Article
Le CNI au commandant supérieur de la gendarmerie : "La communauté musulmane a de sérieuses raisons d'être inquiète"
- Titre
- Le CNI au commandant supérieur de la gendarmerie : "La communauté musulmane a de sérieuses raisons d'être inquiète"
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Ibourahima Binaté
- Editeur
-
Le Jour
- Date
- 28 juillet 2000
- DescriptionAI
- Le Conseil national islamique (CNI) et le Conseil supérieurs des Imams (Cosim) expriment leur choc et leur inquiétude face à une note administrative du colonel Georges Déon, commandant supérieur de la gendarmerie. Cette note accuse la communauté musulmane de vouloir créer des troubles si la candidature d'Alassane Ouattara était refusée. Le CNI récuse ces allégations, les qualifiant de manœuvres politiciennes visant à diviser les communautés, et appelle les musulmans à la sérénité tout en se réservant le droit d'agir en justice pour défendre leur honneur.
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Front populaire ivoirien
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Élection présidentielle ivoirienne de 2000
- Robert Guéï
- Référendum constitutionnel ivoirien de 2000
- Conseil National Islamique
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0012033
- contenu
-
Le CNI écrit au commandant supérieur de la gendarmerie
«La communauté musulmane a de sérieuses raisons d'être inquiète»
Le climat socio-politique se dégrade davantage. Dans le courrier qui suit, le Conseil national islamique, CNI, récuse les accusations du commandant supérieur de la gendarmerie, le colonel Georges Déon. Le CNI en profite pour inviter «les musulmans à rester sereins, vigilants et déterminés face à l'arbitraire et l'injustice».
Le Conseil supérieurs des Imams, Cosim, et le Conseil national islamique, CNI, viennent de prendre connaissance, à travers la presse qu'une note administrative n° 4544 du 19 juillet, signée du commandant supérieur de la gendarmerie, le colonel Georges Déon affirme que:
«...les musulmans envisagent de créer le trouble dans le pays si la candidature d'ADO était refusée... Ces réactions sont entretenues à chaque séance de prière par des imams...»
Le Cosim et le CNI sont surpris et choqués aussi bien par le contenu que par la qualité du signataire de cette note.
Ainsi, premièrement, le chef suprême des renseignements militaires envisage le rejet d'une seule candidature et la réaction d'une seule communauté en l'occurrence la communauté musulmane. Devant cette accusation grave, le Cosim et le CNI s'interrogent sur les mobiles réels d'une institution censée être neutre.
- Pourquoi le rejet de la candidature du général Guéï ne serait-il pas de nature à troubler l'ordre public? Car le général Guéï est supporté par des milliers de musulmans.
- Pourquoi le rejet de la candidature de Alassane Ouattara devrait-il susciter un trouble orchestré seulement par les musulmans? Car les militants du RDR se recrutent dans toutes les confessions religieuses et dans toutes les régions de la Côte d'Ivoire.
- Pourquoi le rejet de la candidature de M. Bédié ou du candidat du PDCI ne serait-il pas de nature à troubler l'ordre? Les partisans de M. Bédié et du PDCI sont-ils prêts à cautionner l'arbitraire et l'injustice? Car, comme le CNI l'a dit, «nul n'acceptera d'être exclu...».
- Pourquoi le rejet de la candidature de M. Gbagbo ne troublerait-il pas l'ordre public? Le FPI qui compte aussi de nombreux musulmans accepterait il passivement l'exclusion de son leader?
La paix sociale relève nécessairement des réponses à toutes ces questions et non des seuls musulmans. A moins de vouloir faire d'eux, une fois de plus, des boucs émissaires.
Au regard de la position hiérarchique du commandant de la gendarmerie, haut dignitaire de la stratégie militaire dans l'armée ivoirienne, nous avons de sérieuses raisons d'être inquiets.
Ainsi, une fois de plus, des accusations graves sont proférées, sans une seule ombre de début de preuves, contre toute une communauté, contre ses dignitaires respectables et vénérés.
Il semble qu'après les «étrangers» et certains partis politiques, la communauté musulmane soit dans «le champ de tir» du commandant de la gendarmerie.
Comme hier, les musulmans sont encore la cible de manœuvres politiciennes masquées par des arguties juridico-sécuritaires. Mais comme hier, il s'agit de manœuvres de diversion pour opposer les communautés religieuses de Côte d'Ivoire dans le dessein caché d'atteindre des objectifs politiques.
Comme hier, nous demandons à tous les musulmans de rester sereins, vigilants et déterminés face à l'arbitraire, et à l'injustice, les deux ennemis permanents de la construction de la nation ivoirienne.
Comme hier, nous réaffirmons à l'attention de tous les fidèles des autres confessions religieuses que jamais les musulmans de Côte d'Ivoire n'ont été et ne seront la source d'une guerre religieuse dans ce beau pays de fraternité et de tolérance. Ils se sont trop investis dans ce pays pour le livrer à un gâchis irréparable.
Au regard de ces accusations gratuites et répétées, le CNI, se réserve le droit d'user désormais de toutes les voies légales pour faire triompher la vérité et défendre son honneur, pour la paix et la prospérité de ce pays.
Pour le Bureau exécutif national du CNI
L'Imam Binaté Ibouraïma
