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Débat autour de "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire"
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- Titre
- Débat autour de "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire"
- Créateur
- Moussa Touré
- Yves M. Abiet
- Seydou Koné
- Charles Sanga
- Emmanuel Koré
- Sindou Cissé
- Ferdinand Tapé
- Editeur
- Le Patriote
- Date
- 17 août 2001
- Page(s)
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
- nombre de pages
- 5
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007111
- extracted text
-
Débat autour de “Côte
d'Ivoire, poudrière identitaire" LES "IVOIRITAIRES" NIENT 2. 5 LES MASSACRES ETHNIQUES Le débat a célébré la haine tribale
D. P.
ABIDIA
2à
Yves-M Ablet
Invité par la RTI le mardi 14 août 2001, Me Ibrahima Doumbla explique pourquoi le Mouvement Ivoirien des droits humains (MIDH) a marqué son absence à la projection-débat du documentaire de Benoît Scheuer. Il en donne Ici les raisons.
Propos recueillis par Touré Moussa
« Nous avons expliqué au producteur délégué, M. Dahily, que puisqu'il s'agit d'un film à thèmes structurés autour d'un axe et des volets, il faudrait res-
C'est vrai, il était fantastique ! Mamadou Ben Soumahoro était absolument génial ! Pour tenir le rôle du bouffon, du clown dans n'importe quelle représentation, il n'a pas son pareil. Gesticulant comme un pou éléphantesque sur son siège, il a essayé pendant quelques heures, de nous transmettre sa passion : comment hair de tout son être quelqu'un qu'on adore comme son dieu. Et comme l'exercice n'est pas facile, ma foi, il use' et abuse du mensonge, à profusion. Pour dire que Benoît Scheuer était incapable de financer « Côte d'Ivoire, poudrière identitaire » , il a évalué le coût de ce film-documentaire à 250 millions. Et a affirmé que pour bénéficier d'une telle somme, il faudrait avoir une ligne de crédit comparable à celle d'un pays comme la Belgique ou la France ! Et comme il l'a « révélé » lui-même, c'est Alassane Ouattara qui a financé ce « film diabolique » , il faut en déduire que M. Ouattara a une surface financière comparable à celle d'un pays comme la France ou la Belgique. Chapeau ! Et comme Ben Soumahoro se drogue au mensonge, il n'hésite pas à affirmer que le film ne comporte ni générique, ni remerciement. Tous ceux qui sont restés jusqu'à la
Si l'objectif de la projection de « Côte d'Ivoire, poudrière identitaire » était de contribuer à l'apaisement du climat social et politique, il aurait été un bide. Un vrai. Les participants au débat qui a suivi la projection de ce film documentaire ont donné la nette impression que la Côte d'Ivoire est un pays où « tout est au mieux, dans le meilleur des mondes possibles » selon la formule de Voltaire. Parmi ceux-ci se trouvent les Professeurs Niamkey Koffi, Jean-Noël Loucou et Yao N'Dré Paul. Pour cette catégorie de personnes abusivement considé rées comme des intellectuels, le chamier de Yopougon n'a jamais existé. Il n'est qu'une vue de l'esprit. Et c'est Yao N'Dré Paul, député FPI, Professeur agrégé de droit à l'Université de Cocody qui donne le ton. Interrogé par Thomas Bahinchi pour se prononcer sur les motivations du film, il a affirmé qu'en tant que film, ce documentaire ne saurait être une
Mamadou Ben Soumahoro. Quelle déchéance morale !
fin du film, ont vu un générique d'environ cinq minutes dans lequel le réalisateur indiquait les personnes et les moyens techniques utilisés pour réaliser ce film. Mieux, il s'excusait de ne pas pouvoir citer nommément tous les Ivoiriens qui l'ont aidé dans sa quête d'informations pour ne pas mettre en danger leurs vies.
