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Pèlerinage à la Mecque : "L'Etat béninois doit reprendre en mains l'organisation du Hadj"
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- Titre
- Pèlerinage à la Mecque : "L'Etat béninois doit reprendre en mains l'organisation du Hadj"
- Editeur
- La Nation
- Date
- 6 avril 1999
- Résumé
- Partie de Lomé le 12 mars dernier par la compagnie Ethiopian Airlines pour effectuer le traditionnel pèlerinage à la Mecque, Hadja Yassarat Amadou est rentrée le vendredi 2 avril dernier dans le lot du premier contingent béninois. Elle évoque dans l’entretien qui suit le séjour des pèlerins béninois à la Mecque les conditions et les tracasseries rencontrées sur les lieux saints, le retard dans l’acheminement des pèlerins de l’aéroport de Cotonou.
- Page(s)
- 3
- Sujet
- Hadj
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Identifiant
- iwac-article-0003301
- contenu
-
Partie de Lomé le 12 mars dernier par la compagnie Ethiopian Airlines pour effectuer le traditionnel pèlerinage à la Mecque, Hadja Yassarat Amadou est rentrée le vendredi 2 avril dernier dans le lot du premier contingent béninois. Elle évoque dans l’entretien qui suit le séjour des pèlerins béninois à la Mecque les conditions et les tracasseries rencontrées sur les lieux saints, le retard dans l’acheminement des pèlerins de l’aéroport de Cotonou.
La Nation: Comment s’est passé cette année le pèlerinage à la Mecque?
Hadja Yassarat Amadou: Le pèlerinage s’est bien passé dans son ensemble. A ma connaissance, il n’y a pas eu de mort du côté béninois. Nous remercions beaucoup Dieu.
La Nation: Selon des informations qui nous sont parvenues, il y aurait eu beaucoup de difficultés au départ avec les pèlerins béninois qui ont dû passer plus d’une semaine à l’aéroport de Cotonou avant de s’envoler. Comment expliquez-vous ce phénomène?
H. Y.A.: Ce phénomène est dû au manque d’organisation du pèlerinage au Bénin. Je crois que l’Etat béninois devrait prendre en charge ce secteur. Les convoyeurs béninois pour moi, ce sont des gens cupides. Ils ne voient que l’argent. Le confort du pèlerin ne les intéresse pas du tout. Ce n’est pas normal. Quelqu’un qui quitte chez lui pour un voyage spirituel ne peut pas être abattu moralement en passant la nuit à la belle étoile plusieurs jours avant le départ. Comment voulez-vous que ce pèlerin qui est déjà abattu ait la force de continuer? Mais Dieu merci, des gens interprètent cela sur le plan spirituel en se disant même que c’est le pèlerinage qui commence déjà à l’aéroport de Cotonou. Pour ma part, il est souhaitable que l’Etat béninois revoie un peu ce problème.
La Nation: Est-ce à dire que les convoyeurs retenus par le Bénin ont été défaillants? Quel moyen avez-vous emprunté de votre côté?
H.Y.A.: Moi, je suis partie par Lomé, j’ai pris «Ethiopian Airlines». On n’a eu aucun problème. Au Bénin, les convoyeurs béninois se sont regroupés pour affréter un vol étranger qui n’est pas arrivé au moment opportun. Ils ont dû se rabattre sur une compagnie nigériane «Kabo Airlines qui a finalement aidé nos pèlerins à effectuer ce voyage. Tout ceci est la preuve d’un manque d’organisation et ce n’est pas normal.
La Nation: Comment se sont déroulés l’hébergement, l’accueil et l’encadrement sanitaire de nos pèlerins à la Mecque?
