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Lors de son interview vendredi dernier, Les belles "perles" de Ouattara
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- Titre
- Lors de son interview vendredi dernier, Les belles "perles" de Ouattara
- Créateur
- Alain Bouikalo
- Editeur
- Notre Voie
- Date
- 3 avril 2012
- Résumé
- «Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles», disait Charles Péguy (écrivain, poète et essayiste français, 1873-1914, ndlr).
- Langue
- Français
- Contributeur
- Frédérick Madore
- Identifiant
- iwac-article-0006840
- contenu
-
«Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles», disait Charles Péguy (écrivain, poète et essayiste français, 1873-1914, ndlr).
M. Alassane Dramane Ouattara vient de s'inviter dans le quotidien des ivoiriens à travers une interview diffusée par la RTI média d'Etat à son service. Son Think tank a bien huilé la communication. Assis fièrement, il a en face deux journalistes et derrière lui, deux drapeaux plantés: le drapeau de la Cedeao et celui de la Côte d'Ivoire. Le décor nous rappelle bien celui offert par Sarkozy lors de ses nombreux one man shows. Veut-il ressembler à Sarkozy comme Mobutu s'évertuait à ressembler au Roi Baudouin de la Belgique?
Son laboratoire a aussi choisi une période non innocente pour son intervention. En effet, son interview intervient à la veille de la date anniversaire du déferlement des rebelles sur Abidjan. L'on se souvient que c'est le 31 mars 2011 que les rebelles abusivement baptisés FRCI, aidés par l'ONUCI et la Force Licorne, ont envahi le district d'Abidjan semant la mort et la désolation. Le 30 Mars choisi assurément pour célébrer «l'acte de bravoure» des forces coalisées contre le Président élu, Laurent Gbagbo. Le choix des journalistes n'est pas non plus innocent. Brou Aka Pascal est un ancien pensionnaire volontaire du Golf Hôtel, passagèrement DG de la RTI, débarqué puis déposé à la tête du Conseil d'administration de la même RTI. A l'égard, de Ouattara ce journaliste est guidé par le fil de la reconnaissance du ventre, donc un laudateur bien poncé.
L'autre journaliste, une femme engagée, syndicaliste, Agnès Kraidy qu'on ne peut nullement soupçonner de compter parmi les zélateurs circonstanciels de Ouattara.
Le décor ainsi planté nous descend au tréfonds de son interview durant laquelle, il s'est présenté au monde comme un démocrate qui a sauvé la Côte d'Ivoire.
Ouattara le démocrate
Son approche de la crise malienne révèle son curieux rapport à la démocratie. En Effet, il donne une conception de la démocratie qui prend bien à défaut les actes que son histoire politique recèle. Au Mali, il ya eu «un coup d'Etat contre la démocratie» réalisé par «une junte militaire qui doit rendre le pouvoir aux autorités constitutionnelles» parce que cela n'est pas une fierté «pour les démocrates» dont il fait partie.
Bravo Monsieur Dramane Ouattara. Réprimons le sourire que ces déclarations provoquent et rappelons à Ouattara ses hauts faits :
En Décembre 1999, Ouattara n'hésita pas à qualifier avec enthousiasme de «révolution des oeillets», le coup d'Etat contre son nouvel ami Bédié. Certains de ses proches dont feu le sergent Ibrahim Coulibaly, furent des acteurs majeurs de ce putsch. Ni Ouattara, ni son immense parti, n'ont exigé le retour de Bédié au pouvoir. Cette junte que Ouattara le démocrate condamne aujourd'hui au Mali, n'est pas organiquement différente de celle qu'a connue la Côte d'Ivoire.
