-
Titre
-
En présence du Chef de l'État : le Parti et le Gouvernement ont rendu un dernier hommage au député Dramane Coulibaly
-
Date
-
22 août 1975
-
Page(s)
-
4
-
nombre de pages
-
1
-
Droits
-
-
Identifiant
-
iwac-article-0007842
-
contenu
-
National
En présence du Chef de l'État
Le Parti et le Gouvernement ont rendu un dernier hommage au député Dramane Coulibaly
Le Parti et le Gouvernement ont rendu le 15 août un dernier hommage à la mémoire de Dramane Coulibaly, député, originaire de Korhogo.
Le Président Félix Houphouët-Boigny, Chef de l'État et Président d'honneur du PDCI, le Président Philippe Yacé, Secrétaire général du Parti, le Président Mamadou Coulibaly, du Conseil Économique et Social, une délégation du Bureau Politique, des membres du Gouvernement, des parlementaires et des conseillers économiques et sociaux ont effectué le déplacement à Korhogo pour s'associer à la douleur de la famille Gon et assister à l'inhumation du grand militant disparu.
Mais, avant que les derniers devoirs ne fussent rendus à M. Dramane Coulibaly, le Président Yacé, en proie à une profonde émotion, a retracé la vie du défunt en ces termes :
L'éloge funèbre par le Président de l'Assemblée nationale
Une fois encore, c'est la consternation. Une fois de plus, la main du destin avec une force aveugle vient de s'abattre sur le pays, sur le Parti, sur l'Assemblée Nationale. Elle arrache à l'affection de tous, un grand militant, un représentant national, un ami.
En effet, le mercredi, tôt dans la matinée, la nouvelle du décès subit d'El Hadj Coulibaly Dramane sema stupéfaction et désolation. Oui El Hadj Coulibaly Dramane n'est plus.
Mercredi 13 août, jour de deuil au niveau de la nation : consacré à l'émotion, à la fidélité du souvenir et au recueillement.
Encore un vide dans nos rangs, un vide difficile à combler quand on sait qu'il s'agit d'El Hadj Coulibaly Dramane dont le seul nom évoque l'histoire de Korhogo en Côte d'Ivoire et s'identifie à elle, parce qu'il sut être avec un égal bonheur un très grand militant.
La disparition d'El Hadj Coulibaly Dramane, terrassé en pleine action, constitue un drame national à un moment où le pays est confronté à l'immense problème de développement dans le Nord. C'est pourquoi la Nation toute entière recueillie, pleure la disparition d'un de ses illustres fils, compagnon inconditionnel du Chef de l'État, frappé dans ses affections les plus profondes. El Hadj Coulibaly Dramane a été une grande figure de l'époque la plus héroïque de notre histoire, car dans des circonstances particulièrement difficiles, il a servi le pays avec une abnégation remarquable : notre peine est à la mesure de l'exemple de ce grand disparu.
Comme tant d'illustres pionniers de notre lutte émancipatrice qui ont souffert dans leur dignité d'homme, Dramane connut comme eux les atrocités de l'oppresseur : les tortures et les horreurs de la prison dès 1951. Comme tant d'autres héros, dont la foi en leur idéal de justice était le ferment de leur action, Dramane fit front avec courage à toutes les attaques de nos opposants politiques, à toutes les brimades et humillations dont il fut victime de 1953 à 1956 au cours des campagnes électorales et des grands déplacements du Président du RDA auxquels il était associé.
Il appartenait en effet à la génération des pionniers de notre Parti, le PDCI-RDA où on le retrouve déjà en 1946 comme membre fondateur. Cet infatigable compagnon du Chef de l'État était aux côtés de son illustre père, le regretté Gbon Coulibaly, lorsque celui-ci accueillit en 1944, dès la naissance du Syndicat Agricole Africain, le Président Houphouët-Boigny à Kong.
Le Président Houphouët-Boigny, rappelons-le, était non seulement le Député de Côte d'Ivoire au Palais Bourbon, mais aussi le Conseiller Général de Korhogo où il fit liste commune avec celui que nous pleurons aujourd'hui. Pour tous ceux qui ont eu le bonheur de le connaître, de le fréquenter, El Hadj Coulibaly Dramane, personnifiait la simplicité, le courage et l'humilité.
Né en 1912 à Korhogo de Gbon Coulibaly et de Tiécoumbo Coulibaly, Dramane fit ses Études Primaires à l'École Publique de cette ville, puis à l'École Professionnelle Clozel d'Abidjan.
