Article
Gbagbo règne, Simone gouverne : face aux valses-hésitations de Laurent Gbagbo, Simone prend le pouvoir
- Titre
- Gbagbo règne, Simone gouverne : face aux valses-hésitations de Laurent Gbagbo, Simone prend le pouvoir
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 25 août 2004
- DescriptionAI
- Ce numéro du journal "Le Patriote" du 25 août 2004 dépeint une "République en danger" en Côte d'Ivoire, soulignant l'influence prépondérante de Simone Gbagbo, présentée comme la véritable dirigeante du pays, prenant des décisions clés et préparant la guerre par un réarmement massif. Le journal critique les réformes "suicidaires" du ministre de l'Éducation nationale, Amani Michel, qui excluent plus de 100 000 élèves et suppriment des aides. Il rapporte également des scandales de corruption dans le secteur café-cacao et mentionne la préparation à la guerre des Forces Nouvelles, tout en exprimant un scepticisme quant à une rencontre de réconciliation entre Soro Guillaume et Blé Goudé.
- nombre de pages
- 4
- Sujet
- Secte
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007187
- contenu
-
Le Patriote
www.lepatriote.net
La Patriote 2004
N° 1492 - Mercredi 25 Août 2004 - Prix : 200 F.CFA
**La République en danger**
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**P.2-3**
**GBAGBO RÈGNE, SIMONE GOUVERNE**
Mme Simone Gbagbo
Voici le visage de la "femme fatale" qui dirige en réalité la Côte d'Ivoire. Mesures suicidaires à l'Éducation nationale.
Amani N'Guessan va tuer l'école ivoirienne.
**P.6**
Plus de 100 mille élèves victimes des humeurs du ministre.
**Café-cacao : Scandale au FRC**
Plus de 50 milliards dilapidés par la protégée de Gbagbo.
Face aux menaces contre leurs positions, **LES FORCES NOUVELLES SE PRÉPARENT À LA GUERRE**.
**P.4**
**P.7**
Affi N'Guessan aux allogènes à Bloléquin : "SI VOUS NE VOTEZ PAS LE FPI, VOUS SEREZ CHASSÉS".
**ÉCONOMIE ET POLITIQUE NATIONALE**
Sur une colline, mes pauvres yeux qui ont déjà vu tant de choses (peut-être un peu trop de ces cochonneries qui défigurent ce monde en déperdition) ne cessent depuis quelques jours de s'écarquiller jusqu'à me faire mal.
Je commence à voir, ces fichus yeux, à quoi va ressembler un événement qui a toutes les chances d'être pour le moins singulier et dont on parle de plus en plus dans la cité. C'est la rencontre annoncée à grand renfort médiatique entre un homme qui croque la vie à pleines dents et qui transmet cette voracité à bon nombre de ses congénères, et un cadavre. Eh oui ! Un macchabée !
Entre nous, qui ne se mettrait pas en émoi pour être le témoin privilégié d'un tel spectacle ? Un bon vivant dont le bruit de la respiration s'entend à mille lieux, qui donne rendez-vous à un mort qui n'a que le silence assourdissant des ténèbres comme seul univers.
Si vous ne savez pas encore de quoi je parle, sachez que je fais ainsi allusion à l'entrevue entre Soro Guillaume et Bié Goudé, dont pas mal de journaux (bleus essentiellement, allez savoir pourquoi !) ont révélé la tenue incessante dans un bled d'Abidjan.
Ainsi donc, Ble Goudé et Soro Guillaume devraient se rencontrer et donc se parler. Et si l'on en croit Blé Goudé qui a confirmé lui-même, les Ivoiriens pourraient être gratifiés d'une mémorable partie d'embrassades entre les deux hommes. Belle cerise sur le gâteau de la réconciliation nationale !
Le leader des "Jeunes patriotes", guide enragé de la fameuse nébuleuse socialo-fascisante, sortit de l'antre du FPI et qui, dans une rare violence, a toujours juré d'une façon ou d'une autre d'avoir la peau de la rébellion, se prend à s'amouracher presque du chef de cette rébellion. On croirait rêver.
Quelle mouche a-t-elle donc bien pu piquer Blé Goudé, l'homme qui a certainement le plus mitraillé Soro Guillaume, au cours de la guerre verbale qu'il avait expressément ouverte contre son ancien compagnon de lutte, pour qu'il veuille aujourd'hui, presque sur le ton de la supplication, fumer avec lui le calumet de la paix ?
Qui ne se souvient de la terrible sentence verbale qu'il avait infligée, comme on plante une dague en plein cœur d'un ennemi, au patron des Forces Nouvelles en lui prédisant une mort certaine à l'instar de Jonas ?