L'absurdité, c'est quand Ben Soumahoro affirme que dans un documentaire, les images d'archives doivent absolument être en noir et blanc. C'est vrai que Ben Soumahoro a arrêté ses études en quatrième et qu'il n'a pas cherché à progresser depuis. Mais au moins, il devrait savoir que la conception de l'informa-
sortir ces thèmes pour en faire autant de planches de discussion. Parce que pour nous, laisser la trame du film pour aller parler d'autres choses, cela ne contribuerait pas à en tirer des enseignements, mais plutôt en faire une critique pure et simple. Et donc moi, je ne pouvais pas m'associer à une telle oeuvre. Ça, c'est la première chose. La deuxième, c'est que l'entreprise est apparue vicieuse parce que les gens se sont fait tirer les oreilles pour communiquer la liste des invités. D'après ce qu'on m'avait dit, il n'y aurait pas eu plus de vingt personnes au débat. Or,
réalité. La voie tracée par l'éminent professeur sera empruntée par ses collègues. Ceux-ci nieront l'existence du chamier. Le coassement de nos pseudo-intellectuels va éblouir certaines personnes dont un certain Augustin Dahouet Boigny et même un homme dont tout le monde pensait jusqu'à la diffusion du film être un homme de culture averti. Il s'agit de Kitia Touré. Le cinéaste trouve scandaleux que des gens tués et déversés en un endroit soient soigneusement couchés et soient disposés de façon plus ou moins rangée. La justification qui fonde son doute est le fait que le seul individu entièrement nu ait caché sa nudité. Car couché sur le ventre. Toute cette littérature pour aboutir à la même conclusion que ses prédécesseurs. A savoir que le chamier de Yopougon est une mise en scène. Un complot ourdi par le RDR. Dans leur entendement, les personnes amoncelées sur le lieu du charnier sont donc mortes de choléra, de malnutrition ou même de joie.
CHAPEAU, MONSIEUR LE CLOWN !
LA FRACTURE SOCIALE S'ACCENTUE
Pourtant, le sociologue belge Benoît Scheuer n'a rien inventé. Il n'a rien falsifié. Les images qu'il a utilisées dans son documentaire sont composées entre autres de celles de la RTI. Donc des images prises sous nos yeux. Y compris celle du charnier. Benoît Scheuer n'a pas inventé le film sur le discours de Gbagbo qui appelait les gendarmes, policiers, militaires de tout rang à tuer et à massacrer des compatriotes. La preuve ? Des témoins existent. Des survivants aussi. Ils ont des amis, parents et connaissances qui peuvent et veulent témoigner. Seulement voilà. Ils demandent que leurs vies et leurs familles soient protégées. Par l'Etat.
Parce que justement, tant que des membres de la coalition gouvernementale nieront les faits avérés et évidents tels que l'existence du charnier pour ne parler que de ce seul problème, eh bien, la réconciliation nationale à laquelle le pouvoir fait semblant de tenir tant, ne sera elle aussi qu'une… poudrière. Y. M. A.
tion télévisée a évolué depuis qu'il a été vidé de la RTI pour les raisons (bien au dessus de la ceinture) que tout le monde sait désormais. Aujourd'hui, la seule contrainte déontologique qui pèse sur les images d'archives, c'est soit leur datation, soit l'indication « archives » en haut de l'é La RTI, le sait si bien qu'au cours du débat, elle a présenté par deux fois des images d'archives, sans l'élégance d'indiquer « archives » sur l'écran. Ni, à fortiori de les diffuser en noir et blanc. Il s'agit de l'élément sur l'exode des baoulés chassés des campements bété à Gagnoa en 1995. Et celui où Gbagbo ordonnait aux forces de sécurité de « s'opposer par tous les moyens aux semeurs de troubles » . Ces deux éléments d'archives n'étaient ni en noir et blanc, ni datés. Et Ben Soumahoro n'y a trouvé rien à redire. Le pouvait-il, occupé qu'il était à jouer au pitre et au saltimbanque, haineux contre Ouattara pour amuser la galerie ? C'est vrai, nous avons ri, beaucoup de la dégaine grimaçante de Ben Soumahoro. Mais maintenant place aux choses sérieuses qui a massacré les 57 personnes retrouvées dans le charnier de Yopougon ?
quand nous sommes allés à la séance de visionnage le dimanche 12 août, la salle était bondée de personnes dont on ne voyait pas les raisons de leur présence. Nous y avons vu des gens qui n'ont d'intérêt aujourd'hui que, parce qu'ils ont une haine viscérale pour un individu. C'est leur marque distinctive. Nous nous sommes demandés alors qu'est-ce que nous serions, allés dire avec ces gens-là.
En plus, rationnellement, vous avez vu le nombre d'invités présents sur le plateau. Près de quarante ! Si étaient venus ceux qui ne sont pas venus, il y
Débat autour de "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire" Me Ibrahima Doumbia (Vice-Président du Mouvement ivoirien des droits humains) :
"NOUS AVONS REFUSÉ DE NOUS ASSOCIER À UNE ENTREPRISE VICIEUSE"
T. M.
aurait eu près d'une soixantaine de personnes. Comment peut-on faire un débat dans un tel contexte ? En réalité, nous n'avions pas été invités à un débat. C'était un Forum pour que l'on fasse notre procès à nous. Le film était un prétexte pour venir juger ceux que certains Ivoiriens ont désormais qualifiés comme des ennemis de la République. Cela n'était rien d'autre que ça. Nous, au MIDH, nous avons refusé de nous prêter à ce jeu. Et je crois que dans un premier temps, le RDR était partant pour participer à ce débat. J'ai été surpris d'entendre au moment où le film passait que le RDR ne venait pas. Je me suis dit : Heureusement qu'ils ont compris !
