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Diaby Koweit : peut-il arrêter la marche de l'histoire?
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- Titre
- Diaby Koweit : peut-il arrêter la marche de l'histoire?
- Créateur
- Calame
- Editeur
- Plume Libre
- Date
- février 1994
- numéro
- 24
- Page(s)
- 4
- 8
- nombre de pages
- 2
- Est une partie de
- Plume Libre #24
- Sujet
- Intégrisme
- Langue
- Français
- contenu
-
Diaby Koweit
Peut-il arrêter la marche de l'histoire?
Par Calame
Alors que l'atmosphère nationale était mouvementée, suite aux graves problèmes de santé de feu le président Houphouët - Boigny, un homme est réapparu bruyamment sur la scène, qui avait été rejeté publiquement et dépouillé de toute légitimité quelques mois plus tôt. Son nom: Diaby Moustapha alias Diaby Koweit. Il s'auto-proclame "leader" musulman même si "sa" communauté l'a vomi sur la place publique malgré le soutien de ses alliés haut-placés.
QUAND on veut se faire voir ou se faire entendre, on s'exprime soit au nom d'un groupuscule d'inconditionnels (qui s'est élargi depuis, certes, et pour cause...) soit au nom de la communauté toute entière. Mais quand on s'exprime au nom des premiers et qu'on bénéficie de l'appui "innocent" mais combien soutenu des médias d'Etat, il y a lieu pour les autres d'être interloqués. Quand, enfin, cet individu et ses sbires prennent plaisir à se faire passer pour les représentants d'une communauté qui ne veut pas entendre parler d'eux, il devient nécessaire d'étudier le problème à fond et d'en tirer les conclusions.
Que veut Diaby-Koweit aux musulmans? Pour qui roule-t-il? N'est-ce qu'un de ces nombreux tribuns qui hantent la cour des princes? Ou est-ce, dans le contexte particulier de la Côte d'Ivoire d'aujourd'hui, un "cheval de Troie" chargé d'étouffer dans l'œuf la volonté naissante d'autonomie d'une communauté qui effraie par son importance multiforme?
Le train de vie d'un marabout de Président
DIABY Koweit rappelle étrangement Mohamed Cissé, le marabout-ministre d'Etat de l'ancien Président du Bénin. Il ne serait alors qu'un de ces nombreux "bonimenteurs" qui cherchent une place au soleil auprès des princes: Cette hypothèse est plausible si l'on s'en tient à un certain nombre d'indices se rapportant au personnage. D'abord son train de vie digne d'un marabout de Président: deux suites à l'Hôtel Ivoire servant de domicile. Une collection de "Mercedes" dernier-cri et d'autres voitures toutes aussi luxueuses garées à l'entrée de la tour principale du même hôtel. une "largesse", une "générosité" qui interpellent, et cette obstination à vouloir paraître non seulement convenable, mais incontournable : L'attention qu'il porte particulièrement sur son image personnelle saute aux yeux aussi: toujours bien mis, costard chic ou basin grand luxe, richement brodé. Un look digest en somme. Assortir d'un discours aussi démagogique que soporifique truffé de "ça c'est très fondamental"; saisissant raccourci pour meubler le désert du raisonnement. Il a enfin une approche médiatique assez proche du marketing politique moderne: apparition constante à l'écran, actions "désintéressées" pour le bien de la communauté.
Diaby Koweit il ya quelques années. Un inconnu dans l'atelier d'un tailleur... prière pour le rétablissement de la santé du chef malade puis pour le repos de l'âme du défunt Président. On pourrait croire que l'homme est simplement en quête de notoriété et d'assise pour son "organisation" afin d'être remarqué et appelé par le nouveau pouvoir. Mais même si l'on y croit le mécontentement de la communauté religieuse dont il se veut un "représentant" pourrait se justifier. En effet, le personnage correspond exactement au stéréotype négatif sous lequel, à tort, le
Koweit a une mission de plus importante, plus sournoise et bassement politique.
Un instrument aux mains des nostalgiques
Le rôle assigné à la nouvelle "coqueluche islamique" des médias d'état, consisterait à servir d'instrument d'infiltration et de reprise de contrôle communauté. Pourquoi le CNI du président Drissa Koné Koudouss, fruit de la volonté de cohésion de la oumma, est-il si mal vu! C'est que certains signes, on ne sait trop pourquoi, sont donnés pour "inquiétants". Le CNI est né de la volonté de soustraire la communauté musulmane et particulièrement ses chets à toute vassalité, surtout dans ce contexte multipartisan. L'adhésion massive des populations qui ont longtemps souffert d'une image, volontairement entretenue, de peuple indiscipliné, désorganisé et cupide a légitimé cette structure. D'ailleurs le CNI a commencé à obtenir la prise en compte effective de la spécificité de
chacune des composantes de sa population.
