Article
Extraits du discours de Babily Dembelé
- Titre
- Extraits du discours de Babily Dembelé
- Type
- Article de presse
- Editeur
-
Le Patriote
- Date
- 13 décembre 2001
- DescriptionAI
- Le discours de Babily Dembelé met en lumière des défis majeurs pour la communauté musulmane ivoirienne. Il souligne le manque de réciprocité diplomatique de l'Arabie Saoudite, qui entrave l'obtention de visas, et la perte d'invitations de pays arabes par l'administration ivoirienne. Le texte dénonce surtout la marginalisation de l'enseignement confessionnel islamique, réclamant son intégration au système éducatif national pour assurer une éducation équitable à la jeunesse musulmane.
- pages
- 5
- nombre de pages
- 1
- Langue
- Français
- Contributeur
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Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007128
- contenu
-
EXTRAITS DU DISCOURS DE BABILY DEMBELÉ
Depuis bientôt dix (10) ans, la Côte d'Ivoire est accréditée en Arabie Saoudite au rang d'Ambassade. Mais, jusqu'à ce jour, la règle de la réciprocité diplomatique n'a pas été appliquée. Le Royaume d'Arabie Saoudite n'a en Côte d'Ivoire ni Ambassade ni même un Consulat. Ce qui fait qu'à la veille des départs pour le pèlerinage à la Mecque, les pèlerins ivoiriens sont, chaque fois, obligés d'attendre les officiels saoudiens qui viennent donner des visas à la hâte, avec tout ce que cela provoque comme stress mental et physique tant chez les organisateurs que chez les pèlerins. Dans l'entre-saison, c'est-à-dire entre deux pèlerinages, les Ivoiriens qui veulent se rendre en Arabie Saoudite sont obligés de se rendre dans un pays voisin, soit au Mali ou au Ghana par exemple, pour se procurer un visa saoudien. Voilà une situation anormale et illogique qui doit nous interpeller tous.
Nous pensons que seule une action commune des organisations confessionnelles islamiques nationales, conjuguée à l'effet des autorités de l'État, peut aider à débloquer cette situation. Par ailleurs, il arrive très souvent que les associations confessionnelles islamiques reçoivent de leur ministère de tutelle, ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation, via le ministère des Affaires étrangères, des invitations provenant des pays arabes frères et amis pour prendre part à des séminaires, à des colloques ou à des conférences. Nous constatons avec regret qu'une fois ces invitations lancées, et que les participants sont désignés par les associations, les dossiers d'invitation se perdent dans les méandres de l'administration au niveau des ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères. Autrement dit, ces invitations sont classées sans suite pour des motifs inavoués.
Pour éviter de tels désagréments qui, sur le plan spirituel, intellectuel et culturel, pénalisent nos éminents cadres des sciences islamiques, nous formulons le vœu de voir ces pays arabes frères et amis envoyer directement aux associations islamiques, légalement reconnues, leurs invitations qui, somme toute, ne concernent que la science et la culture. Deux domaines qui sont cependant situés hors du champ politique.
La récente invitation à assister aux conférences religieuses du mois sacré du Ramadan (2001) au Maroc témoigne de l'insertion.
Mesdames et Messieurs, chers frères et sœurs en Islam, l'un des soucis de la communauté musulmane réside dans l'éducation de sa jeunesse : éducation intellectuelle, morale et spirituelle. Un droit absolu pour les enfants, un devoir pour les parents, les enseignants et les pouvoirs publics. L'éducation est une donnée essentielle pour chaque communauté. Mais, force est de constater qu'en Côte d'Ivoire, la jeunesse musulmane n'est pas logée à la même enseigne que la jeunesse des autres communautés confessionnelles.
En effet, totalement ignoré par le système éducatif national, l'enseignement confessionnel islamique est malheureusement demeuré un enseignement résiduel, débouchant au mieux sur le chômage, et au pire sur la délinquance. Pour un État soucieux de la laïcité constitutionnelle, il lui incombe de garantir le développement équilibré de tous les enseignements confessionnels. Or, à l'expérience, tel n'est pas le cas chez nous en Côte d'Ivoire. En effet, en laissant l'école confessionnelle islamique dans l'oubliette, tout est fait pour assurer à la jeunesse musulmane une éducation et une formation au rabais. Face à cette situation, notre discours ne peut être que revendicatif. Ainsi, il faut chercher à mettre fin à l'acte discriminatoire qui consiste à faire fonctionner les écoles confessionnelles islamiques sous le régime des associations, autrement dit sous la tutelle du ministère de l'Intérieur.
Par ailleurs, il serait souhaitable que l'État intègre l'enseignement confessionnel islamique dans le système éducatif national au même titre que l'école confessionnelle chrétienne.
Ainsi, à égalité de traitement, d'éducation et de formation avec les enfants des autres confessions religieuses, la jeunesse musulmane n'aura plus pour seul horizon la rue, la délinquance, voire la prison.




