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Religion : l'islam et la mendicité
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- Titre
- Religion : l'islam et la mendicité
- Créateur
- Hamadi Baro
- Editeur
- Le Pays
- Date
- 19 avril 2000
- Résumé
- Dimanche dernier, les frères en Islam se sont retrouvés à l'occasion d'une conférence publique sur le sens et l'esprit de la Zakat (aumône). Dans la même veine, nous vous proposons cet article sur le concept de mendicité en islam.
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0002729
- contenu
-
Dimanche dernier, les frères en Islam se sont retrouvés à l'occasion d'une conférence publique sur le sens et l'esprit de la Zakat (aumône). Dans la même veine, nous vous proposons cet article sur le concept de mendicité en islam.
Nombreux sont ceux qui pensent que la mendicité est un corollaire de l'enseignement islamique. Car, prôner l'aumône ne revient-il pas à faire de la mendicité une institution religieuse ?
Il est vrai que l'Islam a institué deux formes de participation à la lutte contre la pauvreté. La première est une obligation désignée sous le vocable “Zakat” ou l'aumône légale qui est une purification morale des biens. A ce sujet, il est dit dans le Saint Coran que “ceux qui croient, ceux qui font la Zakat ; voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur seigneur”, verset 277 chapitre 2.
La Zakat est un impôt religieux prescrit aux fortunés aux profits des pauvres et des nécessiteux en général. Il est payable annuellement (sauf pour les produits agricoles) Car, lorsque les pauvres s'aperçoivent que les riches ne les aident pas, ils se sentent abandonnés. Cette situation donne naissance à des gens qui ne reculent devant rien, aux criminels, aux voleurs... Donc la Zakat est un moyen de protection pour les riches si l'on peut parler ainsi, un moyen de stabilité et de solidarité sociale.
La deuxième forme, plutôt recommandée, est appelée “Sadaga”. C'est une aumône libre que l'on donne aux pauvres et aux nécessiteux sans attendre que ceux-ci la sollicitent. Selon un Hadice (propos) du prophète (paix et salut sur lui et sur sa Sainte famille) : “la Sadaga écarte le malheur. Elle est le plus efficace des remèdes ; elle répousse le décret (divin) après son arrêt...”.
Bref, de nombreux versets et hadices prônent l'aumône libre et soulignent le mérite particulier de ceux qui la font discrètement pour éviter l'ostentation et l'hypocrisie.
Le sens de l'aumône
Certes quand on recommande la générosité cela implique qu'il y a des gens qui en profitent. Mais la mendicité en elle-même n'a pas été instituée par l'islam même si l'aumône est recommandé car, le croyant peut donner son aumône sans qu'on ne le sollicite, donc sans qu'il n'y ait mendicité. Chaque musulman connaît des pauvres discrets qui sont en difficulté, qui ont besoin d'aide mais qui ne mendient pas. S'il veut accomplir des actes de générosité, il peut s'adresser à eux directement sans attendre que quelqu'un vienne le solliciter. En ce moment, on ne parle pas de mendicité et l'acte de générosité est bien réel.
Notons enfin que le pauvre peut obtenir aide et assistance de la part des autres sans être obligé de mendier.
La distinction entre demander de l'aide et mendier.
L'Islam autorise aux musulmans le droit de demander l'aide des autres dans trois cas principaux :
Primo : C'est la situation de sinistré (incendie ou pluie dévastatrice par exemple).
Secundo : c'est la situation de réconciliation ; exemple celui qui a pris la charge de payer une rançon pour mettre fin à une querelle.
Tertio : c'est quelqu'un qui est lourdement endetté, pour des raisons acceptables par la religion.
La distinction qu'il y a entre la mendicité et la demande d'aide est que celui qui demande de l'aide a le droit de le faire et les autres ont le devoir de lui donner s'ils en ont, alors que la mendicité n'est pas un droit.
Mendier étant le fait de descendre dans la rue et tendre la main, le vrai mendiant se reconnaît du fait que c'est pour lui une profession. Même si les revenus de sa mendicité lui permettent de s'en passer, il continue quand même de mendier.
L'Islam ne donne à personne le droit de mendier et il n'est pas obligatoire aussi pour celui qui est sollicité de donner. Ce n'est pas pour rien que le prophète (P.S.L.F.) a dit que : “la main qui donne est meilleure que celle qui reçoit” voulant ainsi que les musulmans travaillent pour avoir de quoi faire la générosité au lieu de se contenter d'être des assistés.
Bref, si demander de l'aide signifie mendier disons alors que la mendicité englobe la situation de nos Etats actuels au niveau international ; pour ne pas citer en premier lieu nos chefs d'Etat.
Pourquoi les talibés quémandent-ils ?
Il est vrai qu'au départ dans nos sociétés africaines ce sont les talibés (élèves de l'école coranique) qui quémandaient. Mais on trouve de nos jours beaucoup d'enfants mendiants et qui n'appartiennent à aucune école coranique. Ce qui ne les empêche pas de s'arroger le titre de talibé sachant que seul ce titre peut justifier leur comportement aux yeux des donateurs et susciter leur sympathie.
Voilà, au départ les maîtres coraniques appelés “Marabouts” au sens propre du terme recevaient des enfants issus des familles pauvres et des orphelins démunis de tout horizon pour non seulement les instruire mais aussi pour les éduquer.
Pendant l'hivernage, les élèves cultivent le champ de leur maître avec un seul repas en général par jour notamment celui de midi, complèté le plus souvent avec des fruits sauvages. Car étant nombreux (50 à 100 élèves), leur maître ne peut leur assurer deux repas par jour. N'en parlons pas du petit déjeuner. Alors, très top après la prière du matin, les talibés fréquentent des maisons dans l'espoir de rencontrer par exemple quelqu'un qui aurait fait un mauvais rêve et penserait pouvoir conjurer le mauvais sort par l'aumône.
Le soir après les prières du coucher du soleil (Maghrib et Ichâ'i) leur maître les libère afin qu'ils aillent demander a manger. Puis la nuit autour du feu ce sont les études coraniques.
Aussi, pendant la saison sèche lorsque les greniers deviennent vides, les talibés sont libérés à Midi. Cette fois-ci, pour demander de quoi déjeuner et revenir vers 14 heures pour la prière de Zouhr. Le soir après la pierre de ASR à 16 h, ce sont les études jusqu'au coucher du soleil.
C'est au titre d'”AI gharib” (l'étranger qui demande de l'aide) que les talibés demandent de l'aide, à manger et à des moments bien déterminés (déjeuner et dîner), ce qui n'est pas aussi interdit en Islam.
Enfin, que dire d'un enfant qui passe presque toute la journée à mendier qu'il est un talibé ?
Hamadi BARO
Fait partie de Religion : l'islam et la mendicité