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Réfugiés : après les Touaregs, les barbus
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- Titre
- Réfugiés : après les Touaregs, les barbus
- Créateur
- Simon Yaméogo
- Editeur
- L'Observateur Paalga
- Date
- 1 septembre 1994
- Résumé
- D'abord relayée par certaines radios internationales comme RFI, la nouvelle a fini par se confirmer vers 11 h 30 lorsque le chef de la diplomatie burkinabè, monsieur Ablassé Ouédraogo l'a annoncée officiellement au cours d'une conférence de presse.
- Couverture spatiale
- Ouagadougou
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0002615
- contenu
-
D'abord relayée par certaines radios internationales comme RFI, la nouvelle a fini par se confirmer vers 11 h 30 lorsque le chef de la diplomatie burkinabè, monsieur Ablassé Ouédraogo l'a annoncée officiellement au cours d'une conférence de presse.
Ainsi, après les Touaregs que le Burkina à certains moments a portés comme une plaie sur les fesses, tant qu'elle est là, impossible de s'asseoir, les autorités de ce pays ont encore accueilli des gens qui apparaissent aux yeux de certains comme une véritable engeance.
En effet, les vingt islamistes algériens expulsés hier de France pour leurs liens supposés ou réels avec les intégristes algériens ont été accueillis le même jour au Burkina.
Arrivés à l'aéroport international de Ouagadougou, sur le coup de 16 heures à bord d'un Boeing 737 affrété par le gouvernement français, un avion qui avait décollé à 9 h 40 (heure de Paris) de la base militaire de Reims, les 19 réfugiés (dont une femme) ont été conduits à l'hôtel OK INN, à l'abri des regards indiscrets, pourront-on dire.
Pour mémoire, rappelons que nos nouveaux hôtes (encombrants disent certaines langues) faisaient partie d'un groupe de 26 personnes - dont 25 Algériens et un Marocain -assignés à résidence dans une caserne désaffectée de Folembray dans le Nord de la France.
Mais que diable Blaise Compaoré, à peine sorti du bourbier libérien et des turbans des Touaregs va-t-il chercher dans cette galère des barbus? se demande-t-on. Et pourquoi précisément le Burkina? Pour des raisons humanitaires uniquement a notamment répondu le ministre Ouédraogo lors de sa rencontre avec la presse dont voici la synthèse.
Les islamistes expulsés de France seront accueillis au Burkina Faso. C'est ce qu'a affirmé monsieur Ablassé Ouédraogo, ministre des Relations extérieures dans un entretien accordé hier à la presse.
A la demande donc des autorités françaises et des personnes concernées, à savoir les 19 Islamistes, le gouvernement de la terre des hommes Intègres a décidé d'accueillir ces personnes qui étaient à Folembray.
A la question de savoir pourquoi le Burkina pour cet accueil, le ministre Ouédraogo a répondu: Si nous avons accepté de les accueillir c'est purement et simplement dans un cadre humanitaire et c'est à la demande des autorités françaises et des personnes concernées elles-mêmes que nous avons décidé de leur offrir ces refuges.
Le Burkina Faso est une terre d'accueil et à ce Jour ce n'est pas le premier cas de réfugiés que nous recevons. Nous en avons 18 000 sur notre territoire, et en collaboration avec le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, nous essayons d'assurer à ces personnes qui sont dans la nécessité, un minimum pour leur survie afin de permettre d'attendre que les conditions soient propices pour leur retour dans leur pays d'origine.
Personne ne sait si les hôtes du Burkina seront de passage ou s'ils y resteront pour de bon car comme l'a souligné le ministre des Relations extérieures, quand on est réfugié on sait quand on sort mais on ne sait pas quand on rentre.
Il a affirmé cependant que dès que les conditions de sécurité, les conditions politiques et surtout économiques le permettront, c'est sûr que ces personnes retourneront là où elles voudront.
Quand on sait que le phénomène islamiste effraie, 11 y a lieu de se demander s'il y aura des garanties pour les populations.
A cette inquiétude le ministre a répondu que dans ce monde il n'y a Jamais de garantie. C'est un phénomène qui existe, qui est réel a-t-11 poursuivi, et il nous appartient à nous Burkinabè de faire attention, d'être prudents. Aucune personne sur cette terre ne peut vous donner la garantie sur un phénomène qui peut se passer.
D'aucuns se sont demandés ce que le Burkina Faso gagnait dans tout cela. Pour le ministre Ablassé Ouédraogo, le Burkina est une terre d'accueil qui a déjà accueilli de nombreux réfugiés sur son sol.
Et pour lui, avec l'accueil de ces 19 réfugiés, nous ne changerons rien à notre qualité de terre d'hospitalité. Quant à la question de savoir si l'on ne pourrait pas craindre une crise diplomatique entre l'Algérie et le Burkina, monsieur Ablassé Ouédraogo a rassuré la presse car, a-t-il soutenu, nous avons d'excellentes relations avec nos frères algériens.
Eux aussi ont déjà accueilli des réfugiés et cette action qui est assez limitée ne pourrait pas entraîner des difficultés dans nos rapports avec l'Algérie car cette action du gouvernement burkinabè est purement humanitaire.
Rappelons que ces personnes qui étaient au nombre de 26, étaient assignées à résidence dans une caserne désaffectée à Folembray dans le nord de la France à la suite de l'assassinat de cinq Français à Alger le 3 août. Les barbus, qu'on ne nous pas permis de photographier (sécurité oblige), s'étalent rendus à la mosquée pour prier au moment où nous bouclions la présente édition.
Espérons que les autorités burkinabè sauront toujours prendre leurs responsablités afin que les populations soient en sécurité.
Simon Yaméogo
Fait partie de Réfugiés : après les Touaregs, les barbus