Article
La condition de la femme musulmane dans le monde
- Titre
- La condition de la femme musulmane dans le monde
- Créateur
- Amrah Ibrahim
- Editeur
- Ehuzu
- Date
- 30 mai 1985
- Résumé
- Paris. — Aucune des 450 à 500 millions de musulmannes n’est chef d'Etat ou premier ministre, mais c’est une femme qui est à la tête de l’opposition au Pakistan et depuis que Nasser en a décidé dans les années soixante, il y a toujours une femme ministre dans le gouvernement égyptien. Depuis 1978, c'est également le cas en Syrie et la Jordanie, le Mali et le Nigeria ont eu, ou ont des femmes au gouvernement.
- Page(s)
- 3
- Couverture spatiale
- Algérie
- Djibouti
- Égypte
- Guinée
- Libye
- Mali
- Maroc
- Mauritanie
- Niger
- Nigéria
- Somalie
- Soudan
- Tunisie
- Détenteur des droits
- La Nation
- Langue
- Français
- Source
- Bibliothèque du Congrès
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0003183
- contenu
-
Paris. — Aucune des 450 à 500 millions de musulmannes n’est chef d'Etat ou premier ministre, mais c’est une femme qui est à la tête de l’opposition au Pakistan et depuis que Nasser en a décidé dans les années soixante, il y a toujours une femme ministre dans le gouvernement égyptien. Depuis 1978, c'est également le cas en Syrie et la Jordanie, le Mali et le Nigeria ont eu, ou ont des femmes au gouvernement.
Les femmes ne sont pratiquement Jamais à la tête de grandes entreprises commerciales industrielles même lorsqu’elles détiennent, ce qui est souvent le cas en raison de la loi musulmane de séparation des biens dans le mariage, une part majoritaire de leur capital. Peu nombreuses dans les sciences exactes elles sont souvent professeurs dans les sciences humaines, y compris en théologie. Parachutistes en Syrie, gardes du corps en Libye, combattantes de première ligne au Sud-Yémen, kamikazes palestiniennes, elles sont agents de police en Algérie et au Pakistan et forment souvent, comme en Algérie ou en Egypte, près de la moitié du corps médical et du corps enseignant.
En fait dans les pays arabes musulmans : Arable Saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Qatar Oman, Yemen du nord et Koweït et dans quelques autres, la vie publique d'une femme est soumise à de nombreuses restrictions. En Arabie, elle ne peut pas conduire une voiture et il lui est interdit d’occuper seule un logement. Même étrangère elle ne peut s'y rendre ou y résider qu’accomppagnée de son mari, ou d’un « mohrem » (homme avec qui elle ne peut avoir de rapports : père, frère ou fils).
Souvent sans l’autorisation de son mari ou de son « tuteur légal » elle ne peut pas sortir de son pays. Récemment le mouvement, pourtant officiel des femmes Iraniennes a réagi violemment après l’adoption par le parlement d’une loi obligeant les étudiantes boursières à se marier avant de partir à l’étranger.
« Ecart dans l’instruction entre les sexes qui reste très défavorable aux femmes y compris dans la République turque, laïque depuis sa création, où il atteint 30%, l’un des taux les plus élevés du monde, explique en partie cette situation. D’autre part une interprétation souvent tendancieuse de la part des hommes des textes fondateurs de la législation musulmane que sont le coran et ses conversations du prophète Mohammad (les Hadiss) y contribuent.
Si la religion musulmane n’a pas la conception égalitaire des rapports entre les sexes qui tend à prédominer dans l’hémisphère nord, elle établit entre eux une équivalence dans la différence et accorde à la femme des droits, compensations et protections.
La polygamie n’est admise sans restrictions que dans les pays arabes du Maghreb et quelques Etats africains.
Rare en Egypte, au Liban, en Jordanie, en Syrie, ou en Mauritanie, La polygamie est plus répandue dans les pays pétroliers du golfe et dans les pays d’Afrique noire où elle est un signe de culture indépendant de l’islam.
