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Le complot diabolique du PDCI contre le RDR
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- Titre
- Le complot diabolique du PDCI contre le RDR
- Créateur
- Gnaka Lagoké
- Editeur
- Le Nouvel Horizon
- Date
- 22 juillet 1994
- Page(s)
- 8
- 9
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Idriss Koudouss Koné
- Conseil Supérieur Islamique
- Alassane Ouattara
- Henri Konan Bédié
- Front populaire ivoirien
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Intégrisme
- Conseil National Islamique
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007900
- contenu
-
Le complot diabolique
Cela fait environ un mois que le Rassemblement Des Républicains a déposé ses statuts. Quelles formes : la panique, le désarroi, la volonté de réprimer et de diaboliser les nouveaux membres fondateurs de ce premier parti ? Autant de questions qui taraudent les esprits.
Le 27 juin 1994, soit deux mois après le congrès extraordinaire du PDCI (30 avril 1994) qui a vu le plébiscite de Henri Konan Bédié comme premier responsable du vieux parti, quelques personnes qui, jusque-là, se réclamaient du Rassemblement des Républicains ont déposé les statuts de leur parti à la préfecture d'Abidjan. Dans le sens d'un bond en avant du processus démocratique, cette date reste à jamais gravée dans les annales de la Côte d'Ivoire, tout comme le 30 avril 1990, qui nous rappelle la date du retour au multipartisme pour notre pays. Avant de délivrer le récépissé de reconnaissance du RDR, le ministère de l'Intérieur poursuit son enquête. Mais en attendant de sévir, comme on pourrait s'y attendre, le parti au pouvoir fait déjà parler de lui. Tristement, bien sûr. La salle 18 de la préfecture d'Abidjan dans laquelle l'agent de celle-ci M. Koré Marcelin a reçu le dossier du RDR a été fermée. On pourrait même dire « malheur à celui par qui le scandale arrive », M. Koré Marcelin aurait perdu son emploi, de sources dignes de foi. Le PDCI-RDA ne sait à quel saint se vouer. Selon l'avis d'un cadre, sympathisant de la nouvelle opposition, les responsables du PDCI, qui ont minimisé, au départ, Djény Kobina et ses amis n'ont jamais pensé que ces derniers franchiraient le rubicond et auraient le courage de déposer les statuts de leur parti, puis le 27 juin, les membres du RDR sont l'objet d'une cour assidue de la part de leurs rivaux. Laurent Dona Fologo, secrétaire général du vieux parti, est perçu comme le seul responsable de l'éclatement de ce parti. Il avait arrêté de parler afin de ne pas approfondir la blessure du RDR. Interrogé par un confrère français, lors du récent séjour européen des responsables ivoiriens, l'incorrigible secrétaire général du PDCI répond, sans ambages : « Le RDR ? c'est une invention de l'opposition ». Est-ce une échappatoire pour un homme visiblement gêné par la question, ou une hallucination ? Dans la volonté qu'affiche le pouvoir de vouloir résoudre le phénomène RDR, Laurent Dona-Fologo a été purement et simplement écarté. Mais, le pouvoir lui-même est confronté à un dilemme sérieux : réprimer ? Négocier ? Déclarer la guerre au RDR... Le PDCI semble être pris entre deux feux. Devant une telle difficulté, le parti au pouvoir semble avoir décidé de tout faire à la fois. Ce qui pourrait se résumer dans cette phrase. Réprimer en négociant. Le président autoproclamé lui-même y perd de sa prétendue virginité politique. Car, son parti ne fait qu'accumuler des erreurs, le début. Au moment où la situation est à prouver l'impossibilité du RDR à faire machine arrière, M. Henri Konan Bédié nourrit toujours le secret espoir de les racheter. À présent, après les rencontres infructueuses qu'il a eues avec le RDR, bien avant celles qui, à ses yeux, seront les dernières après son retour d'Europe, car le RDR devrait capituler (sic), il a confié une mission presque impossible au ministère de l'Intérieur au cabinet duquel s'étudie au peigne fin le dossier du RDR. M. Emile Constant Bombet a reçu du président de la République la difficile mission de ramollir les membres fondateurs du RDR, avant son show de la réconciliation. Aussi, Bombet rencontre-t-il individuellement…
Djény Kobina tient bon !
…ment les membres fondateurs du RDR pour les dissuader dans leur volonté de s'opposer au régime. Hyacinthe Sarasssoro, Djény Kobinan... Le plan du PDCI est le même : Une grande campagne de désinformation fait circuler la rumeur selon laquelle le RDR est sur le point d'abdiquer. Or, du côté de ce parti, on annonce fièrement avoir dépassé les 100 000 fiches d'adhésion. Certains hauts responsables du PDCI mettent l'existence du RDR sur le compte qu'ils ont été écartés et que le président de la République a fait l'erreur de laisser la gestion de leur parti dans les mains naïves de Laurent Dona-Fologo. Lors de la réunion du bureau politique du PDCI, le 10 juin 1994, le député Djédjé Mady n'est pas passé par…
Attention danger !!!