Pour moi, le plus important, l'une des séquences choc du film, c'est quand Jean-Noël Loucou affirme que le problème de la Côte d'Ivoire, c'est que des
Me Ibrahima Doumbla, Vice-président du MIDH.
Ivoiriens, après la reconnaissance économique veulent désormais le pouvoir politique. Et que c'est ce qui pose problème. A mon avis, c'est le point sur lequel on aurait dû se pencher, s'attarder. Parce que cela nous explique pourquoi depuis dix ans, nous n'avons pas la paix en Côte d'Ivoire. Or ces messieurs ont refusé d'en faire une planche de discussion, préférant parler de mobile du film, de lynchage médiatique de la Côte d'Ivoire et de choses que je ne constate pas. Comment parler de choses que je ne constate pas ? De toute évidence, le débat était orienté. Et dès lors que les choses sont orientées, c'est que les gens ont eu l'honnêteté de vous dire nettement dans quel sens ils veulent aller et dans quel sens ils vont inciter le débat à aller C'est pour cela que le débat ne nous intéressait plus » .
T. M.
Koné Seydou
Koré Emmanuel
A la lumière de ce qui se passe en Côte d'lvoire, le RDR apparaît comme l'une des rares formations politiques qui recherche effectivement la paix et la réconciliation. Devant la fronde populaire, et sous la pression de la communauté internationale, en 1990, le Président Houphouët avait accepté l'instauration du multipartisme. « Je préfère l'injustice au désordre » avait dit le Vieux. Parce que les frontistes ont, de tout temps, symbolisé le désordre, l'anarchie et la racaille. En 1995, le père de la Nation ayant tiré sa révérence, Henri Konan Bédié choisira le boycott actif et ses morts, à la sagesse d'Houphouët. En effet, cinq ans plus tôt, le Président Houphouët avait laissé Laurent Gbagbo se présenter contre lui, et l'avait réduit à sa plus simple expression devant toute la Côte d'Ivoire.
A la mort d'Houphouët, le Premier ministre Alassane Ouattara avait la possibilité d'engager un bras de fer avec Konan Bédié. Mais l'homme, intègre et foncièrement honnête, n'a jamais voulu forcer la main du destin. Patiemment, le leader du RDR regardera les pouvoirs successifs se ridiculiser en essayant de porter atteinte à son honorabilité. Depuis dix ans, on ne parle que de ADO en Côte d'Ivoire. Un collectif s'est même formé, avec le rebut des cadres ivoiriens, pour déverser sur lui et les ressortissants du Nord musulman, des tonnes de propos injurieux et diffamatoires. Le collectif des fossoyeurs de l'unité nationale est allé jusqu'à falsifier l'histoire de notre pays et miner l'école ivoirienne et les forces armées nationales sans rien offrir en
Proprement détestable, le sentiment général qui s'est dégagé du plateau de l'émission-débat qui a suivi, mardi dernier, la diffusion du film « Côte d'Ivoire, poudrière identitaire » . A l'endroit des morts, objets même de ladite rencontre radio-télévisée, la plupart des invités n'ont montré aucune compassion. D'autres ont donné l'impression de ne même pas savoir que les victimes d'octobre 2000 restaient le centre d'intérêt de l'émission. Aussi s'est-on plu, trop souvent, à banaliser, à bafouer ces morts, souillant, avec le cynisme le plus macabre, la mémoire de personnes qu'on aurait dû pleurer, même si l'émission de Thomas Bahinchi restait avant tout une émission. de vérité. Celle censée conjurer à jamais les démons de la division, de la menace de conflit fratricide qui pèse sur notre pays.
Les débats de mardi dernier ont permis pour ainsi dire, de découvrir chez l'écrasante majorité des intervenants, plus qu'un simple sentiment, une position presqu'idéologique qui consiste à rendre commun, poncif un sujet aussi grave que le charnier de Yopougon. On a eu l'impression, à regarder Thomas Bahinchi et ses invités, qu'ils exécutaient une danse funéraire qui devait déboucher sur l'épreuve du « Gôpô » , laquelle devait désigner le « mangeur d'âme » > du jour. En l'occurrence, le regard était porté sur Alassane Ouattara.