Pendant 10 ans une rébellion a défiguré la Côte d'Ivoire sous les doux yeux du démocrate Ouattara. Il n'a jamais daigné forcer un battement de cils en condamnant les rebelles. Pouvait il le faire quant on sait l'accointance monstrueuse qui existe entre lui et les rebelles qui ont fini par le rejoindre au Golf hôtel et qui constituent aujourd'hui son armée ethnique? La démocratie n'est pas une incantation, elle s'apprécie à la lumière des actes posés par celui qui se targue d'en partager les valeurs. Lorsqu'on est démocrate, on ne pactise pas en interne avec une rébellion quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne. Et puis, Ouattara dit vrai lorsqu'il affirme qu'il ne sert à rien pour la junte de «faire souffrir leur patrie». Cependant, il aurait été logique et cohérent s'il avait au préalable fait remarquer à feu IB, Soro et ses nouveaux commandants de l'armée, qu'il ne sert à rien d'occuper frauduleusement le nord, de jouir illicitement des richesses de cette partie du territoire ivoirien au détriment des populations
Par ailleurs, il est quand même curieux qu'un démocrate cherche à réhabiliter des règles ailleurs tandis qu'en interne, il pervertit le jeu démocratique. La Côte d'Ivoire, en un an de règne de Ouattara est devenu un état autocratique, où la liberté de pensée est savamment menottée par le pouvoir démocrate d'Abidjan. Ouattara sait-il que dans un Etat, les meetings des opposants politiques concourent à l'expression démocratique? Ouattara sait-il que dans une démocratie on n'emprisonne pas arbitrairement des leaders politiques? Ouattara sait-il que l'emprisonnement des cadres du RDR a mis à vif les nerfs des putschistes de 1999? Non, Ouattara n'est pas un démocrate. Pour étayer nos propos, retournons sur la carte d'Afrique présentant les pays qui sont démocratiques et ceux qui ne le sont pas. En effet, dans son édition du lundi 20 mars 2012, la chaine française France2, présenta les pays qui, selon l'ONU, sont démocratiques.
. sauveur de la Côte d'Ivoire
La Côte d'Ivoire de Ouattara figure fièrement parmi les pays où il y a une absence totale de démocratie. Si la Côte d'Ivoire sous Ouattara est une dictature, cela laisse sous entendre que le tenant du pouvoir n'est pas arrivé au pouvoir selon les règles de l'art. Nous dire qu'il a «été démocratiquement élu donc la Côte d'Ivoire ne peut pas être une exception», c'est affirmer que depuis sa désignation (selon les termes de Jean Marc Simon) il a agi selon les règles démocratiques. Or, nous savons tous que la Côte d'Ivoire, sous Ouattara, fonctionne comme s'il s'agissait d'un régime issu d'un coup d'Etat militaire. Même dans un tel régime, il y a un acte constitutionnel que la junte prend pour encadrer ses actions. Ouattara a dissous l'Assemblée nationale, les conseils généraux créés par loi, il a fait tout seul un nouveau découpage électoral ne tenant compte d'aucun critère internationalement reconnu, il a démis le Président du Conseil Constitutionnel et pourvu en toute illégalité au remplacement de certains conseillers de l'institution, il a démis le Président du Conseil Economique et Social, le budget est arrêté par ordonnance elle-même illégale, il offre le perchoir à Soro par suite d'une fraude à la Constitution. Cette manière d'agir et de gouverner conforte l'idée selon laquelle Ouattara a été installé après un coup d'Etat réalisé par la France. Le journaliste d'investigation Charles Onana, dans le chapitre 14 de son ouvrage intitulé Côte d'Ivoire Le coup d'Etat, nous le démontre clairement.
C'est donc en toute logique que la Côte d'Ivoire est devenue un état voyou aux mains de dictateurs qui prennent plaisir à «mater» et faire reposer «au cimetière» tous ceux qui s'opposent au grand timonier Ouattara.
