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Préparatifs de la Tabaski : la cherté des prix, un casse-tête
- Titre
- Préparatifs de la Tabaski : la cherté des prix, un casse-tête
- Créateur
- Maryse Assogbadjo
- Editeur
- La Nation
- Date
- 11 octobre 2013
- Résumé
- Dans cinq jours, ce sera la fête de la Tabaski. Généralement, c'est l'immolation de mouton par la communauté musulmane qui donne le cachet spécial à la fête. Mais celle de cette année risque de faire exception à la règle, au regard du constat fait sur les différents sites de vente de moutons à Cotonou. Dans les différents marchés, les vendeurs crient à la mévente pendant que les acheteurs eux se plaignent du prix trop élevé des bêtes.
- Page(s)
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- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- La Nation
- Identifiant
- iwac-article-0003477
- contenu
-
Dans cinq jours, ce sera la fête de la Tabaski. Généralement, c'est l'immolation de mouton par la communauté musulmane qui donne le cachet spécial à la fête. Mais celle de cette année risque de faire exception à la règle, au regard du constat fait sur les différents sites de vente de moutons à Cotonou. Dans les différents marchés, les vendeurs crient à la mévente pendant que les acheteurs eux se plaignent du prix trop élevé des bêtes.
Un peu moins d’une semaine et ce sera la fête de l’Aïd El Kébir, communément appelée Tabaski. Bien que les marchés de mouton sillonnés soient bien achalandés, les clients ne sortent pas comme souhaité. C’est le constat fait à Zongo et à Vodjè dans la ville de Cotonou.
Sur le site de Zongo, la majorité des vendeurs se plaint de la morosité économique qui touche les populations. Au niveau de ce point de vente, l’espace grouille de bêtes, mais les clients sont rares. Pour Ibrahim Adamou, cette situation peut s’expliquer par le fait que les bêtes coûtent relativement plus cher que l’an dernier. Cette cherté, explique-t-il, est due aux tracasseries que subissent les convoyeurs qui viennent du Burkina, du Niger et même du Mali. Les policiers et les douaniers leur prennent beaucoup de sous sur la route au point où ils sont obligés de céder les moutons à un prix élevé, révèle-t-il. Pour chaque mouton, les convoyeurs déboursent jusqu’à 5 000F. Dans ces conditions, soutient-il, «nous sommes obligés d'augmenter 10 000 FCFA sur le prix d’un mouton pour trouver aussi notre compte», précise Ibrahim Adamou. Il souligne que le mouton qui est acheté l’année dernière à 50 000F ou 60 000F lui est cédé cette année à 70, 80, voire 90 000 CFA. En plus, il faut payer le tas d’herbes pour nourrir les bêtes. Ce qui coûte en moyenne, 3 500 FCFA. Or, il faut en donner trois par jour pour un mouton. Faute de quoi, les bêtes perdront du poids et seront vendues en dessous du prix d’achat.
Même si l’achat des moutons est une priorité pour bon nombre de musulmans, cette année, les bourses ne permettent pas de les acheter aisément. Seuls les individus d’un certain rang arrivent à tirer leur épingle du jeu. Il faut réunir au moins 150 000FCFA pour un mouton de taille moyenne.
Jusqu’à 10h30 hier, Ibrahim Adamou n'a pas encore enregistré le moindre client. Et pourtant, il s’était installé avant même le lever du soleil. Pour l’heure, il compte sur la providence pour se tirer d’affaire. Dans les années antérieures, déjà à deux semaines de la fête, l’affluence était à son comble. Même dix jours après la fête, les vendeurs continuaient de faire de bonnes recettes. Mais avec la crise économique et financière cette année, il y a risque de faire des pertes sèches. «Les clients attendent sûrement les derniers jours ou la veille de la fête pour se mettre au pas», espère Ali Issa, un autre revendeur sur le même site.
Le pouvoir d’achat ne favorise pas la vente
La vente n’est pas rentable cette année, à cause du faible pouvoir d’achat des ménages. Le chiffre d’affaires est en baisse, car la grande majorité des clients se fait désirer.
A cette allure, les vendeurs avouent ne pas compter sur les clients fidèles, tant le prix des bêtes est élevé.
Contrairement à Ali Issa et Ibrahim Adamou un autre vendeur sur le même site, arrive quand même à se tirer d'affaire. D’un air souriant, il confie avoir déjà réalisé pour le compte de la matinée d’hier, une recette de 800 000 FCFA. Mais chez lui, les prix ne sont pas aussi flexibles. Pas possible de s’acheter un mouton de taille moyenne dans l’ordre de 80 000 F CFA.
Après de longues négociations avec Amadou. Nouroudine Bassabi et Akamina Socohou sont repartis, désespérés. Ces deux clients estiment que les prix ne sont pas proportionnels à la taille des moutons. «Plus on s’approche de la fête, plus cela devient plus cher ; or l’achat des moutons est une contrainte pour nous. Nous irons donc ailleurs pour voir ce qui correspond à notre bourse», ont-ils confié. Plus loin ailleurs, sur le site de Vodjè, le marché est très florissant et la fête semble plus prometteuse. Les prix pratiqués ici semblent plus abordables apparemment. L’affluence se fait remarquer, même si tous les clients qui viennent n’achètent pas systématiquement. Sur ce site, les prix des moutons varient entre 150 000 et 170 000 F CFA. On peut également en trouver dans l’ordre de 35 000 à 50 000 F CFA pour les petits moutons. La stratégie adoptée ici vise à revoir les prix à la baisse en vue d’avoir le plus grand nombre de clients, explique Honoré Affokou, revendeur de mouton.
Malgré cette possibilité, les "vrais acheteurs” se font rares. La plupart des clients qui viennent, négocient et repartent bredouilles. C’est le cas de Kolawolé Alao qui a fini par laisser les trois moutons qu’il a marchandés à 180 000 F CFA. Les raisons évoquées par la plupart des clients, tiennent principalement aux dépenses effectuées pour les préparatifs de la rentrée, indique Mélanie Zossiga, revendeuse de mouton sur le site de Vodjè.
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