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Écoles confessionnelles musulmanes : une très lente mutation
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Écoles confessionnelles musulmanes : une très lente mutation
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Title
Écoles confessionnelles musulmanes : une très lente mutation
Type
Creator
Publisher
Date
August 26, 2003
pages
10
number of pages
1
Language
Contributor
Identifier
iwac-article-0007169
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Écoles confessionnelles musulmanes : une très lente mutation
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Date
August 26, 2003
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Identifier
iwac-article-0007169
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- Titre
- Écoles confessionnelles musulmanes : une très lente mutation
- Type
- Article de presse
- Créateur
- Mamadou Doumbes
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 26 août 2003
- pages
- 10
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Organisation des Établissement d'Enseignement Confessionnel Islamique en Côte d'Ivoire
- Conseil National Islamique
- Langue
- Français
- Contributeur
-
Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007169
- contenu
-
Dossier
Écoles confessionnelles musulmanes
UNE TRÈS LENTE MUTATION
La communauté musulmane a trop construit de mosquées, elle doit construire maintenant des écoles, car la connaissance est aussi fondamentale dans la foi islamique. Ce cri de cœur d'El Hadj Konaté Aboubacar, président de l'Organisation des établissements d'enseignement confessionnel islamique en Côte d'Ivoire (OEECI), illustre le malaise qui règne au sein des acteurs de l'enseignement confessionnel islamique.
Mamadou Doumbes
Le constat est amer. Alors que les premières écoles coraniques datent de la période précoloniale, l'enseignement confessionnel islamique végète plus d'un siècle après dans l'informel. Pour Rahm Dumbia, enseignant très au fait du dossier, les écoles confessionnelles se divisent en deux groupes, avec d'une part celles dotées d'infrastructures stables et celles fonctionnant dans des baraques.
Dans le premier groupe, sont logés les Dar-es-hadith de Bouaké, Ansmar El Coran de Daloa du théologien Moustapha Sy, le Centre islamique de Williamsville de Mohamed Lamine Kaba à Koumassi, ou le Collège d'El Hadj Konaté Aboubacar. Les établissements Cissé Kamourou à Gagnoa se particularisent par leurs programmes d'enseignement qui intègrent celui de l'État qui y affecte des élèves, etc. Et, dans le second, on trouve des écoles dans certaines contrées d'Abidjan où les conditions d'études laissent à désirer, pour ne pas dire qu'elles sont précaires. À en croire El Hadj Konaté Aboubacar, plus de 100 établissements sont affiliés à sa structure pour la zone sous contrôle gouvernemental après le dernier recensement datant de l'an 2000. Avec 478 enseignants, 14 927 élèves dont 10 144 garçons et 4 405 filles, une lente mutation.
Les écoles confessionnelles actuelles ont été d'abord des écoles coraniques, c'est-à-dire où l'on apprenait seulement le Coran et la théologie. À partir des années 1958-1959, avec l'arrivée des premiers élèves formés dans les universités arabes en Égypte, en Tunisie, en Arabie Saoudite, etc., on va assister à la naissance des Mendersa ou écoles franco-arabes. Celles-ci consacraient la moitié du programme officiel en français et l'autre moitié à l'étude religieuse en arabe. Déjà, les premiers élèves seront présentés aux examens officiels du CEPE et du BEPC. Pour la session 2001-2002, nos candidats au CEPE ont réalisé 80 % d'admission, ils ont été présentés en tant que candidats libres, révèle M. Konaté Aboubacar de l'OEECI. Toujours, selon les responsables de l'OEECI, leur structure est parvenue à établir des programmes communs à tous les établissements dont les programmes sont à 90 % reconnus par l'État. Tout comme en matière d'examens et de diplômes, l'unité a été rétablie. Mieux, l'OEECI entend assurer la formation des enseignants et veiller sur la qualité de l'enseignement dispensé.
