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"La jeunesse continuera notre action" affirme le Président Mamadou Coulibaly
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- Titre
- "La jeunesse continuera notre action" affirme le Président Mamadou Coulibaly
- Créateur
- Ben Soumahoro
- Editeur
- Fraternité Hebdo
- Date
- 5 novembre 1976
- Page(s)
- 6
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Mamadou Coulibaly
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007841
- contenu
-
Après avoir, en trois émissions télévisées, parlé de sa propre expérience, du Président Houphouet-Boigny dont il demeure un des principaux compagnons,
BEN SOUMAHORO
Le Président Houphouet-Boigny, au 6e Congrès du Parti, a brossé, telle qu'il la conçoit, une vision de l'avenir de la Côte d'Ivoire. Le Président Houphouet-Boigny est entouré d'hommes qui l'ont aidé, qui l'ont écouté, qui ont appliqué sa politique depuis maintenant plus de 30 ans. Et il est bon de connaître, avec la vision du Président Houphouet-Boigny, ce qu'ils peuvent ajouter à ce que nous pouvons imaginer de notre devenir.
Je voudrais commencer par demander au Président Coulibaly de nous dire si, quand il y a 30 ans ils ont engagé le combat, il pensait que la Côte d'Ivoire serait devenue ce qu'elle est aujourd'hui. Est-il surpris de voir ce qui se passe aujourd'hui?
LE PRESIDENT COULIBALY
Au début du combat que nous avons mené, nous avions un objectif: obtenir le respect de notre personne, qui était bafouée: et nous estimions que c'était là le premier objectif: faire respecter notre dignité, ne plus être considérés comme des animaux mais comme des êtres humains. Nous en avions assez des mauvais traitements, des humiliations; et notre combat avait d'abord pour but cette conquête morale. Ensuite, pourrait venir l'organisation d'un pays à l'image des autres pays libres. Mais au moment où le Président Houphouet-Boigny nous a appelés à la lutte, notre objectif était d'obtenir le respect de notre dignité d'homme.
BEN SOUMAHORO
L'avenir de la Côte d'Ivoire, M. le Président, nous savons que vous y travaillez avec le Président Houphouet-Boigny et tous vos compagnons. Mais, peut-on rêver ensemble quelques minutes? Puisque la Côte d'Ivoire donne l'impression, comme on l'a souvent dit, d'être un pays où le rêve et la réalité se rencontrent souvent.
LE PRESIDENT COULIBALY
Ma foi! Grâce au travail et à l'union des habitants du pays, nous ne pouvons que suivre le Président Houphouet, lorsque à Korhogo il a créé une image de l'action qu'il devait mener pour le développement économique et social de la région déshéritée du Nord; et ensuite projeter cette vision de développement vers l'ensemble, de façon à combler les faiblesses existantes à l'Ouest, au Sud, au Centre ou à l'Est.
Je crois que chaque Ivoirien doit, comme le Président, se créer une image d'une Côte d'Ivoire heureuse et prospère et orienter son action vers son accomplissement. Au côté du Président Houphouet, qui heureusement nous dessine le cadre, il suffit que chacun, au poste où il se trouve placé, mène l'action, honnêtement, courageusement, efficacement afin que ce qui peut être considéré aujourd'hui comme un rêve devienne une réalité vivante.
BEN SOUMAHORO
Quand on vous entend, M. le Président, on est tenté de se poser une question: avez-vous jamais eu le sentiment d'un écœurement devant l'avenir? Albert Camus appelait cela: l'inquiétude
LE PRESIDENT COULIBALY
C'est là un sentiment circonstanciel. La vie n'est pas un palier sur lequel tout roule comme une bille sur un tapis. La vie est faite de hauts et de bas. Et je crois, d'ailleurs, que c'est ce qui donne un certain goût à l'action. Il est évidemment des périodes où, quelque incident de parcours vous surprenant, vous êtes amenés à vous interroger: est-ce pour longtemps? Est-ce momentané ? Que faut-il faire pour en finir avec cet obstacle?
