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Jacob Ediémou Blin pour la paix en 2005 : "Ce que je recommande à Gbabgo, Bédié et ADO"
- Titre
- Jacob Ediémou Blin pour la paix en 2005 : "Ce que je recommande à Gbabgo, Bédié et ADO"
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Le Jour Plus
- Date
- 8 janvier 2005
- DescriptionAI
- En 2005, le pasteur Jacob Ediémou Blin, président du Forum des confessions religieuses, expose ses recommandations pour le retour de la paix en Côte d'Ivoire. Il appelle à l'unité et à la réconciliation entre les principaux acteurs politiques, dont Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, soulignant le rôle central de Dieu et des guides religieux dans la résolution de la crise. L'entretien insiste sur la nécessité pour les leaders politiques d'écouter la parole divine et de semer la paix, tout en évoquant l'importance du soutien de la France et des entreprises pour la stabilité du pays.
- pages
- 5
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Ediémou Blin Jacob
- Laurent Gbagbo
- Henri Konan Bédié
- Alassane Ouattara
- Félix Houphouët-Boigny
- Émile Boga Doudou
- Forum des confessions religieuses
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Parti Démocratique de Côte d'Ivoire
- Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest
- Paix
- Conflit
- Politique
- Réconciliation
- Crise
- Guerre
- Spiritualité
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0010533
- contenu
-
Jacob Ediémou Blin pour la paix en 2005
“Ce que je recommande à Gbagbo, Bédié et ADO”
Le président du Forum des confessions religieuses, le pasteur Jacob Ediémou Blin trace dans cet entretien les sillons du retour à la paix en Côte d'Ivoire. Tout en levant un coin de voile sur ses recommandations aux principaux acteurs politiques de la vie nationale que sont les présidents Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, Ediémou livre ses espérances pour le retour de la paix en 2005. Interview.
Une année meurt, une autre naît. En ce début d'année quels sont vos vœux à l'endroit des populations et de la Côte d'Ivoire qui souffrent depuis quelque temps ?
Nous rendons gloire à Dieu. Nous lui disons merci pour tous ses bienfaits. Grâce à sa bonté, nous avons vu l'an 2005. Notre seule prière, nous lui demandons de toucher le cœur de tous les Ivoiriens afin que la Côte d'Ivoire soit unifiée. Que les gens vivent dans cette Côte d'Ivoire comme de vrais parents qui ont un seul père “Dieu” et une seule mère la Côte d'Ivoire. Depuis le 19 septembre 2002 jusqu'à ce jour le pays est divisé. Nous pleurons pour que Dieu ait pitié de nous pour nous accorder la délivrance totale.
Justement parlons la crise ivoirienne les Confédérations religieuses ont prié et jeûné pour que la paix revienne. Mais elle tarde à revenir. Comment expliquez-vous cette situation sur le plan spirituel ?
Nous ne devons pas avoir la mémoire courte. Ce qui est arrivé le 26 décembre dernier en Asie n'est pas la faute d'un homme. Tout est parti en quelques fractions de secondes. Ceci n'est pas l'effet de la guerre. Si nous disons que Dieu ne nous a pas écouté, c'est faire un mauvais procès. Il faut reconnaître que jusque-là nous n'avons pas encore trouvé quelque chose de négatif comme ce qui se passe ailleurs. Nous devons faire attention. Dieu a voulu que les Ivoiriens sachent qu'il est Dieu. Cette situation a permis à tous les religieux d'être ensemble. Vous m'avez vu hier (mardi NDLR) accompagner l'iman Koudouss à l'aéroport prendre son vol pour la Mecque. Un chrétien accompagner un musulman quelques années en arrière, c'était impensable. Mais c'est à cause de la situation que nous vivions. Dieu est religieux. Il a voulu d'abord montrer sa religiosité. Nous avons tout fait et le forum des confessions religieuses, le collectif des confessions religieuses se sont retrouvés. Les églises évangéliques, les églises œuvres et missions, la conférence des églises adventistes ont intégré le forum des confessions religieuses. Vous avez vu au Soudan 20 ans de guerre entre le Nord musulman et le Sud Chrétien. C'est Dieu qui a protégé notre pays. Au commencement il y avait la guerre des religions. Dieu nous a aidés à jouer effectivement notre rôle. Nous sommes satisfait du rapprochement des religieux. Maintenant, c'est l'esprit qui compte. Le corps suivra. Le corps sans l'esprit n'est rien.
Dieu ne voulant pas nous tuer a voulu que par l'esprit tous les religieux se mettent ensemble. Grâce à Dieu le corps va bientôt se mettre ensemble avec l'esprit pour que la Côte d'Ivoire retrouve la paix véritable.
Le président du forum des confessions religieuses trace les sillons de la paix.
