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Les communautés religieuses doivent jouer leur rôle de garant de la concorde et de la paix
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- Titre
- Les communautés religieuses doivent jouer leur rôle de garant de la concorde et de la paix
- Editeur
- La Nation
- Date
- 10 mars 1993
- Résumé
- Hommage aux différents cultes et aux confessions religieuses et particulièrement, pour la circonstance, à l’Eglise méthodiste du Bénin, qui devra retrouver l’élan créateur pour contribuer au développement national: tel a été le sens du message du chef de l’Etat à l’issue des manifestations grandioses qui ont marqué le 150e anniversaire de l’Eglise méthodiste du Bénin.
- Page(s)
- 3
- 5
- Sujet
- Conférence nationale souveraine
- Démocratie
- Droits de l'homme
- Église Méthodiste du Togo
- Henry Harry
- Laïcité
- Nicéphore Soglo
- Paix
- Pluralisme religieux
- Protestants
- Église Protestante Méthodiste du Bénin
- Intégrisme
- Couverture spatiale
- Bénin
- Cotonou
- Nigéria
- Ghana
- Sierra Leone
- Togo
- Côte d'Ivoire
- France
- Allemagne
- Royaume-Uni
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Identifiant
- iwac-article-0003240
- contenu
-
Hommage aux différents cultes et aux confessions religieuses et particulièrement, pour la circonstance, à l’Eglise méthodiste du Bénin, qui devra retrouver l’élan créateur pour contribuer au développement national: tel a été le sens du message du chef de l’Etat à l’issue des manifestations grandioses qui ont marqué le 150e anniversaire de l’Eglise méthodiste du Bénin.
Monsieur le président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le président de la Cour suprême,
Messieurs les anciens présidents de la République,
Mesdames et messieurs les ministres,
Mesdames et messieurs les membres du corps diplomatique et représentants des organisations internationales accréditées au Bénin,
Mesdames et messieurs les députés,
Monsieur le vice-président de la Conférence de l’Eglise méthodiste de Grande-Bretagne,
Révérend pasteur, représentant l’Eglise évangélique d’Allemagne,
Révérend pasteur, représentant les Eglises protestantes suisses,
Monsieur le représentant de la Fédération protestante de France,
Révérend pasteur, patriarche de l’Eglise méthodiste du Nigéria,
Révérend pasteur, président de l’Eglise méthodiste du Ghana,
Madame la représentant de l’Eglise méthodiste de Sierra-Leone,
Révérend pasteur, président de l’Eglise méthodiste du Togo, révérend pasteur, président de l’Eglise Révangélique du Togo,
Révérend pasteur, représentant l’Eglise méthodiste de Côte d’Ivoire,
Révérend pasteur, président de la Conférence des Eglises de toute l’Afrique,
Mesdames et messieurs les représentants des Eglises-soeurs du Bénin,
Révérend pasteur Harry Henry, président de l’Eglise méthodiste du Bénin,
Révérend pasteur Moïse Sagbohan, président entrant de l’Eglise méthodiste du Bénin,
Révérends pasteurs, révérends pères,
Chers frères et soeurs,
Au moment où l’Eglise protestante méthodiste du Bénin fête son 150ème anniversaire, je m’associe à la joie de votre communauté à qui j’adresse, au nom de la Nation, du gouvernement et en mon propre nom, mes voeux les plus chaleureux de succès et de longévité.
NECESSITE D’UN CONSENSUS MINIMAL
J’aime à répéter, vous le savez, que Dieu aime le Bénin. Toutes les filles et tous les fils de ce pays sont conscients que nous devons à une chance extraordinaire - autant dire, si Ton est croyant, à une faveur exceptionnelle de la divinité - d’avoir pu, voici trois ans, effectuer sans effusion de sang, dans la paix et la concorde, le passage à la démocratie; d’avoir pu ainsi échapper, grâce aux vertus du dialogue et de la tolérance, à une guerre civile meurtrière, comme celle qui sévit ou menace de sévir autour de nous, dans la sous-région.
Tous les fils et toutes les filles de ce pays sont conscients que nous devons en partie ce privilège aux différents cultes, écoles de pensée et confessions religieuses qui ont su, en cette période cruciale, user de leur influence pour apaiser les esprits, au moment même où ils rappelaient fermement, conformément à leur vocation naturelle, les exigences éthiques universelles, les principes moraux fondateurs des droits de l’homme.
Dire le droit sans concession - non le droit positif qui est celui des tribunaux, mais le droit naturel et fondamental, la loi non-écrite qui parle au fond des coeurs - dénoncer vigoureusement tous les abus qui avilissent l’homme, enfant de Dieu, mais tâcher dans le même temps de trouver le ton juste, le ton de l'apaisement qui, plutôt que d’exacerber les conflits, rappelle chaque protagoniste à ses responsabilités et à son sens de l’humain, voilà quel fut, en ce tournant décisif de notre histoire, le rôle des confessions chrétiennes et autres cultes religieux, le rôle des forces spirituelles organisées de notre pays. Permettez-moi donc, à l’occasion de votre 150ème anniversaire, de vous féliciter pour la part que l’Eglise méthodiste du Bénin a prise à cette œuvre collective.