En sa qualité de sauveur, il se présente sous plusieurs facettes :
Ouattara, le chef
incompétent de l'armée
En cette qualité, Ouattara affirme qu'il est normal qu'il soit ministre de la Défense, peut-être bientôt, chef d'état-major. Notre Président du RDR-Président de la République-chef de l'armée- ministre de la Défense, ne sait pas faire la différence entre un faux Frci et un vrai et cela dure depuis un an. Pourtant, lorsqu'on lui parle des impairs des Frci, il ne tarde pas à déceler les faux «certains de ces personnes que vous appelez FRCI ne sont, en réalité, que de faux Frci. Quelquefois, ce sont des combattants, des miliciens, d'anciens prisonniers » Cela traduit tout simplement, l'état de dégénérescence et de désordre dans lequel est notre pays. Ouattara a qui incombe la responsabilité d'assurer la sécurité des Ivoiriens, excuse les errements des Frci en les cachant derrière des supposés «faux Frci». C'est aussi une manière pour lui de confesser son incompétence. Il ne peut ni canaliser ses éléments, ni mettre fin aux désordres et crimes qu'ils commettent chaque jour.
Ouattara le neutre réconciliateur qui ruse avec la réconciliation
Sous cette facette, il ne manque pas de nous étonner en affirmant que la CDVR «fait du bon travail». Le travail de la CDVR est tellement «bon» que Banny se sent obligé de demander, à Ouattara de «tendre les deux mains». Mais les deux mains tendues se présentent déjà comme des mains magiciennes qui transformeront les revendications du FPI en préalables. Sur la question, Ouattara est sans concession «pourquoi veulent-ils poser des préalables alors qu'ils ont conduit le pays dans la situation dans laquelle il se trouve aujourd'hui?»
«Je n'accepterai pas». La confusion monstrueuse faite entre préalables et revendications annonce l'imminente messe de requiem de la réconciliation. Dès lors, Ouattara ne peut pas affirmer que «la réconciliation est une priorité» sans que nous ne remarquions qu'il dit une chose et son contraire. Faire de la réconciliation une priorité, c'est faire tous les sacrifices possibles pour que les Ivoiriens se retrouvent. Malheureusement, Ouattara n'est pas prêt à prioriser l'intérêt national. C'est dire que toutes les déclarations faites ça et là ne sont que de simples effets d'annonce hypocrites.
Ouattara concepteur du rattrapage ethnique
Ouattara a été rattrapé par ses propos tenus le 25 janvier 2012 à Paris face au journaliste français Vincent Hugueux (l'Express). Evoquant la nomination des nordistes aux postes clés, Ouattara affirme : «Il s'agit d'un simple rattrapage, sous Gbagbo les communautés du nord, soit 40% de la population étaient exclues des postes de responsabilités » La journaliste Agnès Kraidy, sans doute traduisant le choc que cela a pu causer au sein de la population, a voulu être située. Mais là, Ouattara a surpris la planète toute entière. Il a avoué la main sur le coeur : «Je n'ai jamais dit cela, je ne me reconnais pas dans ces propos». Ouattara vient donc de réveiller les morts avec cette contrevérité. Pendant qu'il refuse d'assumer sa dérive tribale, ses partisans la célèbre. Le quotidien pro-Ouattara -Le Patriote-, dans sa parution du jeudi 15 mars 2012, sous la plume d'un fils de Gbéléban, a affirmé le bien-fondé du rattrapage ethnique en assimilant cette théorie à la discrimination positive. Dans les faits, le rattrapage est perceptible avec un gouvernement qui compte 19 nordistes sur 40 membres, le Président est nordiste, le dauphin constitutionnel est nordiste, le premier-vice Président de l'Assemblée nationale est nordiste. Le RDR, parti de Ouattara, a plus de 100 députés nordistes sur 138 sièges qu'il possède. Les 38 non nordistes ont presque tous des suppléants Nordistes. Les nominations dans l'administration centrale et autres directions puent le rattrapage ethnique. Ouattara ne réussira donc pas à mettre un rideau sur le rattrapage. Oui M. Ouattara, vous êtes bel et bien le père concepteur de la théorie du rattrapage ethnique.