H. Y. A.: En ce qui concerne l’encadrement de nos pèlerins, laissez-moi vous dire qu’il reste beaucoup à faire. D’abord, les gens se retrouvent par groupes. Les convoyeurs béninois voyagent avec leur médecin. Les représentants du gouvernement béninois ne se retrouvent pas dans tous les groupes. Et le Bénin n’a pas de représentant à la Mecque; ce qui fait que notre pays n’y est pas connu. C’est par exemple à notre arrivée que nous cherchons les lieux d’hébergement en dehors du cas du groupe de «Ambekem Affiz». «Pour les autres groupes, c’est à l’arrivée que les convoyeurs recherchent pour les pèlerins des lieux d’hébergement. Ce qui crée aux pèlerins déjà fatigués des problèmes supplémentaires. Puisqu’on arrive, deux jours après le départ de Cotonou, très fatigué. Et on n’a pas tout de suite quelque part où on peut faire ses besoins ou prendre une douche. Ce n’est pas normal. Les pèlerins des autres pays sont encadrés par les membres de leur gouvernement. Le Sénégal est très bien positionné à la Mecque. Il en est de même pour le Niger et le Nigéria qui sont très bien connus par les Arabes. Et ils s’occupent très bien de leurs pèlerins. Dès que les pèlerins originaires de ces pays arrivent, ils sont tout de suite logés. Les difficultés que connaissent ceux qui, comme nous, prennent par «Ethiopian Airlines» dépassent encore le cas des convoyeurs béninois. Nous sommes laissés pour compte. Les nouveaux pèlerins qui ne s’y connaissent pas sont perdus. Et les anciens, surtout les femmes, gardent jalousement les secrets des lieux saints surtout En ce qui concerne les rites, il faudrait que dans chaque groupe, que ce soit du côté des hommes ou des femmes, il y ait quelqu’un qui dirige. Sinon, les femmes par exemple se retrouvent toutes seules. Parce que les lieux des rites sont délimités par rapport au sexe. Les femmes sont d’un côté et les hommes de l’autre. Du côté des femmes, pour le Bénin, il n’y a pas de dirigeants ni d’éclaireurs. Excusez-moi, la plupart des femmes expérimentées vont à Djeddah pour les affaires abandonnant ainsi leurs soeurs dans l’ignorance. 90% seulement des pèlerins vont effectivement à la Mecque pour prier Dieu. Ainsi, la majorité des pèlerins se débrouille. Mais comme c’est pour exécuter des rites spirituels, Dieu nous aide à nous en sortir.
La Nation: Hadja, dans ce cas précisément, êtes-vous intervenue en faveur de nos pèlerins?
H.Y.A.: Moi, j’ai pu faire ce que Dieu m’a demandé de faire en ce qui concerne l’aide à mes consoeurs. J’ai beaucoup aidé les consoeurs. En ce qui concerne les femmes avec qui je suis restée dans la même chambre, je crois que c’est moi qui leur dit ce qu’il faut faire à chaque étape.
La Nation: Hadja, dans la même foulée, avez-vous été informée que des pèlerins étrangers auraient bénéficié de titres de voyage béninois?
H.Y.A.: Ceci est un fait que j’avais remarqué depuis l’année dernière. Il y a un convoyeur togolais qui vient spécialement à Cotonou pendant la période d'avant le voyage pour l’émission de titres de voyage à ses pèlerins. C’est un fait que j’ai dénoncé en son temps. Mais ça n’a pas été corrigé et s’est répété cette année, ce n’est pas normal. Puisque cet état de choses nous crée des préjudices. A l’aéroport, on ne sait pas qui est qui. Tout le monde étant détenteur de titres de voyage ou même de passeports béninois. Une fois à la Mecque, les Arabes ne savent pas du coup qui est Béninois et qui ne l’est pas. Ce qui fait que les tentes réservées aux Béninois sont envahies par des étrangers. En dehors des Togolais, il y a aussi des Burkinabè. L’année dernière j’ai eu un Burkinabè détenteur de titre béninois mais inscrit dans le groupe des Togolais. Ce qui a fait que cette année-là c’est difficilement que nous avons pu embarquer de Djeddah pour le retour à Cotonou. Parce que les Arabes ont dû remettre nos passeports aux convoyeurs togolais et nous ont remis les titres de voyage des Togolais. Car tous ces titres portent la mention République du Bénin suivi de notre drapeau. C’est au bout d’une lutte terrible que nous avons pu effectuer le voyage retour l’année dernière.
La Nation: En quoi, le pèlerinage de cette année revêt-il une particularité?
H.Y.A: La particularité du pèlerinage de cette année réside dans le fait que ta fête (le Hadj) s’étant déroulée un vendredi à la Mecque, cela confère à chacun des pèlerins présents sur les lieux Saints à cette date, l’avantage ou le gain de 7 pèlerinages en une seule fois. Quant aux -explications et aux détails, je vous prierais de vous référer aux islamologues.
Quant à mon dernier mot, il exprime un souhait. En effet, je suggère qu’à l’avenir, le gouvernement béninois prenne l’organisation du pèlerinage en charge et que les prochains pèlerinages soient organisés par l’Etat. D’autre part, il urge que le Bénin ait un représentant à la Mecque.
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