Article
Litige commercial autour du Hadj 2003 : Musgrove bloque un avion de Mali Airways
- Titre
- Litige commercial autour du Hadj 2003 : Musgrove bloque un avion de Mali Airways
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Stanislas Djama
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 11 mars 2003
- DescriptionAI
- Un avion de la compagnie belge Electra, affrété par Mali Airways SA pour le transport de pèlerins ivoiriens, a été immobilisé à Abidjan suite à une plainte de l'agence Musgrove et Watson. Cette dernière accuse Mali Airways d'arnaque et de rupture de contrat, ayant entraîné un retard de neuf jours pour le retour des pèlerins de La Mecque, car Mali Airways n'aurait pas payé Electra pour le vol retour. Musgrove a dû payer directement pour assurer le rapatriement et réclame désormais le remboursement des sommes surfacturées et des dépenses supplémentaires, tandis que Mali Airways affirme que Musgrove n'avait pas réglé le voyage retour.
- Sujet
- Comité National pour l'Organisation du Pèlerinage à la Mecque (CI)
- Hadj
- Air Afrique
- Justice
- Conflit
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0010774
- contenu
-
L'avion qui a transporté les derniers pèlerins ivoiriens en provenance de la mecque a été cloué au sol à Abidjan, a-t-on appris hier auprès de la Direction de l'agence de voyage «Musgrove et Watson» auteur de la plainte qui a abouti à cette décision. Arrivé à Abidjan le samedi 08 mars à 19 h 25 mn, l'avion n'est plus réparti. Des huissiers ont signifié la décision de la justice ivoirienne au Commandant qui n'a eu d'autre choix que de s'exécuter. L'avion cloué au sol appartient à la compagnie Belge «Electra». Il a été affreté pour le transport des pélérins par la compagnie «Mali Airways SA», partenaire de l'agence Musgrove et Watson pour l'organisation dudit voyage.
A l'origine du verdict du procureur de la République de Côte d'Ivoire se trouve un conflit qui a éclaté entre les deux partenaires. Selon le responsable de l'agence Musgrove, M. Samuel N'Guetta et ses collaborateurs que nous avons rencontrés, la compagnie Mali Airways s'est rendue coupable d'une «arnaque» et de violation du contrat qui la liait à leur agence. Tout commence le 21 janvier 2003 lorsque les structures d'organisation du Hadj 2003 pressées par le temps, ont recours à l'agence Musgrove pour trouver un avion. Ce choix se justifie par l'absence de la défunte Air Afrique et le désistement des compagnies régulières comme Ethiopian Air Lines, MEA etc qui ont momentannément abandonné la destination ivoirienne. Les pèlerins regroupés autour des organisations islamiques CNOPM, Oumma Islamique, CID etc ont versé, chacun, 620 mille francs pour payer leur voyage. Ils sont au nombre de 713 personnes. Soit un montant total de 442.060.000 Fcfa versé «intégralement» à l'agence Musgrove selon les responsables des structures islamiques.
L'agence Musgrove qui, habituellement, disposait à souhait des avions de la compagnie Euralair n'a pas pu compter sur l'appui de cette dernière. Elle a donc conclu un contrat avec la compagnie Mali Airways pour louer un vol charter pour le transport des pélerins ivoiriens. «Nos avions d'autant plus confiance en Mali Airways que cette compagnie a organisé le «hady au Mali». Nous nous sommes dit que c'est le partenaire d'expérience qu'il nous faut», explique le responsable de Musgrove. Le contrat est donc signé. Respectivement le 23 janvier 2003 et le 10 février 2002 Musgrove verse à Mali Airways SA pour le départ et l'arrivée des pélérins, les sommes de 59.500 euro (départ) et 127.500 euro (arrivée) soit un total de 246.500 euro (cent soixante et un millions six cent quatre-vingt treize mille quatre cents Fcfa environ). Le contrat stipule en plus que les frais de carburant, taxes de survols, taxes saoudiennes, assistance au sol etc sont à la charge de Musgrove. Mali Airways qui devait simplement affréter l'avion a reconnu le vol charter de la compagnie Belge Electra. Si au départ des pélérins tout s'est relativement bien passé, c'est le retour qui sera à la base de la discorde.
