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Cartes de séjour : musulmans = étrangers?
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- Titre
- Cartes de séjour : musulmans = étrangers?
- Créateur
- Foussény Diaby
- Editeur
- La Voie
- Date
- 24 juin 1994
- Page(s)
- 1
- 2
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Idriss Koudouss Koné
- Alassane Ouattara
- Abobo
- Henri Konan Bédié
- Ivoirité
- Grand-Bassam
- Front populaire ivoirien
- Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire
- Bouaké
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Conseil National Islamique
- Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007597
- contenu
-
Au moment où le PDCI s'acharne à démontrer la nécessité et l'opportunité du vote des étrangers en 1995, voici que le 10 juin dernier, premier jour de la nouvelle année musulmane 1er Mouharam 1415, ce parti vient de poser un acte provocateur qui montre, une fois de plus, son véritable visage à l'égard de la communauté musulmane. Pour ce parti, l'équation suivante est claire et bien établie : Musulman = Dioula = 1/2 Ivoirien = étrangers.
Comment peut-il en être autrement quand on sait que :
1 - le député de Bonoua et actuel ministre de la Justice, M. Kouamé Faustin avait déjà qualifié les Dioulas, à travers Alassane Dramane Ouattara, d'Ivoiriens de circonstance ayant d'autres points de chute" ;
2 - le Secrétaire général du PDCI et actuel ministre d'Etat chargé de l'Intégration nationale, M. Laurent Dona-Fologo, avait dit haut et fort, que l'Islam doit s'arrêter aux portes du Sahel.
3 - Enfin, le professeur Pierre Kipré et actuel ministre de l'Education nationale avait affirmé à qui voulait l'entendre qu'il est Ivoirien de fibres multiséculaires.
Autrement dit, le PDCI en veut terriblement à la communauté musulmane. En effet, de la théorie à la pratique, il n'y a qu'un pas que les hommes du pouvoir n'ont pas hésité à franchir, ce vendredi 10 juin, en empêchant les musulmans de se regrouper et de pratiquer leur religion.
Ce qui s'est passé à Abobo-Banco II, le vendredi, premier jour de la nouvelle année musulmane est la suite de nombreux harcèlements dont sont victimes tous les fidèles musulmans des deux mosquées d'Abobo-Banco II. C'est ainsi que certains musulmans sont rançonnés à longueur de journée et surtout chaque vendredi par les agents contrôleurs de cartes de séjour. Dès 10 heures, tous les vendredis et depuis longtemps, tous les musulmans, sans distinction sont harcelés par ces contrôleurs. Pour le respect des institutions républicaines, la réaction des fidèles musulmans, de leurs Imams et des Oulémas a été d'informer le député-maire de la commune d'Abobo. Constatant l'exagération du contrôle et surtout chaque vendredi et compte tenu de l'indélicatesse des agents rançonneurs et des harcèlements dont ils sont victimes, les musulmans des deux mosquées ont décidé de mettre fin à cet affront.
Au temps du parti unique, le PDCI rançonnait les pauvres aux abords des marchés d'Abidjan. Et aujourd'hui, il rançonne aux abords de certaines mosquées. Pourquoi cette attitude à l'égard des musulmans ?
L'équation musulmans = étrangers posée théoriquement par les trois ministres cités a été mis en évidence à Abobo-Banco II.
Malgré les excuses du ministre de la Sécurité, ce geste d'islamophobie et de xénophobie restera gravé à jamais dans l'esprit de tous les musulmans quelle que soit leur appartenance politique, et de tous les hommes épris de paix et de justice sur cette terre d'Eburnie.
A propos de la paix et de la justice, El Hadj Koné Koudouss s'adressant au président Bédié, lors de la présentation des condoléances du Conseil national islamique (CNI) avait dit "qu'une Nation ne peut prospérer que dans la paix", c'est ainsi que le président du NCI avait attiré l'attention de M. Bédié sur le fait que depuis un certain temps, la communauté musulmane était victime de multiples provocations tant de la part de certains journaux que de certains individus "qui croient servir, comme les nazis du 3e Reich, une certaine pureté ethnique ou confessionnelle". Et il disait que ce sont des inconscients qui jouent avec le feu. Il rassurait M. Bédié en lui disant que "les musulmans de Côte d'Ivoire ont depuis longtemps prouvé leur fidélité, leur respect des lois républicaines, leur tolérance".
Tous les musulmans derrière le CNI au-dessus duquel se trouve le Conseil supérieur des Imams souhaitent rechercher patiemment la justice. Car "un empire peut prospérer avec l'infidélité mais jamais avec l'injustice", Hadith du Prophète Mohamed (SAW).
La Côte d'Ivoire étant composée d'une mosaïque d'ethnies et de confessions, Koudouss disait que "l'intégration harmonieuse de ces différences dans le respect et la tolérance mutuels pour faire germer "une commune volonté de vie commune" doit être l'axe prioritaire de l'action du président Henri Konan Bédié.
Mais hélas ! Ce que nous avons vu et entendu à Abobo-Banco II est la preuve manifeste d'une véritable provocation dont les traces resteront indélébiles malgré le pardon spontané et précipité de M. Gaston Ouassénan Koné.
Cette politique de dioulaphobie est dangereuse pour l'avenir de notre chère Côte d'Ivoire.
Mais où sont les fameux membres de l'ADIR avec en tête M. Kipré Pierre ? En 1992, c'était M. Emile Constant Bombet qui, dans sa conscience, avait déclaré la guerre aux musulmans en les empêchant de se réunir à la grande mosquée d'Adjamé.
En 1994, ce sont les musulmans des deux mosquées d'Abobo-Banco II qui sont à la fois blessés et empêchés de célébrer leur culte hebdomadaire ce vendredi 10 juin, premier jour de la nouvelle année de l'HEGIRE 1415.
A quand et à qui le prochain tour ?
Une correspondance de Diaby Fousseny