**Du mercredi 25 Août 2004**
**GBAGBO RÈGNE, SIMONE GOUVERNE**
Face aux valses-hésitations de Laurent Gbagbo, Simone prend le pouvoir.
TOURE Moussa : "Je lève mon verre à Simone. Si j'ai gagné, c'est à elle que je le dois. Elle a fait 60% du travail". Lorsqu'il lance, légèrement émoustillé, ces propos au soir du 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo ne venait que confirmer ce que bien des gens dans l'ombre pressentaient déjà : la Côte d'Ivoire venait de se doter de deux Présidents, l'un officiel, l'autre officieux.
Savimbi ? "Quand je regarde Soro Guillaume, c'est un cadavre que je vois", avait lancé un étudiant noir de Manchester à celui contre qui il se posait comme ennemi direct. Comment discute-t-on avec un mort ? De quel baiser embrasse-t-on ? Telles peuvent être aujourd'hui les questions à poser à Blé Goudé qui piaille d'impatience de voir se matérialiser cet instant. De quoi faire réfléchir Soro, "le cadavre".
**Koré Emmanuel**
Le premier, Laurent Gbagbo, expansif, chaleureux, retors. L'autre, Simone Ehivet Gbagbo, énigmatique, froide et secrète. Celle que, dans la clandestinité, dans les cellules politiques de "l'Organisation", embryon du futur Front Populaire ivoirien, on surnommait "Adèle", ne cache pas l'influence qu'elle exerce sur le chef de l'État.
En 2001, à l'occasion du troisième congrès ordinaire du FPI, elle confiait à un journaliste de l'Express : "Mon mari a une très forte personnalité, moi aussi. Ce qui me donne un certain poids. Il m'écoute, c'est normal, sans pour autant que j'intervienne dans la formation du gouvernement. Tous les ministres ont du respect pour moi. Et on me situe souvent au-dessus d'eux. J'ai la trempe d'un ministre."
Il est difficile de croire Mme Gbagbo quand elle affirme ne pas interférer dans le choix des ministres. Chacun sait qu'elle a opposé son veto à la nomination de Mme Kandia Kamissoko-Camara au poste de ministre de la Femme et de la Famille. Tout comme nul n'est dupe de la nomination de Mme Christine Nebout-Adjobi, sa cousine germaine, au poste de ministre chargée de la lutte contre le Sida. Mme Adjobi faisait partie du staff de Mme Gbagbo dans ses actions contre le SIDA.
M. et Mme Gbagbo sont depuis près de deux décennies des bêtes politiques. Dans le bestiaire politique local, ils font figure de grands fauves, véritables prédateurs qu'il ne fait pas bon d'avoir à affronter. Et Simone, en matière de militantisme et d'engagement politique, n'a de leçon à recevoir de personne. Déjà, de 1982 à 1988, elle a pris les leviers de la mécanique politique clandestine mise en place par des universitaires manifestes pour renverser le PDCI-RDA de Félix Houphouët-Boigny. Gbagbo avait dû partir en exil et la plupart de ses camarades, traumatisés par la répression contre la grève des enseignants de 1982 et ce qu'on a appelé à l'époque "le complot des cadres", se terraient. Simone était donc seule à la barre. Seule, c'est trop dire, puisqu'il y avait à ses côtés le noyau dur : Emile Boga Doudou, Louis-André Dakoury-Tabley, Séry Antoine, Ouraga Obou, Sangaré Abou Drahamane. De ce noyau dur, il ne reste que Sangaré Abou Drahamane. Boga est décédé, Séry Antoine est en exil volontaire à Lyon, Ouraga Obou est en disgrâce, Dakoury-Tabley est l'un des chefs des insurgés.
**Seule face à Gbagbo**
Seul Sangaré aujourd'hui au FPI a autant de légitimité que Simone Gbagbo. Mais il n'est pas capable de lui tenir tête ou de lui faire de l'ombre. D'un naturel discret et boudeur, il se met volontairement en retrait. Donc au FPI, il ne reste que Simone qui soit capable intellectuellement, historiquement, politiquement de tenir la dragée haute à Laurent Gbagbo. On va même jusqu'à penser que si elle a l'occasion de revenir, elle n'hésitera pas. La dame de fer a, depuis le 19 septembre 2002, pris un ascendant décisif sur la conduite des affaires de l'État.
En effet, depuis l'échec de Laurent Gbagbo à reprendre militairement le contrôle de l'intégralité de son État et la signature de l'accord de Marcoussis, il est dévalorisé auprès des siens. C'est un chef qui a perdu la guerre et donc son prestige. Il lui faut absolument...
