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Adresse du Conseil Supérieur des Imams aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens
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- Titre
- Adresse du Conseil Supérieur des Imams aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens
- Editeur
- Le Patriote
- Date
- 4 octobre 1999
- nombre de pages
- 1
- Sujet
- Idriss Koudouss Koné
- Ivoirité
- Élection présidentielle ivoirienne de 2000
- Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires islamiques
- Extrémisme
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0007038
- extracted text
-
Depuis quelques mois, notre pays est en proie à des tensions qui révèlent une situation socio-économique et politique extrêmement préoccupante. Le Conseil supérieur des Imams (COSIM) s'en émeut fortement et, en sa qualité de guide spirituel et de recours par la volonté du Tout-Puissant Allah se sent le devoir solennel de réagir face à cette situation. Le COSIM rappelle qu'à la veille des joutes électorales de 1995, il avait délivré à tous les Ivoiriens, et notamment aux acteurs politiques, un message qui appelait à la raison pour éviter que les enfants de la Côte d'lvoire s'affrontent.
Aujourd'hui, nous nous retrouvons dans une situation qui rappelle étrangement celle des mois d'août et septembre 1995, avec des risques plus grands d'explosion. C'est pourquoi, le COSIM voudrait revenir sur ce message qui garde encore toute sa fraîcheur, en espérant qu'il soit mieux compris, et mieux pris en compte. Les Imams n'ont qu'un souci majeur : préserver la Paix parce qu'une nation ne peut prospérer que dans la Paix.
La Paix, du point de vue de l'Islam, est un concept global qui signifie beaucoup plus que « l'absence de conflits » . Elle est une attitude dynamique qui traduit la volonté active de prévenir les incompréhensions, de les dénouer si, par malheur, elles venaient à s'installer. La Paix, hélas, n'est pas une grâce immanente qui tombe sans effort des hommes. Elle est une quête permanente de tous. Jusqu'aujourd'hui, la Côte d'Ivoire a su préserver l'essentiel, éviter les fractures irréversibles. Cela a permis à notre pays de franchir des étapes vers un bonheur relatif, de réduire la part d'incertitudes qui, ailleurs, ont déstabilisé des nations.
La tâche primordiale qui incombe donc à chacun de nous, est de réunir
les conditions requises pour minimiser les conflits, voire les supprimer lorsque des intérêts antagonistes les font germer. Il n'y a pas de fatalité dans l'avènement des désastres. L'Islam, religion non fataliste, enseignent que deux voies nous sont offertes : l'une mène vers la paix, l'autre vers l'affrontement. Le moyen le plus sûr pour échapper aux pièges de la désagrégation est la concertation, en vue de réaliser un consensus minimum. Dans cette perspective, la responsabilité de l'Etat et des gouvernants est essentielle. Mais elle n'annule pas celle de toute la sphère politique, pour sauvegarder la nation. Le COSIM n'a pas vocation à prendre parti. Mais il a l'obligation d'appeler l'attention de tous sur la nécessité de se parler ; de rappeler à chacun son devoir moral, d'éviter à la nation les tourments qui naissent toujours des actes d'exclusion, de l'instauration de fait d'inégale. Il faut éviter les « procès en sorcellerie » pour « délit de patronyme » (comme il existe des délits de faciès).
A ce propos, le COSIM voudrait rappeler l'article 6 de la constitution qui dispose :
La République assure à tous l'égalité devant la loi sans distinction d'origine, de race, de sexe ou de religion. Elle respecte toutes les croyances.
* Toute propagande particulariste de caractère racial ou ethnique, toute manifestation de discrimination raciale sont punies par la loi » >.
La COSIM a conscience qu'une loi n'est adoptée, en principe, que pour codifier une réalité sociale (pour la rendre légale) ou pour améliorer l'existant, dans l'intérêt du peuple. La Loi doit être l'émanation de la volonté populaire exprimée par ses représentants à l'Assemblée Nationale. Mais une Loi, pour des raisons diverses, peut ne pas emporter l'ad-
ADRESSE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DES IMAMS
AUX IVOIRIENNES ET AUX IVOIRIENS
El Hadj Koné Idriss Koudouss : « Une loi n'est pas adaptées, en principe, que dans
l'intérêt du peuple » .
hésion d'une frange importante de la population ; tant il est vrai qu'une loi humaine n'est pas intangible ; on ne peut donc se barricader éternellement derrière la Loi. L'apartheid était une Loi ; la colonisation de nos pays était fondée sur une Loi ; la discrimination raciale aux U. S. A. était également une Loi. Les exemples sont nombreux de Lois qui ont dû être révisées ou retirées lorsque ces Lois sont contestées et portent les germes d'une explosion sociale. Aujourd'hui, le COSIM perçoit une grande inquiétude chez de nombreux Ivoiriens, quel que soit leur bord politique.
