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Affaire CSI-CNI : pourquoi le CNI est dans le collimateur du pouvoir PDCI?
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- Titre
- Affaire CSI-CNI : pourquoi le CNI est dans le collimateur du pouvoir PDCI?
- Créateur
- Foussény Diaby
- Editeur
- La Voie
- Date
- 5 août 1994
- Page(s)
- 11
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Idriss Koudouss Koné
- Conseil Supérieur Islamique
- Hadj
- Procès CNI-CSI
- Gaoussou Diabaté
- Moussa Comara
- Émile Constant Bombet
- Balla Keita
- Félix Houphouët-Boigny
- Congrès CNI (1993)
- Diaby Moustapha
- Parti démocratique de Côte d'Ivoire
- Yopougon
- Grande Mosquée d'Adjamé
- Léon Konan Koffi
- Conseil National Islamique
- Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Aboubacar Fofana
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007589
- contenu
-
RELIGION Affaire CSI-CNI
Pourquoi le CNI est dans le collimateur du pouvoir PDCI ?
Depuis quelque temps, les médias d'Etat et la presse proche du pouvoir mènent une campagne de désinformation et de désintoxication sur la communauté musulmane de Côte d'Ivoire. Ils s'efforcent de démontrer que celle-ci est dirigée par Koweit et Koudouss. Donc, elle connait un bicéphalisme de fait. Mais qu'en est-il, en réalité ?
Le pouvoir PDCI n'a jamais accepté que les musulmans créent une association indépendante, comme il avait refusé d'appliquer l'article 7 de notre constitution sur le multipartisme. Cette attitude de refus s'est traduite par la descente des forces dites de l'ordre à la grande mosquée d'Adhane, le 28 novembre 1992, lors de l'assemblée générale constitutive du CNI.
Mais comment en est-on arrivé là ?
Comme à l'époque coloniale, la communauté musulmane a été surveillée de près par le pouvoir PDCI. Ainsi, toutes les associations islamiques créées ont été plus ou moins infiltrées par ce pouvoir.
LA NAISSANCE DU CSI
Le conseil supérieur islamique est né à partir du constat fait par l'ancien préfet Moussa Comara, lors du pèlerinage à la Mecque, en 1979 : l'inorganisation de ce cinquième pilier de l'Islam. Le CSI est créé pour organiser ce pèlerinage. El Hadj Moussa Comara est élu comme président. Outre l'organisation du pèlerinage, le CSI était chargé de regrouper toutes les associations musulmanes créées et à créer.
Malgré la bonne intention du conseil supérieur islamique, il ne pourra jamais atteindre ces nobles objectifs. En effet, outre l'infiltration du pouvoir dans ce conseil, des membres se sont plutôt intéressés aux moyens mis à la disposition du CSI. C'est ainsi que le conseil n'a fait que vivre sur le dos de la communauté islamique qu'il devait servir. Ainsi, le comité interministériel mis en place par le pouvoir pour organiser le pèlerinage était destiné à contrecarrer le CSI avec la collaboration des démarcheurs véreux et cupides.
Trois ans après sa création, la crise qui minait le CSI, éclate au grand jour, avec la démission du premier président El Hadj Moussa Comara. Lui succède El Hadj Gaoussou Diabaté, frère de l'ancien ministre Lamine Diabaté. Celui-ci sera démis de force par Moustapha Koweit qui, de retour de la conférence islamique tenue à Dakar, en compagnie de Lanzem Coulibaly, pense obtenir quelques subsides des Arabes.
Toujours, dans la tourmente que connait le CSI, El Hadj Al Bakayoko prendra le fauteuil de Koweit mais celui-ci se maintiendra, grâce à ses moyens financiers et surtout au pouvoir PDCI.
Tout ce remue-ménage, n'honorant pas la communauté musulmane, entraîne une prise de conscience de celle-ci. Ainsi, c'est au séminaire islamique de 1991, tenue à San Pedro, que les séminaristes décident de créer le CNI, sous la direction du conseil supérieur des imams.