**Simone, la fascination de la guerre**
Pourquoi Simone Gbagbo aime-t-elle autant le pouvoir et la confrontation ? Il faut rechercher dans son enfance pour en tirer explication. Depuis son enfance, elle exerce le commandement. D'abord au sein de sa famille. Membre d'une famille de 16 sœurs et un frère, elle n'a pas connu sa mère, décédée peu après sa naissance. Elle a été élevée par Madame Cocoh Juliette, décédée en 2003, l'une des quatre épouses que son père, feu Ehivet Jean, a eues. Dans une telle meute, il fallait avoir de l'autorité pour exister, surtout si l'on est orpheline. Ensuite, son père était gendarme. Ancien combattant, puis gendarme, il faisait régner l'ordre et la discipline à la maison. De là est sans doute venu son goût pour le commandement, qui s'exerce sans rencontrer ni murmures ni hésitations. Madame Ehivet Denise, sœur aînée de la Première Dame, confie au quotidien Notre Voie lors d'un entretien mené le 22 novembre 2002 ce qui suit : "Notre père s'appelait Ehivet Jean. Il était un gendarme qui a fait la Seconde Guerre mondiale. Et il a été le premier à la Brigade de recherches à Abidjan. C'est lui qui a formé les premiers gendarmes de la Brigade de recherches. En ce moment, les bureaux se trouvaient dans l'immeuble des Champs Élysées, en face de la Rotonde. Après, le Vieux est parti à la retraite. Il est décédé en 1979. Il nous a élevés comme des garçons."
Mme Gbagbo était sportive depuis l'école primaire. Elle battait le record du saut en hauteur au Lycée classique, à Yamoussoukro. Elle a également dirigé la section féminine de la JEC (Jeunesse estudiantine catholique), forte de plusieurs milliers de membres. Là aussi, elle a peaufiné son sens du commandement. Élevée comme un garçon, elle aime aussi se battre et est fascinée par les batailles. D'ailleurs, dans sa thèse de troisième cycle consacrée au "Langage tambouriné chez les Abourés", elle a consacré une large part au "lexique de guerre" chez les Akans. Un ministre, transfuge du Front populaire ivoirien, raconte que dans la clandestinité, au moment de la chape de plomb, tout le monde refusait la lutte armée, Laurent Gbagbo y compris. Mais pas Simone. Elle n'excluait pas totalement cette voie. Ce ministre raconte comment il a été sidéré d'entendre une fois, au cours de l'une de leurs réunions secrètes préalables au congrès clandestin de Dabou, Simone demander s'il n'y avait "personne pour s'occuper de Sacko." Sacko était un de leurs camarades de lutte qui s'était fait piéger par Houphouët et qui avait été retourné par ce dernier. Sacko était devenu dangereux parce qu'il connaissait toutes les cellules clandestines et leurs animateurs. Il fallait le réduire au silence, telle était l'option prônée par la combattante.
**Traits d'esprit**
Non ! Bongo. Que tous les prétendants soient candidats. Voici les propos qu'on n'aime pas. Dans cette Eburnie. Même pas de la part du médiateur. Et les ouailles du "Woudy" s'acharnent. Ondimba est traité de tous les noms. C'est comme ça. Avec les refondateurs. Bon, ce qui les arrange. Mauvais, ce qui les gêne. Drôles de... démocrates.
**Al Séni**
Comment revenir en grâce ? Et pour cela, quoi de plus exaltant qu'une victoire militaire éclatante ?
Mme Gbagbo tient l'accord de Linas Marcoussis, supposé conduire à une paix des braves, comme une œuvre démoniaque. Elle est convaincue, et ses pasteurs le lui ont dit, que c'est un pacte avec le diable. Et que s'ils acceptent de se soumettre à cet accord, ils subiront le courroux divin. D'où la fameuse gifle administrée à Affi N'Guessan, président du FPI, coupable d'avoir signé ce traité avec le diable. Cette gifle, deux membres du gouvernement nous la confirment. Pourquoi a-t-il signé ? Demandez-le lui ! Il était à Marcoussis. Pas mal ! répond-elle à un journaliste qui ne comprenait pas que Mme Gbagbo s'oppose à ces accords alors qu'Affi N'Guessan, son chef hiérarchique, les a signés.
Au nom de la résurrection et de l'assomption de Laurent Gbagbo, l'État ivoirien a été engagé dans une course folle à l'armement. Chaque mois, après les salaires, toutes les recettes de l'État sont consacrées aux achats d'armes, de munitions et de pièces de rechange, à la paie des mercenaires, aux primes de guerre des FANCI, aux traitements des milices et autres groupes paramilitaires, aux émoluments des "Jeunes patriotes". Tout est mis en place pour que Gbagbo retrouve son honneur. Car, en effet, il est revenu anéanti par...
