Article
Pèlerinage à la Mecque (Hadj 2005) / El Hadj Touré Mamadou, Coordonnateur de la CIOP : "Ce n'est pas parce que nous sommes douze que nous avons tort"
- Titre
- Pèlerinage à la Mecque (Hadj 2005) / El Hadj Touré Mamadou, Coordonnateur de la CIOP : "Ce n'est pas parce que nous sommes douze que nous avons tort"
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Sindou Cissé
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 8 décembre 2004
- DescriptionAI
- La Conférence Islamique pour l'Organisation des Pèlerinages (CIOP) a été créée par seize associations, à l'initiative du ministre des Cultes, pour regrouper les efforts et assurer une organisation plus transparente et honnête du pèlerinage. Un désaccord majeur est survenu avec le ministère concernant le choix du transporteur pour le Hadj, Air Universal, sélectionné sans appel d'offres et à un prix plus élevé (715 000 FCFA contre 650 000 FCFA pour des alternatives). Douze associations, dont la CIOP, dénoncent l'opacité du processus, les irrégularités de signature du contrat et une dette inexpliquée de 87 millions FCFA de l'année précédente. Elles ont choisi de s'organiser indépendamment avec une autre compagnie pour offrir un coût réduit aux pèlerins et prendre en charge ceux n'ayant pas pu voyager l'année dernière, privilégiant la transparence et l'intérêt des pèlerins.
- Sujet
- Hadj
- Conférence Islamique pour l'Organisation des Pèlerinages
- Conseil National Islamique
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Ibrahim Binaté
- Bema Fofana
- Conseil Supérieur Islamique
- Conflit
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011360
- contenu
-
Depuis quand existe la CIOP, et qu'est-ce qui a motivé sa création ?
La conférence islamique pour l'Organisation des pèlerinages est née du souci exprimé dans le cahier de charges donné à chaque association islamique donc du souci exprimé par le ministre des Cultes de voir les associations se regrouper, afin de remplir un certain nombre de conditions, telles que les conditions de cent pèlerins. Mais au-delà de ce souci de regroupement en une d'obtenir un grand nombre de pèlerins, notre objectif était de voir l'organisation du pèlerinage sous des formes un peu plus honnêtes. Ce qui ne veut pas dire que la forme préconisée par d'autres est malhonnête, mais nous voulons un peu plus de transparence. Nous étions seize associations au départ dont l'Association de M. Ibrahima Doumbia président actuel de la commission Transport du Hadj 2005.
Qu'est-ce qui vous a amenés à vous détourner de la compagnie officiellement choisie pour le transport des pèlerins ivoiriens cette année.
Il y a eu une opacité dans le choix du transporteur. Le ministre l'année dernière a choisi Air Universal. Ce n'était pas les associations, mais bien le ministère. Et on nous a fait entériner le choix. Pourtant, Air Universal avait été rejeté par l'appel d'offre. Mais, je n'ai pas grande chose à leur reprocher quant à la gestion du transport l'année dernière ( ) Nous acceptons ce qui s'est passé l'année dernière. Mais où nous ne sommes pas du tout d'accord, c'est que l'année dernière, tous nos pèlerins ont payé le voyage. Et on nous a laissé entendre que nous devons le ministère et les Associations, 87 millions de FCFA à la compagnie. Est-ce cette dette qui est la raison du choix de cette compagnie en dehors de tout appel d'offre ? Je ne sais pas.
Vous a-t-on donné l'origine de la dette ?
On ne nous l'a pas dit.
Est-cela qui vous a fait partir ?
Ce n'est pas le problème de la dette qui nous a fait partir, mais plutôt la méthode du choix de compagnie et de fixation du prix du transport. Nous avions trois propositions de prix dont deux à 650 mille FCFA et une à 715 mille FCFA.
Malheureusement, c'est la compagnie de 715 mille qui a été retenue. Pour quelle raison ? Je n'en sais rien. Le choix que nous, nous avons fait est porté sur une compagnie qui a un accord de partenariat avec une compagnie nationale. C'est la compagnie Al Ravia qui est bien connue en Arabie Saoudite et qui propose 650 mille par pèlerin. Ce qui fait 65 mille de moins que les 715 mille que propose Air Universal. Ces 65mille reviennent au pèlerin. En plus, au lieu de 650 mille, les associations qui envoient des pèlerins payent 625 000, soit une remise de 25 000 FCFA.
Comment s'est fait le choix de Air Universal ?
Le jour du choix de la compagnie de la Compagnie Air Universal, les commissaires des associations ont été convoquées pour une réunion extraordinaire. L'ordre du jour n'avait pas été précisé. A cette réunion, on a parlé de banques. Les banquiers étaient présents. La Banque omni finance était présente, de même que des agents de Air Universal. Un moment, le Directeur commercial de la compagnie, M. Coulibaly est venu pour prendre le contrat de transport signé. Les gens ont voulu poser des questions et il a dit qu'il n'était venu que pour prendre un document estimant qu'il n'y avait plus de discussions à faire sur la question. Le président de la Commission transport, M. Doumbia a réclamé la feuille de contrat, l'a signé et y a apposé son cachet. Mais ce qui s'est passé et qui est grave en matière de signature de contrat, c'est que Air Universal n'a pas signé séance tenante. Ses représentants ont pris le document signé par la Commission Transport en disant qu'ils partaient le voter pour affirmer un certain nombre de termes. Pour moi, cela annule le contrat. Cela montre qu'il y a anguille sous roche. On m'a même laissé entendre que ce contrat comporte un montant qui n'est pas le même que le montant annoncé. Ce sont des choses à vérifier.
La compagnie a été finalement choisie !