Sous cette facette, Ouattara fait un transfert curieux de rêve. Il transfert le célèbre «I have a dream» de Martin Luther King à Kennedy. «J'ai un rêve comme le disait Kennedy Nous devons nous dire que nous avons un rêve pour notre pays et je crois en Kennedy» (sic).
Ouattara «la solution» qui rêve comme Kennedy !
Quel est donc le rêve de Kennedy? Le rêve de Kennedy explique sans doute pourquoi rien ne réussit à Ouattara. Pourtant, il persiste dans le faux «Moi, je trouve qu'en 9 mois, j'ai apporté beaucoup de solutions aux problèmes de nos concitoyens», affirme-t-il. Mais quand il s'agit d'égrener ses solutions, il se plante. Sur les soins gratuits «c'est une opération qui n'a pas marché». Sur la cherté de la vie «Donnons- nous un peu de temps» car «je vais baisser les taxes». Sur les 100.000 emplois promis par an «j'ai trouvé un Etat totalement dégradé je ne suis pas sûr d'atteindre le un million d'emplois que j'ai promis». Sur les universités promises «je vais faire ces cinq universités avant la fin de mon mandat». En définitive, il n'a apporté aucune solution, Ouattara s'accroche au Programme présidentiel d'urgence qui n'est d'ailleurs pas son oeuvre. Comment la solution peut nous mettre au futur «régressif» ? Les nombreux «je vais» ont un habillage politique qui traduit l'incapacité de Ouattara à répondre aux urgences du moment. Les urgences du moment ce sont : la cherté de la vie. Sur ce point, Ouattara promet de baisser les taxes. Bravo ! Il a commencé déjà à baisser les taxes et cela est consigné dans l'annexe fiscale 2012 présenté début mars par le Directeur Général des impôts, Pascal Abinan. On peut y voir 8 nouvelles taxes créées cette année. Voici donc comment Ouattara baisse les taxes. Certainement qu'il réduira bientôt le prix du carburant à la pompe, cela nous donne l'occasion de rêver comme Kennedy ! L'urgence aussi, c'est l'ouverture des universités. Là encore Ouattara promet et promet. Rêvons comme Kennedy ! Concernant les soins gratuits, Ouattara reconnait son échec retentissant. Sur la question de l'emploi, la solution a été trouvée : le licenciement qu'il n'endosse d'ailleurs pas. Il fait la politique de l'autruche qui cache les limites des ses promesses montagneuses.
Ouattara se targue d'avoir fait en 1 an ce que Gbagbo n'a pas fait en 10 ans oubliant que lui-même est le résultat du travail de Gbagbo. En effet, si Ouattara est sur le trône, c'est bien parce que Gbagbo a voulu le faire rentrer de l'exil et faire de lui un candidat exceptionnel.
Il convient de rappeler que Ouattara n'a rien inventé et créé. Les travaux qu'il engage actuellement et les inaugurations de ponts qu'il officie sont en réalité des actes ficelés par Gbagbo. Nous attendons qu'il nous dise le contraire. Les chiffres avancés pour indiquer la croissance ne peuvent emberlificoter les personnes raisonnables qui attendent du concret. Rien que du concret.
Voici donc comment Ouattara sauve la Côte d'Ivoire. Le peuple en mal de solutions l'attendait depuis 1960, il est venu de façon miraculeuse et a déversé dans les mains de ce peuple, un flot de problèmes insolubles.
En définitive, Ouattara n'a servi que des contrevérités au peuple. Sa définition de la démocratie est loin de ses pratiques. Sa solution aux problèmes des Ivoiriens se résume en des promesses vaseuses qui ne séduisent plus les Ivoiriens. La démagogie a concurrencé l'incompétence. M. Ouattara, les Ivoiriens sont fatigués.
Puisse le Seigneur venir à notre secours.