Alors, à ces moments-là où l'on éprouve dans son esprit une certaine confusion — il convient de savoir les éviter, et il y en a très peu je crois — pour chacun de nous — il faut savoir se reprendre et ne pas douter de l'avenir de la Côte d'Ivoire.
Du moins, tant que les choses pourront aller de l'avant, comme définies par les congrès du Parti, telles que proposées par notre premier Responsable, je crois que tout incident qui pourrait à un moment quelconque éveiller une certaine inquiétude, serait appelé à disparaître aussitôt parce que l'environnement nous en permet la certitude: ce ne pourrait être qu'un incident de parcours, absolument momentané.
« La jeunesse continuera notre action » affirme le Président Mamadou Coulibaly
Juin 1956. Retour en Côte d'Ivoire de Félix Houphouet-Boigny, ministre du gouvernement Guy Mollet. A sa droite, le député Quezzin Coulibaly, à sa gauche le conseiller de l'Union Française Mamadou Coulibaly.
BEN SOUMAHORO
Merci, M. le Président. Je voudrais maintenant vous demander ce qui, à votre avis, nous restera de la sagesse que vous nous expliquez, que vous nous enseignez chaque jour avec force patience. Que nous restera-t-il de tout cela?
LE PRESIDENT COULIBALY
Je pense que le fait de cette imbrication des jeunes et des vieux, cette cohabitation à tous les niveaux, l'association de la jeunesse à l'action la plus élevée de la vie nationale, permettent de dire qu'il n'y aura pas de coupure et que la jeunesse continuera l'action avec le même bonheur sinon davantage, parce que mieux armée scientifiquement, intellectuellement. Je ne pense pas qu'il y ait de motifs de crainte pour l'avenir de la Côte d'Ivoire tant que nous restons soudés, nous les anciens, avec les jeunes qui, voyant ce que nous avons mis en place, apportent les corrections de leur science, de leur compétence. Je crois que nous pouvons dormir sur nos deux oreilles; en tout cas nous retirer sur la pointe des pieds, assurés que la relève se fera dans les meilleures conditions.
BEN SOUMAHORO
Quelles sont, du Président Houphouet-Boigny et de ceux qui l'entourent, les qualités essentielles, principales, à retenir pour la jeunesse?
LE PRESIDENT COULIBALY
La jeunesse doit aimer son pays, et chaque jeune doit aimer son prochain. Rien n'est possible s'il n'y a pas l'amour; mais tout est possible dès l'instant où l'amour vit à plein. Nous pourrions nous en dispenser s'il nous suffisait, comme les animaux de la brousse, de passer les uns à côté des autres, et dès l'instant où l'on n'a pas le même genre des cornes, le même pelage, de considérer que chacun doit se défendre à sa façon. Mais agir en homme c'est considérer que nous sommes de même race. Qu'il soit du Sud, du Centre, du Nord, de l'Ouest ou de l'Est, l'Ivoirien fait partie d'un tout; et de quelque secteur qu'il vienne, il doit être pris par les autres comme partie intégrante de ce tout. Je suis sûr que dans ces conditions, rien ne peut s'opposer à ce que la Côte d'Ivoire, au lieu de s'effriter, se consolide dans l'union et le travail.
BEN SOUMAHORO
M. le Président, à la fin de cette série d'émissions que vous avez bien voulu nous accorder, avez-vous un message à adresser à la Côte d'Ivoire jeune et moins jeune?