Aujourd'hui, le tissu social est mis à mal dans des proportions rarement égalées en raison des positions antagonistes adoptées par rapport au tout nouveau concept de l'Ivoirité. Aujourd'hui, certains Ivoiriens se sentent investis du « devoir sacré « < d'exclure d'autres Ivoiriens au nom d'un
concept qu'ils proclament plus qu'il ne le vivent. Faut-il le rappeler ? La Côte d'Ivoire doit demeurer cette Patrie de la Vraie Fraternité « pour garder intactes ses chances et son espérance.
Le COSIM rappelle également cette évidence nul n'a le choix de ses parents, ni de son lieu de naissance ; et « à Allah appartient le royaume des cieux et de la terre. Et Allah est omnipotent » . (Coran : Sourate 3 Verset 189)
Le COSIM interpelle les acteurs de la vie politique et en particulier les détenteurs du pouvoir la Côte d'Ivoire est un bien commun à tous ceux qui y vivent ; évitons de la déchirer pour des intérêts partisans.
Le Liberia n'est pas loin ; la Sierra Leone n'est pas loin ; la Guinée Bissau n'est pas loin.
La sagesse et le pragmatisme invitent à la recherche constante du dialogue pour aboutire à un consensus. Le COSIM pense que cette démarche doit être fondée sur la Justice parce que « Dieu ordonne la justice et la bonté » .
L'Islam enseigne qu'un Etat, s'il peut prospérer, même dans l'infidélité, il ne le peut dans l'injustice. La notion de justice transcende par conséquent tout. Elle est la seule digue contre la violence et les incompréhensions. Et pour le pays, la justice et l'équité sont les seuls remèdes pour libérer les énergies positives, éviter la dévitalisation du tissu social, maintenir l'élan vers un développement auquel chaque citoyen s'associe avec responsabilité.
Pour avoir intégré cette vision, notre pays a su devenir, malgré les aléas, un important carrefour de civilisations. La Côte d'Ivoire est la construction commune de tous les peuples qui, depuis plusieurs siècles, s'y sont installés. Elle est riche de ses différences et forte de sa pluralité. La Côte d'Ivoire recèle donc en elle les moyens de demeurer ce carrefour des civilisations ; pour peu que s'affirme la volonté de prendre en compte les aspirations capitales quand celles-ci valorisent l'intérêt général.
mun.
« Dieu ne change rien à l'Etat d'un peuple sans que ce peuple n'entreprenne de transformer ce qui est en son for intérieur » (Coran Sourate 13 ; Verset 11).
Assalam Aleikum. Abidjan, le 02 Octobre 1999.
A l'aube du prochain millénaire, pour lequel tous les pays se préparent activement, et à plus d'un an des élections générales, le COSIM pense que notre pays devrait mobiliser son énergie pour résoudre les problèmes rémanents de l'Ecole, ceux de la cherté de la vie, du chômage des jeunes, de la sécurité des biens et des personnes, de la drogue, de la pédophilie, des maladies infectieuses, etc…
Le COSIM s'explique difficilement la débauche d'énergie des acteurs politiques pour une question bien simple qui, au demeurant, relève d'une Institution Nationale, le Conseil Constitutionnel, pour peu qu'on lui accorde l'importance qu'il mérite et qu'on ne "légifère" pas à sa place. Le COSIM déplore également l'attitude et les prises de positions de certains médias dont le manque de retenue contribue à pourrir la situation. A la veille de la toute prochaine rentrée scolaire et universitaire, le COSIM renouvelle son appel aux autorités compétentes afin que des mesures d'apaisement permettent à nos enfants de préparer leur avenir avec le maximum d'atouts. En raison de tout ce qui précède, le COSIM invite solennellement toutes les bonnes volontés à faire échec aux thèses extrémistes afin de permettre aux Ivoiriens de contribuer chacun à son niveau, au maintien d'un climat de Paix dans ce pays prestigieux, aux potentialités humaines et économiques exceptionnelles.
Le COSIM invite chaque croyant à s'en remettre à Dieu, mais avant de le faire, que tous les croyants fassent ce qui dépend d'eux, en faveur de la Paix, pour que se dégage la voie lumineuse vers notre destin com-
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