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Ibrahim Ousmane Imam de la mosquée centrale de Cotonou (Jonquet) : "Il ne faut pas s'endetter pour immoler une bête à Dieu"
- Titre
- Ibrahim Ousmane Imam de la mosquée centrale de Cotonou (Jonquet) : "Il ne faut pas s'endetter pour immoler une bête à Dieu"
- Editeur
- La Nation
- Date
- 25 octobre 2012
- Résumé
- La communauté musulmane est en fête. La célébration demain vendredi 26 octobre de l’Aïd El Kébir ou fête du mouton, occasion de renouvellement du sacrifice d’Abraham se fera cette année sous le signe de la flambée du prix des bêtes sur les marchés. Mais peu importe ! La fête aura lieu. Les bénédictions jailliront. C’est aussi l’avis de l’Imam Ibrahim Ousmane de la mosquée centrale de Cotonou (Jonquet) qui donne ici, quelques détails sur cette fête, l’une des plus importantes de la religion musulmane.
- Page(s)
- 6
- Couverture spatiale
- Arabie saoudite
- Cotonou
- La Mecque
- Mosquée centrale de Cadjèhoun
- Mosquée centrale de Cotonou Jonquet
- Parakou
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- La Nation
- Identifiant
- iwac-article-0003460
- contenu
-
La communauté musulmane est en fête. La célébration demain vendredi 26 octobre de l’Aïd El Kébir ou fête du mouton, occasion de renouvellement du sacrifice d’Abraham se fera cette année sous le signe de la flambée du prix des bêtes sur les marchés. Mais peu importe ! La fête aura lieu. Les bénédictions jailliront. C’est aussi l’avis de l’Imam Ibrahim Ousmane de la mosquée centrale de Cotonou (Jonquet) qui donne ici, quelques détails sur cette fête, l’une des plus importantes de la religion musulmane.
La Nation : Imam Ibrahim Ousmane, quelle est la date exacte de la fête de la Tabaski ?
Ibrahim Ousmane : Par la grâce de Dieu, je crois que c'est demain, vendredi 26 octobre.
Pourquoi assiste-t-on parfois à des contestations autour de la date des célébrations musulmanes ?
Pour la fête de la Tabaski, le problème ne se pose pas souvent parce que ça vient au beau milieu du mois lunaire. Souvent il n’y a pas de problème. Le problème se pose au niveau du mois de Ramadan parce que c’est tout au début du mois lunaire, c’est la veille et il faut d’abord, selon d’autres enseignements islamiques, nécessairement voir la lune sortir, nous sommes dans un pays laïc, nous ne sommes pas dans un pays islamique, là où nous avons aussi besoin d’informer le gouvernement au moins deux ou trois jours avant notre jour de fête pour que l’on nous le férie parce qu’il y a quand même des musulmans qui sont fonctionnaires. Donc c’est cela qui pose souvent problème.
A la Tabaski, il n’y a pas souvent ce souci. C’est très rare. Cela peut arriver si nous disons que la Mecque d’abord c’est en Arabie Saoudite et c’est là bas qu’il y a l’Arafat. Et il faut vivre le jour de l’Arafat et le lendemain, célébrer la fête de la Tabaski. Donc si les Saoudiens eux, depuis le début du mois lunaire, durant les sept premiers jours, n’ont pas réussi à dégager le jour exact et c’est à la veille de la Tabaski qu’on nous dégage un jour, au motif que les nuages avaient caché la lune et tout ça, le problème peut se poser aussi au niveau de la Tabaski. Mais cela n’arrive pas souvent.
Que représente alors la Tabaski pour les Musulmans ?
Cette fête représente un échange d’âme. Nous sommes tous censés avoir des dangers qui cherchent à nous arracher l’âme. Donc en faisant de tels sacrifices, Dieu nous aidera à toujours changer d’âme.
Dites-nous Imam, quelle est la différence entre la fête de la Tabaski et celle du Ramadan ?
C’est très clair qu’il y a une grande différence entre les deux fêtes. La fête du Ramadan vient juste après le mois de Ramadan, le jeûne de 29 ou 30 jours que nous faisons, et c’est précisément durant le mois de Ramadan. C'est le mois qui correspond au neuvième mois de l’année lunaire ou de l’année islamique. Donc c’est dans ce mois que nous jeûnons et après le nombre de jours voulu par Dieu, nous fêtons maintenant le Ramadan. Celle-ci maintenant, la Tabaski, c’est dans le douzième mois de l’année lunaire que nous appelons Zolahidja. Et cela ne se passe, ni au début, ni à la fin du mois, mais au beau milieu du mois, le 10e jour du 12° mois lunaire. C’est ce jour-là que nous fêtons la Tabaski. C’est vrai que le 9e jour de ce mois, il est recommandé de jeûner et le prophète Mohamed a dit que si nous jeûnons ce jour là, qui correspond au jour d’aujourd’hui, nous aurons la bénédiction et il nous pardonne les péchés de deux ans. Donc nous les musulmans nous tenons compte de ce jour si Dieu nous prête santé et longévité, nous allons jeûner aujourd'hui et demain, ce sera la fête.
Combien de jours séparent les deux fêtes ?
Très souvent, si ce n’est pas 69 jours, c'est 70.
