Article
Boko Haram : la secte qui fait parler d'elle au Nigeria
- Titre
- Boko Haram : la secte qui fait parler d'elle au Nigeria
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Vincent K. Denguewa
- Editeur
-
Togo-Presse
- Date
- 9 septembre 2011
- DescriptionAI
- Boko Haram est une secte islamiste nigériane fondée en 2002, prônant un islam radical et l'instauration de la charia. Le groupe, dont le nom signifie « l'éducation occidentale est un péché », a revendiqué des attentats, notamment celui contre le siège de l'ONU à Abuja en 2011. Après la mort de son fondateur en 2009, Boko Haram s'est réorganisée et intensifiée ses attaques contre le gouvernement, les chrétiens et les musulmans modérés, établissant potentiellement des liens avec des groupes terroristes comme Al-Qaïda.
- pages
- II
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Secte
- Vincent K. Denguewa
- Organisation des Nations Unies
- Boko Haram
- Al-Qaïda au Maghreb Islamique
-
Agence France-Presse
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0008596
- contenu
-
BOKO HARAM
La secte qui fait parler d'elle au Nigeria
Le 26 août dernier, le siège des Nations Unies à Abuja, au Nigeria, a été victime d'un attentat-suicide qui a fait au moins 23 morts. Cette attaque à la voiture piégée a été revendiquée quelques temps après par une secte islamiste appelée Boko Haram.
La secte qui a revendiqué l'attentat-suicide du siège de l'ONU le vendredi 26 août dernier à Abuja s'appelle Boko Haram, un mouvement islamiste armé et actif au nord-est du Nigeria, principalement dans les États de Borno, de Yobe et de Bauchi. Le groupe, activement combattu par les forces armées nigérianes, s'est illustré par une série de violences à l'encontre du gouvernement, des chrétiens et de la population musulmane des régions où il est implanté. Prônant un islam radical et rigoriste, l'idéologie du mouvement s'inspire des Talibans d'Afghanistan.
Idéologie
Le nom de Boko Haram provient du dialecte haoussa et signifie « l'éducation occidentale est un péché ». Dénonçant la corruption des politiques et les privilèges des nantis, Boko Haram souhaite instaurer la charia et un État islamique au Nigeria.
Selon l'avis d'experts en réponse à des rumeurs prêtant à la secte des liens avec Al-Qaïda, les deux groupuscules poursuivent des objectifs différents. Bien que tous deux soient opposés à la modernité et aux valeurs occidentales, Boko Haram se distingue par des attaques essentiellement anti-gouvernementales et non envers des intérêts occidentaux. De plus, ses membres se revendiquent des Talibans afghans sans pour autant entretenir de liens directs avec eux. Cependant, à partir de 2010 et surtout avec les attentats de l'été 2011, il est possible que Boko Haram ait tissé des liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (l'ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat algérien). Selon Athmane Tazaghart, essayiste et spécialiste de l'islam radical, Boko Haram serait ainsi passé d'une secte salafiste réactionnaire à une formation jihadiste pratiquant le terrorisme islamiste. La secte s'est fixé pour objectif l'instauration d'un État islamique au Nigeria, nation la plus peuplée d'Afrique, dont les 150 millions d'habitants vivent pour moitié dans le Nord majoritairement musulman et l'autre moitié dans le Sud à dominante chrétienne.
Fondation et endoctrinement
La secte Boko Haram est fondée en 2002 par Mohamed Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguri, capitale de l'État de Borno. C'est d'abord une mosquée dotée d'une école coranique où les familles pauvres peuvent envoyer leurs enfants. L'organisation se politise et attire alors de jeunes étudiants en rupture de banc à l'université. Selon le journal Rationalist International, un mouvement connu sous le nom de « Disciples du Prophète » (Al Sunna Wal Jamma), se revendiquant également des Talibans afghans, fut la source de violences au sein de Damaturu, capitale de l'État de Yobe, le 31 décembre 2003. Durant l'attaque, le groupe manifeste son hostilité envers le régime de Umaru Yar'Adua en vandalisant des postes de police afin de se procurer des armes et des munitions. Il occupe temporairement la localité de Kanamma, proche de la frontière avec le Niger, entraînant l'exode de la moitié de ses habitants.
