Article
Crise ivoirienne : regard croisé des musulmans et chrétiens
- Titre
- Crise ivoirienne : regard croisé des musulmans et chrétiens
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Nesmon De Laure
- Editeur
-
Le Jour Plus
- Date
- 25 mars 2009
- DescriptionAI
- La Banque Mondiale a réuni des leaders religieux chrétiens et musulmans ivoiriens, Mgr Jean Pierre Kutwa et Cheikh Aboubacar Fofana, pour discuter des perspectives de sortie de crise et de cohésion sociale durable. Mgr Kutwa a mis en garde contre une élection précipitée qui mènerait au chaos, insistant sur la vérité et la responsabilité de la Commission électorale. Cheikh Fofana a souligné la nécessité d'éliminer les causes profondes du conflit, comme l'ivoirité et la corruption, et de restaurer la confiance entre Ivoiriens via un nouveau contrat social.
- pages
- 1
- 6
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Aboubacar Fofana
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Commission Électorale Indépendante
- Élections
- Crise
- Ivoirité
- Politique
- Développement
- Pauvreté
- Tribalisme
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0010761
- contenu
-
Chrétiens et musulmans face aux élections
Cheick Aboubacar Fofana s'attaque à l'ivoirité
» Mgr Jean Pierre Kutwa : « Une élection précipitée entraînera le pays dans le chaos »
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Crise ivoirienne
Regard croisé des musulmans et chrétiens
La Banque mondiale a mis face à face, hier les leaders religieux, chrétiens et musulmans. Notamment Monseigneur Jean Pierre Kutwa (archevêque d’Abidjan) et Aboubacar Fofana (Conseil supérieur des imams). Ils ont développé leurs perspectives pour une sortie de crise et une cohésion sociale durables en Côte d’Ivoire.
Convaincue que les leaders religieux sont des acteurs clés dans le développement des sociétés, la Banque mondiale a décidé de tenir compte de leurs expériences sur le terrain. Ainsi, Monseigneur Jean Pierre Kutwa (archevêque d’Abidjan) et Aboubacar Fofana (Conseil supérieur des imams) étaient les deux invités du forum d’échange, hier. Sur le thème « perspectives des leaders religieux pour une sortie de crise et une cohésion sociale durable en Côte d’Ivoire. » « La société civile dont vous faites partie joue un rôle désormais incontournable dans les débats sur les politiques de développement. Vous êtes très écoutés et vos avis sont attendus. De même que votre grande influence sur les mentalités, les comportements et les valeurs n’est plus à démontrer », a indiqué d’entrée de jeu le directeur des opérations de la Banque Mondiale à Abidjan, Madani Tall.
« UNE ÉLECTION PRÉCIPITÉE ENTRAÎNERA LE PAYS DANS LE CHAOS »
Monseigneur Jean Pierre Kutwa, a indiqué que le débat national au cours de ces dernières années s’est enlisé dans les querelles de personnes et les problèmes individuels au détriment de l’intérêt supérieur de la nation. Selon lui, les maux aigus de la société ivoirienne actuelle sont entre autres insécurité et banditisme politique, chômage et pauvreté accrue, corruption, mensonge et ethnocentrisme etc. Pis ajoute t-il, «malgré les avancées notables acquises avec l’accord politique de Ouagadougou, tout le monde s’inquiète et s’interroge quant à la date des élections. » Comme proposition pour une cohésion sociale durable, l’homme de Dieu estime qu’un devoir de vérité s’impose à tous de manière particulière. « En Côte d’Ivoire on cultive le mensonge. Trop de mensonges faussent le débat politique. La duplicité et le non respect de la parole donnée minent la concrétisation de nos engagements. Mensonges et demi vérités jalonnent les discours », déplore l’archevêque Kutwa. Pour qui il faut également un devoir de liberté d’amour et de justice. « L’Ivoirien doit accepter de se libérer de la cupidité de l’argent et de la soif du pouvoir. Le pouvoir est, devoir pour servir et non pour se servir. Et cela nos politiciens doivent le savoir et l’admettre une fois pour toutes. » A propos des élections, l’homme de Dieu estime qu’il ne faut pas y aller pour y aller. « Devant les contestations persistantes qui font état d’usage de « faux » et de « truquage » dans les enrôlements, il serait bon que la Commission électorale Indépendante (Cei) assume ses responsabilités en prenant des dispositions justes et audacieuses pour garantir la démocratie et permettre au peuple ivoirien d’exercer sa souveraineté. Tant que ces dispositions ne seront pas prises, une élection précipitée entraînerait le pays dans le chaos » a prévenu l’archevêque d’Abidjan.
« IL FAUT D’ABORD ÉLIMINER LES CAUSES DU CONFLIT POUR INSTAURER LA PAIX »
Le Cheikh Al Aîmat, Aboubacar Fofana, président du conseil supérieur des Imams pour sa part, est revenu sur les origines de la crise. Il a fait un tour d’horizon de la crise identitaire, morale et les effets de l’ivoirité sur la cohésion sociale. Aussi, s’est-il appesanti sur les limites du processus démocratique (aspects confligènes de la loi fondamentale, les problèmes nés du code électoral), les querelles autour du foncier, la montée de la corruption et de l’impunité. Sans oublier le tribalisme dans l’administration publique. Au regard de ces réalités, l’homme de Dieu tranche : « Pour nous, l’instauration de la paix n’est pas seulement cessation du conflit armé, mais plutôt élimination des causes du conflit ». Pour arriver à cela, le président du Conseil supérieur des Imams met en exergue la nécessité de réconcilier les Ivoiriens et de rétablir la confiance entre eux. A travers un nouveau contrat social sous la forme d’un projet de société. « Il faut redonner le goût du travail aux Ivoiriens en réhabilitant le mérite. Il faut résoudre les questions épineuses (exemple du foncier rural, de la laïcité de l’Etat, de l’immigration) dans le sens d’une meilleure intégration de toutes les forces vives de la nation. Sans oublier de promouvoir une spiritualité saine », préconise l’homme de Dieu. Selon lui il est capital « de propager l’amour au sein de la société, de solliciter le pardon et accepter le pardon malgré les offenses et les injustices. Et d’assainir la justice et l’équité dans les rapports interpersonnels. » La banque mondiale, initiatrice de la rencontre aux termes des échanges a marqué sa ferme volonté de faire plus à moyen et long termes pour accompagner la Côte d’Ivoire sur le chemin du développement. Afin qu’elle retrouve sa place de leader dans la sous région.
NESMON DE LAURE

