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Religion : El Hadj Mahmoudou Tiemtoré au président de la Communauté
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Burkina Faso
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- Titre
- Religion : El Hadj Mahmoudou Tiemtoré au président de la Communauté
- Editeur
- Sidwaya
- Date
- 28 mai 1993
- Résumé
- Lors d'une émission de radio Burkina, intitulée "Islam et Extrémisme” diffusée le 20 Avril 1993, à 21 heures, M. Toumani Triandé, président de la Communauté musulmane a tenu des propos pour le moins surprenants de la part d'un responsable de la Ummah Islamique.
- Sujet
- Laïcité
- Toumani Triandé
- Communauté Musulmane du Burkina Faso
- Civilisation occidentale
- Fiqh
- Riyad
- Violence
- Extrémisme
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0003051
- contenu
-
Lors d'une émission de radio Burkina, intitulée "Islam et Extrémisme” diffusée le 20 Avril 1993, à 21 heures, M. Toumani Triandé, président de la Communauté musulmane a tenu des propos pour le moins surprenants de la part d'un responsable de la Ummah Islamique.
Notre propos n'est pas d'engager une polémique (chose reprouvée dans l'Islam) mais plutôt de compléter ou de rectifier, selon le cas, un certain nombre d'assertions ou de jugements qu'il attribue à tort au Glorieux Coran et au Vénéré Islam.
1) - A la question "Le Coran parle-t-il de la violence comme moyen d'expression des idées, ou de défense des idées", M. Triandé répond avec raison que l'Islam ne recommande pas la violence comme moyen de soumettre les gens. Ce qu'il oublie de dire par contre, c'est que le Saint Coran insiste sur l'obligation faite aux musulmans de défendre leur religion y compris par le sacrifice de leurs biens et de leur vie lorsque cette dernière est menacée ou agressée par les mécréants. Plusieurs dizaines de versets du Saint Coran insistent sur la défense de la religion et de la liberté des musulmans:
"Qu'ils combattent donc dans le sentier de Dieu ceux qui vendent la vie présenté contre l'ultime. Et quiconque combat dans le sentier de Dieu, tué ou vainqueur, nous lui donnerons bientôt un énorme salaire" (s 4/v 74).
"Et qu'avez-vous à ne pas combattre dans le sentier de Dieu et des faibles hommes, femmes et enfants qui disent: Seigneur ! Fais nous sortir de cette cité dont les gens sont prévaricateurs et assigne nous de ta part un guide, et assigne nous de ta part un secoureur". (s 4/v 75).
"toute autorisation est donnée à ceux qui sont combattus parce que vraiment ils sont lésés, et Dieu est capable, vraiment, de les secourir à ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, sans droit, sauf qu'ils disaient: Dieu est notre Seigneur. Si Dieu ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermites -seraient démolis, et aussi les synagogues, et les oratoires, et les Mosquées où le nom de Dieu est beaucoup rappelé. Et Dieu secourt ceux qui le secourent. Certes, oui Dieu est fort, puissant". (s 22/v 39, 40).
"Comptez-vous qu'on vous fera relâché tant que Dieu n'a pas reconnu ceux d'entre vous qui luttent et qui ne se ménagent pas des entrées en dehors de Dieu et de son Messager, et des Croyants? Et Dieu est informé de ce que vous faites. O Prophète, exhorte les croyants au combat... " (8-6-5).
"Préparez-leur tout ce que vous pouvez de force et tenez prêts des chevaux, afin d'en effrayer l'ennemi de Dieu et votre ennemi, et d'autres en dehors d'eux que vous ne connaissez pas, que Dieu connaît", (s 8/v 60).