De 2004 à 2009, des heurts souvent violents opposent ses militants aux forces de sécurité. Le gouvernement sous-estime le danger, prenant la secte pour un groupuscule d'illuminés sans soutien. En 2006, Mohamed Yusuf fait l'objet d'une enquête pour les activités jugées illégales, mais l'instruction est abandonnée. Le gourou est arrêté à plusieurs reprises, notamment le 13 novembre 2008 pour « rassemblements illégaux » et « troubles à l'ordre public ». Néanmoins, il est relaxé sur décision de la cour.
La mort du gourou
Le 26 juillet 2009, une nouvelle série de violences débute après une attaque simultanée des islamistes dans quatre États du Nord du Nigeria (Bauchi, Borno, Yobe et Kano). Les combats opposent les troupes gouvernementales aux membres de l'organisation à Maiduguri et durent cinq jours. Selon Yar'Adua, l'opération des forces armées nigérianes devait mener à la chute définitive du mouvement fondamentaliste. Le 30 juillet 2009, les forces de sécurité infligent une sérieuse défaite aux fondamentalistes et les chassent de la capitale. Le bilan des combats s'élève à plus de 700 morts, dont au moins 300 militants islamistes. Mohamed Yusuf, capturé à Maiduguri, est exécuté par les soldats. Le 14 août 2009, Sanni Umaru, membre de Boko Haram se présentant comme le successeur de Mohamed Yusuf, lance un appel au jihad au Nigeria dans une lettre datée du 9 août. Il reconnaît la mort d'au moins 1000 membres de la secte suite aux combats de juillet 2009.
Une secte plus organisée que jamais
Après l'échec de leur insurrection, d'août 2009 à août 2010, de nombreux membres de Boko Haram se sont enfuis au Niger et au Tchad. La secte reste discrète et se réorganise en secret à Maiduguri. En septembre, elle refait surface de façon spectaculaire en prenant d'assaut la prison de Bauchi, réussissant à libérer 700 prisonniers, dont 150 adeptes.
Noël 2010 est l'occasion d'intensifier la lutte contre les chrétiens ; attaques, incendies et assassinats ciblés font plusieurs dizaines de morts. À partir d'avril 2011, le groupe multiplie les attentats à la bombe contre des églises chrétiennes, des gares, des hôtels, des débits de boisson et des bâtiments officiels. L'élection présidentielle de mai et la victoire de Goodluck Jonathan furent l'occasion d'autres attentats qui ont fait une dizaine de morts. Le 21 juin, une dizaine d'hommes armés attaquent la ville de Kankara dans l'État de Katsina, incendient un poste de police, libèrent les détenus et pillent une banque, tuant 7 personnes, dont 5 policiers. La volonté affichée du gouvernement à partir de juillet 2011 de négocier avec Boko Haram n'empêche pas celle-ci de poursuivre la lutte armée et de revendiquer l'attentat kamikaze contre la représentation des Nations Unies à Abuja le 26 août 2011, au cours duquel 23 personnes trouvèrent la mort. Curieusement, depuis 2009, on ignore où est située la base du mouvement.
Des membres de la secte auraient également reçu une formation en Afghanistan et dans le Sahel, selon des spécialistes du terrorisme. Vincent K. DENGUEWA
Sources : (Monde.fr ; AFP)
Selon des analystes, les liens de la secte dépassent actuellement les frontières du Nigeria. Le 15 juin, le mouvement avait affirmé dans un communiqué que certains de ses membres avaient reçu une formation militaire en Somalie, en partie contrôlée par les Shebab, combattants islamistes liés à Al-Qaïda.
« Très bientôt, nous lancerons le jihad (guerre sainte)... Nous voulons faire savoir que des jihadistes sont arrivés au Nigeria en provenance de Somalie où ils ont reçu une formation militaire de la part de nos frères qui ont rendu ce pays ingouvernable », selon le texte de Boko Haram.