Cet ancien frontiste qui a fait un bout de chemin avec Gbagbo et qui connaît parfaitement le couple n'hésite pas à confier : "Je ne crois pas que Gbagbo ait quelque chose à voir avec les escadrons de la mort, ce n'est pas son style. Mais c'est tout à fait celui de son épouse. Je crois que Laurent n'a pas été associé à une scène de choses malsaines, qu'il a fini par découvrir et qu'il est aujourd'hui obligé de couvrir."
Malgré tout ce qui a été dit dans le rapport de l'ONU sur l'implication présumée de son aide de camp dans les escadrons de la mort, Mme Gbagbo refuse de se défaire du capitaine Séka Yapo Anselme, faisant du coup courir de grosses présomptions sur sa propre implication dans ces crimes. Mais elle n'en a cure, inspecte les fronts militaires et envoie son pasteur, devenu conseiller spirituel du Chef de l'État, acheter des armes pour préparer la reprise de la guerre.
**T.M.**
**POLITIQUE NATIONALE**
Ce qu'il avait vécu en France, notamment la pression d'enfer exercée sur lui par Dominique de Villepin, avec la bénédiction de Jacques Chirac. Quand il est rentré à Abidjan, Simone, qui connaît son homme, est allée l'accueillir à l'aéroport à son retour pour éviter qu'il fasse des déclarations. Dès cet instant, elle a pris les choses en main.
**Les proches de Simone au cœur de l'État**
Elle a structuré autour d'elle une sorte d'État parallèle, chargé de tenir la réalité du pouvoir pendant que des strapontins seraient laissés aux ministres du Gouvernement de réconciliation nationale. Elle n'a eu aucun mal car tous ceux qui, aujourd'hui, sont les plus proches conseillers de Gbagbo, ont été positionnés par elle dans son entourage. Quand Gbagbo a pris le pouvoir, il a laissé son épouse travailler à créer son propre réseau de compétences. Et peu à peu, ce réseau de compétences est arrivé à collaborer puis à entrer à l'intérieur du système présidentiel. Son gynécologue, le Dr Blé Christophe, est devenu le médecin particulier du Président de la République. Le Pasteur de Mme Gbagbo, Koré Moïse, est devenu le conseiller spirituel du Chef de l'État. MM. Voho Sahi, Yao N'Dre Paul, Désiré Tagro, Mamadou Koulibaly (qui a toujours bénéficié de la protection de Simone quand il se faisait tailler en pièces par les Miaka Ouretto et autres Don Mello ulcérés par sa théorie bourgeoise de l'économie), Bohoun Bouabré Paul-Antoine, Dogou Alain, Mme Sarata Touré-Zingnon... tous ont, à un moment donné, travaillé avec Simone Gbagbo avant de se voir positionnés au cœur du système. Ils se sentent redevables d'elle. Bohoun Bouabré, par exemple, n'était pas assuré d'avoir le ministère de l'Économie. Il était en compétition avec un certain Bamba, économiste réputé. C'est Simone Gbagbo qui a pesé de son poids en faveur de Bouabré.
Idéologiquement, elle est bétonnée. Elle a commandé le SYNARES avant que le Pr Etté n'en prenne la tête. Elle a donc dirigé les enseignants. Or chacun sait qu'en Côte d'Ivoire, la caste la plus politisée est celle des enseignants. Ce sont les premiers intellectuels du pays et ils bénéficiaient d'un traitement de faveur de la part de Houphouët-Boigny (le décrochage de salaire par rapport aux fonctionnaires de la même catégorie). Tous les enseignants connaissent Mme Gbagbo car elle a peu ou prou contribué à leur maturation politique. Ce n'est donc pas un hasard si le FPI a fait le plein de ses bataillons dans les rangs des enseignants. Simone est passée par là. Ils sont tous en admiration devant elle. Ceux qui sont devenus ministres lui sont restés dévoués.
