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Nuit du destin / Paix et réconciliation nationale : les recettes du professeur Tariq Ramadan
- Titre
- Nuit du destin / Paix et réconciliation nationale : les recettes du professeur Tariq Ramadan
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Coulibaly Zoumana
- Editeur
-
Le Jour Plus
- Date
- 29 août 2011
- DescriptionAI
- Le professeur Tariq Ramadan a présenté ses propositions pour la paix et la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire lors du Mega Qadr 2011. Il a détaillé cinq conditions clés : la réconciliation intime avec soi-même, l'autocritique, l'élimination des défauts par les qualités, la sincérité, et l'effort individuel pour un changement collectif. La conférence a également souligné l'importance de la justice pour les crimes et l'acceptation de la diversité.
- pages
- 8
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Tariq Ramadan
- Aboubacar Fofana
- Mahomet
- Alassane Ouattara
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Réconciliation
- Paix
- Djihad
- Justice
- Jeûne
- Front de la Oumat Islamique
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0011088
- contenu
-
Nuit du destin / Paix et réconciliation nationale
Les recettes du professeur Tariq Ramadan
La réconciliation intime, l'autocritique, l'élimination en soi de ses défauts, la sincérité... Voilà, entre autres, les propositions faites par le professeur Tariq Ramadan aux Ivoiriens pour la paix et la réconciliation nationale. Ce professeur dont le mérite est reconnu au plan international a partagé ces enseignements dans la nuit de vendredi à samedi dernier avec le nombreux public venu l'écouter. Lors de la conférence qu'il a prononcée sur le thème : « Nuit du destin, nuit de paix et de réconciliation ». L'Eminent homme de Dieu l'invité spécial du Conseil supérieur des imams (COSIM) dans le cadre du Mega Qadr 2011.
Musulmans et non musulmans ont effectué nombreux, dans la nuit de vendredi à samedi dernier le déplacement au Parc des Sports de Treichville pour assister au Mega kadr 2011 initié par le Conseil supérieur des imams (COSIM). Avec pour invité spécial, le bouillant Tariq Ramadan. Arrivé sur le lieu de la cérémonie peu avant 22h en compagnie du cheick Boikary Fofana, l'hôte de la Côte d'Ivoire a été accueilli dans la ferveur au rythme des chants liturgiques. Après les bénédictions faites par l'imam Youssouf Bamba, la série des allocutions démarre. Le cheick Boikary Fofana a traduit la reconnaissance de la communauté musulmane à l'hôte du jour. Par la suite, il a invité chacun des habitants de notre pays à prendre son bâton de pèlerin en vue de semer le grain de la réconciliation. Et ce, conformément aux prescriptions des livres révélés. Il est 22h 50 mn lorsque le professeur Tariq Ramadan monte au pupitre. « La vie du prophète Mohammed (PSL) a été basée sur la paix », a expliqué d'entrée, Tariq Ramadan. Le livre saint recommande que l'on soit en paix avec autrui, avec la nature pour être finalement en paix avec Dieu. A l'en croire, en islam, il faut avancer et mener d'abord la réflexion autour de la question de la réconciliation. Cinq conditions sont à remplir pour aboutir à cette paix. La première est relative à la réconciliation intime. Il faut d'abord se réconcilier avec soi-même. Parce que tout commence par la réconciliation personnelle. Chaque être humain a en lui une dimension du bien et du pire. Il doit pouvoir les réconcilier. « Si tu veux te réconcilier, ne pleure pas, lève-toi comme un être digne », a-t-il relevé. Et de réaliser que chacun sera mis à l'épreuve. La Jihad n'est pas la guerre sainte, mais elle revient plutôt à résister au mal et à promouvoir le bien. La Jihad, c'est la voix de la réconciliation avec soi-même pour la paix, ajoute-t-il. On fait la réconciliation en se faisant confiance. Et la première dimension pour se faire confiance, c'est la foi. La confiance en soi est importante. La deuxième condition de la réconciliation, c'est l'autocritique. Durant la nuit du destin, l'homme ne s'oublie pas, il fait des invocations. « Il n'y a pas de réconciliation possible si nous ne nous faisons pas d'autocritique », relève le conférencier. La troisième condition, pour la réconciliation, consiste à utiliser ses qualités pour éliminer ses défauts. « Dans la réconciliation, si nous voulons aller à la paix, si on a un peu de générosité, prenons-la et enlevons en nous la méchanceté. Et utilisons nos qualités », propose Tariq Ramadan.