En 1932, en qualité d'ouvrier ajusteur, il entra à la RAN où il fut affecté à la réserve de Tafiré. Là, le 23 février 1934, il fut victime d'un grave accident de travail. Il ne reprendra ses services qu'en 1936 à Abidjan après consolidation de sa blessure.
Jouissant d'une grande popularité et de la confiance du Parti, Dramane fut élu Conseiller général en 1952 et sera réélu successivement comme Député aux Assemblées Territoriale, Constituante, Législative et Nationale. Travailleur infatigable, Dramane assumera en outre les hautes responsabilités de secrétaire général de la sous-section de notre Parti à Korhogo de 1962 à 1970.
Malgré son grand âge, cet homme remarquable, animé d'un courage à toute épreuve, m'accompagnait dans nombre de mes déplacements au Nord du pays. Fidèle dans ses amitiés, il sut entretenir toute sa vie durant, des rapports étroits et fréquents avec son aîné, le Président Félix Houphouët-Boigny, rapports privilégiés et exemplaires, constamment ravivés par une affection chaleureuse, sincère et réciproque que n'a cessé de lui porter ce dernier.
Cette fidélité qui le caractérise se retrouve également dans ses relations avec ses collègues au Parlement où ses immenses qualités de cœur lui attirèrent respect et admiration.
Parler de la vie Parlementaire de notre regretté collègue, c'est retracer l'histoire de notre Parlement, c'est-à-dire, du Conseil Général à l'Assemblée Nationale en passant par l'Assemblée Territoriale, Constituante et Législative.
Tout au long de ces nombreuses années de vie Parlementaire, j'ai pu personnellement apprécier les immenses qualités d'homme de Dramane Coulibaly. Le calme, le sérieux, la pondération marquaient de leurs empreintes tous les actes de sa vie. Je me plais à souligner que les liens intimes qui l'unissaient au Président Houphouët-Boigny n'ont jamais altéré la légendaire modestie de notre ami. Sa grande expérience des problèmes de tous ordres, sa connaissance profonde des méthodes agricoles, firent de lui un précieux Conseiller dont les avis éclairés et pertinents étaient toujours appréciés.
Son amour pour la terre servait d'exemple à ses frères Sénoufo qu'il sut convaincre et organiser en cultivateurs soucieux d'utiliser les nouvelles méthodes culturales par la construction de barrages pour la culture du riz irrigué. Ainsi, El Hadj Coulibaly Dramane a rendu d'immenses services à la nation que nous sommes loin d'oublier. Tous ces mérites lui ont valu de nombreuses décorations : Étoile Noire du Bénin, Grand Officier de l'Ordre National et Commandeur du Mérite Agricole. Il était en outre, membre du Comité Directeur du PDCI, membre du Conseil de l'Ordre, membre de la Haute Cour de Justice, membre du Conseil National de l'Agriculture.
À tous les vaillants fils de Korhogo, qui souhaitent la prospérité croissante de cette splendide région, il reste un dernier devoir : celui d'assurer la continuité de l'œuvre combien belle du grand disparu, dans la paix et dans la concorde. Le pays, le Parti, le Gouvernement et l'Assemblée Nationale profondément affectés par la tragique disparition d'un des leurs, comprennent et partagent l'immense chagrin de sa famille éplorée. En leur nom et en mon nom personnel, je présente à ses veuves, à ses enfants, à ses parents, à ses amis et à tous ceux qui le pleurent, nos condoléances émues.
Mon cher Dramane, ta brutale disparition a réuni ce matin, autour du Chef de l'État, ton grand ami, toute la nation dans un même hommage. Sa présence ici, au seuil de ta dernière demeure, est un vibrant témoignage rendu à ta fidélité, c'est la consécration d'une amitié qui a résisté aux épreuves du temps et que rien n'a ternie, c'est l'hommage sincère d'un compagnon de lutte, c'est l'expression de la profonde estime d'un frère qui sait se souvenir, c'est enfin l'assurance que cette œuvre exaltante de libération de l'homme sera poursuivie.
Je m'incline avec respect devant ta dépouille mortelle. Puisses-tu veiller sur nous et inspirer nos actions. Adieu Dramane. Que la terre de tes ancêtres te soit légère.
Fraternité Hebdo
Frédérick Madore