M. Alassane Dramane Ouattara, président du RDR. Malgré les attaques et les humillations, l'homme a toujours ne réelle
volonté de parvenir à la réconciliation des Ivoiriens. échange. En effet, depuis une décennie, le pouvoir ne crée pas d'emploi parce qu'il est incapable d'en créer. La paupérisation de la population ne fait que s'accentuer parce que les présidents qui se succèdent sont incapables de faire le bonheur de l'Ivoirien. Selon le pouvoir frontiste, la communauté internationale et les bailleurs de fonds ont mis tout un pays, le nôtre, en quarantaine à cause d'une seule per-
Kitla Touré. Quand un pseudo professionnel de cinéma se prosti-
tue pour de l'argent.
En dehors du représentant du PIT et du Pr. Ouraga Obou qui ont eu l'humanisme d'afficher quelques regrets, personne sur le plateau n'a jugé nécessaire d'avoir une pensée pieuse pour les morts.
Mais le plus exécrable au cours de ce débat est venu de ceux qui ont tenté de nier l'existence même du charnier. Ceux qui ont essayé de démontrer qu'il s'agissait d'un montage. Le charnier de Yopougon, à les suivre, n'aurait été que le fruit du « ramassage » par des quidamsqu'ils ont du reste identifié-de cadavres qui jonchaient les rues de
LE CHARNIER, UN "DÉTAIL DE L'HISTOIRE" ?
la capitale économique et qui ont été déversés dans la clairière de Yopougon. Comme si, en tout état de cause, il s'agissait non pas d'êtres humains massacrés par d'autres êtres humains, mais de vulgaires moutons. L'un des débatteurs, en l'occurrence Kitia Touré, cinéaste de son état, y a même trouvé l'occasion de démontrer sa science. Lui dont l'œil expert de communicateur s'est offusqué de n'avoir pas vu suffisamment de sexes de victimes pour faire du charnier de Yopougon un authentique charnier et non pas une mise en scène.
On voit à quel point les morts du charnier de Yopougon ont été ridiculisés, banalisés. Cela n'est pas sans rappeler l'attitude d'un certain JeanMarie Lepen qui, le 13 septembre 1987, pour qualifier les chambres à gaz utilisées par les Nazis pour exterminer les Juifs, a parlé de « détail de l'histoire » . Comme pour dire que les millions de victimes de l'holocauste ne méritaient pas qu'on s'y attarde. Il rejoignait ainsi idéologiquement ceux qu'on appelle les négationnistes dont l'un des chefs de file fut le philosophe français Roger Garaudy. Pour les idéologues du négationisme, aucune horreur au monde n'est suffisamment grave pour être retenue par l'histoire de l'humanité.
Thomas Bahinchi, Kitia Touré et autre Ben Soumahoro sont certainement des négationnistes qui s'ignorent. Et pour qui le charnier de Yopougon ne mérite pas d'être gravé dans l'histoire de notre pays.
sonne Alassane Ouattara. Cet homme serait plus riche qu'un pays entier et le monde développé serait à sa solde. Et c'est cet homme-là qui se laisse quotidiennement traîner dans la boue depuis une décennie, par des culs terreux. Le leader du RDR aurait donc pu, s'il l'avait voulu, utiliser sa fortune pour acheter la conscience de tous ceux qui déversent des insanités sur lui. Il aurait pu, s'il était assoiffé de pouvoir acheter des tonnes d'armes et de munitions et les distribuer à la population. Mais il ne le fait pas. C'est plutôt le pouvoir Bédié qui a distribué des armes aux planteurs Baoulé pour les opposer aux autres. Aujourd'hui, c'est le pouvoir FPI qui distribue des armes à ses militants. Pour préparer la guerre civile. Parce qu'il sait qu'un autre génocide Dioula n'est plus possible.
Devant les bavures des pouvoirs successifs, le RDR essaie de colmater les brèches. En parti responsable, il a toujours évité de plonger dans la poubelle. C'est ainsi que, à la découverte du charnier de Yopougon, et devant le génocide des Dioula, le RDR s'est investi dans la recherche de la vérité. Parce que seule la vérité peut servir de fondement à la réconciliation nationale. La Côte d'Ivoire étant dans le gouffre, seuls quelques partis politiques, dont le RDR, le PPS ou encore le MFA, essaient de sauver les meubles. Ils sont rares, les intellectuels qui ont encore un peu de dignité dans leur sang. Tous les autres ne font que s'enfoncer. A voir la réaction de la presse des poubelles devant les documentaires de Benoît Scheuer, on est obligé de conclure que les Tribunaux belges ont du pain sur la planche parce que la barre va refuser du monde. K. S.
