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Visite officielle du président Soglo aux Émirats Arabes Unis : un grand pas pour la coopération entre les deux États
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- Titre
- Visite officielle du président Soglo aux Émirats Arabes Unis : un grand pas pour la coopération entre les deux États
- Créateur
- Pothin Gnanvi
- Editeur
- La Nation
- Date
- 21 mai 1992
- Résumé
- Fidèle à la volonté des forces vives de la Nation qui ont opté en février 1990 pour une diplomatie plus souple, tous azimuts et sans exclusive, le président Nicéphore Soglo a effectué du 15 au 20 mai 1992, une visite de travail dans le Golfe Persique. Cette tournée l'a successivement conduit aux Emirats Arabes Unis (E.A.U) et au Koweït.Répondant à l'invitation de son homologue des Emirats Arabes Unis, Son Altesse Sheikh Zaïd Ben Sultan Alnahyan, Emir d’Abu Dhabi, président des E.A.U, le chef de l’Etat béninois a séjourné du 15 au 18 mai 1992 à Abu Dhabi avec une importante délégation dont les ministres Théodore Holo, Robert Tagnon, Aurélien Houéssou, Eustache Sarré, Marna Adamou N’Diaye et le député Eustache Aïna.
- Page(s)
- 3
- Sujet
- Aurélien Houéssou
- Coopération arabe
- Diplomatie
- Éducation
- Eustache Sarré
- Ligue arabe
- Marna Adamou N’Diaye
- Marxisme-léninisme
- Nicéphore Soglo
- Organisation de la Coopération Islamique
- Organisation des Nations Unies
- Robert Tagnon
- Théodore Holo
- Zaïd Ben Sultan Alnahyan
- Couverture spatiale
- Abu Dhabi
- Arabie saoudite
- Bangui
- Cotonou
- Djibouti
- Émirats arabes unis
- États-Unis
- Koweït
- Oman
- Royaume-Uni
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Identifiant
- iwac-article-0003244
- contenu
-
Fidèle à la volonté des forces vives de la Nation qui ont opté en février 1990 pour une diplomatie plus souple, tous azimuts et sans exclusive, le président Nicéphore Soglo a effectué du 15 au 20 mai 1992, une visite de travail dans le Golfe Persique. Cette tournée l'a successivement conduit aux Emirats Arabes Unis (E.A.U) et au Koweït.
Répondant à l'invitation de son homologue des Emirats Arabes Unis, Son Altesse Sheikh Zaïd Ben Sultan Alnahyan, Emir d’Abu Dhabi, président des E.A.U, le chef de l’Etat béninois a séjourné du 15 au 18 mai 1992 à Abu Dhabi avec une importante délégation dont les ministres Théodore Holo, Robert Tagnon, Aurélien Houéssou, Eustache Sarré, Marna Adamou N’Diaye et le député Eustache Aïna.
Après deux escales à Bangui et Djibouti, l’avion présidentiel (Fokker 100 ivoirien) a atterri le samedi 16 mai 1992 à 13h03 soit 10h03, heure béninoise, à Abu Dhabi international Airport. A sa descente d’avion, le président Soglo a été accueilli par le prince héritier, le vice-premier ministre Sultan Ben Zaïd.
Sacrifiant à la tradition, les deux hommes d’Etat ont eu un bref entretien au salon d’honneur, avant de prendre la direction de Mushref Palace, résidence de l’hôte béninois.
Emirats Arabes Unis, la merveille
Les Emirats Arabes Unis, Etat fédéral proclamé indépendant le 2 décembre 1971, sont situés dans la péninsule arabique. Ils sont constitués de sept principautés de l’ancien Oman (protectorat de la Grande-Bretagne): Abu Dhabi, Dubaï, Sarjah, Ajman, Umam Al-Qaïwain, Fujaïrah et Ras-Al-Haïma. Cet Etat fédéral est limité au sud-ouest par le royaume de l’Arabie Saoudite, à l’est par le Sultanat d’Oman, au nord par une grande ouverture sur le Golfe Persique.
D’une superficie de 17.700 km2, les Emirats Arabes Unis ont une population de 1.700.000 habitants, dont 20% d’autochtones et 80% d’étrangers.
Grâce à la manne pétrolière, principale activité de ce pays, le paysage autrefois désertique, aride, a été progressivement transformé. Au vide créé par le climat désertique défavorable à l’agriculture, a fait place une verdure sans pareille, entretenue à grands frais. A cette verdure non seulement diversifiée, attrayante, mais aussi séduisante, s’ajoute un plan d’urbanisation conçu et réalisé par des mains de maîtres. En un mot, une architecture qui, incontestablement, constitue l’une des merveilles des deux dernières décennies.
Abu Dhabi, la capitale fédérale, avec son industrie peu développée et orientée vers la transformation des dérivés du pétrole, son plan de modernisation très avancé, une agriculture se limitant à la plantation des palmiers dattiers et à la culture maraîchère, est le symbole de la profonde transformation qu’a connue ces dernières années cette zone désertique.
Sur le plan de la coopération arabo-africaine, en dehors de l’O.C.I. dont le Bénin est également membre, il n’existe pas un cadre politique approprié de relations bilatérales entre les deux Etats. Cela est évidemment dû au marxisme-léninisme-alibi dont la diplomatie était essentiellement orientée vers les pays de l’Est.
Mais grâce aux décisions de la Conférence nationale, le Bénin a fait des efforts de rapprochement vers les Emirats Arabes Unis. Ce nouveau pas de notre diplomatie, qui se veut dynamique et plus souple, a ouvert de nouvelles perspectives avec les Etats du Golfe persique.
