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El Hadj Oumarou Kanazoé : un modèle de combativité
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- Titre
- El Hadj Oumarou Kanazoé : un modèle de combativité
- Editeur
- Mutations
- Date
- 1 décembre 2011
- Résumé
- Ils ne sont pas légions les descendants d’Adam et Eve qui bénéficient de Ponction populaire de leurs semblables. El Hadj Oumarou Kanazoé était incontestablement l’une de ces espèces rares en voie de disparition. «Patriote, Généreux, homme de consensus, fin médiateur, un modèle, sage, exemplaire...». Chacun y va de ses qualificatifs pour dépeindre la riche vie du vieux Kanazoé. N’a-t-il pas tout fait et tout donné pour trouver grâce aux yeux de ses compatriotes ? Pour certains théologiens émérites, Kanazoé était tout simplement un homme béni. Il incarnait la bénédiction tant tout lui avait réussi : la fortune et la progéniture. Unique fils d’un père cultivateur et d’une mère ménagère, analphabète de surcroit, rien ne prédestinait ce colporteur à jouer ce rôle de leader et de winner. Pourtant, cet homme allait vite se faire une place de choix dans l’histoire de son pays pendant un demi-siècle environ. Il a connu tous les régimes. Depuis la Haute Volta de Maurice Yaméogo à la IVème République de Blaise Compaoré en passant par l’ère Lamizana et l’intermède révolutionnaire. Kanazoé s’est éteint le 19 octobre 2011 à l’âge de 85 ans.... Que dire ou que retenir de cet homme qui a été « trop bon » pour certains? Le lundi 21 novembre à 9h47, le livre de condoléances qui lui est dédié et qui trône au milieu du salon de sa résidence à Yako avait déjà ses 40 pages noircies. Noircies de mots d’estime et d’exhortations divines pour le repos de l’âme de l’illustre disparu.
- Page(s)
- 12
- 13
- Sujet
- Aboubacar Maïga II
- Construction mosquée
- Fédération des Associations Islamiques du Burkina
- Fédération des Églises et Missions Évangéliques
- Hadj
- Luc-Adolphe Tiao
- Malick Zoromé
- Mouvement Sunnite du Burkina Faso
- Oumarou Kanazoé
- Samuel Yaméogo
- Couverture spatiale
- Ramatoulaye
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0003097
- contenu
-
Ils ne sont pas légions les descendants d’Adam et Eve qui bénéficient de Ponction populaire de leurs semblables. El Hadj Oumarou Kanazoé était incontestablement l’une de ces espèces rares en voie de disparition. «Patriote, Généreux, homme de consensus, fin médiateur, un modèle, sage, exemplaire...». Chacun y va de ses qualificatifs pour dépeindre la riche vie du vieux Kanazoé. N’a-t-il pas tout fait et tout donné pour trouver grâce aux yeux de ses compatriotes ? Pour certains théologiens émérites, Kanazoé était tout simplement un homme béni. Il incarnait la bénédiction tant tout lui avait réussi : la fortune et la progéniture. Unique fils d’un père cultivateur et d’une mère ménagère, analphabète de surcroit, rien ne prédestinait ce colporteur à jouer ce rôle de leader et de winner. Pourtant, cet homme allait vite se faire une place de choix dans l’histoire de son pays pendant un demi-siècle environ. Il a connu tous les régimes. Depuis la Haute Volta de Maurice Yaméogo à la IVème République de Blaise Compaoré en passant par l’ère Lamizana et l’intermède révolutionnaire. Kanazoé s’est éteint le 19 octobre 2011 à l’âge de 85 ans.... Que dire ou que retenir de cet homme qui a été « trop bon » pour certains? Le lundi 21 novembre à 9h47, le livre de condoléances qui lui est dédié et qui trône au milieu du salon de sa résidence à Yako avait déjà ses 40 pages noircies. Noircies de mots d’estime et d’exhortations divines pour le repos de l’âme de l’illustre disparu.
Toute l’équipe de Mutations s’incline devant la mémoire de ce brave et vénérable homme qui a mené une vie vertueuse empreinte de combativité, de tolérance, d’altruisme et de générosité. Nous lui dédions dans ce numéro un hommage. C’est un exercice certes complexe à une époque où même les Saints, consacrés et béatifiés et canonisés n’échappent pas à la critique. Mais en rendant hommage à ce fils de paysan devenu milliardaire, nous osons croire que son exemple de combativité et de réussite puisse servir à la postérité. Qui connaît mieux l’homme que ses amis, ses collaborateurs ?
