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Déclaration du Front populaire ivoirien (FPI) sur l'intervention des forces de l'ordre dans les mosquées d'Abobo Banco II
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- Titre
- Déclaration du Front populaire ivoirien (FPI) sur l'intervention des forces de l'ordre dans les mosquées d'Abobo Banco II
- Créateur
- Simone Gbagbo
- Editeur
- La Voie
- Date
- 15 juin 1994
- Page(s)
- 1
- 3
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Abobo
- Henri Konan Bédié
- Intervention policière mosquée d'Abobo Banco II
- Front populaire ivoirien
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Bouaké
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007600
- contenu
-
Déclaration du Front populaire ivoirien (FPI) sur l'intervention des forces de l'ordre dans les mosquées d'Abobo Banco II
I- Au nom de la logique sécuritaire
Les temps sont rudes. Prenant prétexte d'un contrôle de cartes de séjour, les forces de l'ordre ont procédé à une intolérable intrusion dans les deux mosquées contiguës d'Abobo-Banco II, alors que la communauté musulmane était en pleine prière, ce vendredi saint du 10 juin dernier. Le bilan est connu. Il est lourd. Il est triste.
Une nouvelle fois, les forces de l'ordre ont réprimé. Une nouvelle fois, le président Henri Konan Bédié, par impuissance ou par complaisance, a laissé faire. Moralement, éthiquement, cette intervention rageuse des forces de l'ordre et, de surcroît, dans un lieu saint, est inacceptable.
Politiquement, elle constitue un précédent redoutable que l'histoire ne saurait pardonner. Le décès du président Houphouet-Boigny et, avec lui, la décrispation intervenue à cette occasion dans la vie politique, nous avaient fait entrevoir le rêve d'une société ivoirienne consensuelle, d'une société réconciliée avec elle-même. La réalité d'aujourd'hui, c'est la progression de la violence. De glissement en glissement, l'intolérance s'installe, rendant de plus en plus précaire la cohabitation des communautés musulmanes avec le pouvoir actuellement en place, et si l'on n'y prend garde, avec les populations d'autres confessions religieuses. De glissement en glissement, la Côte d'Ivoire vit dans une logique sécuritaire qui dérape bien souvent dangereusement sur une logique d'exclusion. C'est oublier que le recours au tout sécuritaire n'apporte pas de solution politique à la crise de confiance que connaît le pays. Il permet, peut-être, de gagner du temps, mais il est porteur de terribles orages pour l'avenir.
En empruntant cette voie, le régime fait de plus en plus penser à une tortue qui, apeurée par le monde extérieur, et comptant sur sa carapace pour la protéger, avancerait tête rentrée sans voir le sol se dérober sous elle.
Dans une telle ambiance, la déclaration en date du 11 juin 1994 ne suffit pas à décharger le gouvernement de ses responsabilités.
de tels attentats à l'ordre public :
- s'interroge sur les desseins poursuivis par ses auteurs et ses commanditaires ;
- considère que la déclaration gouvernementale, au lieu de venir nous rassurer et nous apaiser, vient au contraire jeter le trouble dans les esprits sur le rôle joué, à chaque fois, par les forces de l'ordre : ou bien ces actions gravement attentatoires aux libertés échappent à l'autorité du chef de l'Etat, ou bien elles ressortent d'un plan délibéré visant à semer la terreur et à porter entrave à la transition démocratique déjà bien fortement compromise. Dans les deux cas, c'est la légitimité du maintien au pouvoir du président Bédié qui est en question ;
- attend, par conséquent, des autorités ivoiriennes que diligence soit faite pour appliquer effectivement les engagements pris au titre de la déclaration gouvernementale afin de dévoiler les ressorts cachés de ces débordements et de dénoncer les auteurs de cet attentat et aussi ses commanditaires qui seront alors sanctionnés, conformément au Droit. Toute hésitation ou toute faiblesse de leur part conduirait à laisser croire que le gouvernement se comporte comme un pyromane qui crie « au feu » ;
- saisit ces circonstances douloureuses pour exprimer sa consternation, crier son indignation et affirmer sa solidarité avec la communauté musulmane et avec toutes les autres confessions qui verraient un jour leurs lieux de culte profanés par les forces de l'ordre, sa foi dans une société ivoirienne soucieuse du respect des diversités religieuses, ethniques et culturelles ;
- dépêchera, dans cet esprit, une mission auprès des autorités musulmanes d'Abobo ;
- fait confiance dans la capacité de la communauté musulmane, communauté riche en histoire et en traditions, à continuer à contribuer au pluralisme et à l'équilibre nécessaires à une transition pacifique à la démocratie en Côte d'Ivoire, comme sur le reste du continent africain.
Le problème de la communauté musulmane est celui de tous les Socialistes. En cette période de crise grave, la bataille est aussi entre les idéologies d'exclusion et de solidarité.
II- La position du FPI
Confronté à cette situation de déroute des responsabilités et des libertés ;
Le FPI, après avoir pris connaissance avec effroi et horreur de l'intrusion forcenée des agents de l'ordre dans les mosquées d'Abobo :
- s'inquiète de la persistance, dans notre pays, d'atteintes répétées et inadmissibles à la sécurité des personnes et des biens ;
- condamne vigoureusement
Pour sa part, le FPI se donne comme premier principe la solidarité. Et aussi le triomphe d'une certaine conception de l'homme. Pour défendre ces valeurs, la Côte d'Ivoire et l'Afrique peuvent toujours compter sur le FPI. Ce serait à l'honneur de notre pays que de contribuer à forger et à faire partager ces valeurs-là.
Fait à Abidjan, le 11 juin 1994
Ehivet Gbagbo Simone
Le Secrétaire général par intérim