**Fille de gendarme, elle est aimée des gendarmes**
Militairement, Simone Gbagbo n'est pas démunie. Elle est réputée proche de la gendarmerie dont certains chefs se reconnaissent en elle. Son père, Jean Ehivet, en effet, fut un ancien gendarme. Il a pratiquement créé ou dirigé la Section de Recherches de la Gendarmerie pendant plusieurs années. Il a également formé de jeunes sous-officiers, qui aujourd'hui sont devenus des officiers supérieurs. Ils vouent un respect certain à la fille de leur ancien chef. Il y en a d'autres qui partagent sa vision d'en finir avec la guerre par les armes. On cite parmi ceux-là, le Lieutenant-Colonel Ahouman Brouha Nathanaël, commandant militaire du Palais, le colonel Mangou Philippe, le Capitaine Séka Yapo Anselme, qui est devenu son aide de camp. Une personnalité proche du couple pendant plusieurs années et qui aujourd'hui est en retraite nous explique comment Simone a pu opérer une OPA sur l'État : "Simone connaît Gbagbo. Elle sait qu'il a beau jouer les courageux, il n'aime pas la confrontation. Par exemple, si tu dis : Laurent, allons à côté, j'ai deux mots à te dire, il devient inquiet, il l'évite. Et si tu le coinces en aparté, il va être d'accord avec tout ce que tu vas lui dire, pourvu que votre tête-à-tête prenne fin le plus vite possible." Sachant cela, elle s'est mise dans la posture de l'intraitable, pour faire écran avec son homme. Et surtout, elle veille au grain, chaque fois qu'il doit prendre des décisions. Par exemple, elle savait que le discours de Laurent Gbagbo, au sortir d'Accra III, était très attendu. Avant que Gbagbo ne parle, elle a fait monter au créneau Désiré Tagro. Mieux, elle a actionné Mamadou Koulibaly, membre de son brain-trust, pour qu'il dise exactement ce qu'elle voulait que Gbagbo dise, à savoir que l'article 35 ne saurait être révisé tant que...
**Le fétichisme de la religion**
C'est une chrétienne exaltée. Pour elle, le pouvoir ne sert à rien s'il n'est entièrement dédié au culte du Seigneur. On devient Président pour bâtir une nation à la gloire de l'Éternel des Armées, pas pour faire autre chose. Ballottée entre les lois de Dieu et celles des armes, Simone Ehivet Gbagbo est une chrétienne de fraîche lignée. Elle n'a pas toujours été cette soldate du Christ, qui ne voit la Côte d'Ivoire que comme une terre de confrontation entre l'Islam et le Christianisme. Sa conversion est relativement récente. Elle date, selon certaines sources, de son accident en mars 1996.
Sur l'axe Gagnoa-Divo, le 4X4 qui les ramène de Gagnoa essuie une queue de poisson et se retrouve dans le ravin. Le couple échappe à la mort. Gbagbo gardera longtemps une minerve au cou tandis que son épouse échappera de peu à une tétraplégie. Elle sent son accident comme un avertissement du Seigneur. Elle bascule alors dans le Protestantisme évangélique, avec passion. Elle avait abjuré sa foi catholique depuis longtemps à cause de l'intransigeance de l'Église romaine sur la question du divorce.
Elle avait quitté, en effet, son premier époux, M. Ehouman, cadre à la SODECI, dont elle avait eu trois enfants, pour épouser le jeune professeur d'histoire qu'elle avait rencontré. Elle fréquente assidûment l'Église Foursquare, secte évangélique venue d'Amérique, fondée localement par le prophète Kacou Sévérin, aujourd'hui disparu. Elle a des transes fréquentes et est traversée par des visions. Elle continue d'aller à cette église jusqu'au jour où le prophète Kacou Sévérin décède dans un accident de la route. Son église perd son influence. Mme Gbagbo se tourne alors vers l'Église Shekinah, dirigée par le pasteur Koré Moïse, qui, le premier, lui affirme que Dieu lui a révélé qu'elle et son époux seront au pouvoir. Depuis lors, elle ne le lâche plus. Elle l'introduit dans leur maison et il devient le conseiller spirituel du couple. Ancien international de basketball, vice-président de la Fédération ivoirienne de basketball, il est aussi, à l'occasion, homme d'affaires et marchand d'armes pour les forces armées ivoiriennes. C'est lui qui a béni la cérémonie de prestation de serment de Gbagbo. Koré Moïse introduit avec lui le jeune pasteur Ory Amour au palais présidentiel. Ce dernier devient le garde du corps spirituel de la Première Dame et l'accompagne dans tous ses voyages. Depuis que les chrétiens charismatiques sont entrés au palais présidentiel, c'est tous les mercredis un grand culte pour délivrer la Côte d'Ivoire du joug de Satan.