Mais la grosse difficulté des écoles confessionnelles islamiques reste la méfiance du grand public sur le contenu des programmes. Pour beaucoup, on y procède à des bourrages de crâne. Cette attitude, expliquent des fondateurs rencontrés, est due à la réticence des cadres musulmans à envoyer leurs enfants dans les écoles confessionnelles musulmanes. Visiblement, les discussions entre le Conseil national islamique (CNI) et les fondateurs regroupés au sein de l'OEECI achoppent sur la question du programme. Réduire les 10 % de nos programmes réservés à la théologie pour le programme officiel, c'est perdre notre âme, c'est une aliénation, avoue Konaté Aboubacar. Par contre, au CNI, on estime que pour bénéficier de la subvention de l'État et la reconnaissance officielle, les écoles confessionnelles islamiques doivent avoir les mêmes programmes que ceux des établissements confessionnels chrétiens.
Que de frustrations !
Malgré les efforts réalisés, notamment avec la naissance d'un lycée madame islamique à Marcory, l'enseignement confessionnel islamique, comme au temps colonial, continue d'être combattu péniblement par les pouvoirs successifs en Côte d'Ivoire, en dépit du caractère laïc de l'État. Jusqu'à nos jours, ces écoles relèvent du ministère de l'Intérieur et non de l'Éducation nationale. Les certificats de fréquentation de ces établissements, délivrés aux élèves, ne sont pas reconnus par la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale). Les élèves n'ont pas accès aux soins gratuits dans les centres médico-sociaux et ne bénéficient pas non plus de la gratuité du transport des autobus, partant de la carte de bus de la SOTRA.
Les bourses octroyées aux élèves par les pays arabes restent inaccessibles par la faute du ministère de tutelle et des ambassades ivoiriennes à retranquer. Aussi, l'introduction de la langue arabe dans le programme scolaire demeure une vue de l'esprit, bien que constituant la troisième langue de communication dans le monde.
Tous ces griefs ont été énumérés le 16 décembre 2002 par les fondateurs d'écoles confessionnelles au Premier ministre d'alors, Pascal Affi N'Guessan.
La responsabilité de l'élite musulmane
La situation actuelle des écoles confessionnelles, de l'avis des acteurs du secteur, incombe en grande partie à la communauté musulmane avec, au premier chef, son élite. Face à l'adversité de l'administration coloniale puis des pouvoirs successifs en Côte d'Ivoire, la communauté musulmane a mis du temps à s'organiser et à transcender les divisions en son sein. Et quand elle a pu le faire, la priorité a été accordée à la construction d'édifices religieux (surtout les mosquées), à l'organisation du pèlerinage. Seulement, ce n'est que ces derniers temps que la question de l'école est prise en compte par le CNI, la plus importante organisation musulmane du pays.
Pour y arriver, la communauté musulmane doit fédérer ses efforts et venir financièrement en aide aux principaux fondateurs afin de construire des écoles confessionnelles stables répondant aux normes fixées par le ministère de l'Éducation nationale. La tâche ne sera certes pas facile, mais elle peut démarrer avec l'appui des importantes organisations islamiques de développement comme la Banque islamique et de nombreux pays arabes. Cela doit prendre en compte aussi bien les secteurs préscolaire, primaire, secondaire que supérieur professionnel et général.
Pour rassurer les uns et les autres, les promoteurs des écoles confessionnelles doivent se soumettre aux chartes en vigueur en matière d'éducation. Même si en marge du programme officiel, des heures peuvent être consacrées à la théologie musulmane et à l'apprentissage de l'arabe. Mieux, a encré M. Kone Sindau, secrétaire général adjoint de l'OEECI, le secteur confessionnel islamique, plus adapté à la réalité sociologique ivoirienne, peut aider le gouvernement à atteindre l'objectif de la scolarisation à 100 % en Côte d'Ivoire. Il rappelle à souhait l'expérience entreprise par Saliou Touré dans le grand Nord avec l'apprentissage des mathématiques en langues locales qui a donné des résultats prodigieux.
En attendant, les responsables de l'OEECI fondent avec impatience leur espoir sur la séance de travail prévue avec le SAPEP pour faire avancer le dossier de la reconnaissance officielle de l'enseignement confessionnel islamique par le ministère de l'Éducation.
M.D.