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Affaires "Bédié porte malheur" et "Les faux billets de Diaby Koweit" : Abou Drahamane Sangaré, Emmanuel Koré, Ali Kéita et Ladji Sidibé déférés à la MACA
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- Titre
- Affaires "Bédié porte malheur" et "Les faux billets de Diaby Koweit" : Abou Drahamane Sangaré, Emmanuel Koré, Ali Kéita et Ladji Sidibé déférés à la MACA
- Créateur
- Freedom Neruda
- Editeur
- La Voie
- Date
- 22 décembre 1995
- Résumé
- Ce n'est pas demain que la liberté d'opinion sera effective en Côte d'Ivoire et que la chasse aux journalistes prendra fin. À preuve, en cette fin d'année, le pouvoir Bédié a décidé de repartir en guerre contre la presse qui ne le caresse pas dans le sens du poil.
- Page(s)
- 1
- 6
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Henri Konan Bédié
- Front populaire ivoirien
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Diaby Moustapha
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007650
- contenu
-
Ce n'est pas demain que la liberté d'opinion sera effective en Côte d'Ivoire et que la chasse aux journalistes prendra fin. À preuve, en cette fin d'année, le pouvoir Bédié a décidé de repartir en guerre contre la presse qui ne le caresse pas dans le sens du poil.
Lundi, c'est la Noël. Mais les enfants d'Abou Drahamane Sangaré, Emmanuel Koré, Ali Keita et Ladji Sidibé n'auront pas la joie de recevoir leurs cadeaux des mains de leur père. Ainsi en a décidé le pouvoir de Konan Bédié. Décision exécutée hier soir, par le président du tribunal de première instance, le juge d'instruction M. Dagnogo et sa commère le procureur de la République Madeleine Kouassi qui ont décidé de les envoyer à la MACA dans les affaires qui leur valent aujourd'hui d'être maintenus dans les liens de la prévention.
La première affaire qui a éclaté, on le sait, est relative à ce qu'on pourrait appeler l'affaire "les faux billets de Diaby Koweit". Le quotidien proche du RDR, le "Républicain ivoirien" a publié, peu après les élections législatives, une correspondance particulière qui mettait en cause la qualité des billets de banque distribués à tour de bras par l'inenarrable Diaby Koweit. Selon ce correspondant qui a donné l'information avec une certaine réserve, les populations de Samatiguila où cet homme à l'origine controversée était candidat, estimaient que parmi les billets de banque trop généreusement distribués, il y en avait de faux. Le correspondant avait toutefois pris le soin d'indiquer qu'il fallait rester à l'écoute de Samatiguila pour en savoir d'avantage.
Autant on ne peut pas nier au sieur Diaby Koweit le droit de se sentir diffamé, encore que la justice ait à établir cette infraction, autant on tombe carrément des nues en sachant l'identité des personnes interpellées. Il s'agit d'Ali Keita et de Ladji Sidibé. L'un est responsable de la restructuration du groupe de presse "Le Républicain ivoirien", l'autre rédacteur en chef. C'est-à-dire des personnes qui ne sont nullement visées par l'article 53 de la loi ivoirienne sur la presse.
Le directeur de la publication du groupe "Le Nouvel Horizon", Abou Drahamane Sangaré, n°2 du FPI et l'un de ses collaborateurs, Emmanuel Koré sont poursuivis pour le délit d'offense au chef de l'État. Parce que les journalistes de "la Voie" ont eu à se faire l'écho d'une opinion répandue aujourd'hui en Côte d'Ivoire et selon laquelle, la défaite surprise de l'ASEC d'Abidjan face aux Sud-Africains d'Orlando Pirates est liée à ce que beaucoup considèrent dans ce pays comme une certaine poisse qui accompagne les principaux déplacements de Konan Bédié.
Après vingt-quatre heures de garde à vue et un interrogatoire serré à la brigade de recherches de la gendarmerie nationale, Abou Drahamane Sangaré et Emmanuel Koré se retrouvaient à la barre hier en compagnie des deux responsables du "Républicain ivoirien". Maître Emmanuel Assi qui s'est constitué pour défendre les deux journalistes du quotidien proche du RDR aura déployé un trésor d'arguments pour obtenir, pour ses clients, la liberté provisoire. "Monsieur le président, laissez rentrer chez eux ces deux personnes qui n'ont rien, absolument rien à voir avec cette affaire", a-t-il imploré. Peine perdue. Et M. Dagnogo qui avait une mission à remplir a rejeté cette requête.
Me Daligon s'est contenté d'acquiescer. Abou Drahamane Sangaré et Emmanuel Koré n'a pas jugé nécessaire d'abonder dans le même sens que son confrère. Il s'est même vu répondre que le dossier n'est pas encore prêt. Il ne restait plus au juge qu'à renvoyer l'affaire tout en sachant pertinemment qu'il empêcherait ces personnes d'être aux côtés de leurs enfants pour la Noël. Mais qui a le cœur à la fête ?
Reste à espérer que les démocrates et les Républicains ivoiriens effectuent nombreux le déplacement pour suivre cette autre parodie de procès. Car, on le sait, les dés sont pipés d'avance.
Freedom Neruda