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Titre
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Conseil National Islamique : le congrès aura-t-il lieu?
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Date
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8 janvier 1993
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Page(s)
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5
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nombre de pages
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1
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Droits
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Identifiant
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iwac-article-0007637
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contenu
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CONSEIL NATIONAL ISLAMIQUE
Le congrès aura-t-il lieu ?
Les musulmans de Côte d'Ivoire ne sont pas encore au bout de leur peine. Après la réunion empêchée par les policiers, le 28 novembre dernier, de lourdes menaces planent sur celle qui est programmée pour le samedi 9 janvier à la mosquée d'Adjamé. La politique politicienne s'est introduite dans la religion.
"Monsieur le ministre, suite au report de l'Assemblée générale constitutive du Conseil national islamique (CNI) initialement prévue pour le 28 novembre 1992, l'ensemble des membres de la future fédération, après concertation, a décidé de tenir ladite Assemblée générale, le samedi 9 janvier 1993, à 9h, à la grande mosquée d'Adjamé. Nous souhaiterions la couverture médiatique de ceue manifestation par les différents organes de presse". Voilà la teneur du communiqué de presse daté du 2 janvier et envoyé au ministre de la Communication pour qu'il autorise la couverture médiatique du congrès constitutif du CNI. Ce communiqué porte le sceau du Conseil supérieur des Imams (05 BP. 334 CIDEX 3 Riviera). Il porte la signature de l'Imam Fofana Aboubacar.
A sa lecture, tout semble bien acquis pour que la réunion de la mosquée d'Adjamé se déroule sans aucun incident. Doit-il en être autrement lorsque la presse nationale – et peut-être internationale – est invitée, en toute transparence, à venir couvrir cet événement dont le but est, par ailleurs, bien et clairement énoncé ? Dans la soirée d'avant-hier, nous avons essayé d'avoir les avis de quelques Imams des plus en vue d'Abidjan. Nous avons pu rencontrer Hadj Vassiriky Diaby (Imam de la mosquée d'Adjamé, président du conseil des Imams, convalescent, et son adjoint El Hadj Moustapha Sanogo qui assure son intérim. Nous avons également rencontré El Hadj Matić Diakité, 104 ans, Imam de Treichville et bien d'autres musulmans encore. A la question de savoir s'ils sont informés de la tenue de la réunion du 9 janvier, ces derniers répondent: "Nous ne voulons ni déstabiliser Houphouet, ni délaisser Lazéni Coulibaly."
L'information sur l'objet du congrès a-t-elle été manipulée ? Les organisateurs dudit congrès ont-ils suffisamment informé ces autorités religieuses ? En tout cas, forts de cette information qui, semble-t-il, relève de la pure intoxication, les vieilles autorités religieuses rencontrées semblent désormais braquées contre la tenue même de cette réunion. Par exemple, El Hadj Matié Diakité (Imam de Treichville) n'a pu s'empêcher dans sa colère de lâcher ces propos: "Je ne veux pas de cette réunion, a commencé le vieil homme. Je suis ici depuis 1912. C'est nous qui avons créé le DCI et placé à sa tête Houphouet-Boigny. Je ne peux jamais quitter derrière Houphouet (sic)". Par la suite, El Hadj Matié Diakité, également président du Conseil supérieur des Imams, a dit qu'il ne tolérait pas qu'on utilise son nom pour renverser Houphouet-Boigny, selon ses propres termes. Par ailleurs, si nous nous fions aux informations qui nous parviennent, il est tout à fait probable que le 9 janvier, la mosquée d'Adjamé reste fermée à cause de cette réunion.
Comme on le voit, un quiproquo semble s'installer dans les esprits de certaines autorités religieuses et pas des moindres. Qui donc a intérêt à ce que la communauté musulmane ivoirienne ne retrouve pas la sérénité ? On s'accuse les uns les autres. On se glisse des peaux de banane. Or, il faut que la communauté musulmane retrouve son unité. C'est pourquoi une réunion qui regroupe l'ensemble des musulmans s'impose, c'est aussi pourquoi il est nécessaire que tout soit clarifié d'abord avant toute rencontre de grande envergure. Surtout que la politique politicienne ne prenne pas le pas sur les questions strictement religieuses.
Les enseignements du livre-saint doivent s'aider à retrouver la sérénité.
César Etou
La Voie
Frédérick Madore