Lors d'un de nos entretiens dans votre bureau, vous avez soutenu que la Côte d'Ivoire possède deux bébés. L'un monstre et l'autre paix. Et qu'il appartenait aux acteurs de la crise de choisir le bébé paix. En novembre dernier, les hostilités ont repris. Peut-on croire que les protagonistes ont préféré le bébé monstre ?
Effectivement je l'ai dit. J'ai averti pour qu'on évite le bébé monstre. Comprenez que le bébé monstre a grandi. Vous avez été témoin de ce qui s'est passé en fin d'année. Nous ne voulons pas revenir en arrière. Un garçon a dit que la naissance le bébé paix était parti et le bébé monstre a regné. J'avais dit que les masques vont tomber. Aujourd'hui on découvre la vraie nature de chacun. Le Seigneur avais déjà donné le signal. Le bébé monstre est là mais Dieu a refusé qu'il détruise la Côte d'Ivoire. Il y a eu la guerre. Nul ne croyait que les armes pouvaient se taire en si peu de temps. S'il n'y avait pas la main de Dieu, les rancœurs ne se seraient pas tues. Le monstre a échoué parce que Dieu est Tout-Puissant. Le combat maléfique a été arrêté pour faire place aux fêtes de fin d'année et au voyage des pèlerins à la Mecque pour le Hadj 2005. Bouaké a vécu aussi la même ambiance. Un avion a décollé de Bouaké pour la terre sainte. Le bébé paix nous enverra dans sa puissance la paix.
A vous entendre on croirait que la paix est-là. Vos propos sont de nature à donner la joie à ceux qui souffrent. Pensez-vous déjà à la victoire du Divin sur le mal ?
Effectivement, Dieu a vaincu le mal. Je l'ai dit. L'homme reste l'homme. Ce que nous vivons est la démonstration de la puissance et de l'infinie bonté de Dieu. C'est lui seul qui a la Côte d'Ivoire en main. Je peux vous confirmer qu'en Côte d'Ivoire, il y a la paix. Pour preuve, les deux frères, le premier ministre Alassane Dramane Ouattara président du RDR et le président du PDCI-RDA Henri Konan Bédié se sont réconciliés. Où étaient-ils ? Tous au PDCI-RDA et leurs palabres ont commencé. On se connaît tous. Ces deux leaders doivent tout faire pour aller vers leur frère, le président Gbagbo pour que nous retrouvions la paix. Nous religieux, nous savons que le côté spirituel étant déjà fait, l'esprit sur le corps est là. Dieu ne veut pas que la Côte d'Ivoire meurt. Que le président de la République aille embrasser Alassane, ainsi que tous les autres. Nous pouvons réussir parce que nous avons de grands hommes en Côte d'Ivoire. Nous avons dans ce pays de grandes dames, de grands hommes religieux. Seulement chacun doit se mettre à l'écoute de la parole divine. Dieu dit ceci « malheur par qui le scandale va arriver ». Il dit aussi « Aime ton prochain, aime ton ennemi ». En Côte d'Ivoire, la famille c'est le carré. Cette année, il faut que ce carré divisé depuis 2002 se ressoude par la volonté de tous. Je pense que c'est l'aspiration profonde de tous les Ivoiriens.
Président, vous êtes des guides, les repères et les recours du peuple. Pensez-vous que depuis que vous prêchez pour la paix les politiques vous suivent ?
Nous avons dit au président de la Francophonie, Abdou Diouf que le politicien n'a pas de religion. Chaque chose à son temps dans le plan divin. Dieu a laissé faire. Mais pour son amour au peuple de Côte d'Ivoire, il nous apportera son soutien. Tous les religieux sont intervenus pour la paix dans ce pays. Si depuis lors on avait écouté les guides religieux on en serait pas là aujourd'hui. Il faut qu'on comprenne qu'un religieux, c'est celui qui est entre l'homme et Dieu. C'est la sentinelle spirituelle. Nous sommes là pour révéler ce qui doit arriver et pour conseiller la voie divine. Ce que nous vivons a été révélé il y a des années. Si la politique africaine se faisait à l'image des pays américains ou européens, nous serions heureux. Les Américains et les Européens font tout pour ne pas se battre. La politique est un match de football. Où les faux sont acceptées. Malgré les protestations les joueurs n'en viennent pas aux mains. La politique, c'est l'art d'aider les autres à être heureux. Ici en Afrique, c'est l'art de choses. La politique est devenue l'art de s'enrichir sur le dos des autres. Maintenant il faut faire un décret dans ce pays où la société civile et l'armée avertissent les acteurs politiques. « Attention vous aller au vote. Celui qui perd qu'il accepte sa défaite. Dans le cas contraire la société civile et l'armée prendront leurs responsabilités ». Ce sont des choses comme ça qui évitent l'embrasement chez les occidentaux. Les Américains, les Anglais et autres sont passés par là pour éviter la bagarre.