Oui. Mais avant qu'elle ne soit choisie, nous avons écrit au ministère des Cultes pour lui signifier que les commissaires des associations n'étaient pas habiletés à prendre des décisions. Leur rôle était seulement technique pour ensuite informer les présidents d'associations qui seuls peuvent prendre les décisions.
Quelle était la règle établie au départ ?
Il y a deux choses : le principe de l'appel d'offre qui n'a pas été respectée. Deuxièmement, les commissaires n'avaient pas autorité de leurs présidents pour prendre la décision du choix d'une compagnie. C'est aux présidents que revenaient les prises de décisions.
Est-ce que les présidents des associations se sont plaint?
En tant cas, nous les douze associations, nous ne sommes pas partant pour cette formule.
Mais n'êtes que douze sur vingt-neuf association.
Douze c'est beaucoup.
Mais, c'est une minorité
Mais, les autres sont combien ?
Dix-sept
Ce n'est parce que nous sommes douze que nous avons tort. Comme je vous l'ai dit dans la forme de signature du contrat, il y a un vice. Le conseiller du ministre Binaté Ibrahim dit que nous avons signé un procès verbal. Mais, il n' y avait pas de PV. Il y avait un PV, chaque association devrait en recevoir une copie, surtout qu'il s'agit d'une affaire aussi importante que la signature d'un contrat de transport.
Mais avant de vous retirer est-ce que vous avez réellement posé ces problèmes ?
Dans une lettre adressée au ministre des Cultes la date du 8 novembre 2004, nous avons fait beaucoup de réclamation. Nous avons fait dans cette lettre référence à une autre du 23 septembre dans laquelle nous disions bien au ministre que les commissaires ne devaient pas prendre des décisions.
Vous avez fait votre propre choix. Ne pensez-vous pas qu'il fallait éviter cela et préserver l'harmonie recherchée au sein de la communauté musulmane ?
Notre souci a toujours été de préserver l'unité. J'ai dit d'ailleurs à la Télévision que nous avons bien apprécié le fait que le ministre ait permis l'année dernière à tous les membres de la famille musulmane d'être ensemble à la Mecque. Il n' y avait ni CNI (Conseil national islamique, ndlr) ni CSI (Conseil supérieur islamique), etc, nous étions tous dans un même bloc. On avait mis en place une organisation parfaite. Nous voulons être transparence.
Vous voulez dire que vous ne seriez pas partis si le contrat avait été signé autrement ?
S'il y avait eu un appel d'offre, si on avait discuté comme cela se fait dans un appel d'offre, nous ne serions pas partis. Parce qu'il y avait cinq dossiers. J'entends dire que la compagnie Ivoire Airways que nous avons aussi choisie n'a pas de siège, ce qui n'est pas vraie. Cette compagnie a bel et bien son siège au Plateau.
Donc si les règles d'un appel d'offre avaient été choisie, Air Universal n'aurait pas été choisi.
Cette compagnie offre quand même beaucoup de garantie. C'est elle qui a transporté les pèlerins l'année dernière et très bien d'ailleurs ?
Toutes les compagnies présentent des garanties. Si c'est les garanties techniques, tout le monde en présente.
Combien coûte le pèlerinage avec vous ?
Nous avons fait une réunion où il a été décidé de ne pas le coût de l'année dernière soit la somme de 1,5 millions de FCFA. Le coût n'est pas le problème. Mais c'est sa répartition qui pose problème. Tout le monde fait 1,5 million. Quant à nous, nous n'exigeons pas quelque montant que ce soit comme pécule. C'est la différence dans la repartition qui laisse 100 mille francs d'une part à nos pèlerins et 50 mille d'autre part de l'autre groupe. Cette différence provit du prix de transport aérien qui est de 650mille chez nous et 715 mille ailleurs. Toutefois, les autres frais sont les mêmes partout à savoir les frais d'encadrement,les frais d'organisation,le transport inter urbain en Arabie Saoudite, les taxes saoudiennes, les frais de logement, nos pèlerins logeront dans les mêmes bâtiments que, ceux des autres.
Etes-vous sûrs qu'en allant de votre côté vous pouvez transporter les pèlerins sans qu'on assiste aux mêmes des agréments que ceux de l'an dernier.
Nous allons transporter tous nos pèlerins y compris ceux qui n'ont pas pu effectuer le voyage l'an dernier.
Bema Fofana avait donné les mêmes garanties et tout le monde sait ce qui s'est passé ses pèlerins n'ont pas eu d'avions.
Je n'étais pas avec lui donc je ne peux pas savoir. Ce que je sais est qu'il avait tous les papiers qu'il faut pour organiser les voyages et que les pèlerins avaient versé leurs frais de voyage. Mais les avions de M. Bema Fofana ne sont pas venus. Il y a à cela une raison que je ne vais pas vous dire.
Quel est le point de l'enregistrement de vos pèlerins ?
Il y a quelques jours encore, nous étions à un peu plus de six cent pèlerins y compris les 362 pèlerins n'ayant pas pu effectuer le voyage l'année dernière.
Ces 362 personnes sont - ce vos pèlerins ?
Ce sont nos pèlerins puisque nous les transportons et les encadrons. Certains des associations qui les avaient enregistrés sont avec nous.
Il semble que vous ne voulez pas déposer les dossiers de vos pèlerins là où il le faut, c'est-à-dire à Omni finance.
C'est parce que nous sommes en négociation pour éviter les tracasseries administratives. Mais, nous le ferons dès demain (mardi 7 décembre 2004, ndlr).
Vous avez un dernier mot.
Nous souhaitons une entente sur la base de l'intérêt général du pèlerin.