Nous avons recueilli des témoignages et des anecdotes auprès de quelques personnes qui ont été proches de El Hadj Oumarou Kanazoé. Tous parlent de l’homme avec émotion et sincérité.
Touwendinda ZONGO
Pasteur Samuel Yaméogo, président de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME)
« Le succès sans successeur est un échec »
Il y a plus de 50 ans que je connais El hadj Oumarou Kanazoé. Quand j’étais encore enfant à Yako, je peux dire que j’étais son secrétaire car c’est moi qui écrivais ses lettres et lisais ses documents. Par la grâce de Dieu, il s’est trouvé que par la suite, on a travaillé ensemble dans le cadre du développement. Je peux dire que j’ai découvert son idéologie, je dirais même sa doctrine il y a seulement quelques années lorsque j’étais chez lui et qu’il m’a révélé pourquoi il faisait tant. Il m’a dit « Pasteur, ce que je peux appeler mes biens propres et qui m’appartiennent, c'est ce que j'ai pu mettre dans mon ventre on ce que j’ai pu investir an ciel. » J’ai compris alors pourquoi il s’investissait à investir au ciel le maximum de ce qu’il a. Puisqu’il prêtait à Dieu, il considérait les hommes créés à l’image de Dieu comme pouvant recevoir son aide c’est-à-dire le prêt qu’il fait à Dieu. Ainsi son aide s’étendait sans discrimination de religion, de race ou d’ethnie.
C'est aussi un homme de foi et de conviction. Il était assez téméraire. Par exemple quand il voulait s’engager dans les barrages, dans les routes, dans le génie civil, il n’a pas hésité alors qu’il était quand même un peu étranger dans ce domaine. Vers la fin des années 78, j’avais reçu des américains la somme de 7 millions pour faire une petite retenue d’eau dans un village de Kaya. Je n’avais donc que 7 millions et aucune entreprise ne voulait le faire. C’est Oumarou Kanazoé qui a accepté de faire le barrage. Il a loué les engins et on est allé faire le barrage avec l’aide des techniciens de l’ex ONBAH, et de certains techniciens expatriés. Il l’a fait certainement à perte mais il s’est fait la main et de fil en aiguille, il s’est engagé dans le domaine. Kanazoé était presque unique dans son genre. Mais je souhaite que son succès ait des successeurs car le succès sans successeur est un échec. J’ai donné ce message à ses enfants. Je peux dire que Kanazoé a lancé un défi à l’Eglise chrétienne car il a agi exactement comme notre seigneur nous l’a recommandé. Oumarou Kanazoé est pour moi un modèle. Son exemple défie tous les croyants. Car un croyant doit aimer son prochain.
Patrick De Lalande, consul honoraire de Grande Bretagne, chargé des questions aéronautiques de Oumarou Kanazoé
«Du vélo au jet privé, quelle fabuleuse histoire?»
El hadj Oumarou Kanazoé c’est quelqu’un que j’ai connu depuis 20 ans et que j’ai beaucoup aimé et qui ne m’a jamais déçu. Moi je n’ai pas été employé de O.K. C’est un échange d’amitié. Comme l’aviation est un domaine extrêmement sensible, il a eu confiance en moi et il a écouté tous les conseils que je lui faisais dans ce sens. C’est moi qui ai tout organisé et qui l’ai convaincu de payer son premier hélicoptère.
El hadj OK a bien choisi ses conseillers dans beaucoup de domaines et je pense que c’est ce qui lui a valu sa fortune. Moi, il a vu que je n’étais pas intéressé par son argent, mais j’aime l’aviation tout comme lui. On partageait donc la même passion.
Quand je suis arrivé en 1990, il avait déjà trois avions: un monomoteur, un bimoteur et un jet. Le jet l’amenait en Europe souvent avec escale au Maroc ou en Algérie. Ensuite il a vendu le jet pour payer son premier hélicoptère puisqu’il prenait de l’âge et que l’hélicoptère était plus commode. Et là, on pouvait aller le chercher dans sa cour et l’amener jusqu’au pied d’une des mosquées à l’intérieur du pays par exemple. Donc pour les inaugurations de mosquées ou pour les visites de chantier, l’un de ses 4 pilotes le conduisait en hélico. Je pense que pour un homme qui a cette envergure financière, l’hélico lui a été très utile parce qu’il pouvait se déplacer très vite. Kanazoé a toujours aimé la mécanique. Il a senti que la mécanique pouvait l’aider dans ses affaires. Contrairement à ce que les gens pensent, Kanazoé parlait bien le français. Je lui ai très peu fait répéter des choses. Kanazoé prenait du plaisir à faire plaisir aux gens. Il aimait quand le chef de l’Etat passait le voir chez lui ; il me racontait toujours le lendemain : «Il est venu s'asseoir à ta place». Il respectait beaucoup l’autorité.
