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Liberté d'association : les musulmans frustrés par Bombet
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- Titre
- Liberté d'association : les musulmans frustrés par Bombet
- Editeur
- La Voie
- Date
- 1 décembre 1992
- Page(s)
- 1
- 2
- nombre de pages
- 2
- Sujet
- Conseil Supérieur Islamique
- Ligue Islamique des Prédicateurs de Côte d'Ivoire
- Émile Constant Bombet
- Congrès CNI (1993)
- Front populaire ivoirien
- Diaby Moustapha
- Association des Jeunes Musulmans de Côte d'Ivoire
- Conseil National Islamique
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007533
- contenu
-
M. Emile Constant Bombet, ministre de l'Intérieur, refuse à la communauté musulmane la liberté la plus élémentaire. Celle de se retrouver en association pour penser ses problèmes. Qu'a-t-elle fait pour mériter un tel sort dans un pays dit de droit ?
Le samedi dernier, à la grande mosquée d'Adjamé, devait se tenir, dans la matinée, une réunion fédérative des associations musulmanes de Côte d'Ivoire. Très tôt, le matin, sur ordre du ministre de l'Intérieur, Emile Constant Bombet, les policiers de la CRS avaient pris position dans les remparts. "La Voie" a enquêté.
Le samedi 28 novembre 1992, à 13 h, un responsable de la LIPCI (Ligue islamique de prédicateurs de Côte d'Ivoire) a contenu très mal sa colère, au journal télévisé de la 1ère chaîne : "La communauté ivoirienne est très frustrée... et attend du ministre Bombet des explications...".
En effet, ils étaient nombreux, très nombreux, les musulmans qui avaient fait le déplacement de presque toutes les villes de Côte d'Ivoire, à raison de trois délégués par ville et par association, pour assister à l'Assemblée générale du Conseil national islamique. Ce conseil se veut une structure fédérative de coordination des différentes associations musulmanes tels : "les cercles de réflexion, les associations musulmanes d'étudiants, de médecins (SMI : Secours médical islamique), de prédicateurs etc...".
C'est au mois de décembre de l'année dernière à San-Pedro qu'a germé une telle idée, saluée par de nombreux musulmans. Mais la mise en pratique de cette volonté a toujours rencontré d'énormes difficultés de la part du pouvoir. Jugez-en. L'hôtel de ville d'Abidjan pressenti pour abriter le 31 octobre 1992 la réunion, a été déclaré occupée à cette date. La Bourse du Travail de Treichville aussi. Les organisateurs, en désespoir de cause se sont rabattus sur un lieu privé et religieux à leur disposition : la grande mosquée d'Adjamé. Le ministre Constant Bombet rencontré le mercredi 25 novembre 1992, à l'occasion, par les organisateurs, n'a pas dit non. C'est seulement le vendredi 27 novembre à 16 h, c'est-à-dire quelques heures avant le début de l'événement, alors que tous les musulmans avaient fait mouvement vers Abidjan, que M. Bombet s'opposera à la tenue de la réunion. Auparavant, certains musulmans dont on devinait déjà les intentions ont tenté de convaincre les organisateurs pour la tenue de la réunion à la Maison du Congrès du PDCI-RDA à Treichville. Ces derniers voulant se tenir loin des préoccupations politiques, n'ont pas voulu accéder à cette générosité subite. Est-ce la raison du repliement de Bombet ?
A la vérité, la préférence du pouvoir dans cette affaire d'association de musulmans, va à une structure fantoche et inopérante appelée Conseil supérieur islamique qui ne se résume qu'à un bureau d'une vingtaine de membres dirigés par Moustapha Diaby dit Diaby "Koweit", à l'entière dévotion du pouvoir.
Une organisation occulte en laquelle aucun musulman ne se reconnaît. Elle ne représente aucune association vivante de musulmans. Quant à Diaby "Koweit", personnage énigmatique, les musulmans doutent de sa foi, parce que n'ayant jamais été aperçu dans aucune mosquée de la ville d'Abidjan.
Les musulmans, largement frustrés le samedi dernier, ruminent encore leur colère. Ils se demandent pourquoi les hommes au pouvoir peuvent-ils refuser à des citoyens libres de se réunir dans une mosquée qui est par excellence un lieu privé. Toute la détresse des musulmans, ce samedi-là, se mesurait à travers les propos de ce paysan de Tingréla : "Voilà 41 ans que je n'ai jamais mis les pieds à Abidjan. Ayant appris que les musulmans devaient, pour une fois, se réunir, j'étais très content, je suis venu et voilà... Bombet a tout mélangé !"