Débat autour de "Côte d'Ivoire, poudrière identitaire"
SEUL LE RDR PENSE À L'INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE LA NATION
Charles Sanga
« Comment sauver Laurent Gbagbo des griffes de la Justice Belge ? » Tel aurait dû être l'intitulé du cinquième point à l'ordre du jour du débat organisé autour du film-documentaire « Côte d'Ivoire, poudrière identitaire » , Car, on l'a vu et bien vu, le débat animé par la piètre prestation de Thomas Bahinchi et René Bah, a accordé un long temps à un message que Laurent Gbagbo. En effet, dans le film documentaire, il est fait cas du message guerrier de Laurent Gbagbo a tenu le 04 décembre 2000 à la télévision nationale. Dans ce message, il avait clairement ordonné à tous les policiers, gendarmes et militaires, de se défendre par tous les moyens, avant de promettre que les fauteurs de trouble seront châtiés. « C'est un permis de tuer que le président a délivré aux forces de l'ordre » , ont soutenu les organisations des droits de l'Homme. La suite des événements va leur donner raison. A ce jour, plus de trente morts ont été dénombrés. Une plainte a été déposée auprès des tribunaux belges par plus de 150 victimes et ayants droit des victimes de ces événements sanglants, ainsi que ceux du 26 octobre 2000 à la suite desquels l'on a découvert le chamier de Yopougon. Gbagbo et ses amis, Boga Doudou et Lida Kouassi sont donc dans le collimateur de la Justice belge. C'est la raison pour laquelle les « invités » de Thomas Bahinchi n'ont pas manqué l'occasion de dédouaner Gbagbo. Même le président de la LIDHO, organisation dite de défense des droits de l'Homme, qui s'est rangée du côté des pouvoirs politiques, n'a pas eu le courage de condamner les propos de Laurent Gbagbo. Le seul problème pour lui, était de souligner qu'en la matière, la réquisition des forces armées n'a pas respecté les formes. Les juristes du FPI, forts de cette position, ont donc tenté d'expliquer que le maintien de l'ordre en période de crise,
COMMENT SAUVER GBAGBO
DE LA JUSTICE BELGE ?
Laurent Gbagbo. Tôt ou tard, il devra répondre de ses crimes.
Mais, ce que Yao N'Dré et Bléou Martin ignorent, c'est que les droits de l'Homme sont universels. Aujourd'hui, plus qu'hier, il ne peut être pardonné à qui que ce soit, à quelque poste de responsabilité qu'il se trouve, d'ordonner aux forces de l'ordre, de tirer sommairement sur des citoyens qui manifestent. Gbagbo, Lida et Boga auront à s'expliquer. Ici ou ailleurs. Aujourd'hui ou demain. Au nom de l'Humanité. Slobodan Milosevic, Hissen Habré et Augusto Pinochet ne croyaient-ils pas qu'ils étaient intouchables…
recommande que les forces de sécurité puissent agir au mépris des lois en vigueur. Le député Yao Paul N'Dré, professeur de Droit, s'est même permis des écarts de langage contre la Belgique et ses autorités qu'il a traitées de tous les noms. Il a dit que l'attitude de la Belgique, qui a donné une compétence universelle à ses juridictions pour connaître des délits de génocide et de crime contre l'Humanité est « prétentieuse et impérialiste » . Toutes ces injures pour démontrer que Gbagbo et ses amis ne doivent pas se retrouver devant la Justice Belge.
C. S.
Propos recueillis par Cissé Sindou (Stagiaire)
(1) M. Doumbia Hamed
"LE FILM PEUT SUSCITER LA RÉVOLTE"
« Après avoir regardé ce film, je pense que la RTI n'aurait pas dû le projeter. Pour moi, ce film peut susciter une révolte au sein de la population, donc on ne devait pas le montrer aux Ivoiriens. Les parents des victimes peuvent tenter de se venger. Quant au débat, je n'y ai pas assisté » .
(2) Kessé Michel “JE PENSE QU'IL ÉTAIT NÉCES SAIRE DE PROJETER CE FILM
« Parce que nous sommes à l'heure de la démocratie, je pense qu'il était nécessaire de projeter ce film pour que l'on sache que plus rien ne se cache en Côte d'Ivoire. Le président Gbagbo a dit avant son arrivée au pouvoir,
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MICRO TROTTOIR
Débat autour de “Côte d'Ivoire, poudrière identitaire" DES IVOIRIENS SE PRONONCENT
qu'avec lui, tout serait transparent. Et s'il n'avait pas fait montrer ce film aux Ivoiriens, on aurait dit qu'il ne respecte pas ses engagements. Et après ce
qu'on a vu, tous les Ivoiriens savent
aujourd'hui qui souhaite la guerre en Côte d'Ivoire et également qui souhaite la paix » .