Kanazoé aimait être accompagné pendant ses voyages en hélico. 11 y eut des moments où nous étions obligés d’aider des gens très âgés et fatigués à marcher après l’atterrissage. 11 amenait aussi souvent des banquiers pour suivre ses chantiers. Moi j’ai aimé sa confiance. Car il faisait confiance aux gens.
Il écoutait. Il avait de la mémoire.
Il calculait tous les montants et tous les chiffres sans calculatrice même s’il s’agissait de sommes faramineuses. C’était impressionnant. A la fin de sa vie, il est allé en hélico voir les éléphants parce qu’il voulait vivre... C’est un homme de négociations...
Je l’ai vu apaiser des parties rivales chez lui ou en brousse.
Halidou Ouédraogo, ancien président du MBDHP « Kanazoé, c’est une conscience »
Oumarou Kanazoé est un de nos bourgeois au niveau national. Le bourgeois national, c’est celui qui a acquit des biens qui font qu’il a une relative indépendance et une autonomie vis-à-vis des autres promoteurs. Parce que si vous regardez, au niveau de notre pays et de l’Afrique, il y a beaucoup qui sont des entrepreneurs représentants d’autres institutions du Nord. Oumarou Kanazoé ne représentait que lui-même et il l’a montré. Au niveau du développement, il a désenclavé notre pays avec les marchés que son entreprise a exécutés. Il y a bien sûr la contribution d’autres acteurs comme SATOM... et tout récemment EBOMAF mais tous sont venus sous l’ombre de Kanazoé. Il a mis la main dans la poche pour construire des barrages sur fonds propres.
Kanazoé était un mécène... il n’a pas hésité à financer des fondations, notamment la Fondation Aimé Nikiéma par exemple. Au plan social, il n’a pas hésité à soutenir des artistes, des veuves et des orphelins. Il a construit des mosquées, des églises et des temples. Sur le plan institutionnel, il a contribué à résoudre des crises, des conflits sociaux au niveau des travailleurs ....au niveau de l’Etat, et ce, à la-demande des autorités ou sur ses propres initiatives. Bref, Kanazoé, c’est une conscience. C’est un exemple à suivre par les Africains. Il a fait mentir ceux qui pensent qu’il faut aller à l’école pour réussir dans la vie. C’est un homme qui a su innover et entreprendre dans son domaine. C’était un grand employeur qui employait ceux qui n’ont pas fait l’école et qui voulait travailler. Il faut encourager ces genres de personnes et les donner en exemple aux jeunes générations.
J’ai eu à l’approcher. J’ai souvent été critiqué pour l’avoir approché. Mais je ne suis pas complexé. Je l’ai connu dans le cadre de ma mission. Mais avant, je l’ai connu tout jeune parce que mes parents l’ont connu. Il m’a approché en tant que président du MBDHP pour l’aider à régler ses conflits sociaux. C’est ce que j’ai fait. Ensuite quand je suis tombé malade, il m’a rendu visite sur mon lit d’hôpital à Paris au moins à quatre (4) reprises. Il a même envoyé ses enfants prendre l’état de ma santé toujours à Paris. Moi j’ai été bien éduqué. A mon âge, je ne crache pas sur le bien qu’on m’a fait hier. C’est pourquoi je dis que je ne suis pas complexé d’avoir rencontré OK et d’avoir bénéficié de ses conseils, mais aussi d’avoir pu l’éclairer sur un certain nombre de points en rapport avec son entreprise.
Tout le monde n’est pas venu me voir à Paris ; tout le monde n’est pas venu me voir chez moi. Certains se sont même réjouis du fait que je sois tombé malade.
Pour ceux qui ont semblé condamner le fait que je l’ai défendu dans un de ses dossiers en justice, je précise que Oumarou Kanazoé est un citoyen burkinabè qui, à ma connaissance, n’a pas été poursuivi pour crime contre l’humanité. Dans ma profession d’avocat, j’ai prêté serment de servir au nom de la loi. Et mon serment me commande de défendre toute personne dans le besoin. Vous souvenez-vous que même les nazis ont eu des avocats ? Et Kanazoé n’est pas un nazi à ce que je sache !