Les hommes de Dieu que vous êtes avez le devoir de sauver ce pays du chaos qui le menace...
Bien évidemment (sourire) D'Houphouët jusqu'à ce jour nous avons toujours milité pour la cause de la Côte d'Ivoire. J'ai enlevé mes chaussures pour ce pays parce que le prophète Oschoffa avait annoncé ce qui allait arriver à notre pays. Et il fallait qu'un Ivoirien accepte de conduire la mission du Seigneur. Ce que j'ai fait. Tout est entre mon Dieu et moi. Les hommes politiques n'écoutent pas les hommes religieux. Après Accra III si le président M'Beki n'était pas venu, nous prenions les choses en main. C'est l'action du président M'Beki qui a stoppé tout. Tout le plan était fait. Koudouss serait chargé de rencontrer le chef de l'Etat à Abidjan. Monseigneur, Ayoh irait rencontrer les pasteurs. Nielbin ou pasteur Moïse Koré. A travers le prophète Agré ou Mandjo rencontrerait le président Bédié pour son retour au catholicisme. Avant son appartenance au catholicisme, nous devrions aller à Toukouzou. Parce que Papa Nouveau avait de son vivant dit qu'il n'y aurait pas de guerre en Côte d'Ivoire. Je n'avais pas manqué de lui demander qu'en serait-il après sa mort. Voyez. Il est mort le 20 septembre 2001. Le 19 septembre 2002 la guerre éclate. Nous devons retourner pour entendre ce que les prophètes ont dit de hautes voix. Avant sa mort, j'ai été le dernier ministre de Dieu à le rencontrer. Le ministre Boga Doudou y était. Tous les leaders seraient conviés à Toukouzou. Nous profitons d'ailleurs de cette occasion pour présenter nos condoléances au chef de l'Etat qui vient de perdre son papa.
Tous les peuples sont les fils de Dieu. Depuis les événements de novembre il y a des tumultes entre la Côte d'Ivoire et la France au point que beaucoup d'entreprises ont délocalisé. Qui dit délocalisation, dit famine. Qu'y a-t-il à faire pour aplanir la situation.
Quand la guerre a commencé, ceci a été mon premier discours. Ne continuons pas. Allons voir la France. Confions-nous à la France. Elle a la situation en main. N'allons plus à la Cedeao. Allons-y vers le président Chirac pour lui dire que même si Gbagbo n'est pas RPR (Ndlr. Rassemblement pour la République, gauliste) que la Côte d'Ivoire est là. Qu'il prenne Gbagbo en main pour qu'il finisse son mandat. Nous devons revoir notre copie. Nous n'avons pas le droit de nous fâcher contre ceux qui nous ont colonisés. Il ne faut pas que la France soit en colère contre nous pour nous faire du mal. Nous les avons suivis. Nous avons bénéficié de leur éducation. Qu'ils ne nous lâchent pas maintenant. Les Français ont un devoir de nous accompagner dans la grandeur de ce qu'ils nous ont appris. Nous voulons être les vrais héritiers de la France. Ce qui est arrivé, il faut le mettre sur le compte du démon, du diable. Parce que le diable ne fait que diviser. Notre prophétie a toujours dit ceci. Il y a quatre opérations. Dieu possède deux, l'addition et la multiplication. Le diable s'est accaparé de la soustraction et de la division. Quand le diable sème la guerre il se retire pour laisser les hommes se battre. Il faut que les entreprises restent pour nous soutenir. Il faut qu'elles comprennent qu'on est ensemble pour le meilleur et pour le pire. S'il y a une crise entre les politiques, que chacun apporte sa contribution pour les amener à la raison. Les entreprises ne doivent pas nous lâcher.
Avez-vous un message à l'endroit des leaders politiques qui sont à l'origine de la crise ivoirienne ?
Chacun doit comprendre qu'on doit semer. La Côte d'Ivoire doit être unie, heureuse sous la lumière d'un Dieu unique. Chacun doit prêcher le message de paix. Que Dieu touche le cœur des leaders pourqu'ils se réveillent pour semer la graine de l'entente parce que c'est eux qui doivent faire la Côte d'Ivoire. Nous autres, sommes derrière. Qu'ils portent haut le pays, qu'ils fassent un gros effort pour se rappeler que tout est perpétuel recommencement. Recommençons tout à zéro comme si la Côte d'Ivoire venait de naître pour que main dans main nous ramenons la paix dans le pays cette année. C'est un devoir absolu. Il nous faut un nouveau départ car le 21e siècle est le siècle de la lumière. Le bilan des 5 premières années de ce millénaire n'est que guerre dans le pays. Satan a joué son rôle. C'est fini. Avec Dieu tout est possible.
INTERVIEW RÉALISÉE PAR FRÉDÉRIC KOFFI ET SEYDOU SILUÉ



