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Conférence. L'iman El Hadj Aboubacar Fofana : "J'ai peur pour la Côte d'Ivoire"
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- Titre
- Conférence. L'iman El Hadj Aboubacar Fofana : "J'ai peur pour la Côte d'Ivoire"
- Créateur
- Paul D. Tayoro
- Editeur
- La Voie
- Date
- 21 août 1995
- Résumé
- À l'occasion de l'ouverture du 13ème séminaire annuel de l'AEEMCI, El Hadj Aboubacar Fofana, porte-parole du Conseil supérieur des imams, a prononcé une conférence.
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Association des Élèves et Étudiants Musulmans de Côte d'Ivoire
- Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Aboubacar Fofana
- Couverture spatiale
- Liban
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007649
- contenu
-
À l'occasion de l'ouverture du 13ème séminaire annuel de l'AEEMCI, El Hadj Aboubacar Fofana, porte-parole du Conseil supérieur des imams, a prononcé une conférence.
"Je vois en Côte d'Ivoire les signes précurseurs de la guerre du Liban, du Liberia et de l'Angola. Et je m'inquiète", a déclaré, le dimanche 13 août dernier, El Hadj Aboubacar Fofana.
Invité par l'Association des élèves et étudiants musulmans de Côte d'Ivoire (AEEMCI) à la cérémonie d'ouverture de son 13ème séminaire annuel, le porte-parole du Conseil supérieur des imams et conseiller d'Idriss Koudouss prononçait une conférence sur le thème : "Quelle contribution de l'Islam à la sauvegarde de l'unité nationale ?"
Selon le conférencier, l'unité a toujours été la condition de survie de tout peuple. C'est pourquoi tous les responsables, tous les fondateurs de civilisation, de nation ou empire ont eu, à travers l'histoire, le souci d'unir et de regrouper leurs forces. Citant le Coran, El Hadj Aboubacar Fofana affirmera que la première brique de l'unité est l'amour, l'estime et le respect, ainsi que la solidarité : « Car si les uns ne sont pas prêts à sauver les autres, c'est tout le groupe qui ne sera pas sauvé".
En Côte d'Ivoire, pays fait de peuples ayant des origines diverses, la notion de l'unité est diversement appréciée. Certains fondent leur unité sur la terre. Mais celle-ci, à elle seule, ne saurait être un élément de regroupement: "Car si tu ne travailles pas la terre, d'autres viendront le faire à ta place et la phagociteront". L'argument ethnique, quant à lui, est à rejeter. C'est, selon El Hadj Aboubacar, une bombe à retardement. "Je n'ai pas choisi d'être bété ou baoulé, tu es injuste et tu es contre Dieu (...) Et si tu ramènes tout à ton ethnie, tu vas exclure les autres et composer uniquement avec les hommes médiocres de chez toi".
Si l'on veut baser l'unité sur la couleur de la peau, nous arrivons au même résultat. Et si notre unité est faite autour de l'argent, cette unité sera fragile du fait de la lutte des intérêts.
Quant au nationalisme étroit, il rejette tout ce qui ne vient pas du carré national et est source de guerre. L'Afrique en est victime en ce moment. Pour une unité durable, selon le conférencier, le moyen le plus efficace est celui des idées communes pour une vie commune. Un consensus minimum que toute la nation est prête à respecter. "Mais ce qui va tuer la Côte d'Ivoire demain, c'est l'égoïsme. Le fait de vouloir tout prendre pour soi est un sentiment dangereux", affirmera-t-il.
Revenant sur la récente déclaration des imams, El Hadj Aboubacar regrettera que l'on veuille les diaboliser pour avoir seulement demandé, comme l'ont fait les responsables de l'Eglise catholique, aux uns et aux autres de trouver un consensus pour éviter le pire à notre pays. Ainsi, était-il interrogé au début de sa conférence: "Si des enfants d'un même père et de mères différentes construisent une maison et qu'après le décès du père, un des enfants déclare qu'il est le seul héritier parce que sa mère était la plus aimée du père, l'unité subsistera-t-elle au sein de cette famille?" Or, a-t-il conclu, en citant de larges extraits du Coran, les saintes valeurs de l'islam font de tous les hommes des frères solidaires. Sans distinction aucune.
Paul D. Tayoro