Tertius Zongo, ancien Premier ministre «Kanazoé pratiquait la tolérance interreligieuse»
Je crois que c’est vraiment difficile de s’étaler sur ce que Kanazoé a fait. Je dois vous dire que j’ai eu vraiment la chance d’avoir été secrétaire général de la Chambre de Commerce à partir des années 1986 et par conséquent d’avoir été un collaborateur proche de El Hadj Kanazoé. La première chose que je retiens à dire, c’est vraiment sa disponibilité et son sens du respect. Quelques fois, quand il y avait un certain nombre de sujets à discuter, il venait à la maison. Il me disait ah je vais passer vers 5h 30 du matin, avant d’aller à Yako, parce que c’était au moment où il construisait son barrage. Et effectivement dès 5h et demie, il était à la maison. Au lieu qu’on aille le voir pour lui dire il y a tel dossier à la Chambre, c’est lui-même qui se déplaçait et c’était extraordinaire. Et à l’époque, je pense que tout ce qu’il a fait, c’était essayer de faire en sorte que les opérateurs économiques puissent s’entendre, créer des opportunités pour que les petits puissent avancer. C’est quand il était là que nous avons construit les entrepôts de la Chambre de commerce à Cotonou et à l’aéroport de Bobo. Il avait déjà cette idée du développement harmonisé des villes. C’est sous lui qu’on a entamé les négociations pour construire des entrepôts à Tema pour diversifier. Et à l’époque, on avait entrepris de regrouper les opérateurs économiques en groupements d’intérêts économiques (GIE). Nous n’avions pas un esprit de regroupement mais Le Vieux était celui qui essayait de discuter avec les opérateurs économiques pour montrer la nécessité de se mettre ensemble et je crois qu’il a joué un rôle important pour nous permettre de le faire. Et sur le plan professionnel, j’ai eu l’occasion de le côtoyer encore quand j’étais ministre des Finances. Si vous vous rappelez, c’est quand j’étais au Ministère des Finances qu’on a commencé les rencontres Gouvernement-Secteur privé avec le Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo. Les premières rencontres, c’est nous qui les avons instituées avec le Premier ministre Kadré. Et je dois vous dire que Kanazoé a beaucoup pesé pour que nous ayons des rencontres civilisées. Et cela a permis aussi à beaucoup d’opérateurs économiques de sortir de l’informel, de comprendre la réalité des choses mais ça a permis au gouvernement surtout d’avoir des actions beaucoup plus coordonnées. Il a tellement fait tant de choses que je ne saurais vous dire, en dehors même du plan professionnel. Moi je suis protestant et mon église a toujours été celle de l’auto-gare, pas loin de son ancienne résidence.
Dans les années 1988-1989, on a commencé à vouloir construire le nouveau temple qui est là- bas. Il fallait casser l’ancien. Mais casser l’ancien, c’est trouver un autre lieu de culte. Et c’est Kanazoé qui nous a accueillis dans sa cour dans la zone de l’actuel BIB pendant 3 ans. Il était en train de construire son centre commercial vers la BIB. C’est lui qui a aménagé le site et dressé les tentes. Il ne nous a jamais demandé un seul franc de location. Et quand on construisait le temple, El Hadj est venu plus de quatre fois pour voir si le chantier marche. C’est lui qui a financé tous les caniveaux autour de l’Eglise. Il a assisté à l’inauguration. Il a assisté au culte de l’inauguration et il est resté jusqu’au cocktail. Il pratiquait la tolérance interreligieuse. Je sais qu’au niveau de la communauté musulmane, il a aussi fait beaucoup de choses. On a vu quelques tensions au niveau de la communauté musulmane et on a tous vu le rôle qu’il a joué pour résoudre le conflit. Et quand j’étais au Premier ministère, il y a eu un moment où il y a eu des tensions entre nos détaillants et les grossistes libanais. C’est encore Kanazoé qui a contribué à régler le problème. On ne sait même pas comment il a procédé pour régler l’affaire mais je crois qu’il leur a certainement tenu un langage de paix et de responsabilité pour dire qu’on ne construit pas son pays en détruisant. Il faut que chacun joue son rôle. Je crois qu’il y a beaucoup de choses à dire sur cet homme.