L'ACCOUCHEMENT DOULOUREUX DU CNI
Après trois mois de préparatifs, l'assemblée générale constitutive du conseil national islamique devait se dérouler, le 28 novembre 1992, à la grande mosquée d'Adjamé. Mais hélas, M. Emile Constant Bombet ordonne d'empêcher la tenue de cette assemblée pourtant autorisée. Les fameuses CRS envahissent, comme des abeilles, la grande mosquée d'Adjamé. Un drame venait d'être évité de justesse, malgré la frustration et l'indignation des musulmans de toutes conditions sociales, venus de partout pour assister à ce rassemblement sans précédent au niveau de la communauté musulmane.
Le président feu Houphouet-Boigny, saisi par M. Balla Kéita, donne l'ordre aux musulmans de se réunir, mais après de longs pourparlers pour savoir le responsable de cette descente policière.
C'est le 9 janvier 1993, à la grande mosquée d'Adjamé, que se tient l'assemblée générale constitutive du CNI. Etaient présents MM. Léon Konan Koffi, représentant feu Félix Houphouet-Boigny, Oumar Diarra, représentant Henri Konan Bédié alors président de l'Assemblée nationale, des ministres, des imams de toute la Côte d'Ivoire et des personnalités politiques ivoiriennes et étrangères.
Parmi les objectifs du CNI il convient de souligner : la réorganisation de la communauté musulmane ; la réparation des injustices faites aux chefs spirituels que sont les imams ; la prise en charge de l'organisation du pèlerinage à la Mecque, jusque-là confiée à un comité interministériel qui n'a jamais fait de bilan financier du pèlerinage ; la mise des medersa sous la tutelle du ministère de l'Education nationale. Jusque-là, ces écoles étaient sous la tutelle du ministère de l'Intérieur comme à l'époque coloniale.
Ces objectifs parmi tant d'autres sont mal perçus par les autorités actuelles, dont le ministre de l'Intérieur Emile Constant Bombet qui n'a jamais accepté la naissance du CNI. Le CNI est le reflet du réveil des musulmans, comme les partis d'opposition ont été le reflet du réveil de la conscience des Ivoiriens, en 1990, avec l'avènement du multipartisme. Malgré l'hostilité du pouvoir à l'égard du CNI, celui-ci est né dans la douleur et continue de vivre et de grandir dans cette même douleur. C'est pourquoi, son président posera cette violente interrogation : "Quel acte jusqu'à aujourd'hui la communauté musulmane a-t-elle posé pour mériter cette humiliation, cette ingratitude de la part du gouvernement actuel, à propos de la descente policière dans la mosquée de Banco II à Abobo".
Le souhait du Conseil supérieur des imams a été réaffirmé haut et fort par El Hadj Fofana qui a dit qu'il n'existe "qu'une seule association à caractère fédératif, reconnue par toute la communauté musulmane : le CNI qui a été reconnu sous le n°N297/INT/ATAP/AGP 15 du 3 août 1993".
Le réveil tardif de la communauté musulmane coïncidant avec l'ère multipartisane effraie le pouvoir en place. C'est pourquoi, il entretient le flou dans l'esprit de tout le monde, en faisant croire le bicéphalisme de la communauté musulmane. Le seul problème de la communauté, selon le porte-parole des imams, est que "l'on voudrait nous faire croire que d'autres personnes (Diaby Koweit : NDLR) soient au-dessus des imams". Pour El Hadj Fofana, l'ordre des imams correspond à l'ordre des évêques et de pasteurs, dans un pays laïc.
L'on voit donc que le CNI est dans le collimateur du pouvoir PDCI, parce que celui-ci est acculé de partout dans cette nouvelle ère multipartiste.
Une correspondance particulière de Diaby Fousseny