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Interview : Lassina Tiehi Joël
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- Titre
- Interview : Lassina Tiehi Joël
- Editeur
- Alif
- Date
- octobre 1994
- numéro
- 23
- Page(s)
- 4
- 5
- nombre de pages
- 2
- Est une partie de
- Alif #23
- Sujet
- Intégrisme
- Langue
- Français
- contenu
-
De la malédiction populaire à l'adulation et du stade d'Abidjan au Havre, l'international ivoirien LASSINA TIEHI Joël a connu les facettes de la vie. Sa conversion à l'Islam en 1990 fait partie de ses heurs. Lors de sa récente arrivée à Abidjan en juin dernier, nous l'avons rencontré dans la cour familiale sise à Adjamé Nord, où dans une ambiance fraternelle et chaleureuse, le footballeur choyé par les siens nous a parlé de sa vie professionnelle, spirituelle et sociale et de ses convictions.
ALIF : Est-ce que TIEHI Joël est un homme heureux ?
TIEHI Joël : Vous savez, dans la vie, quand tout vous réussit vous êtes heureux et quand rien ne vous réussit, vous êtes malheureux. Dans ma vie, pas celle de footballeur seulement, j'ai connu des hauts et des bas, j'ai dû beaucoup enduré et faire beaucoup d'efforts. Aujourd'hui ce sont les résultats et je ne peux être que satisfait.
ALIF : Qu'est-ce qui compte le plus pour vous ?
T. J. : Beh! beaucoup de choses ! La famille, les amis bref, la vie elle-même compte beaucoup pour moi.
ALIF : Comment êtes-vous venu à l'islam ?
T. J. : Il faut dire qu'il y a une trentaine d'années, mes parents pratiquaient la religion musulmane. Cela a été déterminant dans mon choix définitif. Tout jeune déjà je côtoyais beaucoup les jeunes musulmans du quartier qui étaient mes amis, je priais et je faisais le mois de Ramadan avec eux. J'avais donc fais le vœu de devenir pleinement musulman à un certain âge. C'est ce qui est arrivé. J'ai pris conscience à un certain moment que l'Islam allait m'apporter beaucoup de choses, je trouvais l'Islam bien. Et d'ailleurs en étant chrétien, je n'allais pas à l'église. Et depuis ma conversion, ma vie a changé. Oui, beaucoup de choses ont changé en moi !
ALIF : Justement, quelle est la part de l'Islam dans votre réussite ?
T. J. : Je prie, j'invoque Dieu. Il faut toujours prier qu'on soit chrétien ou musulman. Je crois en Dieu, je crois en l'Islam et j'espère pouvoir continuer jusqu'à mes derniers jours.
ALIF : Pensez-vous nous donner des exemples où l'islam vous a beaucoup aidé ?
T. J. : Oui. À Tunis. Avant le match contre le Ghana, j'avais beaucoup d'appréhensions. Je n'étais pas bien. Sur les conseils de ma femme, et de ma belle-mère qui m'avaient donné des livres sur l'Islam, j'ai lu des passages qui m'ont fait du bien. J'ai passé toute la nuit à prier et le lendemain on a vu le résultat. En toute chose, il n'y a pas de fétiche. Il faut prier Dieu. Il faut avoir confiance en Dieu. C'est ce que je fais actuellement.
ALIF : Êtes-vous un bon musulman ?
T. J. : Je ne sais pas, je prie et j'essaie de parfaire ma pratique religieuse. J'ai choisi l'Islam depuis quatre ans. J'essaie de m'investir corps et âme et j'espère qu'avec le temps j'aurai gain de cause.
ALIF : Comment vous arrangez-vous pour vos prières qui ont lieu à des heures où vous avez un match ?
T. J. : En dehors des prières de 16 heures et 18 heures, il n'y a pas de problèmes. Beh ! Comme on dit, je prends crédit et je paie après le match ; en gros ça ne pose pas de problème. Je prie normalement.
ALIF : Et le mois de Ramadan ?
T. J. : Là j'ai eu beaucoup de problèmes, ça a été très dur dans la mesure où on était encore en championnat : je me suis efforcé de tenir le coup pendant les deux premières semaines. Ce qui m'a énormément affaibli.
ALIF : Est-ce que vous vous acquittez de la ZAKAT ?
T. J. : Oui. Je l'ai même donnée, vendredi dernier, accompagné de ma belle-mère auprès de qui j'apprends ce qu'est l'Islam.
ALIF : À quand le pèlerinage ?
T. J. : Récemment, j'en discutais avec ma belle-mère. Pour l'heure mes obligations footballistiques ne me le permettent pas. Mais je crois que dans cinq ans environ, insh'Allah je le ferai. J'y tiens particulièrement.
ALIF : Faites-vous des pratiques ?
T. J. : Oui. Mais je fais surtout les prières. Le jeûne c'est difficile avec ma carrière. Pendant les vacances je jeûne un peu.
ALIF : Faites-vous des pratiques mystiques ou bien avez-vous un marabout ?