Politique de coopération des Emirats Arabes Unis
Respectueux des principes de bonne compréhension, de non-ingérence dans les affaires des autres pays et de coopération mutuelle avantageuse, les E.A.U. ont depuis 1971 entretenu de bonnes relations avec le reste du monde et surtout avec l’Occident et les Etats-Unis d’Amérique.
Ils sont membres de la Ligue des Etats Arabes, de l’Organisation de la conférence islamique, du Mouvement des non-alignés.
Dans le domaine de l’aide au développement, Abu Dhabi consacre à la consolidation et à la relance économique de ses partenaires, une bonne partie de son PIB qui dépasse largement les objectifs fixés par la décennie du développement des Nations Unies.
En dehors du Fonds d’Abu Dhabi (ADFAED) qui centralise les aides, il existe des possibilités d’obtention des financements sous forme d’aide directe du gouvernement auprès de l’Emir d’Abu Dhabi au titre des subventions d’équilibres budgétaires ou d’aides d’urgence aux pays démunis.
En ce qui concerne les interventions du Fonds d’Abu Dhabi, il importe de souligner que pour les 15 dernières années, il a élargi son rayon d’action en incluant non seulement des pays arabes ou musulmans, mais également d’autres pays en voie de développement. Il intervient surtout au niveau des projets de développement et d’infrastructures qui n’attirent pas les organismes traditionnels de financement de crédit.
Au nombre des prêts déjà consentis par Abu Dhabi, l’on peut retenir 153 milliards de dollars US sous forme de prêts aux pays arabes, 273 millions de dollars US aux pays africains et 137 millions de dollars aux pays asiatiques et qui ont servi à financer 91 projets dans 43 pays.
Ces prêts qui sont utilisés dans les secteurs des communications, de l'entreposage, de l’agriculture et de la pêche, dans l’habitat et le tourisme sont des subventions accordées à des taux hautement concessionnels.
Le point des entretiens
C’est dans ce décor financier prometteur doublé d’un accueil chaleureux, que les travaux entre la délégation béninoise et cette des Emirats ont démarré le dimanche 17 mai 1992 au palais royal.
Tout a commencé par un entretien qui a regroupé non seulement les deux présidents, mais aussi les délégations des deux pays. Et pour plus d’efficacité, les ministres du Bénin et des E.A.U se sont retirés pour des débats francs et directs.
A cette séance de travail présidée par le prince héritier Sultan Zaïd, les ministres Théodore Holo, Robert Tagnon, Aurélien Houéssou, Eustache Sarré et Marna Adamou N’Diaye ont présenté à leurs homologues des E.A.U., les possibilités qu’offre le Bénin pour une coopération mutuelle et avantageuse.
Pour l’essentiel, la délégation béninoise a souhaité qu’à partir de la présente visite, soient établies de bonnes relations de coopération pouvant faciliter l’intervention financière directe du Fonds d’Abu Dhabi dans des projets au Bénin et aussi l’exportation de certains produits béninois vers les Emirats Arabes Unis.
Au nombre des projets présentés et qui nécessitent l’intervention d’Abu Dhabi, figurent:
- Le projet relatif au réaménagement des principales villes du Bénin et estimé à 15 milliards de dollars.
- La traversée de Cotonou, soit 135 km de roules.
- La route Savalou-Djougou dont le montant s’élève à 61 millions de dollars, un projet devant faciliter de désenclavement du Burkina-Faso.
- La route Togo-Cotonou-Nigéria d’un montant global de 160 millions de dollars; la réalisation de ce projet aidera à l’intégration économique prévue dans le cadre de la CEDEAO
- Le barrage d’Adjralala dont il reste à mobiliser 87 millions de dollars des 197 millions de dollars, pour achever sa construction.
En ce qui concerne le projet pétrolier de Sèmè, la délégation béninoise a de même sollicité l’intervention d’Abu Dhabi pour renforcer la production et les recherches.
La possibilité d’importer des produits pétroliers à un prix concessionnel a été abordée. Soucieuse de diversifier et de renforcer notre production agricole, base essentielle de l’économie, la partie béninoise a fait part de son souhait de voir s’installer à Cotonou une institution financière d’Abu Dhabi pour l’octroi de crédit agricole.
Outre ces projets à réaliser, les hommes d’affaires des Emirats Arabes Unis ont été invités à souscrire pour la privatisation de la société sucrière de Savè et de la société des ciments d’Onigbolo.
Quant à la coopération dans le domaine de l’éducation, les ministres, ont émis le souhait que soit réorganise le mécanisme d’octroi de bourses aux étudiants béninois. Pour eux, l’Etat de droit ne saurait exclure une quelconque religion; mais un système islamique classique et tolérant serait le bienvenu au Bénin.
La question de réhabilitation des écoles, collèges et celle de la dotation d’équipements performants des organes de presse d’Etat ont été aussi évoquées.
En réponse à toutes ces propositions, les responsables des Emirats Arabes Unis ont réaffirmé l’idée de création d’une commission mixte émise par Son Altesse Cheikh Zaïd pour l’étude pratique des différents domaines de coopération entre les deux Etats. Ils ont favorablement répondu à l’invitation à Cotonou d’une délégation d’hommes d’Etat et d'affaires, afin de créer les bases d’une saine coopération économique qui, suivie par les institutions de Bretton Woods, ne saurait souffrir de mauvaise gestion.
Ce pont d’une nouvelle forme de coopération arabo-africaine que viennent de jeter le président Nicéphore Soglo et Cheikh Zaïd, sera consolidé par la première réunion de la commission mixte qui se tiendra à Cotonou avant la fin de l’année en cours.