L'Islam est certes la religion de la tolérance et du respect de l'autre. Malheureusement, ses opposants n'ont jamais eu vis-à-vis de lui la même tolérance et le même respect. C'est ainsi que dès ses débuts, il a été violemment combattu par les polythéistes de la Mecque, contraignant finalement, le Prophète Muhammad (Paix sur Lui et sa Famille) à se réfugier à Médine pour échapper aux tentatives d'assassinat. Ces mêmes polythéistes, de même que les Juifs, ont livré aux musulmans des guerres aussi meurtrières que célèbres, telles que les batailles de Badr, Uhud, Khandaq, Khaybar. L'histoire n'oubliera jamais la triste époque des croisades où du Xle au Xllle siècle, l'Eglise catholique alliée à la féodalité européenne organisa des expéditions militaires sanglantes contre les territoires musulmans. Les massacres de populations civiles et autres-atrocités commises par les armées chrétiennes durant ces expéditions, dépassent tout ce que l'imagination la plus débridée peut inventer dans l'horreur. Peut-on passer sous silence les crimes commis par les colonialistes européens, contre les illustres chefs religieux musulmans africains tels que Ousmane Dan Fodio, El Hadj Umar Tall, Samory Touré, Cheikh Hamala et tant d'autres musulmans emprisonnés, déportés, torturés par ces âmes charitables venues nous apporter la civilisation et le progrès? Que dire de la situation en Bosnie-Herzégovine où la population musulmane est exterminée par les serbes chrétiens; où des femmes musulmanes chastes sont violées devant leurs enfants, où les Mosquées sont incendiées après avoir été souillées. Est-ce l'Islam qui est responsable de la situation d'injustice qui règne en Palestine où des Musulmans sont expulsés de leurs demeurés, leurs terres confisquées, leurs enfants assassinés par les Juifs soutenus par les Etats-Unis, l'Angleterre, la France...
Il n'est d'ailleurs un secret pour personne, que dans les pays comme la France, les musulmans souffrent d'intolérance religieuse et que même l'ouverture d'une mosquée ou d'une salle de prière y est chose ardue. La réalité, c'est que l'Islam qui est victime d'intolérance et de violence, se trouve de surcroit confronté aujourd'hui à des professionnels de la désinformation et de la manipulation, loups déguisés en agneaux de la liberté et du droit, qui agitent l'épouvantail do l'intolérance religieuse et du fanatisme pour cacher leur volonté de puissance, d'hégémonie ainsi que l'oppression et l'injustice qu'ils exercent sur les peuples du Tiers monde.
2) Interrogé sur le cas de Salman Rusdhie auteur des "versets Sataniques" condamné à mort par l'Imam Khumayni, M. Triandé s'est cru autorisé à faire des remarques sur le "Shiisme" de l'Iran. Il est peut-être bon de lui rappeler que la Ummah Islamique a besoin aujourd'hui plus que jamais d'unité, de fraternité et de solidarité; parmi les principes de l'Islam se trouve justement la tolérance dont il était question plus haut. Comment se fait-il que M. Triandé, qui se dit "laïc", "respectueux de toutes les confessions religieuses" ait toujours beaucoup de mal à user du même respect, lorsqu'il s'agit des frères musulmans Schiites?
De quoi s'agit-il dans l'affaire Salman Rushdie?
Salman Rushdie est l'auteur d'un livre blasphématoire qui injurie et calomnie le Prophète Muhammad (paix sur Lui et sa Famille) et remet en cause le caractère divin des Versets du Gloireux Coran. Il s'agit donc d'un cas évident de blasphème. Or le blasphème, de l'avis unanime des Juristes Musulmans de toutes les époques et de toutes les écoles, (y compris Malikite) est puni par la peine de mort.
Lors de la 20è Conférence ministérielle de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) tenue à Karachi (Pakistan) du 25 au 29 avril 1993, les 51 pays membres de l'OCI, dont le Burkina Faso, ont soutenu le décret historique par lequel l'Imam Khumayni a condamné à la peine de mort l'apostat Salman Rushdie, pour son livre les "Versets Sataniques". Il convient également de rappeler que ce soutien avait déjà été formulé une première fois lors de la 18è Conférence de l'OCI tenue à Ryad (en Arabie Saoudite).
La position exprimée par M. Triandé, sur le cas de Salman Rushdie est donc, on le voit, contraire à celle de la Ummah Islamique mondiale, et à celle du Burkina Faso.
En se prononçant contre cette peine de mort infligée à Salman Rushdie, M. Triandé avance comme argument que "Seul Dieu est le Juge Suprême pour infliger une telle sentence".