Les populations sont sorties nombreuses pour écouter Tariq Ramadan
Selon qui certaines personnes sont coléreuses, d'autres égoïstes. Il y en a qui battent leur femme. Alors que le meilleur des modèles n'a jamais battu sa femme, a-t-il insinué. Dans le même élan, il a déploré le fait que certains n'aient pas de respect pour leurs parents. D'aucuns font des discriminations. « Ce n'est pas acceptable », conclut-il. Et de rappeler l'enseignement selon lequel, il faut utiliser ses qualités pour reformer ses défauts. L'homme doit dire des paroles douces et être patient. Le changement n'est pas chose facile. Il faut de la patience et la persévérance. « Vous allez agir contre vous-même, ayez la force de la patience, de la persévérance », avertit le bouillant Tariq Ramadan. La quatrième condition de la réconciliation, c'est le fait de se souvenir que quand nous sommes sincères, Dieu efface nos péchés. « Chaque fois que tu retournes vers Dieu avec sincérité, les péchés deviennent du passé. Ta page devient blanche, fait savoir l'éminent de Théologie. Pour lui, la personne qui sait et veut le peut. « Soyez toujours serein et demandez à Dieu d'effacer votre passé », recommande-t-il. La cinquième condition pour la paix et la réconciliation, consiste en ce que chacun fasse l'effort de changer pour que la collectivité change également. Les uns et les autres doivent rendre leur foi visible. Le professeur Tariq justifie cette position par le fait que certains jeûnent sans qu'on ne le voie. « Le jeûne, c'est une école du calme alors qu'on voit certaines personnes qui s'énervent à tout moment. « Il ne doit jamais y avoir d'excès, même dans la religion. Le jeûne se fait dans le calme, pas dans la nervosité », fait remarquer le théologien. Pour qui, le musulman qui observe le jeûne doit être un modèle. Dans ce registre, il fait savoir qu'il est interdit moralement d'être vulgaire. « Que celui qui croit en Dieu et au jour du jugement dernier se taise ». Diverses autres qualités sont requises pour parvenir à une réconciliation. Il faut plus de générosité. Et quand vous donnez, n'attendez rien en retour », a-t-il enseigné à ses coreligionnaires et aux nombreux autres invités. « Occupez-vous des pauvres, c'est vous occuper de vous-même. Prônez la fraternité, engagez vous dans ce sens et dites à celui que vous aimez que vous l'aimez », a ajouté le conférencier. Qui plaide en faveur du respect de tous, enfants, frères, parents. D'autres dimensions peuvent contribuer à la réconciliation. Il s'agit, entre autres, de la maîtrise de la colère, la purification par les pleurs, de la clarté dans la justice. Une justice où tous les hommes et les femmes sont traités également. Pour aboutir à la réconciliation, la loi doit être la même pour tous dans l'égalité des droits. Et au nom de l'Etat de droit, chacun doit accepter la diversité à tous les niveaux. Dans la langue, la religion, l'ethnie, etc. « Nous sommes tous égaux et ne permettez pas qu'un homme religieux utilise la religion pour vous diviser », conseille-t-il. Relativement à l'actualité, il a reconnu qu'en Côte d'Ivoire, il y a eu des dérapages ; mais que, fort heureusement, les leaders religieux ont été vigilants et on appelé à l'apaisement.
Pour ceux qui ont commis des crimes, il a demandé que justice soit rendue. Car, relève-t-il, la justice est bonne pour les coupables. « Pour ceux que la justice arrête, il y a la voie de la rédemption ». Et de terminer en disant que la justice aide les coupables à payer pour leur faute. Nul n'a été épargné. Au détenteur du pouvoir exécutif, il a également donné des conseils. « Au bout de toute présidence, il y a une présidence qui dépasse toutes les autres. Vous parlez toujours de réconciliation, de pacification, il faut être sérieux avec ça », a-t-il lancé à l'endroit du président de la République, Alassane Ouattara. Avant de lui signifier qu'il doit certes remercier les pays occidentaux avec en tête la France mais qu'il n'a de dette envers personne. « Vous êtes autonome », lui a-t-il fait savoir.
COULIBALY ZOUMANA