…savoir que la prise de conscience des musulmans ouvre les yeux à ceux-ci. Et cette prise de conscience, ce réveil déjoue toutes les projections d'un système qui s'est basé sur le ferment de l'inculture de la population. D'où la panique après celle que provoque l'idée d'un rapprochement. Hier, quand on ne parlait que de gauche et de droite, le CNI disait n'être ni de gauche ni de droite. Aujourd'hui, qu'il existe le centre, les pourfendeurs du CNI disent que cette organisation musulmane est de centre. Une telle déduction sert de base à la mise sur pied du double complot. À la vérité, de tels agissements sont irresponsables de la part de nos gouvernants car ils ne prennent pas en compte les dangers auxquels ils exposent notre République laïque. C'est pourquoi, nous en appelons à la vigilance de tous les républicains et de tous les démocrates afin d'éviter la déchirure à notre pays.
G.L.
Bédié ne maîtrise pas son monde.
Dans la logique du schéma des complots chers au PDCI, le président autoproclamé M. Henri Konan Bédié vient d'innover. Il décide d'ourdir un complot religieux : le complot contre le Conseil national islamique, contre la communauté musulmane. Malédiction, quand tu poursuis le président par décès. Car comment comprendre que le pouvoir puisse courtiser les musulmans au moment où il les traque ? Comment comprendre qu'on puisse prétendre être rassembleur, alors qu'on n'a que des gènes de division ? Ce complot contre la communauté musulmane soupçonnée d'être de connivence avec le RDR est un réel danger pour le pays. L'on savait être dans un État qui foule aux pieds les droits élémentaires des citoyens. L'on savait également que nos gouvernants se souciaient fort peu de l'homogénéité de notre nation en construction. Mais concevoir un complot contre une communauté qui ne demande qu'être respectée et qui revendique ses droits, en 1994 dépasse l'entendement.
Lors de la cérémonie d'ouverture du congrès de l'association des femmes musulmanes AFMCI à Niangon, le week-end dernier, El Hadi Aboubakar Fofana n'a pas manqué de s'étendre sur l'inutile peur des uns et des autres lorsque les musulmans s'organisent. À nos yeux, le pouvoir se sent nerveux de
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PDCI contre le RDR
à la préfecture d'Abidjan. Les positions au sein du vieux parti ne sont pas uni-
formes. Le RDR va-t-il capituler ? Bédié réussira-t-il à faire retourner en famille les
préoccupations qui donnent un intérêt à ce dossier.
quatre chemins pour fustiger la direction de son parti : l'accusant pratiquement d'avoir "créé" le RDR. Si pour les caciques, l'existence du RDR n'affaiblira nullement le parti au pouvoir, certaines personnes comme le député Djédjé Mady et le président de l'Assemblée nationale Charles Donwahi sont pour de vrais débats avec les dissidents du PDCI.
Du côté du Parlement, les choses bougent considérablement. Lors de la dernière réunion du groupe parlementaire PDCI, des caciques du PDCI ont demandé aux députés du pouvoir de prêter serment sur la foi de l'honneur, en réaffirmant qu'ils appartiennent toujours au PDCI. Des députés ne cacheraient plus leur sympathie pour le RDR. Le PDCI est aux abois, il ne sait comment attaquer le phénomène du RDR : des négociations infructueuses, des répressions sans succès, des supplications puériles du genre : "Pardon, ne partez pas. Pardon, ne partez pas. Pardon, ne faites pas ça. Nous sommes prêts à faire des concessions". Chacun y va de ses propositions. Le feu est vraiment dans la maison. Il risque d'emporter tous les vestiges du passé héroïque du parti au pouvoir en décomposition. Un sympathisant du RDR ne comprend pas que le PDCI veuille discuter maintenant avec le RDR. Pour lui, le RDR n'a pas à discuter du passé avec le pouvoir mais de l'avenir.
Dans la vision du parti au pouvoir, M. Henri Konan Bédié continue de croire que le Rassemblement des Républicains est une structure interne du vieux parti. Mauvaise appréciation de la situation politique. Mais dans le même temps, il n'ignore pas le degré de dépeuplement de son parti causé par le RDR. Ce qui ne transparaît pas dans les propos suivants d'un jeune entrepreneur, militant du PDCI : "Le RDR, c'est le fait de quelques cadres résidant à Abidjan et qui ne représentent rien dans le pays profond". Il existe donc toujours de nombreux militants qui ne s'aperçoivent pas du feu qui ravage le PDCI et qui préfèrent donner l'impression que le RDR, c'est du bluff. Le même entrepreneur disant : "Le seul problème avec le RDR, c'est qu'il y a derrière un danger tribal et religieux".