Un ami qui connaît bien le couple s'exprime devant un tel déferlement de foi : "Jusqu'en 1999, on ne faisait pas le signe de croix chez les Gbagbo. Laurent et Simone sont des marxistes dans l'âme, d'où leur rhétorique sur la mainmise de l'impérialisme sur les richesses de notre pays et tout. Gbagbo que je connais très bien, a toujours eu une vision historique de la Bible. D'ailleurs, son dernier fils, avec qui vous savez, s'appelle David, le roi guerrier. En tant que marxiste, engagée dans le combat politique pendant la clandestinité, Simone a renié bien de ses convictions. Elle était restée chrétienne au nom de l'action sociale de cette religion, mais elle est devenue une marxiste intransigeante, elle était donc une sorte de christo-marxiste. D'où sa déduction : ils font du protestantisme comme on fait du fétichisme, pas pour obtenir la grâce du Père, mais pour obtenir un acte concret : la défaite d'un ennemi, le triomphe d'une cause, le triomphe de la gloire et de la prospérité personnelles.
**T.M.**
Le désarmement n'aurait pas été achevé. Son amie, Mme Sarata Touré-Zingnon, directrice de cabinet adjoint du Président de la République, a appelé Albert Tévoédjrô pour lui remonter sèchement les bretelles, après son intervention télévisée. Même après que Gbagbo ait décidé de reprendre les trois ministres limogés, elle a montré son opposition farouche à une telle décision. Un ami du couple révèle qu'en public, elle a demandé à Gbagbo, parlant du ministre Patrick Achy : "Tu vas faire quoi avec ce Mauntanien-là ?" Décidée à protéger Gbagbo contre les influences néfastes de gens qui pourraient lui conseiller d'aller à un apaisement, elle a fait le vide autour de lui. L'ami du couple de longue date, Guy Labertit, qui a hébergé Gbagbo pendant ses années de galère à Paris, s'est vu poliment mettre à la porte par Simone. Labertit et Gbagbo, assis, devisaient tranquillement quand Simone a surgi et lancé un regard noir à l'invité, avant de balancer : "Est-ce que ce Blanc-là, il commence à devenir encombrant ?" Labertit a compris le message cinq sur cinq, et depuis, est devenu invisible au palais présidentiel. "Au Ghana, ce n'est pas pour rien que Gbagbo a demandé deux mois pour convaincre ses proches qu'Accra II est un bon accord. Il savait qu'il trouverait Simone à son retour et que ce ne serait pas facile pour lui", confie un membre du G7, qui était présent durant les négociations en terre ghanéenne.
**Un Président commandé par sa femme**
Dans la sous-région ouest-africaine, il faut le dire, notre Président traîne la réputation d'un homme qui est commandé par sa femme. Nous-mêmes l'avons constaté à plusieurs reprises lors de nos voyages avec le G7. Chaque fois, le cas Simone revenait invariablement sur la table des chefs d'État. Si Gbagbo accepte, est-ce que Simone sera d'accord ? ne cessait-on de s'interroger. Un de nos envoyés spéciaux à Accra livre cette confidence faite par un membre du staff de communication de John Kufuor : "Si Gbagbo a des difficultés pour signer à cause de la réaction de sa femme, il serait bon dans ce cas, que l'on envoie un avion à Abidjan pour la chercher afin que les chefs d'État discutent directement avec elle et fassent avancer les choses !" Pour un proche du couple, c'est une erreur que de croire que Gbagbo est terrassé par sa femme. "C'est un mari africain. Et comme tous les maris africains, il aime commander sa femme. C'est vrai que, comme il est paresseux de nature, pour beaucoup de choses, il se repose sur sa femme. Et cela donne l'impression que c'est elle qui commande, mais ce n'est pas vrai." Selon cet homme, Simone est un instrument de gouvernance aux mains de Gbagbo. "Ça l'arrange bien qu'elle ait cette image de femme dure. Comme ça, si ça coince quelque part, il peut dire que c'est la faute à Simone, et pas la sienne. Il faisait la même chose sous Houphouët avec Dakoury-Tabley. Quand Houphouët était en colère et qu'il le convoquait pour des propos incitant à la révolte, il disait toujours que ce n'était pas lui, mais que c'était Dakoury. Aujourd'hui, c'est la même chose. Quand l'ambassadeur de France va se plaindre des blocages à l'Assemblée nationale, il dit que ce n'est pas lui, mais que c'est Simone", explique-t-il.
Simone un instrument aux mains de Gbagbo ? Difficile à croire, quand on sait la hargne qu'elle a mise à devenir présidente de l'Assemblée nationale. Il a fallu une montagne de persuasion pour qu'elle accepte de renoncer à cette prétention pour ne pas donner au régime de la Refondation l'image d'un régime patrimonial. En échange du perchoir, elle a exigé et obtenu la présidence du groupe parlementaire FPI, le groupe majoritaire. De sa position, elle tient le Président Koulibaly en laisse et fait pencher le Palais du peuple où elle veut, selon son désir. Elle a compris que le vrai pouvoir, ce n'est pas toujours celui qui brille sous les stucs et les lambris dorés. C'est aussi et surtout celui qui s'exerce à l'ombre, sur les hommes de pouvoir.
