Article
Le Code togolais de la famille : ce virus qui ronge nos foyers
- Titre
- Le Code togolais de la famille : ce virus qui ronge nos foyers
- Type
- Article de presse
- Créateur
- L'Ebène Noir
- Editeur
-
Forum Hebdo
- Date
- 20 septembre 1991
- pages
- 9
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0008752
- contenu
-
Un des maux qui ronge notre société aujourd'hui, c'est bien le code de la famille. En effet, cet instrument juridique qui devait être au service du foyer conjugal et veiller à sa protection, semble plutôt favoriser sa destruction, eu égard aux dispositions de son article 119 qui stipule sans vergogne que l'adultère est purement et simplement cause de divorce. Or, dans l'ancienne législation (Code pénal), ce phénomène est caractérisé comme une infraction grave de la loi et donc punissable. Ceci, à mon sens, paraît plus raisonnable parce que garantissant une morale hautement universelle et bien plus, spirituelle.
Spirituelle, parce que sur le plan divin, le mariage est une institution bénie de Dieu et constitue donc un acte sacré. Des règles précises le régissent pour le bien-être et l'harmonie de la famille. Le Créateur n'étant pas un Dieu du désordre, il a donc tout planifié et réglé afin que les hommes vivent en paix dans une harmonie parfaite.
De ce fait, selon la Bible, en créant l'espèce humaine pour dominer toute créature, Dieu fit d'abord l'homme. Mais, l'omniscient trouvant qu'il n'était pas bon que l'homme soit seul, il lui fit un être semblable pour lui favoriser une existence pleine et harmonieuse, lui garantissant ainsi son plein épanouissement sur les plans moral, physiologique, intellectuel et spirituel.
Le mariage étant une institution sacrée, le Seigneur déclare notamment pour sa protection et sa survie : « Tu ne commettras point d'adultère » (Exode 20/14). « Si un homme commet l'adultère avec la femme de son prochain, l'homme et la femme seront punis de mort » (Lévitique 20/10). Comme on le constate, le Seigneur est formel sur ce point et il n'y a pas à en redire. Remettre cet ordre en cause provoquerait inévitablement, sur tous les plans, un déséquilibre déroutant et irréparable pour les victimes. Bafouer cet ordre divin favoriserait du coup un désordre social aux conséquences imprévisibles et incalculables, dont la haine, les règlements de compte, l'anarchie. Bref, tout ce qui pourrait nuire à la société.
Dans un pays comme le nôtre, qui se voulait de paix, d'union, de solidarité et j'en passe, la logique voulait qu'on y érige des institutions raisonnables, encourageant la pratique morale sous toutes ses formes. Ceci exigerait de tout citoyen le respect de soi, le respect des droits et libertés fondamentaux d'autrui. Au Togo, des individus sans foi, sans respect pour les humains, se sont délibérément permis, pendant un quart de siècle, et ceci dans l'impunité la plus totale, de prendre les femmes de leurs concitoyens, de les violer, parce qu'ils ne se heurtaient à aucune disposition pénale, disloquant et brisant ainsi de paisibles foyers avec le lot de malheurs que cela constitue pour les familles. Et si le tout s'arrêtait à ce niveau ! Des maris se sont vus jeter en prison et torturer à mort parce qu'ils ont osé protester !
Peut-on se permettre de violer, de détourner les femmes d'autrui tout en entretenant un climat de paix avec les familles ? Aussi, mépriser la morale en soutenant et en favorisant l'adultère est un acte grave et irresponsable. On a vu dans ce pays des femmes quitter leurs foyers, abandonnant leurs enfants avec les conséquences imprévisibles que cela comporte.
De quelle documentation ou coutume se seraient inspirés les promoteurs de ce code ? Ont-ils un instant pensé aux préjudices que pourrait porter cet acte sur la cellule familiale togolaise, très traditionnelle et attachante ? Prendre femme est un acte sublime et sacré devant Dieu et devant les hommes (imaginez un instant les cérémonies de mariage dans nos sociétés) et demeure vital pour la survie de l'homme.
C'est pourquoi, il est impérieux pour les nouveaux gouvernants de notre société démocratique en construction de tout mettre en œuvre pour extirper ce virus qui ronge la Nation togolaise. Car si nous voulons bâtir une société nouvelle, respectée et homogène, il nous faudra barrer la voie à tout ce qui peut l'avilir, diviser les citoyens, les opposer. Nous sommes convaincus qu'il ne peut y avoir la paix entre deux individus qui se disputent une femme et moins encore, celui qui court, détourne ou arrache la femme de son prochain.
Notre peuple, qui a appris, dans un désordre organisé, la dépravation des mœurs cultivée et entretenue par le pouvoir pendant 25 ans, doit absolument se ressaisir à l'heure du renouveau démocratique. Une occasion pour l'éclosion d'un nouvel ordre social visant l'épanouissement complet de l'homme. Le régime autocratique que nous sommes en train d'abattre ayant cultivé et pratiqué une prostitution à tous égards, multiplié les viols et ouvert la brèche de ce phénomène humiliant qu'est l'adultère, méprisant ainsi la femme devenue un instrument de plaisir...
Heureusement que plusieurs associations de femmes et d'autres voix se sont élevées pour protester contre cette situation à la CNS. Il convient cependant d'en appeler à la conscience de la jeune fille, de la femme togolaise afin d'œuvrer à retrouver les vertus jadis reconnues chez elles, que sont la probité morale, la fidélité, etc.
À nos mères et sœurs, nous osons lancer cet appel : le moment est venu pour démontrer à la face du monde que vous êtes toujours à l'avant-garde de ce combat pour l'avènement d'un nouvel ordre politique, social et culturel de ce pays. Votre honneur et votre dignité en dépendent.
Ce sera une tâche difficile, dure ; nous devons tous le reconnaître. Mais elle n'est pas impossible pour la femme togolaise dont on connaît la bravoure, le dévouement et l'amour pour la bonne cause. Ce faisant, votre contribution pour le renouveau démocratique serait plus noble.
L'Ebène NOIR