Article
Les Imams aux Ivoiriens : "Rebâtisons ensemble le pays après le pardon"
- Titre
- Les Imams aux Ivoiriens : "Rebâtisons ensemble le pays après le pardon"
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 2 février 2004
- DescriptionAI
- Les Imams de Côte d'Ivoire, par le biais du COSIM et du CNI, lancent un appel pressant aux Ivoiriens pour la reconstruction du pays "après le pardon", suite aux dérives et souffrances passées. Ils exhortent à la réconciliation, au dialogue, à l'humilité et à la vérité, s'appuyant sur les principes d'unité et de contrition du Hajj. Le message souligne la responsabilité collective et l'espoir d'un nouveau départ pour une paix durable, notamment après les Accords de Linas-Marcoussis, et appelle les leaders politiques à la sagesse.
- pages
- 9
- nombre de pages
- 1
- Sujet
-
Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Conseil National Islamique
- Hadj
- Pardon
- Paix
- Conflit
- Politique
- Unité
- Aïd al-Adha (Tabaski)
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007175
- contenu
-
Les Imams aux Ivoiriens :
Que nous sommes allés trop loin dans les dérives, malgré les multiples conseils et mises en garde aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur.
"REBATISSONS ENSEMBLE LE PAYS APRÈS LE PARDON"
Depuis plus de 14 siècles, des millions de Musulmans honorent, dans l'émotion, la joie et la reconnaissance, l'rituel annuel du pèlerinage aux lieux saints de l'Islam.
Nous avons déjà écrit et nous le réaffirmons parce qu'il s'agit d'un des piliers inébranlables de l'Islam. Le Hajj, outre qu'il est une prescription divine, est un acte de souvenir, un devoir de solidarité et un acte de contribution.
Acte de souvenir parce que les pèlerins tentent d'y revivre ce que, 14 siècles plus tôt, le Prophète Mohammed (Saw) et ses compagnons, aux heures matinales de l'Islam, ont accompli et qui a nourri l'irrésistible épopée de l'Islam à travers le monde. Devoir de solidarité en ce que tous les Musulmans du monde, de corps autant que d'esprit, se retrouvent à Arafat. Tous les pèlerins sont en habit d'Ihram sans distinction d'aucune sorte, toutes les barrières élevées par la naissance, la richesse, la couleur de la peau, le pouvoir, ne sont que vanité. La mosquée de la Sainte Kaaba est le seul lieu de prière au monde où les Musulmans se retrouvent face à face lorsqu'ils adorent Allah Unique.
Acte de contrition, parce que le pèlerin, dans toute son humilité, se soumet à la volonté sublime du maître de toutes les créatures et sollicite le pardon et la rémission de ses péchés.
Les pèlerins venant de cette année, en raison des difficultés que connaît notre pays depuis 16 mois, ont vécu des moments de souffrances, de doute, d'espoirs déçus, qui ont épuisé leur capacité d'endurance et de patience. Mais la miséricorde d'Allah s'est manifestée et bon nombre d'entre eux ont pu, une fois encore, embarquer pour le Hajj.
Le COSIM et le CNI rendent grâce à Allah Subhana Wa Taala au moment où nous allons ouvrir pour tous les pèlerins du monde, ce rituel exceptionnel dans la vie des Musulmans.
Le COSIM et le CNI saisissent cette occasion pour appeler, comme ils n'ont jamais cessé de le faire, à la protection d'Allah sur notre pays au moment où, après plusieurs mois d'épreuves, un espoir de paix commence à prendre corps après les Accords de Linas-Marcoussis dont l'application devient manifeste.
Nous devons comprendre qu'aucune paix durable n'est possible entre belligérants sans compromis, sans bonne volonté et sans bonne foi. Nous devons comprendre que nous sommes en guerre contre nous-mêmes dans ce pays qui reste notre bien commun.
Toutes les fois où l'occasion leur en a été donnée, les Imams de Côte d'Ivoire ont appelé à la concorde, au dialogue, au pardon, au respect de l'autre, à l'humilité, à la vérité. Oui, à la vérité, parce qu'elle finit toujours par rattraper le mensonge. Et Allah dit dans le Saint Coran : "Au-delà de la vérité, qu'y a-t-il donc sinon regret ?" (S. 10 V:32)
Aujourd'hui, nous serons sages de reconnaître que nous sommes responsables de ce qui nous arrive. Des politiques à courte vue, ignorant (ou feignant d'ignorer) l'histoire de la constitution du peuple ivoirien, ont engagé un mode de gouvernement d'exclusion, la xénophobie, l'arrogance et la suffisance. Dieu n'aime pas ça ! Aujourd'hui, après l'épreuve, nous devons faire un retour sur nous-mêmes. Nous devons rebâtir ensemble après le pardon qui s'impose à nous, avec humilité. Le COSIM et le CNI souhaitent ardemment que l'Aïd El Kebir 2004 marque un nouveau départ pour notre pays. Que se refroidissent toutes les haines et tous les antagonismes. Dans cette quête du nouveau, la responsabilité des hommes politiques, en particulier les leaders, est éminente. Le champ d'action de la politique n'est pas un champ de guerre où tous les coups seraient permis. C'est pourquoi nous en appelons au dépassement de soi. Maintenant que notre pays est presque sous administration de la communauté internationale, nous devons comprendre deux choses : que la Côte d'Ivoire a toujours eu droit à l'estime et à la considération internationales.
Les Imams de Côte d'Ivoire, à l'occasion de cette fête de la Tabaski, ont une pensée pour tous ceux qui ont perdu la vie au cours de cette guerre absurde, et réitèrent leurs condoléances les plus sincères et les plus attristées aux familles des disparus. Qu'Allah (SWT) fasse que la paix s'installe définitivement et que l'épreuve vécue ensemble rapproche davantage les Ivoiriens.
Bonne fête à toutes et à tous. Assalam Alekoum.
Le Chef des Imams, El Hadj Anzoumana Konaté (Porte-parole du Conseil supérieur des Imams)
Le Président du Conseil national islamique, El Hadj Kone Idriss Koudouss.