Imam, vous avez certainement votre opinion sur la commercialisation des bétails et la flambée des prix qui se veut récurrente !
Il faut dire que cette situation n’a rien à voir avec la religion musulmane. Parce qu’il n’y a pas que des musulmans qui vendent les moutons. Il y a aussi des non-musulmans qui viennent vendre. Donc, c’est une opportunité pour Ces derniers, et ils en profitent pour faire leur commerce. Tout ce que je peux dire, c’est que la bénédiction vaut plus que tout. Il est vrai que c’est permis dans toutes les religions de pratiquer le commerce, mais il ne faut pas trop abuser des bénéfices. S'il y a trop de bénéfices et que Dieu enlève les bénédictions, c’est comme si vous n’avez plus rien gagné. Si tu achètes à 20 francs et que tu peux revendre à 25 ou 30 francs, c’est déjà bon. Mais si en raison de la nécessité pour les musulmans d’acheter des moutons pour la fête, tu veux revendre à 100F, ce que tu as acheté à 20F, c’est déjà trop. Nous, Dieu nous donnera les moyens de nous en procurer. Quel que soit le prix du mouton, les musulmans vont s’en procurer. Mais ce que je dois dire, c’est que les bénédictions valent plus que tout.
Est-ce que l’immolation de la bête le jour de la Tabaski est une obligation ?
L’immolation est une obligation pour les musulmans qui ont les moyens. Celui qui survient au besoin de sa famille et a des économies doit les sortir pour acheter ce mouton quel que soit son prix, pour l'immoler pour Dieu. C'est une obligation. Mais celui qui n’a pas les moyens et qui se trouve dans le besoin peut s’en passer. Il ne faut pas s’endetter pour dire qu’on veut immoler une bête à Dieu. Parce que Dieu ne nous crée pas des problèmes, il nous offre plutôt des solutions.
Sous quel signe alors sera placé la fête de la Tabaski cette année ?
Cette fête représente pour nous les musulmans, un lien avec notre prophète Abraham à qui Dieu a dit d’immoler son fils Ismaël. Et au moment où ils étaient prêts, le fils pour être sacrifié et le père pour faire l’offrande, Dieu, à la dernière minute, quand il a vu vraiment que les deux sont des fidèles en ce moment, il a échangé l’enfant contre une bête. Donc mon message à la communauté sera de remercier le gouvernement pour l’organisation réussie du Hadj 2012. La grande partie est allée au Hadj dans de bonnes conditions et tout le monde en remercie le gouvernement et implore Dieu à l’aider à en faire davantage. Ceux qui pensent que le gouvernement a tort de s’ingérer dans des actes religieux, je leur dit non! Il faut distinguer les actes purement religieux qui s’organisent à la Mecque et l’organisation d’un pèlerinage qui n’est pas un acte religieux. Donc le gouvernement en tant que responsable de la population a le droit de s’en mêler et de s’impliquer.
Impressions de quelques fidèles musulmans
Chakirou Ayilou : Muézin à la Mosquée de Cadjèhoun
Une célébration héritée
La fête de la Tabaski, c’est d’abord une pratique de nos aïeux. C’est une sunna du prophète Abraham révélée au dernier prophète, Mohamed. Les musulmans doivent se souvenir de cette pratique. Car, la Tabaski est une fête héritée. Elle est aussi une action de grâce et de remerciement à Dieu. En effet, du fait de sa miséricorde, Allah le miséricordieux a épargné le fils aîné du prophète Abraham (Ismaël) du sacrifice, pour accepter un bélier qu’il lui a offert en lieu et place.
Le mouton, je ne l’ai pas encore acheté. J’attends le dernier moment. Mais ce n’est pas une obligation quand on manque de moyens. Le fidèle musulman achète ce dont il a la capacité. A la fin du sacrifice, les récompenses sont proportionnelles au nombre de poils que porte la bête tuée.
Zariatou Atanda née Taïrou : Vendeuse
Une fête familiale
La célébration de la fête de la Tabaski est une mission que nous accomplissons tous les ans. Elle nous réjouit parce qu’elle rassemble toute la famille. Par exemple, les membres de la famille qui sont à l'extérieur, font l’effort de marquer de leur présence ce jour-là.
J’ai déjà acheté un mouton. Il a coûté 120 000FCFA. En posant ce geste, la rétribution est énorme.
Sanguirou Moumouni : Commerçant
Expression de la foi
La Tabaski est une fête pour tous les musulmans. Elle a été consacrée depuis Abraham à qui Dieu a demandé de lui sacrifier son fils, Dieu voulait éprouver sa foi. Serait-il capable de lui sacrifier Ismaël ? C'est ce rite que nous continuons.
J'ai commandé cinq moutons depuis Parakou à 600.000FCFA et qui sont déjà là. Seul Dieu accorde la récompense qui lui plaît au fidèle musulman qui immole le mouton. Mais le plus important de cette fête, ce n'est ni le sang du mouton versé, ni la viande du mouton. L'essentiel, c'est la foi qu’on a, en faisant le sacrifice.
Fait partie de Ibrahim Ousmane Imam de la mosquée centrale de Cotonou (Jonquet) : "Il ne faut pas s'endetter pour immoler une bête à Dieu"