LE PRESIDENT COULIBALY
Je veux tout simplement demander à mes compatriotes jeunes, et moins jeunes, d'être les continuateurs de notre Président dans l'action qu'il a menée, dans l'amour qu'il professe pour le prochain; j'ai évoqué, dans une précédente émission, certains aspects de son attitude vis-à-vis de l'homme ivoirien; comment la suppression du travail forcé n'a pas empêché le Président d'imaginer déjà le développement de la jeunesse ivoirienne. Et j'ai dit qu'en même temps qu'était organisée la défense des adultes, le développement de la jeunesse était envisagé. Si bien qu'à la première occasion, comme l'a si bien présenté mon collaborateur et ami Anzouan, la formation de la jeunesse capable a été organisée; les jeunes sont partis, et aujourd'hui nous sommes fiers d'accueillir cette jeunesse qui est revenue armée de science et qui travaille, qui travaille efficacement. Donc, qu'à leur tour les jeunes qui sont prêts à la relève aujourd'hui, fassent comprendre à leurs propres jeunes qu'ils doivent être mis au travail, qu'ils doivent être préparés à la relève numéro 2 pour les années qui viendront; et qu'ainsi une certaine continuité dans l'action des Ivoiriens permette à la Côte d'Ivoire de ne pas connaître des à-coups dans son développement, mais qu'au contraire la vie de la Nation soit une ascension continue. C'est le message que je voudrais lancer aux jeunes et aux moins jeunes, à l'occasion de cet anniversaire du Président Houphouet qui demeurera le guide de la Côte d'Ivoire, le symbole de la loyauté, de l'amour pour ses frères ivoiriens d'abord, pour tous les Africains ensuite. Je demande que chacun, dans son secteur, se considère comme mobilisé pour apporter la pierre efficace à la construction de la Côte d'Ivoire. Si cela est, la Côte d'Ivoire ne fera qu'aller de l'avant pour combler le vœu si cher au Président: faire que le pays soit l'égal des pays les plus civilisés du monde; le potentiel est là, il vous appartient, jeunes Ivoiriens d'aujourd'hui, de le mettre en action.
BEN SOUMAHORO
Je vous remercie, M. le Président, je remercie M. le directeur de cabinet de nous avoir tenu compagnie pendant ces quatre semaines, je voudrais vous dire, M. le Président, combien je suis sûr que les téléspectateurs ont apprécié tout ce que vous avez dit sur ce plateau, car je crois qu'ils l'attendaient depuis très longtemps, et que simplement votre modestie avait fait que votre résistance à notre demande avait été difficile à surmonter. Je crois que leur attente a été bien récompensée, car nous avons appris avec vous. M. le Président, énormément de choses. J'ai lu encore aujourd'hui, M. le Président, une phrase avec laquelle je ne suis pas du tout d'accord. Je crois que la réponse à cette phrase a été donnée par vous-même ici, et probablement par la réaction des téléspectateurs qui vous ont entendu. Cette phrase dit que les souvenirs ne se partagent pas, que l'on en veut aux autres de ne pas s'attendrir autant que soi. Je puis au contraire vous assurer, M. le Président, qu'après votre première émission, plusieurs téléspectateurs se sont émus en même temps que vous, et ont compris à quel point votre combat a été très difficile, non seulement au niveau global mais au niveau personnel; ils ont également compris que ce combat avait été un combat de sacrifice et que, quand vous prononcez ce mot, vous ne le dites pas simplement parce que vous l'avez lu quelque part, vous avez subi cette dure colonisation contre laquelle vous avez lutté au risque parfois d'hypothéquer même, c'est très important, l'avenir de vos enfants. Et nous avons bien senti là que quelque chose était incomplet dans tout ce que vous avez dit, mais qui ne dépendait pas de vous, car vous avez sacrifié l'intérêt personnel pour l'intérêt général.
Et c'est grâce à des hommes comme vous, M. le Président, que nous vivons aujourd'hui comme nous avons l'occasion de le faire. Même si, au départ, vous aviez dit: "d'abord la dignité et le reste ensuite", nous voyons que le reste a été accompli avec vous. Et cela est aussi une part de notre plaisir de voir que vous êtes encore avec nous, et nous souhaitons que vous y demeuriez longtemps. Je vous remercie, M. le Président, au nom des téléspectateurs qui vous ont écouté pendant quatre semaines.
puis de la lutte politique au sein du RDA, le Président Mamadou Coulibaly conclut en disant sa confiance en l'avenir grâce à la collaboration confiante entre anciens et plus jeunes.