Aristide Silué
Pas d'ingérence dans nos affaires internes
Nous sommes indignés du fanatisme anti-musulman prôné par le gouvernement PDCI. Nous sommes révoltés de ce qu'Houphouet-Boigny, par Lanzéni Poto Coulibaly interposé, veut coûte que coûte imposer à la Communauté musulmane des pantins comme dirigeants. Le gouvernement désinforme la population, en faisant croire que les musulmans sont divisés et inorganisés. Or le plus grand commun diviseur de notre communauté est bel et bien Houphouet-Boigny. Pendant plus de trente ans, cet homme a affiché un air de morgue et de mépris subtil à l'égard de l'Islam et des musulmans. Aujourd'hui, il veut tenter, avec l'aide de ses spadassins (ces musulmans hypocrites) d'arrimer la communauté musulmane au PDCI et puis, ensuite, d'en faire une section et une caisse de résonance. Le sabotage de la réunion du samedi 28 novembre dernier, qui devait consacrer la naissance du Conseil national islamique, entre en droite ligne de cette politique religieuse de l'absurde. Hier, on a forcé et frappé nos imams. Ils ont été amenés à prier pour la consolidation du pouvoir d'Houphouet-Boigny. Nous, des jeunesses islamiques, trouvons que ces pratiques déshonorantes doivent cesser. Nous voulons une Direction forte et unifiée pour l'Islam et les musulmans en Côte d'Ivoire. Cela, bien sûr, dans un cadre d'indépendance à l'égard de l'Etat et des partis politiques, de tous les partis politiques. La Côte d'Ivoire n'est-elle pas un Etat laïc ? Alors, pourquoi ces ingérences des autorités dans nos affaires intérieures ? Nos aînés ont été patients. Ils ont été même dignes dans l'adversité. Nous, jeunesses islamiques d'aujourd'hui n'avons pas assez de temps à perdre. Nous appartenons à une génération pressée. Nous avons trop de défis à relever, dont principalement l'élévation du niveau d'éducation religieuse et intellectuelle de notre communauté et la mise en œuvre d'infrastructures socio-éducatives prenant en compte nos aspirations idéologico-religieuses. Nous mettons en garde les autorités gouvernementales, car les temps ont changé. Nous n'avons plus besoin de berger pour nous conduire, comme des moutons de Panurge. Nous leur intimons l'ordre d'arrêter de dresser Diaby Moustapha contre le reste de la communauté musulmane. Les musulmans sont assez mûrs pour distinguer lequel d'entre eux est capable de représenter dignement les intérêts de la communauté. Diaby Moustapha a fait son choix. Nous le respectons. Qu'on nous laisse librement choisir le dirigeant qui nous arrange. On ne peut, à la fois, servir Dieu et Mammon. Assalam Aleikoum Warahma, Tullah !
Abidjan le 30 novembre 1992
Frères Cissé Aboubacary
09 BP 1042 Abidjan 09
Association des Jeunes musulmans en Côte d'Ivoire
Comité communal d'Adjamé
(Section 220 Logements)
Qui est Moustapha Diaby
Alias "Diaby Koweït"
L'homme est arrivé dans ce pays, il y a de cela une dizaine d'années, comme un cheveu sur la soupe. Pour certains, il serait originaire de Gambie, pour d'autres de Sierra Leone. En Côte d'Ivoire, les Diaby sont pour la plupart, originaires de Samatiguila. Aussi, notre homme qui commença à fréquenter les couloirs des ministères en qualité de marabout, se rapprocha de la ville de Samatiguila pour se donner des racines. Il fera un tour dans les Emirats du Golfe, plus précisément au Koweit d'où le nom de Diaby "Koweit". On le dit riche ; il en a tout l'air. Il route en mercedès 280 SE et habite des appartements somptueux qui ne désemplissent pas. Lanzeni Coulibaly devenu ministre d'Etat VI, pour des raisons qui lui sont propres, en fera le chargé de mission de son cabinet. Il se fera distinguer par un nombre impressionnant de visiteurs aussi lugubres les uns que les autres. En 1985, il se fiera de "parenté", c'est le cas de le dire, avec Gaoussou Diaby et voulut se faire un nom en politique. A la mort du jeune député Bakary Coulibaly, il brigue le poste vacant dans la circonscription électorale de Tienko, Goulia, Samatiguila, Minignan et Kaniasso. Malgré les billets de banque distribués à tour de bras, il sera battu par Babou Sidibé. En 1990, il récidive, mais sa candidature sera rejetée par le PDCI. Avec la complicité de M. Lamine Diabaté, il se fera élire secrétaire général de la section PDCI de Samatiguila et entrera au 9è congrès bis, au bureau politique du vieux parti. Diaby "Koweit" crée un conseil dénommé conseil supérieur islamique qui ne représente que lui-même et quelques amis. Toutes les organisations islamiques crédibles et dynamiques ne se reconnaissent guère dans cette organisation qui ne se signale que pour annoncer la fête de l'Aid el Kebir et des prières à la gloire des autorités politiques. La communauté musulmane ivoirienne ne se sent nullement concernée par les agissements du Sieur Moustapha Diaby alias Diaby "Koweit". Toute la communauté musulmane tient, comme à la prunelle de ses yeux, à la nécessité de se doter de structures crédibles dirigées par des musulmans dignes. C'est le cri du muezzin. Allah appelle ses fidèles serviteurs à la prière, que les pantins fassent place nette.
Mohamed Lamine Diaby
Daloa