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Séminaire FPI à Bouaké : les musulmans étalent leurs frustrations
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- Titre
- Séminaire FPI à Bouaké : les musulmans étalent leurs frustrations
- Créateur
- César Etou
- Editeur
- La Voie
- Date
- 30 septembre 1994
- Page(s)
- 4
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007576
- contenu
-
POLITIQUE SÉMINAIRE FPI À BOUAKÉ
Les musulmans étalent leurs frustrations
Les 24 et 25 septembre dernier, le FPI a tenu un séminaire sur "le monde musulman et la politique, le cas de la Côte d'Ivoire". En deux journées de travaux, les séminaristes se sont aperçus qu'il leur aurait fallu, certainement, deux fois plus de temps pour permettre à cette communauté de se faire réellement comprendre.
Quatre conférences de grande portée prononcées par des hommes aguerris à la tâche, maîtrisant et dominant leurs sujets. Des travaux en plénière serrés, des discussions franches et enrichissantes. Deux jours durant lesquels des musulmans ont eu, enfin, droit à la parole, la vraie, pour s'exprimer et étaler, pour la première fois au grand jour, leurs frustrations subies depuis toujours de la part du pouvoir ivoirien. Puis, pour tout clore, trois rapports incomplets et fort critiqués parce que faits par des séminaristes déjà trop exténués d'avoir travaillé sans retenue en plénière, mais surtout pressés par le temps.
Tel pourrait être le bilan des travaux de cet important séminaire qui a réuni au cinéma "Liberté" du quartier Sokoura, à Bouaké, des hommes politiques (ceux du FPI) et des musulmans autour de la même table. Les premiers, les politiciens, cherchaient à connaître et à comprendre un monde qu'on présente plutôt comme versatile, difficile d'accès et préférant vendre sa voix au plus offrant aux élections. Quant aux seconds, les religieux, ils n'ont pas voulu rater cette belle occasion de dire aux hommes politiques qu'ils ne retirent d'eux que des frustrations. Utilisés, exploités et déçus par le pouvoir ivoirien depuis au moins cinquante ans, les musulmans ont fini par se faire à l'idée que les politiciens ne sont tous que de vils menteurs et que la campagne électorale n'est rien moins qu'une foire aux mensonges.
Le séminaire du FPI, dans un tel contexte, est rapidement apparu comme la recherche d'un nouvel élan de confiance mutuelle prônée par les nouveaux hommes "réellement vierges" de la politique ivoirienne à l'intention des musulmans.
Pour y arriver, le Secrétariat national à la formation politique du FPI, sous la direction de Mme Simone Gbagbo, a fait appel aux professeurs Watta N'Dri, professeur de géographie rurale, lui-même musulman ; Séry Bailly, professeur de Lettres, et Tera Kalilou, chercheur à l'Institut de linguistique appliquée (ILA). À ces hommes chevronnés, s'ajoute M. Soumahoro Harouna, membre du SENAFOP, directeur du Centre national de recherche sur l'Islam, un homme maîtrisant bien le monde musulman. Pour tout couronner, M. Mimi a représenté activement la Fédération des mouvements et associations des jeunes musulmans de Côte d'Ivoire.
Les musulmans ont répondu à l'appel de Simone Gbagbo.
Tours d'intenses activités que, grosso modo, l'implantation de la religion islamique se serait faite, en Côte d'Ivoire, entre le 8e et le 10e siècle. Favorisé par le commerce, l'Islam allait être renforcé finalement par la colonisation, les deux entités en conflit étant, à partir de ce moment, les religions chrétienne et musulmane. Il est donc loisible de déduire que dans la lutte pour l'indépendance aux côtés du RDA et d'Houphouët-Boigny, les musulmans ont joué un rôle de premier plan. Mais qu'ont-ils obtenu du pouvoir ivoirien une fois l'indépendance acquise ? "Rien, sinon des miettes, l'ingratitude", clament les musulmans.
Par exemple, en Côte d'Ivoire, alors que les chrétiens ont deux ambassades (le Vatican et l'Italie) pour faciliter leur accès à leurs lieux saints, la République d'Arabie Saoudite n'est pas représentée chez nous. Pire, l'organisation du pèlerinage à la Mecque est l'affaire des hommes politiques et c'est à peine que les écoles arabes sont reconnues chez nous tandis que les écoles catholiques sont subventionnées par l'État. Faut-il ajouter à ce chapelet, le fait que les musulmans ivoiriens sont assimilés à des étrangers en Côte d'Ivoire et que, de façon gratuite, leurs lieux de culte sont violés par le pouvoir ?
On comprend dès lors que le musulman, désabusé par plusieurs années de mensonges et de promesses non tenues, se résolve à ne suivre l'homme politique, ce menteur, que moyennant "paiement immédiat".
Au total, le FPI voudrait mieux connaître les musulmans. Les séminaristes ont compris et découvert un monde digne, bien organisé, bien structuré mais désabusé. Ils ont surtout concocté des "recettes" pour lui redonner confiance. Le bonheur de la démocratie passe par là.
César Etou
Envoyé spécial
Hommage de Laurent Gbagbo
Fait partie de Séminaire FPI à Bouaké : les musulmans étalent leurs frustrations