**T.M.**
**KMBCC INFO-PRIX**
**PRIX MARCHE À TERME LONDRES JOURNÉE DU 24/08/2004**
**CACAO**
940 FCFA/KG
Bien Fermenté
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Café décortiqué, trié, sans brisure et sans grains noirs
**PRIMAC**
Tel : 20-20-28-16 / 27-52
Fax : 20-20-28-14
**POLITIQUE NATIONALE**
**DANS LA SOCIÉTÉ**
Gestion de l'enseignement privé en Côte d'Ivoire
**Du mercredi 25 Août 2004**
**VOICI LES DÉCISIONS SUICIDAIRES D'AMANI MICHEL**
Le secteur de l'enseignement privé, selon le ministre de l'Éducation nationale, connaît un déficit de bonne gestion. Pour, dit-il, assainir ce secteur, le ministre Amani Michel a annoncé aux fondateurs, le vendredi 20 août dernier, de grandes décisions.
**Coulibaly Moussa**
Cette année, tout comme l'année dernière, le système éducatif ivoirien connaîtra deux rentrées scolaires. Le vendredi 20 août dernier, lors de sa séance de travail avec les promoteurs de l'enseignement privé, le premier responsable de l'Éducation en Côte d'Ivoire a fixé la date de la première rentrée au 04 octobre 2004 pour les élèves en zones sous contrôle gouvernemental et celle de la seconde au 03 janvier 2005 pour les élèves des zones des forces nouvelles.
Dans l'attente de tous ces événements, le ministre de l'Éducation nationale a jugé utile de rencontrer les fondateurs d'écoles privées pour leur faire part des nouvelles mesures arrêtées pour une "saine gestion de ce secteur d'enseignement qui représente plus de 65% du système éducatif ivoirien".
**La non-affection d'élèves de l'État dans le Privé**
En annonçant, aux fondateurs, ce vendredi 20 août 2004, la non-affectation d'élèves en classe de 6ème et 2nde dans leurs établissements, le ministre N'Guessan Amani Michel ne faisait que reconduire une décision déjà prise l'année dernière. Ainsi, selon ses propres explications, il maintient cette mesure en vue d'éviter de contracter des dettes au nom de l'État. "Car, chaque année, l'État paie difficilement, aux fondateurs, une subvention à hauteur de 15 milliards de francs. C'est ce que je voudrais désormais éviter", a-t-il dit.
**Plus de 100 000 élèves exclus**
Pendant le mois de septembre 2004, la Commission nationale d'orientation (CNO) du ministère de l'Éducation nationale procédera à la réaffectation des élèves reçus au Certificat d'études primaires élémentaires (CEPE) et au Brevet d'études du premier cycle (BEPC) en 6ème et en 2nde. À l'évidence, cette commission, avec la décision du ministre de ne pas affecter d'élèves dans le privé, fera, à coup sûr, des victimes. Car, les places disponibles, réduites uniquement à celles du public, ne pourront pas accueillir tous les candidats admis. Même ceux qui ont obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10.
D'ailleurs, selon une estimation de la Banque Mondiale et des syndicats de l'enseignement privé, cette décision du ministre Amani fera plus de 100 000 victimes. En clair, 100 000 enfants officiellement reçus à leurs examens de fin d'année ne pourront être affectés ni dans le public ni dans le privé. Ces derniers et leurs parents seront livrés à eux-mêmes. Toujours selon le même document, cette décision du ministre, dans sa phase d'expérimentation en 2003-2004, a fait 40 000 victimes. Et selon une institution bancaire, les raisons évoquées par le ministre pour supprimer les prises en charge ne tiennent pas la route. Pour la simple raison que la prise en charge d'un élève dans le public (800 000 francs) est plus élevée que la prise en charge d'un élève dans le privé (120 000 francs). À dire vrai, les partenaires du système éducatif ivoirien pensent que le ministre Amani est dans une logique de vengeance contre les fondateurs d'écoles privées, suite à l'affaire des 14 milliards de francs de rue.
**À LIRE DEMAIN**
C.M.
Les réactions des fondateurs d'écoles privées, des parents d'élèves et des syndicats d'enseignants du privé et du public.
**DANS LA SOCIÉTÉ**
La suppression de dix mille "prises en charge" aux élèves de parents démunis.
Déjà en 2001, seulement deux ans après son arrivée à la tête du département ministériel de l'Éducation nationale, le ministre Amani Michel a fait supprimer les dix mille prises en charge que l'État de Côte d'Ivoire mettait à la disposition des élèves de parents démunis.
