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Nuit du Destin : "Nous ne sommes pas des intégristes" déclare l'imam Aboubakar Samassi
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- Titre
- Nuit du Destin : "Nous ne sommes pas des intégristes" déclare l'imam Aboubakar Samassi
- Créateur
- Sylvain-Hassan Boza
- Editeur
- Le Jour
- Date
- 28 février 1995
- Résumé
- Toute la nuit du dimanche dernier, les musulmans de notre pays ont célébré la nuit du destin, la 27e nuit du mois sacré de Ramadan. A Abidjan, le Palais des sports a abrité la veillée de prière organisée par le Conseil Islamique (CNI), sous le parrainage du Conseil supérieur des Imams (COSIM). Thème retenu “Islam : réalités et préjugés en Côte d’Ivoire".
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Idriss Koudouss Koné
- Aboubacar Samassi
- Ligue Islamique des Prédicateurs de Côte d'Ivoire
- Ramadan
- Balla Keita
- Ibrahim Binaté
- Intégrisme
- Conseil National Islamique
- Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007915
- contenu
-
Toute la nuit du dimanche dernier, les musulmans de notre pays ont célébré la nuit du destin, la 27e nuit du mois sacré de Ramadan. A Abidjan, le Palais des sports a abrité la veillée de prière organisée par le Conseil Islamique (CNI), sous le parrainage du Conseil supérieur des Imams (COSIM). Thème retenu “Islam : réalités et préjugés en Côte d’Ivoire".
Toute la nuit du dimanche dernier, les musulmans de notre pays ont célébré la nuit du destin, la 27e nuit du mois sacré de Ramadan.
A Abidjan, le Palais des sports a abrité la veillée de prières organisée par le Conseil national islamique (CNI), sous le parrainage du Conseil supérieur des Imams (COSIM). Thème retenu : “Islam : réalités et préjugés en Côte d’Ivoire”.
Dès 20 heures déjà, les gradins du Palais des Sports ont été pris d’assaut par les fidèles musulmans venus de tous les quartiers d’Abidjan, vêtus de blanc, chapelet et nattes de prières à la main. Plusieurs personnalités et membres du gouvernement étaient présents. Une absence remarquée cependant à cette soirée du côté des officiels, le ministre Balla Kéïta. Au fur et à mesure que les invités prenaient place, une psalmodie du Coran, assurée par le Cheikh Sanogo alahedine envahissait la cuvette du Palais des Sports. A 23 heures M. Binaté Ibrahim président de la Ligue ivoirienne des prédicateurs de Côte d’Ivoire (LIPCI) et vice-président du CNI, a prononcé une allocution au nom du président El Hadj Koudouss, absent du pays. Une allocution dont l’essentiel a tourné autour de la paix et de l’unité dans le pays, résultant d’un respect mutuel entre communautés religieuses. Et également d’une plus grande justice de la part des autorités publiques vis-à-vis des différentes communautés religieuses du pays. Après lui, l'Imam Aboubacar Samassi de la mosquée de Cocody-Aghien est intervenu sur le thème : “Islam : Réalités et préjugés en Côte d’Ivoire”. Pour l’Imam, islam et communauté musulmane sont deux notions distinctes. L’islam exprime la soumission à un Dieu unique et du même coup à un ensemble de préceptes. Tandis que la communauté musulmane est un groupement humain, qui se déclare soumis à l’islam et dont le comportement est relatif puisque sujet à influence. Il est déplacé selon l’intervenant, de jeter le discrédit sur l’ensemble d’une communauté religieuse suite au comportement d’un seul individu appartenant à cette religion.
Le cas de Hitler a été pris en exemple. Celui-ci, reconnu unanimement comme auteur d’un crime contre l’humanité, appartenait, à une religion. Et si l’on devait condamner l’ensemble de cette communauté religieuse à laquelle il appartenait ç’aurait été faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle.
L’Imam de Cocody-Aghien a également déploré la confusion volontairement entretenue selon laquelle l'islam serait la religion des étrangers. Là-dessus, il recommandera aux uns et aux autres d’éviter cet “amalgame dangereux”. Car selon lui, la communauté musulmane de Côte d’Ivoire participe depuis toujours au développement de cette nation, parce que présente longtemps avant les autres religions.
Il fera d’ailleurs remarquer que l’esprit de tolérance des musulmans les a amenés à donner un toit à bon nombre de nos cadres non-musulmans à un moment donné de leur parcours scolaire.
Pour l’Imam, l’islam fait partie intégrante du patrimoine culturel national ivoirien. Car la Côte d’Ivoire a été fondée sur un fond multiséculaire et multi-ethnique. L’Imam Aboubacar Samassi a distingué trois périodes dans la vie de la communauté musulmane de notre pays. La période précoloniale, pendant laquelle les rapports s’inscrivaient dans une logique d’adversité culturelle horizontale. Car chaque culture voulait dominer les autres. Et puis vient la période coloniale au cours de laquelle on remarque une autre logique d’adversité culturelle, mais celle-là verticale. Avec une colonisation nouvelle, une culture nouvelle, soutenue par une religion nouvelle qui veut s’imposer à l’islam. D’où la diabolisation. Puisque désormais perçu comme l’ennemi à abattre.
Enfin vient la période postcoloniale, qui aurait dû en principe être la période d’une logique culturelle de partenariat. Comme Je dira l’Imam, cette logique devait amener plus de justice, et d’équité entre les différentes communautés religieuses. Mais malheureusement, ce n’est pas encore le cas. Pire, les musulmans de Côte d’Ivoire sont considérés à tort comme des intégristes.
Pour conclure, l’Imam proposera ce qu’il appelle “une nouvelle méthode de pensée et de réflexion”. Elle consiste Selon lui, en une rupture contextuelle en Côte d’Ivoire afin de juger les musulmans ivoiriens qui ne sont pas des Algériens, des Égyptiens ou encore, moins des Iraniens. D’où l’appel de l’Imam Samassi pour un “nouvel esprit de partenariat culturel”.
A la suite de l’Imam Aboubacar Samassi, le message de la nuit du destin a été aussi tôt diffusé en langues vernaculaires : Dida, Moré, Agni, Yoruba, Wobé et Dioula. Quatre sous-thèmes seront également traités : l’islamisation de la Côte d’Ivoire, l’islam et traditions, l’islam et intégrisme et le rôle de la femme en Islam. Les fidèles se sont transportés par la suite sur la pelouse du Palais des sports qui, pour la circonstance, a servi de lieu de prières.
Ceci pour une communion et une adoration profonde tout au long d’une nuit qu’ils ont décidé de dédier à Allah.
Sylvain-Hassan Boza.