Doit-on comprendre par là qu'il nous faut attendre que Dieu Tout-Puissant descende sur terre et dise "Moi Dieu, je condamne Salman Rushdie à la peine de mort"? En vérité, Allah, Béni soit son nom, a fixé dans le Glorieux Coran les principes et les règles des peines et des châtiments. Les savants musulmans et les juges islamiques réunissant toutes les conditions de compétence d'équité et de piété et qui jugent d'après le livre de Dieu et la Sainte tradition du Prophète Muhammad (paix et Bénédictions sur Lui et Sa Famille) émettent des jugements divins. Leur jugement est le jugement de Dieu, puisque conforme à Son Livre et à la Tradition de Son Prophète.
D'ailleurs la grande majorité des savants musulmans dignes de ce nom, a confirmé le verdict de l'Imam Khumayni. De l'avis des commentateurs avisés du Coran ainsi que des juristes, le basphème est puni de la peine de mort, en vertu du noble verset ci-dessous, du Saint Coran: "Rien d'autre : le paiement de ceux qui font la guerre contre Dieu et Son Messager et qui s'efforcent au désordre sur la terre, c'est qu'ils soient tués ou crucifiés ou que leur soit coupée la main et la jambe opposées, ou qu'ils soient expulsés de la terre: voilà pour eux l'ignominie d'ici-bas; et dans l'au-delà, il y a pour eux un énorme châtiment"; (s 5/v 33).
L'Imam Khumayni était un grand juriste dont les livres de droit sont des classiques de la jurisprudence islamique pour ceux, bien sûr, qui en ont connaissance. A ses qualités intellectuelles exceptionnelles s'ajoutait une foi inébranlable en Dieu, un courage extraordinaire et une conscience aiguë des réalités modernes, des besoins de l'Islam et de la responsabilité des savants musulmans. Le verdict par lequel il a condamné à mort le démon Rushdie, est un grand service rendu à l'Islam. Par là, il a pu mobiliser la Ummah Islamique et déjouer les complots de l'arrogance mondiale. Dieu sait reconnaître ses vrais serviteurs ! Quant à l'argument de M. Triandé d'après lequel Salman Rushdie aurait pu se racheter ou s'amender, il n'est pas pertinent dans le cas d'espèce puisque le "repentir" est postérieur à la sentence. Si Salman Rushdie se repent, d'un repentir sincère, cela lui servira au jour de la résurrection et lui épargnera peut-être les tourments de l'Enfer dont nous savons qu'ils sont sans commune mesure avec ceux qu'il endure actuellement.
L'affaire Salman Rushdie est en ce moment un enjeu majeur des relations entre l'Islam et le camp de l'infidélité et de l'arrogance. L'Occident, commanditaire de l'œuvre de Salman Rushdie a été mis en échec, une première fois par le décret historique de l'Imam Khumayni et les mouvements gigantesques de protestation des musulmans du monde entier. Aujourd'hui, 4 ans après, l'Occident misant sur la démobilisation ou l'indifférence de la Ummah multiplie les ballons d'essai et les provocations pour tester notre détermination et notre capacité de riposte.
C'est ainsi que les puissances arrogantes, de Washington à Londres en passant par Paris organisent des visites et des réceptions pour Salman Rushdie, à grand renfort de show médiatique. Dans ces conditions là, il est inacceptable que des responsables Islamiques, au lieu de faire preuve de la fermeté et du courage qui requiert les actuelles provocations et attaques sournoises des ennemis de l'Islam, se mettent à faire leur jeu, pour des raisons diverses ou de simple ignorance des principes de l'Islam et des réalités mondiales.
"N‘as-tu pas vu ceux qui prennent pour patrons des gens contre qui Dieu s'est mis en colère? Ils ne sont ni des vôtres, ni des leurs; et ils jurent sur le mensonge, ils savent cependant!". (s 58/v 14).
Il serait à notre avis salutaire que devant des sujets importants et délicats, une grande concertation ait lieu au sein de la Communauté Musulmane qui compte en son sein des savants pieux et respectés; cela nous éviterait d'entendre dans les médias des positions personnelles éloignées des principes de l'Islam.
El Hadj Tiemtoré Mahmoudou
BP : 4839 Ouagadougou
Fait partie de Religion : El Hadj Mahmoudou Tiemtoré au président de la Communauté