Cet ensemble de faits n'a réussi malheureusement qu'à dresser une barrière de méfiance. D'où certain nombre de maladresses qui ont un moment, suscité des réactions bruyantes d'exaspération plus que d'autre chose. Mais cela a été suffisant pour servir le dessein de ceux qui, depuis l'ombre, tirent les ficelles. Saisissant la balle au bond, ils essaient d'accréditer l'idée selon laquelle les musulmans ivoiriens, membres ou sympathisants du CNI sont des "intégristes" et des "fanatiques".
Tout est donc fait pour discréditer le CNI. On n'hésite même pas à le présenter comme grenier au sein duquel un des protagonistes de la guerre de succession à Houphouët-boigny puise le gros de ses partisans. La presse de tout bord, sentant l'intérêt qu'il y a à tirer d'un tel amalgame réducteur, ne se prive pas d'entretenir cette thèse. L'important étant d'isoler le CNI et d'éliminer de fait son prétendu "Joker" en les accusant d'entraîner le débat dans une dérive ethnico-religieuse.
C'est à ce niveau qu'apparaît le rôle véritable écrit pour le sieur Diaby-Koweit. Il est un instrument aux mains des nostalgiques des temps des organisations "béni oui oui", ceux-là qui ont la phobie des structures autonomes et souveraines, surtout si elles recèlent d'un potentiel de puissance comme le CNI. De toutes les façons pour eux, ce conseil est suspect, ses membres dirigeants présentent trop d'accointances avec l'adversaire "nordiste" qui pourrait s'en servir. Il est donc plus prudent de prendre des précautions.
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Soit prendre le contrôle "officiel" de la communauté après avoir réduit l'audience du CNI à une portion congrue.
Soit, à défaut, diviser sérieusement la communauté pour l'affaiblir. Mais avant, ses membres à réagir "violemment" suite à une politique de harcèlement savamment menée.
Dans un cas comme dans l'autre, il devra obtenir deux résultats très importants : empêcher que sous l'influence du CNI la communauté ne constitue un groupe de pression, un réservoir de votes susceptible de modifier radicalement l'échiquier politique national par son soutien officiel ou officieux mais décidé en fonction de ses intérêts, à une quelconque des parties adverses engagées dans la course au pouvoir. Couper l'herbe sous le pied de tout adepte de cette religion qui voudrait profiter de l'instant de solidarité de ses coreligionnaires pour les avoir avec lui. Cela sera d'autant plus facile que la communauté sera soit "soumise", soit discréditée par l'étiquette de violence et d'intolérance qu'on lui aura collée.
Voilà pourquoi toute une machine de sape, de harcèlement politico-médiatique s'est mise en branle. Il s'agit de présenter le sieur Diaby aux yeux de l'opinion nationale, comme le musulman moderne (?). Face donc à cette campagne d'intoxication grossièrement menée quelle attitude adopter ? Faut-il en vouloir à ceux qui, sous prétexte de respecter la liberté d'expression, bombardent les écrans télévisuels avec les images des moindres éternuements du Koweïtien quand dans le même temps des leaders qui souhaitent s'adresser à l'ensemble des Ivoiriens sur des questions plus nationales sont passés au compte-gouttes ?
Faut-il en avoir après cet homme qui, alors que la Côte-d'Ivoire est à un tournant décisif de son évolution, se laisse manipuler et mène un combat d'arrière-garde pour arrêter le cours de l'histoire ?
Tout bon disciple du prophète Mouhammad (PBDL) doit savoir, malgré son ressentiment, sa rage intérieure, regarder avec hauteur ce qui se passe. Sûr de sa force morale, il doit faire preuve de tolérance, de maîtrise de soi et comprendre que les acrobaties de la "coqueluche islamique" des médias d'État sont les derniers soubresauts d'une époque pour laquelle le glas a irrémédiablement sonné. Il convient même de les considérer comme une épreuve de plus à subir. Car avec les nuages que certains amoncellent sur la tête des Ivoiriens, il faut savoir rester sereins et imperturbables. Il faut éviter de céder à la provocation et ne pas tomber le casus belli que certains charognards attendent pour bouffer de l'intégriste. Et comme la vérité finit toujours par triompher…
Calame
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Plume Libre #24
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