Article
Bédié - Diaby Koweït : c'est pas fini !
- Titre
- Bédié - Diaby Koweït : c'est pas fini !
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Kèmè Brahma
- Editeur
-
Plume Libre
- Date
- octobre 1994
- numéro
- 32
- pages
- 5
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Intégrisme
- Langue
- Français
- Est une partie de
-
Plume Libre #32
- contenu
-
Il y a peu, un journal de la place titrait : "Bédié - Diaby Koweït : C'est fini !". De nombreuses personnes aussi bien musulmanes que non-musulmanes ont alors poussé un cri de soulagement : enfin, la série de feuilletons musulmans très populaires venait de prendre fin. Malheureusement, la réalité sur le terrain est toute autre. Regard.
A considérer les gestes de Bédié envers les musulmans (cf Plume Libre N°31) représentés par le Conseil National Islamique (CNI), on donnerait raison à ceux qui pensaient pouvoir se reposer. La pose de la première pierre de la mosquée du Plateau, présidée par le Chef de l'Etat en était une autre illustration : point de Diaby Koweït, mais le CNI présent, et la télévision faisant un gros plan sur Koudouss, (mis ainsi en vedette malgré sa modestie). Mais tout ceci n'est que de la poudre aux yeux.
Ce n'est pas fini. Ça ne pouvait pas finir ainsi. Ce n'est qu'un intermède, une pose pour mieux recharger ses batteries.
Ce serait une naïveté criarde que de croire en la disparition de Diaby Koweït, conséquente "à sa mise au garage" par ses employeurs.
On sait qu'en politique tout est stratégique. Dans ce sens, Diaby Koweït avait été pressenti pour jouer le rôle de cheval de troie au sein de la communauté musulmane : s'introduire en elle et permettre ainsi au pouvoir de mettre fin aux activités de ses chefs.
Le plan était très simple. Il s'agissait de provoquer la communauté musulmane regroupée autour du CNI, de sorte que des éléments incontrôlés s'en prennent à lui, soit en attentant à sa vie comme il le chante partout, soit en incendiant sa voiture par exemple. Cela aurait permis de traiter les musulmans "d'intégristes", "d'islamistes" ou autres sobriquets péjoratifs à la mode, et d'arrêter ses leaders.
Mais la stratégie a échoué. Par ailleurs, Diaby Koweït vole d'échecs en erreurs dont la toute dernière est l'assignation en justice du CNI. La diffusion par la presse de l'acte a jeté l'opprobre sur Diaby Koweït et à travers lui, sur Bédié, étant donné que pour l'opinion publique, les deux de ce feuilleton ne font qu'un.
Cela en était trop pour Bédié qui tient vaille qui vaille à se construire une certaine aura, un certain charisme au sein de la population ivoirienne en général, et de la population musulmane en particulier. Dans ce sens, Diaby Koweït devenait gênant ; il fallait donc le mettre à l'écart et non l'éliminer car il peut toujours servir. En fait, comment un individu qui n'est pas capable de contrôler les propres ouailles c'est-à-dire la poignée d'individus qui le suit, et qu'il accuse d'avoir assigné le CNI en justice, peut-il prétendre diriger une communauté de cinq millions de personnes ?
Mais en politique, tout le monde peut servir, même les plus minables. On peut toujours leur faire jouer un rôle même si ce rôle se limite à celui de l'arachide brûlée qui gâche le goût de la poignée qu'on met dans la bouche ou du grain de sable qui enraye tout un engrenage.
Dans cette logique, Diaby Koweït, peut être utilisé soit comme bouclier, soit comme mercenaire et ce rôle lui sied à merveille. Il n'est peut être pas Bob Denard, qui utilise les armes, mais il n'est pas loin de l'être puisqu'il permet a ceux qui l'emploient de ne pas se mouiller. Une arme en vaut une autre même si, Diaby Koweït, ne peut jouer le rôle de joker, parce qu'il n'en a ni les capacités intellectuelles, ni les aptitudes morales.
Il peut toujours servir de trouble-fête étant donné que les vrais musulmans, c'est à dire ceux qui savent qu'on ne peut trahir la cause de Dieu impunément, n'accepteront jamais cette sale besogne qui lui a été confiée.
Diaby Koweït, comme tout être ambitieux doit avoir plusieurs cordes à son arc et la corde la plus importante est l'argent qu'on n'hésite pas à jeter à la fenêtre. En politique, cet élément est d'une importance capitale. Il n'y a qu'a regarder les films américains pour s'en convaincre. Quelque soit la richesse du PDCI et de ses barons, quelques billets de banques en plus ne feront pas de mal. En définitive il faut se garder de tirer une conclusion. Bédié et Diaby Koweït ce n'est pas fini, ça ne peut pas finir ainsi, car quand un navire est en dérive, le marin s'agrippe a tout ce qui lui tombe sous la main et Diaby Koweït, malgré ses tares, constitue tout de même une bouée de sauvetage ; même si lui-même n'a conscience de la gravité du rôle qui lui à été assigné. Ça ne pouvait pas finir ainsi.
K.B
Ressources liées
Plume Libre #32
Numéro