(3) M. Sossié Germain “NOUS COURONS VERS LA DÉSUNION
ET CELA ME FAIT PEUR"
« Ce que j'ai vu est vraiment monstrueux. Tuer des humains comme des poulets, je ne trouve pas cela normal. Mais quelque part, on s'est rendu compte que le film était partisan. Ce film porte sur deux partis politiques rivaux, et seulement l'un a été incriminé. On sait que des gendarmes ont été tués, des civils égorgés, des églises incendiées. Mais nulle part dans le film, nous avons vu cela. Il faudra donc faire beaucoup attention. Je
pense que les Ivoiriens doivent s'unir pour former une famille unique. Sinon,
nous courons vers la désunion et cela me fait peur » .
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(4) Mlle Pérou Fatoumata
"CE FILM DOIT FAIRE PRENDRE CONSCIENCE AUX AUTORITÉS DE CE PAYS"
« Je pense que ce film a permis de transposer aux yeux de tous, les réalités que nous vivons en Côte d'Ivoire. Parce qu'on a fait croire aux groupes
ethniques tels que les Bété et les Baoulé qu'ils sont plus Ivoiriens que ceux du Nord. Ce qui n'est pas normal.
On nous montre comment l'on a fait la chasse aux Dioula. Ce film doit faire prendre conscience aux autorités de ce pays. Contrairement à ce que pensent certaines personnes, je trouve qu'il s'agit de la pure réalité, et non un montage tel qu'ils le pensent. Les acteurs doivent assumer ce qu'ils ont dit » .
(5) M. Bredoum Koffi
(CE FILM A RÉVÉLÉ BEAUCOUP DE CHOSES QUI ÉTAIENT CACHÉES)
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« Ce film a révélé beaucoup de choses qui étaient cachées. Et je ne trouve pas bien que certaines voix n'aient pas pris part au débat. Mais je pense que
ce film permettra aux Ivoiriens d'être mûrs. Et je ne saurai en dire plus » .
(6) M. Dakoury Jacques
IL FAUT RECONNAÎTRE QUE LES FAITS PRÉSENTÉS SONT DES FAITS RÉELS)
« On nous a montré des faits qui ont existé. Peut-être que c'est le réalisateur de ce film qui a mal conçu son travail. Sans quoi, il faut reconnaître que les faits présentés sont des faits réels. Et c'est ce qui doit attirer l'attention des Ivoiriens. Il ne faudrait pas que nous continuions à dire que Benoît Scheuer
veut détruire le pays. Mais les Ivoiriens doivent plutôt réfléchir et s'interroger pour savoir si les faits se sont produits ou pas. Pour moi, les images qu'on nous a présentées, montrent les faits
que nous avons vécus ici en Côte d'Ivoire. Voilà ce qui m'intéressait. Mon
souhait est qu'après la projection de ce film, que tous soient présents afin que l'on en débatte une fois pour de bon. De sorte que ce genre d'événements ne se reproduisent plus en Côte d'lvoire. Quand j'entend des Ivoiriens dire que c'était un faux film, je trouve qu'ils sont indifférents à tous ces morts auxquels on doit rendre hommage » .
(7) Brice Atsé "TAURAIS SOUHAITÉ QUE TOUT LE MONDE SOIT PRESENT ET QU'ON DISCUTE FRANCHEMENT"
« Je crois à l'assassinat de tous ces jeunes gens dont ont nous a montré le corps. Et je suis au regret qu'il y ait eu en Côte d'Ivoire des événements qui ont pu nous conduire à cela. Mais avec le débat qui a suivi, j'ai pu comprendre que c'est un complot qui a été monté, dans la mesure où certaines grandes personnes acteurs de ce film ont été trompées. Et elles étaient au regret. J'ai tout de suite compris que c'était des montages. Ce qui n'a pas été bien pour notre pays. Mais pour moi, le film
devait être projeté, car il laissait planer beaucoup de confusion. Ce que je regrette, c'est l'absence du RDR lors du débat. Et tout de suite, vous avez vu que les gens ont vite fait de désigner le RDR comme auteur de ce film. Je n'aime pas trop ce genre de conclusions » .
(8) M. Blé Laurent "CE MONTAGE A ÉTÉ FAIT POUR RÉVOLTER CERTAINS IVOIRIENS"
Ce que nous avons vu est un montage. Ce n'est pas de la réalité. Je remercie le président Laurent Gbagbo d'avoir fait diffuser ce film à la télévision. Ce montage a été fait pour révolter certains Ivoiriens. Je dis donc merci au président de la République.