Ces prises en charge d'une valeur annuelle de un milliard deux cent millions de francs permettaient, chaque année, au Service autonome pour la promotion de l'Enseignement privé (SAPEP) de prendre en compte les frais de scolarité de dix mille élèves dans le privé.
La suppression de ces prises en charge, intervenue en 2001, a été signifiée à nouveau aux patrons d'établissements privés le vendredi 20 août dernier au Lycée Sainte Marie de Cocody. Aussi, l'ancien enseignant du secondaire ne s'est pas arrêté au maintien de ces deux mesures.
Le ministre de l'Éducation nationale est allé plus loin, en prenant de nouvelles mesures dont le retrait, dès la rentrée prochaine, des 132 enseignants de l'État exerçant dans l'enseignement privé. Car pour lui, ces enseignants, au nombre de 91 dans le privé laïc et 41 dans le confessionnel, avec la mesure de non-affectation de formateurs dans le privé, devraient être déchargés et remis dans le circuit de l'enseignement public. Aussi, le premier responsable de l'Éducation n'exclut pas la possibilité de retirer des établissements privés, au plus tard le 10 septembre 2004, les 62 700 élèves de l'État qui se trouvent encore dans le circuit du privé. À cet effet, il a demandé, le vendredi 20 août dernier, à ceux des fondateurs qui ne pouvaient plus en assurer la prise en charge, de le lui signifier par écrit. Par ailleurs, au cas où les promoteurs d'écoles privées ne trouveraient aucun inconvénient à les garder, ces élèves, selon le ministre Amani, devraient, pour la rentrée prochaine, bénéficier du même traitement que leurs amis dans les établissements publics. Notamment au niveau du paiement des frais d'inscription. "Cette année, les 62 700 élèves du public qui seront mis dans l'enseignement privé ne doivent payer que 2 600 francs à l'inscription. Les fondateurs qui leur feront payer 60 000 francs ou 40 000 francs s'exposent à des sanctions", a-t-il averti.
En somme, pour assainir au mieux le secteur de l'enseignement privé en Côte d'Ivoire, le ministre Amani a annoncé le renforcement des critères d'attribution d'agrément pour la création d'écoles privées. En outre, les nouveaux demandeurs et même tous les anciens devront se conformer à la nouvelle réglementation pour l'agrément. Faute de quoi, tout contrevenant s'expose à des sanctions. "À partir de maintenant, il n'y aura plus d'écoles provisoires, ou vous êtes éligibles ou vous ne l'êtes pas", a-t-il martelé.
**LES PREMIERS PÈLERINS PARTENT À LA MECQUE LE 2 JANVIER**
Le premier vol du Hadj (pèlerinage à la Mecque) édition 2005 est prévu le 2 janvier prochain. D'autres départs suivront les 3, 4, 5 et 6 du même mois. C'est l'annonce faite hier par le ministre des Cultes.
Face aux associations musulmanes nationales qu'il a rencontrées à l'Hôtel du district du Plateau, le ministre Gnonkonté Désiré a indiqué que, tout comme l'édition précédente, le Hadj 2005 sera organisé principalement par les associations islamiques et supervisé par le ministère de tutelle. Ce sont les acteurs desdites associations qui seront chargés de l'encadrement des pèlerins. Le choix de la compagnie aérienne qui doit assurer le transport des fidèles et la fixation du coût du voyage sont également de leur ressort. La gestion financière est redonnée à la Banque Omni-finance. Un compte sera ouvert dans cette structure pour le versement des frais de transport aérien, des taxes saoudiennes et des pécules des pèlerins. Le ministre Gnonkonté Désiré a révélé une innovation "majeure" concernant le passeport de pèlerinage. Ce document comprendra une feuille détachable, correspondant aux chèques avec lesquels le pèlerin s'acquittera des taxes saoudiennes et s'octroiera son argent de poche. Les paiements seront alors authentifiés par des stickers qui seront apposés, dans le passeport, sur la page détachable. Cette innovation permettra, selon l'administration, de remédier au récurrent problème de perte de chèques déploré au cours des éditions précédentes. Ce sont là autant de mesures prises pour améliorer le déroulement pratique du Hadj 2005. Mais avant, il faudra arrêter la liste des associations musulmanes et des agences de voyages chargées de son organisation. Le ministre des Cultes a invité, à cet effet, les associations ou agences désireuses d'être agréées à adresser, à son cabinet, au plus tard le 15 décembre 2004, une demande manuscrite d'agrément. Sont exemptées de cette procédure, les treize associations agréées ayant piloté le Hadj 2004.
Cissé Sindow
Le Patriote 2004/N°1492
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