T. J. : Non. Je n'ai ni "gbasseur", ni marabout. Je me protège comme je peux avec mes prières islamiques. Mais vous savez quand on est dans un groupe de footballeurs, il y a des pratiques de fétichisme. Nous sommes Ivoiriens, nous sommes africains... Si vous refusez seul de faire ces choses beaucoup de choses se disent. On est donc obligé d'en faire. Pourtant ce n'est pas ce qui donne un bon rendement je crois qu'il faut s'entraîner. Être physiquement bien et prier ensuite Dieu pour réussir.
ALIF : Votre femme et votre belle-mère semblent occuper une place importante auprès de nous ?
T. J. : Ma femme occupe une place très importante parce que c'est ma femme ! Nous avons vécu beaucoup de choses ensemble. Ma belle-mère m'aide beaucoup surtout en Islam. Dans la vie, il ne faut pas être ingrat. J'essaie donc d'être correcte.
ALIF : Êtes-vous prêt à militer dans une association islamique ?
T. J. : Pourquoi pas ? Je manque certainement de temps mais je fais ce que je peux. Au Havre, il y a une association islamique à laquelle je participais. Malheureusement, je quittais mais verrai à Lens, s'il y en a, je m'impliquerai. Même ici à Abidjan, je m'y intéresse.
ALIF : Y a-t-il beaucoup de musulmans dans le milieu de foot ?
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ball professionnel en France ?
T. J. : Au niveau des ivoiriens, ceux qui pratiquent, ce sont Yssouf FOFANA, DIABY Sékana et Moussa TRAORE. Je sais aussi que Rachidi Yékini et d'autres joueurs algériens pratiquent beaucoup l'islam.
ALIF : Y a-t-il des relations privilégiées entre footballeurs musulmans ?
T. J. : Pas pour autant. Lorsque nous nous retrouvons en équipe nationale nous discutons soient entre musulmans et je trouve cela bien.
ALIF : Quel est votre sentiment devant ce qui arrive à votre partenaire de longue date OUMAR BEN SALAH,
T. J. : Comme je le dis toujours, je ne peux pas parler de cela. Vous savez dans la vie lorsqu'on est déjà atteint… vraiment c'est difficile pour moi. Je ne peux pas en parler. Tout ce que je peux demander c'est qu'on l'aide moralement et qu'on prie pour lui pour qu'il sorte le plus rapidement possible…
ALIF : Pratiquez-vous aisément votre religion musulmane en tant que sportif de haut niveau évoluant dans un pays comme la France ?
T. J. : Il n'y a pas de problème. Lorsque j'embrassais l'Islam, j'avais prévenu mes dirigeants et aux heures de prières, je les fais constamment. Il n'y a pas de problème, ils le savent.
ALIF : TIEHI Joël et la politique ?
T. J. : Non… Non… Je ne fais pas de politique. J'écoute et je regarde mais je ne m'y implique pas. Je suis PDCISTE mais je ne fais pas de politique.
ALIF : Quelle analyse faites-vous devant le problème de l'ex Yougoslavie ?
T. J. : c'est regrettable, c'est dommage que ces frères yougoslaves s'entretuent mais que voulez-vous, il y a des intérêts en jeu. Espérons que ça s'arrête.
ALIF : Quel est votre regard sur ce qui se passe en Algérie ou dans les autres pays où l'on parle d'intégrisme musulman ?
T. J. : Je crois que c'est des fanatiques. Mais il ne faut pas les juger comme ça. Il faut voir pourquoi ces intégristes sont fanatiques. Il faut essayer de les comprendre. Pour moi lorsqu'on aime quelque chose. il faut s'y investir. Et je crois que c'est ce qu'ils font. C'est dommage que cela prenne une mauvaise tournure mais je crois qu'il faut les comprendre.
ALIF : Quelle critique majeure feriez-vous aux musulmans en Côte d'Ivoire ?
T. J. : Je ne vois pas de critique. Il faut seulement que les autres nous acceptent comme tels. Que les non-musulmans qui disent beaucoup de choses sur nous, nous acceptent comme nous aussi les acceptons tels.
ALIF : Quels espoirs mettez-vous en Afrique ?
T. J. : J'ai la conviction que l'Afrique sera grande dans les années à venir. Elle va beaucoup se développer. Mais il faut attendre car les pays industrialisés, qui ont un regard sur notre continent, savent que dans l'avenir, dans vingt ans peut-être, l'Afrique sera grande si bien qu'ils modèrent leur soutien à notre égard. Mais il faut toujours espérer. Il ne faut pas baisser les bras à notre niveau pour inciter ces pays là à venir.
ALIF : Pensez-vous que l'humanité connaîtra un jour de paix ?
T. J. : Je pense que les violences ne vont jamais cesser. Cela fait partie de la vie. Il faut faire avec. Il faut seulement tenter de les calmer afin de ne pas arriver à des situations plus graves.
ALIF : Comment voyez-vous l'avenir de l'Islam en Côte d'Ivoire et dans le monde ?
T. J. : C'est un avenir meilleur. On ne peut pas inciter tout le monde à devenir musulman. L'islam est pourtant très bien. Personnellement j'invite ceux que je rencontre à embrasser la religion musulmane. Déjà trois de mes frères se sont convertis à l'islam. Je suis content pour eux.
Interview réalisée par IDRISS.
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