(9) M. N'Guessan Beugré Laurent "L'ON VOULAIT QUE LES NOIRIENS RECONNAISSENT LES ACTES QU'ILS ONT POSÉS"
« Pour moi, le président a souhaité la projection de ce film parce qu'il voulait d'une réconciliation. Je pense que l'on voulait que les Ivoiriens reconnaissent les actes qu'ils ont posés, pour qu'ils se pardonnent et se réconcilient. Concernant le débat qui a suivi, je ne pourrai pas me prononcer parce que je n'y ais pas assisté » .
(10) Mlle Madoussou Karamoko "ALASSANE BÉDIÉ GUÉI ET GBAGBO DOIVENT SE RÉCONCILIER"
« Les scènes que j'ai vues m'ont attristées. J'étais aussi écoeurée. Je pense que l'on ne devrait pas présenter ce film maintenant. Il est vrai que cela nous a permis de savoir certaines vérités. Mais moi je crois que les Ivoiriens ont plutôt besoin de s'entendre aujourd'hui. Alassane, Bédié, Guéi et Gbagbo doivent se réconcilier, de manière à éviter que ce genre d'évé nements se reproduisent dans ce pays » . C. S.
L'incurie de Niamkey Koffi
La haine tribale
et ethnique exaltée
L'émission « Raison d'Etat » a certainement battu un record d'audience. Jusqu'au petit matin, plus de trente invités ont échangé sur le film du Belge Benoît Scheuer. Disséqué et dépecé, le documentaire a été passé au crible de la critique des « doctes intervenants » . Verdict à l'arrivée : montage et mise en scène grotesque.
De tous les intervenants, seul le professeur Ouraga Obou a trouvé quelque mérite au film. Comme il a été le seul des trois acteurs présents sur le plateau à revendiquer et à assumer les propos qu'il a tenus dans ledit documentaire.
Ce qui n'a pas été le cas, il s'en faut, pour le professeur Niamkey Koffi lui aussi protagoniste. Alors qu'il a tenu dans le film un discours plein de mépris et de haine à l'égard d'Alassane Ouattara, il s'est dégonflé le mardi 14 août dernier devant les caméras de la télévision. Au lieu de reconnaître humblement qu'il avait trop dit, il s'est employé à accuser le Belge Benoît Scheuer de tous les péchés d'Israël comme si celui-ci lui avait dicté son discours ce jour-là. Piteuse défense que celle qui consiste à botter en touche ses fautes pour faire de la diversion.
Comme il faisait peine à voir, le professeur Niamkey Koffi ! Après avoir traité l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara de « vaurien » , comme un gamin pris en faute, il se rebiffe et accuse le Belge de n'avoir pas censuré cette partie du film. Or justement, le passage incriminé est d'une importance capitale car il est révélateur des sentiments de Niamkey Koffi pour celui qu'il appelle si « affectueusement » le vaurien. Tout professeur qu'il
Jean-Noel Loukou.
Après le film de Benoît Scheuer
UN DÉBAT SOUS-DÉVELOPPÉ
N'Guessan Koffi.
est, il n'a pas compris que ce passage seul justifie tout le documentaire. En effet, la motivation principale du Belge Benoît Scheuer est de prévenir un génocide qu'il sent poindre à l'horizon. D'où le titre suffisamment éloquent « Côte d'Ivoire, poudrière identitaire » . Or comme hier, les théoriciens du génocide rwandais, Niamkey Koffi s'emploie à dévaloriser et à dévaluer ses victimes. Aussi, qualifie-t-il Alassane Ouattara, en figure emblématique de celles-ci, de « vaurien » . On se rappelle qu'au Rwanda, les génocidaires n'ont pas agi autrement, ils trai-
Malfaiteur dans l'ombre
Pr. Dedy Séry. taient leurs victimes de « vermines » . La trame du discours est donc la même. Il fallait dénoncer cela. Pour qualifier l'ancien Premier ministre de « vaurien » , il fallait une certaine dose de haine. Et c'est la haine qui, sous toutes les habitudes, mène aux pires excès. Pris donc en flagrant délit de haine, Niamkey Koffi balbutie, se récuse, s'excuse et, toute honte bue, s'en prend au Belge Benoît Scheuer. De plus, il a porté plainte contre celuici. Ce qui est un aveu. Car il reconnaît ainsi, lui-même, la gravité et la nocivité de son discours.