Dans le domaine des travaux publics, l’homme a beaucoup fait. La contribution de Kanazoé est immense. Il y a des travaux qu’il a exécutés et il a attendu pendant longtemps pour être payé. Mais les gens ne le savent pas. Il a préfinancé lui-même beaucoup de travaux. Il a même fait baisser considérablement le prix du kilomètre de bitume. Cela n’a pas plu aux entreprises européennes I Rien que ce qu’il a fait gagner dans le bitumage des routes à l’Etat, c’est incroyable. Il a toujours proposé des prix qui pour lui étaient des prix raisonnables pour participer à la construction de son pays.
Oumarou Kanazoé
Le généreux donateur est parti La défunte cantatrice Yamdaré, dans une complainte, disait que : « la mort est comme la pluie du soir, ses signes ne sont pas sans effets. Même s’il ne pleut pas, il produit du vent ». Kanazoé a ainsi quitté le monde des vivants le 19 octobre dernier à l’âge de 85 ans. Pour les anciens, quand un vieillard meurt, on s’abstient de parler de mort, on dit qu’il est parti. Arracher à l’affection de ses semblables, que retient la communauté musulmane du Burkina de l’action d’un de ses fidèles ? Sasnaaba, un anden dirigeant de la communauté musulmane avoue avoir du mal à énumérer les multiples actions de Kanazoé à l’endroit de la structure. Il dit avoir fait partie de ceux qui ont démarché Kanazoé pour qu’il prenne la tête de l’association à des moments critiques de son fonctionnement. A l’époque, c’était Amado Louis Ouédraogo qui en était le président. Ce qui les a guidé dans cette démarche, c’était le fait qu’il investissait beaucoup dans l’islam en Haute-Volta. Il soutient qu’il y a peu de quartiers à Ouaga où Kanazoé n’a pas construit une mosquée. Grand témoin de l’histoire de l’évolution de la Communauté musulmane, il assure que l’architecture de l’ancienne grande mosquée ressemblait à une église. C’est Kanazoé, aidé de quelques membres de la Communauté, qui est allé voir Malick Zoromé (à l’époque dans l’administration Lamizana) pour qu’il intercède auprès du général président afin qu’il ait l’autorisation de construire une nouvelle mosquée. Ce qui fut fait. Ces dernières années, il avait entrepris des travaux gigantesques, notamment la construction de la grande mosquée de la tidianya, une mosquée à étage. Il y avait également la construction de la grande mosquée de Ouaga 2000 dont il rêvait assister à l’inauguration. Depuis des années, le vieux comme on l’appelait offrait beaucoup de billets d’avion aux musulmans pour le pèlerinage à la Mecque. A chaque édition du Hadj, des femmes quittaient le Burkina à son compte avec des vivres pour aller préparer aux pèlerins. Le richissime avait des relations privilégiées avec toutes les associations musulmanes. C’est ainsi que chaque anniversaire de la naissance du prophète Mohammed, selon Aboubacar Maïga, il envoyait des tonnes de riz et des femmes pour la cuisine du Mouloud à Ramatoulaye. Il faisait à l’approche de la fête racler la voie par ses machines, histoire de permettre aux tidianites de se rendre à Ramatoulaye sans encombre. La majeure patrie des activités de la Fédération des associations islamiques ont été financées par lui. Il leur avait offert un siège et des véhicules 4X4 aux responsables des associations représentatives islamiques. Sasnaaba assure que de tous les congrès de la Communauté musulmane auxquels il a assisté, Kanazoé en a été le principal pourvoyeur des fonds, Oumarou Kanazoé, c’est également le pompier de la oumah islamique. 11 a joué le rôle de médiateur dans les multiples crises traversées par la communauté musulmane. Comme exemple, la crise de 1982 qui avait fait l’objet d’ailleurs d’une grande enquête à Carrefour Africain dont l’auteur n’est autre que l’actuel Premier Ministre Luc Adolphe Tiao. Lors de la crise de 1985, c’est le Président Sankara qui était obligé d’intervenir avec son soutien et celui de 2006 dont il a eu l’obligation de reprendre la tête de la Communauté. Sans oublier la grave crise dans le mouvement sunnite qui avait occasionné la fermeture de la mosquée située dans la zone ZAGA. A chaque occasion, il a offert ses bons offices selon Maïga et Sasnaaba pour ramener la paix.
Saglba Yaméogo