Voici le stéréotype du discours du pouvoir qui a commencé sa politique de diabolisation du RDR. Le président autoproclamé a été pris en flagrant délit de propos tribaux en disant à quelques Akans membres du RDR : "Méfiez-vous de ces Dioulas...". Comme le régime ivoirien, dans sa technique de diabolisation, fait une part belle à la tribalisation de toute opposition, le parti de Bédié prévoit une dé-akanisation du RDR. Une fois quelques Akans, rachetés, la propagande se chargerait de conforter l'idée selon laquelle
Diaby Koweit joue un rôle tro
le RDR est un parti de Dioulas. Car le vieux parti a conçu également un processus de mise à mort du RDR. C'est à ce niveau qu'intervient la partition de Diaby Koweit du Conseil supérieur islamique (CSI).
Une opération policière serait actuellement en cours. Des membres du CSI auraient reproduit les fiches d'adhésion du RDR et seraient sur le point de les distribuer dans les mosquées et aux abords de celles-ci afin de faire croire que c'est le Conseil national islamique (CNI) de l'imam Idriss Koudouss qui fait le recrutement du RDR dans les mosquées. Cette opération, dit-on prévoit une descente des policiers sur les lieux et saisiraient ses fiches... Ce complot purement diabolique du pouvoir
vise deux entités : le RDR et le CNI. Dès que les policiers saisiraient les prétendus militants du RDR en train "d'agiter" les mosquées de la part du PDCI, on brandirait le péril de l'intégrisme et la nature du RDR diabolisé comme un parti islamique. Ce qui donnerait les arguments juridiques de la non-légalisation du RDR. Ce double complot vise également la déstabilisation du CNI qui est dans le collimateur du pouvoir. Cela trouve son explication dans l'importance de l'électorat que constitue la communauté musulmane. Pour le
pouvoir, l'organisation musulmane dirigée par Idriss Koudouss qui refuse de s'aliéner à lui et pourrait bien être une force pour un parti politique, notamment le RDR. Il y a un mois de cela, le CNI échappait à un complot similaire mais de moindre importance. Ouassenan Koné avait reçu un rapport stipulant que le président du CNI lui-même faisait des meetings favorables au RDR pendant les prières et qu'il recruterait même pour le parti de Djeny Kobinan. Ce qui est faux. Les menées de déstabilisation du CNI répond donc à des fins politiques. Le PDCI, semble pris de panique en assistant à une nette prise de conscience de la communauté musulmane qui refuse de faire le jeu d'un régime
tribaliste et diviseur. Après la surprise de voir les membres fondateurs du RDR déposer les statuts à la préfecture, le 27 juin 1994, le pouvoir a pris peur, réellement peur car il sent que sa débâcle pourrait venir d'un rapprochement entre le RDR et les autres formations politiques guidées par le FPI. C'est ce qui justifie ce branle-bas tardif, ce réveil inutile du président de la République. D'ailleurs, il prévoit de faire une tournée dans le Nord qu'il croit être le bastion du RDR afin de retourner la situation en sa faveur à partir des bases. "Utopie", lance un militant de la Gauche ivoirienne. Possible, rétorque un ressortissant du Nord, militant du PDCI qui dit : "Je connais mes parents, il suffit qu'on leur donne de l'argent et ils retourneront leurs vestes...". Cette idée semble être le prolongement d'idées préconçues mais qui ne traduisent pas l'état de prise de conscience des hommes du Nord, fatigués d'être des faire-valoir. Par ailleurs, afin de tuer le RDR dans la conscience populaire, des personnalités importantes devraient monter au créneau incessamment. C'est dans cette vision que Kassoum Coulibaly, soupçonné d'être RDR, "mouillé" financièrement, se trouvait récemment à Korhogo. Des souhaits avaient été émis afin que le président du Conseil économique et social, soupçonné d'être le parrain du 41° parti politique, monte au créaneau pour détruire ce qu'il aurait contribué à créer. Djény Kobina et ses camarades qui attendent de discuter avec tous les partis politiques, d'égal à égal, à partir du 27 septembre, sont tellement conscients représailles qu'ils ont demandées à plusieurs de leurs militants de ne pas se découvrir. C'est même là que le pouvoir, qui entend faire des pressions également sur des hommes d'affaires, des hommes politiques à partir d'un chantage lié aux impôts qui seraient impayés, est coincé. Dans plusieurs cercles du RDR, les militants gardent leur sérénité. Ils sont convaincus que leur divorce avec le PDCI est éternel. Même si leur parti n'était pas reconnu. Car ils préfèrent grossir les rangs du FPI que de retourner au PDCI. La guerre PDCI-RDR n'est qu'à sa phase initiale. C'est le plus rusé qui l'emportera.
G.L.