Depuis lors, vous le savez, l’histoire, celle de notre résurrection, suit son cours. Chaque jour qui passe nous montre l’impérieuse nécessité mais aussi la fragilité du consensus qui nous a permis voici trois ans, de franchir au moindre coût possible un des caps les plus difficiles de notre vie nationale. Au-delà de la morale et de l’éthique, au-delà de la revendication unanime des droits de l’homme, la politique a repris ses droits - la politique c’est-à-dire, vous le savez, le domaine par excellence des choix contingents et forcément contestables. Je suis presque tenté de dire, en simplifiant un peu: la morale unit, la politique divise. Mais il faut encore, malgré tout, qu’à travers cette inévitable division, à travers les oppositions feutrées, parfois farouches, qui caractérisent la chose politique, nous nous souvenions constamment que nous sommes fils et filles d’un même pays et recherchions avant tout, les uns et les autres, le salut de notre chère patrie. Il faut qu’à chaque instant, à chaque étape de la vie nationale, se recrée, sur les grandes questions d’intérêt commun, un consensus minimal, garant de la cohésion, de la concorde et de la paix.
TROIS EVENMENETS MAJEURS AU PREMIER TRIMESTRE 1993
Ma conviction est que les communautés religieuses peuvent et doivent ici jouer un rôle essentiel et contribuer, aujourd’hui comme hier, créer ou à maintenir vivant, cet dispensable consensus. C’est le sens de l’appel que j’ai adressé le 28 février dernier à toute la nation à l’occasion du troisième anniversaire de la Conférence nationale des forces vives, tenue à Cotonou du 19 au 28 février 1990. J’adresse ce jour le même appel à votre communauté, et à travers elle, à toutes les communautés religieuses du Bénin.
Par un extraordinaire concours de circonstances, l’actualité nationale aura été marquée entre autres, au cours de ce premier trimestre 1993, par trois événements majeurs: la visite du Saint-Père, le festival «Ouidah 92», et maintenant le 150ème anniversaire de l’Eglise protestante méthodiste, reconnue par toutes les communautés protestantes du Bénin comme leur Eglise-mère. Il ne manque à ce tableau, pour être presque complet, qu’une occasion qui viendra sûrement tôt ou tard, projeter les feux de l’actualité nationale sur l’Islam et la communauté musulmane.
Vous avez encore en mémoire la petite controverse suscitée par le festival que je viens de mentionner mais je m’en suis déjà largement expliqué. Par-delà les équivoques regrettables induites par telle ou telle formule inadéquate, peut-être, j’ai souligné clairement qu’il ne saurait être question pour l’Etat laïc et démocratique de faire la promotion d’un culte particulier ou de privilégier une religion par rapport aux autres. Il reste cependant que, dans son effort pour promouvoir le respect des droits de l’homme, moraliser la vie publique, consolider l’Etat de droit et renforcer l’unité nationale, l’Etat trouve dans les différents cultes religieux de précieux alliés.
Dieu merci, notre peuple est un peuple profondément tolérant, étranger à ce jour à toute forme d’intégrisme ou de sectarisme. Il nous faut renforcer dans les cœurs et les esprits des citoyens ce penchant naturel à la tolérance, c’est-à-dire à l’acceptation réciproque des uns par les autres, dans leurs différences et leur complémentarité. Il nous faut développer dans le même temps une doctrine claire de la laïcité, formuler de façon cohérente les implications de cette neutralité positive que l’Etat laïc se doit d’observer à l’égard de toutes les religions, qu’elles soient traditionnelles ou révélées.
C’est le lieu de rappeler le rôle important joué par votre église dans le développement de l’école. Conformément à une décision de la Conférence nationale des forces vives, l’Etat démocratique a restitué à leurs anciens propriétaires, lorsqu’ils en ont fait la demande, les établissements scolaires précédemment nationalisés. Je souhaite vivement que votre communauté retrouve très vite, dans ce domaine crucial de l’éducation, l’élan créateur qui l’a portée dans le passé, et que renaissent partout des écoles protestantes, des collèges et lycées protestants d’enseignement général, technique et professionnel. Je souhaite aussi que vous retrouviez très vite le même dynamisme dans un autre domaine social, celui de la santé, et que naissent ou renaissent partout des formations sanitaires protestantes.
Car l’Etat ne peut malheureusement tout faire. La tâche est tellement immense, les besoins tellement énormes que l’Etat, conscient de ses limites, n’a pas d’autre choix que de compter aussi sur le génie créateur de la société civile et en particulier des communautés religieuses. Ces initiatives, je puis vous l’assurer, seront encouragées et soutenues par mon gouvernement, dans la limite bien entendu de nos ressources et de nos contraintes.
VIVE LA FOI AU SERVICE DES AUTRES
Chers frères et sœurs de l’Eglise protestante méthodiste, joyeux anniversaire! puisse votre foi vous inspirer de jour en jour, d’année en année, les plus belles initiatives créatrices au service de votre pays, au service de l’Afrique et de l’humanité. Puissent la rigueur et l’esprit de méthode de John Wesley, fondateur de votre mouvement, vous habiter. Puisse la ferveur des grands fondateurs et autres pionniers de l’Eglise méthodiste du Bénin, renaître en vous et se traduire par une fidélité renouvelée aux grands idéaux de justice et de charité.
Je formule en outre, en ce jour où votre communauté accède à sa pleine autonomie, mes vœux les plus chaleureux de succès dans tous les domaines. Au révérend pasteur Harry Henry, cher pasteur, je souhaite une retraite heureuse, après ces longues années de dévouement, d’amour et de tolérance consacrées au service de l’Eglise. Au pasteur Moïse Sagbohan, nouveau président de l’Eglise protestante méthodiste, je souhaite d’avoir l’intelligence de l’esprit et du cœur, toute la force et tout le doigté nécessaires pour conduire à bon port votre communauté.
Vive l’Eglise protestante du Bénin,
Vive la foi au service des autres, Vive le Bénin.
(Le titre et les intertitres sont de la Rédaction)
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