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Mendicité : trop, c'est trop
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Burkina Faso
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- Titre
- Mendicité : trop, c'est trop
- Créateur
- Paul Clément Ilboudo
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 22 avril 1998
- Résumé
- La ville de Bobo-Dioulasso comme toutes les agglomérations du Burkina connait un phénomène criard, la mendicité. Que faire ? M. Paul Clément Ilboudo donne quelques solutions dans cet écrit qu'il nous a fait parvenir.
- Sujet
- Conseil National de la Révolution
- Enseignement confessionnel islamique
- Mendicité et talibés
- Pauvreté
- Couverture spatiale
- Bobo-Dioulasso
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0002757
- contenu
-
La ville de Bobo-Dioulasso comme toutes les agglomérations du Burkina connait un phénomène criard, la mendicité. Que faire ? M. Paul Clément Ilboudo donne quelques solutions dans cet écrit qu'il nous a fait parvenir.
"Une question préoccupe et inquiète les citoyens burkinabè en général, ceux des villes en particulier : pourquoi les décideurs se taisent-ils devant le phénomène grandissant de la mendicité des enfants ? Est-ce par simple cécité -ce qui serait grave - ou est-ce par souci de ne vexer aucune confession religieuse ? Qui n'a jamais eu de sentiment (pitié, dégoût, colère, puis finalement indifférence) en se voyant abordé à tous les feux par des enfants extrêmement démunis qui vous brandissent leur sébile en marmonnant une sorte de litanie du désespéré ? Leur âge est compris entre cinq et quinze ans.
Si la plupart de ces enfants doivent leur sort peu enviable à l'irresponsabilité parentale, on ne saurait, pour autant, absoudre les premiers responsables de l'action sociale, parce qu'en parlant de décideurs, c'est bien d'eux qu'il s'agit entre autres. Une chose est de constater la présence d'un problème dans toute sa laideur et ses difficultés, en comptant sur les bonnes volontés (Danemark, Allemagne, Italie... enfin les mêmes) pour le résorber, une autre est d'engager le combat par nos propres moyens ; par “moyens", il ne faut pas comprendre forcément “argent", car de l'argent nous n'en avons pas suffisamment, et il serait donc illusoire de bâtir une stratégie sur ce qu'on n'a pas. J'entends par “moyens" ce dont nous pouvons disposer qui puisse faire de l'effet sur le cours des choses : une législation sérieuse.
Nous constatons, avec amertume et indignation, que rien à ce jour n'a été essayé par le gouvernement pour endiguer ou éliminer le fléau des “garibous”, ces enfants qui font les frais de l'ignorance qu'engendre inévitablement un excès de religiosité. Je dis “rien" en pesant mes mots, parce qu'il faut prendre, en considération la parenthèse du CNR, où le phénomène avait disparu, brutalement certes, mais bien disparu.
Je ne sais pas s'il a jamais été écrit dans le Coran ou les hadiths que les musulmans pieux doivent confier leur progéniture à des marabouts ou “maîtres coraniques" pour en faire de bons croyants, mais c'est qu'il faut reconnaître, que ceux d'aujourd'hui rie sont pas toujours recommandables. La présence des enfants réduits en esclavage dans nos villes et nos campagnes ne fait que confirmer cela.
Peut-être nos autorités ignorent-elles quel est le lot quotidien de ces enfants réduits en esclavage sous le prétexte de la religion par des personnes cupides et paresseuses ; peut-être ignorent-elles que ces “garibous” constituent, dans bien des cas, une source de revenus pour leur maître qui veille au grain par des moyens contraignants comme l'usage des sévices corporels ; peut-être ignorent-elles que l'éducation à l'Islam et à la vie que beaucoup de ces “maîtres coraniques" prétendent assurer n'est qu'un leurre. Le don de soi, l'engagement personnel et désintéressé du maître à s'occuper de l'épanouissement spirituel dés enfants d'autrui, comme cela se faisait de par le passé, n'existe presque plus. Seul semble compter aujourd'hui le gain en terme d'argent. Il y a là une grande imposture, une escroquerie banalisée sous le couvert de Dieu.
Mais, nous entrons dans le troisième millénaire. Allons-nous continuer à rester indifférents devant un phénomène qui représente Une plaie pour notre société, et que nous pouvons éliminer, pour peu que nous y mettions un peu plus de volonté politique ?
L'inaction des premiers responsables de l'Action sociale traduit bien une certaine démission. On ne saurait mettre en doute l'insuffisance des crédits alloués à ce ministère par le budget de l'Etat, mais pour décourager les mauvais agissements des “maîtres coraniques “malhonnêtes qui pullulent dans notre société, a-t-on vraiment besoin d'argent ?
Ce qu'il faut c'est des lois interdisant l'esclavage des tout-petits sous le prétexte de la religion ; des lois pour prévenir ce phénomène et pour punir les contrevenants, marabouts malhonnêtes ou parents irresponsables. De telles lois contribueraient à ne pas montrer au monde entier, dans la rue, une misère excessive ; c'est vrai que la pauvreté existe chez nous, mais celle des “garibous" est fictive, et du fait qu'elle se superpose à la vraie misère, elle fausse les données et donné à notre pays Une mauvaise image à quiconque le voit à travers nos villes.
Des lois salvatrices qui auront pour souci de garantir le droit des enfants à une vie normale, voilà ce par quoi il faut commencer, en attendant l'aide qui devra, elle, servir à combattre la vraie misère. Alors, mesdames et messieurs de l'Action sociale, allez-vous réfléchir à la question et soumettre à l'Assemblée nationale de tels projets de lois ? La nation vous en serait reconnaissante".
Paul Clément ILBOUDO BP 87 Bobo-Dioulasso