soutient qu'il n'y a pas de spécificité. Ce sont les mêmes repas préparés que pour les jours ordinaires. Seulement, pour manifester sa joie à Dieu, faire plaisir à son mari, la femme musulmane s'octroie un petit loisir en ajoutant d'autres mets à ceux consommés quotidiennement. Et c'est pourquoi, dans les familles musulmanes on voit apparaître d'autres repas tels que les bouillies, les lemouroudji (eau de gingembre), les zom-koom (eau de farine de petit mil ou de riz), les bissaps. Les surplus sont bien prisés par les enfants, et les chefs de famille (maris) ne manquent pas d'ajouter leur part, en achetant des fruits (bananes, oranges, pastèques, etc. ). Ainsi donc ces mots particuliers ne font pas partie des obligations du carême. Pour interrompre d'ailleurs le carême au coucher du soleil, le musulman n'a besoin que de l'eau pure, simple, une datte pour ceux qui en ont.
Codifier le mariage musulman
Cependant l'accomplissement des devoirs ménagers n'empêche pas la femme musulmane de se soustraire à d'autres obligations. Selon Mme Dèra, présidente d'une association des femmes islamiques, au moment du carême, les membres de l'association ne restent pas inactives. Elles exercent toujours leur activité de sensibilisation à travers la lecture du coran dans les mosquées de la ville. L'Association des femmes islamiques du Burkina est née de l'initiative d'un groupe de femmes musulmanes qui entendent se battre pour une meilleure codification du mariage musulman. Son premier congrès a eu lieu en 1996. L'association est présente dans douze provinces du Burkina. Selon les responsables de cette association, le mariage musulman est jalonné de trop de problèmes qui empêchent la femme de jouir de ses droits conjugaux. Et c'est au regard des difficultés vécues, que l'association a été créée pour sensibiliser les couples, les jeunes filles, les jeunes hommes, les imams pour une meilleure connaissance des enjeux du mariage. L'association dans son programme d'activités, entend instaurer une fiche technique à remplir par les intéressés (couples, témoins, imams) lors des mariages.
Entretien réalisé par Sarah TANOU
Photos: Boukary KINDA
Fait partie de Femme et islam : une mère, une éducatrice