Subordonnée dans beaucoup de pays (Algérie, Bangladesh, Guinée, Indonésie, Iran, Malaisie, Maroc et Pakistan) au consentement de la première femme, d'une autorisation, du tribunal ou de l’administration, la polygamie est interdite en Turquie et mène en prison.
C’est vis-à-vis du droit au divorce que l’inégalité entre sexes est la plus nette. Le divorce par consentement mutuel n’existe qu’en Tunisie. Partout ailleurs, il s’agit plutôt de répudiation et, règlement ou pas, c’est un privilège presque exclusivement masculin. Votée en 79, la loi « Jihane », du nom de la femme du président égyptien défunt Sadate, donnait à la femme le droit de divorcer automatiquement si son mari prenait une deuxième épouse sans son consentement. Elle a été abrogée le 5 mai 1985. La situation est donc de nouveau celle qu’illustrait, avec la célèbre actrice l'a ten Hamama, le film Egyptien : « Je veux une solution ». Même abandonnée, la femme ne peut pas divorcer.
Une loi récente en Iran spécifie les cas ou la femme à le droit de demander le divorce. En Jordanie, ces cas sont la démence ou l’abandon du domicile conjugal.
Partout, la femme divorcée a droit à une pension alimentaire si elle obtient la garde des enfants. Mais l'âge limite de garde des enfants varie énormément d’un pays à l'autre - jusqu’à 18 ans en Jordanie mais jusqu’à 7 ans seulement au Niger et la femme qui n’a pas eu d’enfants n'obtient rien, même si le divorce la laisse sans ressources.
Sourcilleux sur la fidélité des conjoints - c’est d'ailleurs l’une des justifications de la polygamie - l'Islam réserve le fouet où la lapidation pour l'adultère. Théoriquement en vigueur dans trois pays (Arabie, Iran et Pakistan) et pendant la dernière année du régime de Nimeïry au Soudan, ces peines, pratiquées surtout dans ce dernier pays et dans les provinces retirées d'Iran à l’occasion de règlements de compte, l’ont été très rarement en Arabie et presque jamais au Pakistan où la flagellation des femmes a été abolie en janvier dernier en raison de l’extrême difficulté d’établir le flagrant délit nécessaire à leur applition.
Assimilée souvent à tort à une méfiance supposée de l’Islam vis-à-vis de la jouissance féminine, l'excision n’est prescrite par aucun texte religieux et est inconnue en Algérie, au Maroc, en Tunisie, dans tous les pays arabes du Maghreb à l’exception de l’Egypte et du Soudan, au Bangladesh, au Pakistan, en Iran et au Niger. Pratique païenne primitive elle est contraire à l'esprit de l'Islam tout aussi soucieux du plaisir des femmes que de leur moralité ou de l'intégrité de leur corps. Elle régresse en Guinée et en Egypte où elle subsiste dans les campagnes du Sud aussi bien chez les chrétiennes que les musulmanes mais se maintient à une large échelle à Djibouti, au Soudan et en Somalie.
En Indonésie, toutes les filles sont excisées à l’âge de 14 jours.
Symbole par excellence d’une réclusion archaïque ou de la mythologie érotique la plus débridée, le voile est aujourd'hui souvent associé à l’islam. Violemment combattu par le gouvernement turc même si les femmes des deux frères du premier ministre sont strictement voilées, fermement découragé en Malaisie où il a valu une exclusion de l'université pendant un semestre un semestre à 16 étudiantes, il peut être symbole de contestation comme au début de la révolution iranienne, ou lorsque en 1975 un professeur tunisien de philosophie apparut voilée à la TV. peut n'être qu'une mode (Mali) ou un moyen de rétablir un certain égalitarisme vestimentaire (Egypte). Dans tous les cas, il permet à la femme de se réapproprier un espace public confisqué par la convoitise masculine.
La religion musulmane considère que toutes les parties du corps de la femme sont érotiques » et ne peuvent de ce fait être exposées au tout venant mais les textes ne prescrivent ni reclusion, ni visage masqué, ni gestes entravés.
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