Il faut cependant avouer que c'est une curieuse défense. Quand on sait que le Belge n'a fait que rapporter ses propos, il apparaît pour le moins surréaliste de voir Niamkey Koffi se débiner ainsi. « Grand théoricien » de l'ivoirité, il eût été, en effet, indiqué qu'il assumait ses propos à l'instar du professeur Ouaraga Obou. Mais comme certains malfaiteurs qui n'agissent efficacement que dans l'ombre, face à la lumière des projecteurs, il bat en retraite, se rétracte et se dédit. Quant au professeur Jean-Noël Loukou son compère et complice, sa ligne de
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Ironie de l'histoire
défense n'est pas différente. Il s'en est pris au Belge et a, lui aussi, porté plainte. Mais que reprochent-ils au Belge ? D'avoir porté au grand jour ce qu'ils lui ont dit entre quatre murs ? Mais ils n'ont qu'à s'en prendre à euxmêmes ! Qu'avaient-ils à tenir de tels propos où le mépris des autres le dispute à la haine ?
Plutôt que de regarder l'image abjecte que leur renvoie tel un miroir le film du Belge, ils veulent casser le miroir. Car ce documentaire est le miroir de la Côte d'Ivoire à une certaine époque
que personne ne souhaite revivre. Certes, un miroir parfois grossissant (image du Rwanda) souvent déformant (image de Hitler) mais toujours fondé sur le vécu d'une Côte d'Ivoire qui a basculé dans l'horreur à un moment de son histoire.
Il en est des nations comme des hommes ; lorsqu'on ne dénonce pas leurs forfaitures, ils les reproduisent. II ne faut donc pas aussi finalement évacué l'aspect pédagogique et préventif de ce documentaire. Or pour la majorité des intervenants, le film de Benoît Scheuer n'avait aucun mérite, ils le trouvent même nocif. Et pourtant, ne serait-ce que pour leur avoir permis d'échanger sur la probabilité et l'imminence d'un génocide en Côte d'Ivoire, son mérite n'est pas moindre. Les Rwandais n'ont pas eu cette opportunité-là. Il faudrait en savoir gré au Belge. En somme, il a désamorcé une bombe. Et certains le taillent en pièces ! Mais il n'a rien inventé. Des faits tels que filmés se sont bien passés sous les yeux de tous les Ivoiriens.
Ces témoignages poignants ont été réellement vécus. Ces atrocités ont été bien commises par des Ivoiriens sur d'autres Ivoiriens !
Ces exactions et ces vexations ont bien été le fait de certains éléments des forces de l'ordre (?) ivoiriennes. Et ce père qui a vu son fils brûler sous ses yeux et qui n'a dû son salut qu'à une intervention divine ! Et cette jeune dame qui a subi les pires humiliations ! On voudrait évacuer tout cela pour se focaliser sur les entorses à la déontologie du Belge ! La mauvaise conduite soi-disant du Belge trouve son fonde-
L'essentiel dévoyé
ment dans la mauvaise conduite des Ivoiriens. Aurait-il pu filmer ces scènes horribles et insoutenables dans une société en paix, préoccupée par les défis de son développement ? De toute évidence, la Côte d'Ivoire lui a donné la verge pour la « battre » si tout est qu'il l'a jamais « battue » . Il faut retenir une chose : le Belge n'a rien inventé. Même si son commentaire, par moments, peut apparaître excessif, il n'empêche, il a rendu compte de faits réels et avérés. A partir de cet instant, la question, la seule qui vaille est de savoir comment on en est arrivé là ? Comment des Ivoiriens ont pu froidement en abattre certains et en humilier d'autres ? Et c'est à un exercice d'exorcisme collectif que ce documentaire aurait dû appeler les Ivoiriens.
Mais non, comme toujours, on s'est détourné de l'essentiel pour donner dans la victimisation et jouer les persécutés. Comme toujours, on a dénoncé le complot international contre la Côte d'Ivoire. On s'est employé à chercher le commanditaire du film. Qui a payé ?
Et comme toujours, on a vu la main d'Alassane Ouattara ! Sans preuve suffisante et encore moins convaincantes, on a fait le procès de l'ancien Premier ministre. Et comme ils ont eu raison de ne pas s'être présenté à ce débat, les responsables du RDR ! Tout était en effet réuni pour leur faire la fête ! L'échafaud était dressé et, à l'évidence, n'étant pas dupes, ils l'ont subodoré. Bien leur en a pris ! Car même leur absence n'a pas refréné les ardeurs de certains intervenants. Comme il était beau à voir, le professeur Sery Dedi, se plaignant longuement de l'absence du professeur Abdou Touré du RDR !
Et c'est dans cette ambiance et cette atmosphère que se prépare le forum sur la réconciliation nationale ! Dès lors, il est permis d'émettre les plus sérieuses réserves quant à sa réussite. A moins que les uns et les autres ne se ressaisissent. De cela, on peut en douter. La division des Ivoiriens a encore de beaux jours devant elle (…).
FERDINAND TAPÉ