Prévu le jeudi 27 février 2003 le retour des pélérins accuse le neuf jours de retard. Ils restent bloqués à l'aéroport de Djeddah jusqu'au jeudi 06 mars 2003, Cette «punition» infligée aux pélerins qui «sont restés dans le froid», s'explique, selon Musgrove, par une arnaque de Mali Airways. «Le jeudi 27 février, nous avions tout bouclé. Electra nous avait rassuré de l'imminence de leur décollage de Bruxelles pour Djeddah où elle devrait transporter nos pelerins. Notre surprise fut grande lorsque le vendredi 28 à 00 h 30 mn nous apprenons que l'avion n'est pas arrivé à Djéddah. Nos pélérins avaient déjà été enregistrés et attendaient. Nous avons appelé notre partenaire Mali Airways pour comprendre ce qui s'était passé. Le patron, M. Jacques Zghinou nous a longuement fait tourner en bourrique avant de dire que nous restons lui devoir cinq millions de Fcfa. Sans justification», indiquent les responsables de Musgrove Selon eux, pour montrer leur bonne foi ils auraient accepté de payer bien que l'article 411 du contrat désigné sous le titre «la réconciliation» interdisait à Mali Airways de facturer d'autres charges au cours de l'exécution du contrat. Elle devrait attendre d'établir un décompte à la fin des heures de vols prévus (58 heures au total) pour proposer un réajustement de sa rémunération avec des preuves à l'appui. Musgrove estime donc que son partenaire n'avait aucune raison de suspendre les vols.
Selon M. Pré-Kouadio responsable commercial de Musgrove, Mali Airways n'est pas venu se faire payer comme prévu et n'a pas non plus autorisé les vols. Ce n'est que plustard, poursuit-il, que Musgrove apprendra que son partenaire n'avait pas payé le voyage retour (127.500 euro) à Electra qui a refusé de faire décoller ses avions. Mali Airways aurait également présenté à son partenaire «des charges de carburant, de taxes de survol surfacturées etc». Quand aux pélérins, ils sont restés à Djéddah jusqu'au jeudi 06 février pour que les autorités saoudiennes puisent dans la caution versée auprès d'eux par Musgrove (82 millions de Fcfa) afin d'affreter un vol charter pour le retour de la première vague des pélerins. Une facture a été présentée à Musgrove qui a payé pour que Mali Airways, puisse à son tour, payer Electra. La Compagnie belge a donc effectué le vol pour le transport retour de la dernière vague des pélerins rentrés à Abidjan le samedi dernier à 19 h 35 mn. C'est donc depuis le samedi dernier que le vol de Electra est resté cloué au sol. Musgrove soutient avoir saisi le Procureur de la République et Interpool. «Nos avocats sont à l'oeuvre pour que Mali Airways nous rembourse les charges surfacturées et les dépenses supplémentaires qu'elle a occasionnées en refusant d'exécuter le contrat. L'avion restera cloué au sol jusqu'à ce que justice soit faite», indique-t-on à Musgrove. Un émissaire du Directeur régional de Mali Airways qui a requis l'anonymat a estimé que c'est plutôt Mali Airways qui a été victime d'une «arnaque».
Pour lui, Musgrove n'avait en fait jamais versé à son partenaire les frais du voyage retour. L'agence se serait pressée de s'exécuter sous la pression des pélérins, des autorités saoudiennes et des autorités ivoiriennes. Il a indiqué que Mali Airways est prête à répondre devant les tribunaux. Au ministère de l'Intérieur un membre du cabinet du ministre a estimé que l'essentiel a déjà été fait, «avec le retour de tous nos pèlerins». Pour lui, il appartiendra aux deux partenaires de trouver un terrain d'entente au plus vite.

